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L'antidote du pape contre la désespérance et le découragement

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Congrès du diocèse de Rome: la révolution en marche (Zenit.org)

Si le Christ parle du berger qui laisse ses 99 brebis pour aller en chercher une, « aujourd’hui, c’est 99 brebis qu’il faut aller chercher », déclare le pape François, qui exhorte à « sortir » pour leur annoncer « gratuitement » la « révolution de l’Evangile ».

Le pape a inauguré lundi soir, 17 juin 2013 le congrès de fin d’année pastorale du diocèse de Rome (17-19 juin), intitulé « Christ, tu nous es nécessaire – La responsabilité des baptisés dans l’annonce de Jésus-Christ », en la salle Paul VI du Vatican, comble dedans et dehors (cf. Zenit du 17 juin 2013, http://www.zenit.org/fr/articles/sortir-pour-chercher-les-99-brebis).

Voici notre traduction du dialogue du pape avec son diocèse:

Bonsoir à tous, chers frères et sœurs,

L’apôtre Paul, à la fin d’un passage de sa lettre a nos ancêtres, dit ceci: ne soyez plus sous la loi, mais sous la grâce. Voilà ce qu’est notre vie : marcher sous la grâce, car le Seigneur nous a aimés, il nous a sauvés, nous a pardonné. Le Seigneur a tout fait, c’est cela la grâce, la grâce de Dieu. Nous marchons sous la grâce de Dieu, venue à nous en Jésus-Christ qui nous a sauvés. Mais ceci nous ouvre à un grand horizon, et cela est pour nous une joie « Vous n’êtes plus sous la Loi, mais sous la grâce ». Mais que signifie « vivre sous la grâce »? Nous allons essayer d’expliquer un peu ce que signifie vivre sous la grâce. C’est notre joie, notre liberté. Nous sommes libres. Pourquoi ? Parce que nous vivons sous la grâce. Nous ne sommes plus esclaves de la Loi : nous sommes libres parce que Jésus-Christ nous a délivrés, Il nous a donné la liberté, cette pleine liberté d’enfants de Dieu, que nous vivons sous la grâce.  

Ceci est un trésor, Je tâcherai d’expliquer un peu ce mystère, si beau, si grand. Vivre sous la grâce.

Cette année vous avez beaucoup travaillé sur le baptême mais aussi sur le renouvellement de la pastorale après le baptême. Le baptême, ce passage de « sous la Loi » à « sous la grâce », est une révolution. L’histoire est pleine de révolutionnaires, n’est-ce pas ? Il y en a eu beaucoup. Mais personne n’a eu la force de cette révolution que Jésus nous a apportée. Une révolution pour transformer l’histoire qui change en profondeur le cœur de l’homme. Les révolutions de l’histoire ont changé les systèmes politiques, économiques, mais  aucune d’elles n’a vraiment modifié le cœur de l’homme. La vraie révolution, celle qui transforme radicalement la vie, Jésus-Christ l’a réalisée à travers sa Résurrection : la Croix et la Résurrection. 

Benoît XVI disait de cette révolution qu’elle est « la plus grande mutation de l’histoire humaine ». Pensons à cela !... La plus grande mutation de l’histoire de l’humanité ! C’est une vraie révolution et nous, nous sommes des révolutionnaires, les révolutionnaires de cette révolution, car nous marchons dans cette voie, celle de la plus grande mutation de ‘histoire de l’humanité. Aujourd’hui un chrétien qui n’est pas un révolutionnaire, n’est pas un chrétien! Il doit être un révolutionnaire par la grâce! C’est la grâce que le Père nous donne à travers Jésus-Christ qui fait de nous des révolutionnaires, car – et je cite encore une fois Benoît – « c’est la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité ». Parce que c’est ça qui change le cœur. Le prophète Ézéchiel disait: « J’ôterai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur  de chair ». Et cette expérience, l’Apôtre Paul l’a vécue: après avoir rencontré Jésus sur la route de Damas, sa vision de la vie a radicalement changé, et il a reçu le baptême. 

Dieu  a transformé son cœur ! Vous imaginez ? Un persécuteur, un homme qui poursuivait l’Eglise et les chrétiens, devenu un saint, un chrétien jusqu’à la moelle, un vrai chrétien! D’abord un violent persécuteur, puis un apôtre, un témoin de Jésus-Christ devenu si courageux qu’il n’a pas eu peur de subir le martyre. Ce Saül qui voulait tuer tous ceux qui annonçaient l’évangile,  a fini par donner sa vie pour annoncer l’Evangile. La voilà la transformation, cette grande transformation dont parlait le pape Benoît XVI. Celle qui change le cœur, qui transforme les pécheurs que nous sommes en saints –  oui des pécheurs, car nous sommes tous des pécheurs – Chacun de nous n’est-il pas un pécheur ? Que celui qui ne l’est pas lève la main! Ah, regardez … je travaille pour vous, eh? Nous sommes tous des pécheurs, oui, tous ! 

Nous sommes tous des pécheurs! Mais la grâce de Jésus-Christ nous sauve du péché: elle nous sauve tous, si nous accueillons Jésus-Christ, c’est lui qui change notre cœur et fait de nous, pécheurs, des saints. Pour devenir saint, il n’est pas nécessaire de tourner les yeux de cette façon, ou d’avoir le visage comme celui d’une petite image pieuse, l’air un peu comme ça. Non, non, cela n’est pas nécessaire! Pour devenir saint il faut une seule chose: accueillir la grâce que le Père nous donne en Jésus-Christ.  C’est la grâce qui change notre cœur. Nous continuons à pécher, car nous sommes tous des êtres faibles, mais toujours avec cette grâce qui nous fait sentir que le Seigneur est bon, que le Seigneur est miséricordieux, que le Seigneur nous attend, que le Seigneur nous pardonne… Cette grâce immense qui transforme notre cœur. 

Et le prophète Ézéchiel a dit qu’il aurait transformé notre cœur de pierre en cœur de chair. Qu’est-ce que cela veut dire ? Un cœur qui aime, un cœur qui souffre, un cœur qui se réjouit avec les autres, un cœur plein de tendresse pour celui qui, portant sur lui les plaies de la vie, se sent à la périphérie de la société. L’amour est une force, la plus grande des forces. Il transforme la réalité, car il abat les murs de l’égoïsme et comble les fossés qui nous tiennent loin les uns des autres. Cet amour-là vient d’un cœur de pierre qui a été transformé en cœur de chair, en cœur humain. Et c’est la grâce qui fait ça, la grâce de Jésus-Christ que nous avons tous reçue. 

Quelqu’un parmi vous sait combien coûte la grâce ? Où on en vend? Où puis-je acheter cette grâce ? Personne ne sait le dire : non. Je vais l’acheter au secrétariat de la paroisse, vous en vendez peut-être, de la grâce? Des prêtres en vendraient-ils ? Mais, écoutez bien cela : la grâce ne s’achète pas et ne se vend pas. C’est un cadeau de Dieu en Jésus-Christ. Jésus-Christ nous donne la grâce. Lui seul nous donne la grâce. C’est un cadeau: il nous l’offre, à nous. Prenons-la. Que c’est beau !  L’amour de Jésus est comme ça: il nous donne la grâce gratuitement. Gratuitement. Et nous devons la donner à nos frères, à nos sœurs, gratuitement. Voir quelqu’un se mettre à vendre la grâce est un peu triste: cela est arrivé quelques fois dans l’histoire de l’Eglise, et cela a fait beaucoup de mal, beaucoup de mal. La grâce n’est pas à vendre : on la reçoit gratuitement et ont la donne gratuitement. C’est cela la grâce de Jésus-Christ.

Et au milieu de tant de souffrances, tant de problèmes qu’il y a ici, à Rome, il y a des gens qui vivent sans espérance. Chacun de nous peut penser, en silence, aux personnes qui vivent sans espérance,  qui sont plongées dans une profonde tristesse dont elles essaient de sortir en croyant trouver leur bonheur dans l’alcool, dans la drogue, dans le jeu de hasard, dans le pouvoir de l’argent, dans la sexualité sans règles … Mais celles-ci se retrouvent encore plus déçues et il arrive que leur colère à l’égard de la vie se traduise par des comportements violents et indignes de l’homme. Que de personnes tristes, que de personnes tristes et sans espérance! Pensez à tous ces jeunes qui, après avoir expérimenté tant de choses, ne trouvent pas le sens de leur vie et tentent le suicide, comme solution. Savez-vous combien il y a de jeunes qui se suicident aujourd’hui dans le monde ? Le nombre est élevé. Pourquoi? Parce qu’il n’ont pas d’espérance. Ils ont essayé tant de choses ! Et la société, qui est cruelle – si cruelle! – ne peut te donner l’espérance.

L’espérance, c’est comme la grâce : on ne peut pas l’acheter, c’est un don de Dieu. Et nous devons offrir l’espérance chrétienne par notre témoignage, par notre liberté, par notre joie. Cette grâce que Dieu nous donne en cadeau porte l’espérance. Nous qui avons la joie de nous apercevoir que nous ne sommes pas des orphelins, que nous avons un Père, pouvons nous être indifférents face à cette ville qui nous demande, voire inconsciemment, sans le savoir, une espérance qui l’aide à regarder l’avenir avec plus de confiance et sérénité ? Nous ne saurions être indifférents. Mais alors comment faire ? Comment pouvons-nous offrir cette espérance ? En allant dans la rue et en disant : « Ah moi j’ai l’espérance ! » ? Non. Par votre témoignage, en disant avec le sourire: « Je crois avoir un Père » - Et l’annonce de l’Evangile est celui-ci: par ma parole, par mon témoignage dire : « J’ai un Père. Je ne suis pas orphelin. Nous avons un Père », et partager cette filiation avec le Père et avec tous les autres. « Ah, père, maintenant je comprends: il s’agit de convaincre les autres, de faire les prosélytes ! ». 

Non: rien de tout cela. L’Evangile c’est comme du grain : tu le sèmes, tu le sèmes par ta parole et par ton témoignage. Et puis, tu n’en fais pas une statistique : c’est Dieu qui le fait. C’est Lui qui fait pousser ce grain. Mais nous, nous devons semer avec cette certitude que l’eau c’est Lui qui la donne, que c’est Lui qui fait pousser la graine. Et ce n’est pas nous non plus qui faisons la récolte: c’est un autre prêtre qui la fera, un autre laïc, une autre laïque, un autre la fera. Mais la joie de semer par le témoignage, car la Parole ne suffit pas : cela ne suffit pas. La parole sans le témoignage, c’est du vent. Les paroles ne suffisent pas. Il faut ce vrai témoignage dont parle Paul.

L’annonce de l’Evangile est avant tout destinée aux pauvres, à ceux qui manquent souvent du strict nécessaire pour  pourvoir conduire une vie digne. Ils sont les premiers à recevoir l’heureux message que Dieu les aime plus que les autres et qu’Il leur rend visite à travers les œuvres de charité que les disciples du Christ accomplissent en son nom. Avant tout, aller vers les pauvres ! Lors du jugement dernier, comme nous pouvons lire dans Matthieu 25, nous serons tous jugés sur nos actes. Certains pensent que le message de Jésus est destiné à ceux qui n’ont pas de préparation culturelle: ah, non! Non. L’apôtre affirme avec force que l’Evangile est l’affaire de tous et qu’il est donc aussi pour les  instruits. La sagesse, qui dérive de la Résurrection, ne s’oppose pas à celle des humains, au contraire elle la purifie, elle l’élève. L’Eglise est toujours présente là où agit la culture. 

Le premier pas est toujours la priorité aux pauvres. Mais nous devons aussi aller aux frontières de l’intelligence, de la culture, dans les hauteurs du dialogue, du dialogue qui fait la paix, du dialogue intellectuel, du dialogue raisonnable. L’Evangile est l’affaire de tous ! Aller vers les pauvres ne signifie pas que nous devons tomber dans le paupérisme, devenir des sortes de clochards spirituels: non, non, cela ne veut pas dire ça, pas du tout. Cela signifie que nous devons aller vers la chair de Jésus qui souffre. Mais la chair de Jésus souffre aussi de ce que certains ne le connaissent pas par leurs études, par leur intelligence, par leur culture … C’est là que nous devons aller ! C’est pourquoi j’aime bien utiliser l’expression « aller vers les périphéries », vers les périphéries de l’existence. Vers tous les pauvres… de la pauvreté physique et réelle à la pauvreté intellectuelle qui, elle aussi, est réelle. Toutes les périphéries, tous les carrefours : aller là-bas. Et là semer l’Evangile, par la parole et par le témoignage. 

Cela signifie que nous devons avoir du courage. Paul VI disait qu’il ne comprenait pas les chrétiens découragés: il ne les comprenait pas. Ces chrétiens tristes, anxieux, ces chrétiens qui, on se demande s’ils croient en Christ ou en la déesse Plainte: on ne sait jamais. Mais tous les jours ils se plaignent, se plaignent … Et « comment va le monde, quelle calamité, les calamités … ».  Or, pensez-y, le monde n’est pas pire qu’il y a cinq siècles, vous ne trouvez pas ? Le monde c’est le monde : cela a toujours été le monde. Et quand certains se plaignent… c’est comme ça, on ne peut rien y faire… Ah les jeunes ! – mais, vous, vous connaissez … c’est une question que je vous pose: vous connaissez des chrétiens comme ça ? Il y en a, il y en a ! Mais, le chrétien doit être courageux et, devant un problème, devant une crise sociale, religieuse, il doit avoir le courage d’avancer, d’avancer avec courage. Et quand on ne peut rien faire, avec patience : en supportant. Supporter. Courage et patience, ces deux vertus de Paul. Le courage : avancer, faire les choses, donner des témoignages forts: allons-y ! Supporter porter sur son dos les choses que l’on ne peut encore changer. Mais avancer avec cette patience, avec cette patience que nous donne la grâce. 

Mais que devons-nous faire avec ce courage et cette patience? Sortir de nous-mêmes: sortir de nous-mêmes. Sortir de nos communautés pour aller là où les hommes et les femmes vivent, travaillent et souffrent, et leur annoncer la miséricorde du Père qui s’est fait connaître aux hommes en Jésus-Christ de Nazareth. Annoncer cette grâce qui nous a été offerte par Jésus. Si le jeudi saint j’ai demandé aux prêtres d’être des pasteurs avec l’odeur des brebis, à vous, chers frères et chères sœurs, je dis : soyez partout des porteurs de la Parole de vie dans nos quartiers, sur les lieux de travail et partout où les personnes se retrouvent et développent des relations. Vous devez sortir. Je ne comprends pas les communautés chrétiennes qui s’enferment dans leur paroisse … 

Mais je tiens à vous dire une chose : dans l’Evangile il y a ce beau passage du berger qui, de retour chez lui, s'aperçoit qu'il lui manque une de ses 99 brebis et part donc la chercher en laissant seules ces dernières. Mais, frères et sœurs, nous,  on en a une : il nous en manque 99! Nous devons sortir, nous devons sortir et aller les trouver! Mais, dans cette culture, soyons francs: dans cette culture nous n’en avons qu’une, nous sommes une minorité, avons-nous la ferveur, le zèle apostolique pour aller chercher les 99 autres ? Nous avons là une belle responsabilité et nous devons demander au Seigneur la grâce de la générosité et le courage et la patience pour sortir, pour sortir annoncer l’Evangile. 

Ah, cela est difficile. Il est plus facile de rester chez soi, avec cette unique brebis. C’est plus facile! Avec cette brebis, la brosser, la caresser … mais à nous prêtres, et à vous chrétiens, à tous, le Seigneur veut que nous soyons des pasteurs, pas ceux qui brossent les brebis! Et quand une communauté est fermée, toujours entre les mêmes personnes qui parlent,  cette communauté n’est pas une communauté qui donne vie. C’est une communauté stérile, non féconde. La fécondité vient par la grâce de Jésus-Christ mais à travers nous, notre prédication, notre courage, notre patience.

Tout ça est un peu long, n’est-ce pas ? Oui, ce n’est pas facile. Et nous devons être francs : évangéliser, faire circuler la grâce gratuitement, est un travail qui n’est pas facile. Car Jésus-Christ et nous, nous ne sommes pas seuls. Il y a aussi un adversaire, un ennemi qui veut tenir les hommes loin de Dieu. Et pour cela, il instille dans les cœurs la déception, quand nous ne nous voyons pas arriver tout de suite la récompense de notre engagement apostolique. Le diable, tous les jours,  jette dan nos cœurs des graines de pessimisme et d’amertume, et alors on se décourage. « ça ne va pas, nous avons fait cela et ça ne va pas, cette autre chose et ça ne va toujours pas, et regardez cette religion comme elle attire tant de gens et pas nous pas … » : c’est le diable qui est l’œuvre. Nous devons nous préparer à la lutte spirituelle. Ceci est très important. On ne peut prêcher l’Evangile sans cette lutte spirituelle: une lutte de tous les jours contre la tristesse, contre l’amertume, contre le pessimisme … une lutte de tous les jours. Semer n’est pas facile: il est bien plus beau de récolter. Semer n’est pas facile, mais cette lutte est celle qui revient à tous les chrétiens, chaque jour.

Paul disait qu’il était pressé de prêcher, et il savait ce qu’était cette lutte spirituelle pour l’avoir vécue. Il disait : « J’ai dans ma chair une épine de Satan, et tous les jours je la sens ». Nous aussi nous avons des épines de Satan qui nous font souffrir et nous font avancer avec difficulté, et souvent nous nous décourageons. Nous préparer à la lutte spirituelle: l’évangélisation exige de nous un vrai courage aussi pour cette lutte intérieure, dans notre cœur, pour dire par la prière, par la mortification, par notre volonté de suivre Jésus, par les sacrements  qui sont une rencontre avec Jésus : Merci, merci pour Ta grâce. Je veux la porter aux autres. Mais cela est un travail : c’est un travail. Cela s’appelle – ne vous affolez pas – cela s’appelle le martyre: c’est cela le martyre. Lutter tous les jours pour témoigner. C’est cela le martyre. Et à certains le Seigneur demande le martyre de la vie. Mais il y a le martyre de tous les jours, de toutes les heures : le témoignage contre l’esprit du mal qui ne veut pas que nous soyons des évangélisateurs.

Et maintenant je voudrais finir,  en pensant à une chose. A une époque où la gratuité paraît s’amenuiser dans les relations interpersonnelles, car tout se vend et tout s’achète, et il est difficile de  trouver la gratuité, nous les chrétiens nous annonçons un Dieu qui, pour être notre ami, ne demande rien si ce n’est d’être accueilli. La seule chose que Jésus demande c’est d’être accueilli. Pensons à tous ceux qui vivent dans le désespoir parce qu’ils n’ont jamais rencontré personne qui leur ait consacré un peu d’attention, les ai consolés, les ait fait sentir précieux et importants. Nous, disciples du Crucifié, pouvons-nous refuser d’aller là où personne ne veut aller par peur de nous compromettre et par peur du jugement des autres, et ainsi nier à nos frères l’annonce de la Parole de Dieu? La gratuité: nous avons reçu cette gratuité, cette grâce, gratuitement; nous devons la donner gratuitement.

Et c’est par cela que je voudrais terminer, vous dire: de ne pas avoir peur, de ne pas avoir peur de l’amour, de l’amour de Dieu, de notre Père. Ne pas avoir peur. Ne pas avoir peur de recevoir la grâce de Jésus-Christ, ne pas avoir peur de notre liberté qui vient de la grâce de Jésus-Christ ou, comme disait Paul: « Ne soyez plus sous la Loi, mais sous la grâce ». Ne pas avoir peur de la grâce, ne pas avoir peur de sortir de nous-mêmes, ne pas avoir peur de sortir de nos communautés chrétiennes pour aller trouver ces 99 brebis qui ne sont pas chez elles. Et aller dialoguer avec elles, et leur dire ce que nous pensons, aller montrer notre amour qui est l’amour de Dieu. 

Chers frères et sœurs : N’ayons pas peur! Avançons et disons à nos frères et sœurs que nous sommes sous la grâce, que Jésus nous donne la grâce et que cela ne coûte rien : seulement la recevoir. Allons-y!

Commentaires

  • On ne peut qu'approuver ce dialogue du Pape avec son diocèse, mais comment l'introduire concrètement dans un effort d'Evangélisation des non-croyants et des adeptes d'autres religions?
    Le concept de "Grâce" qui est le thème principal ne signifie rien probablement pas grand-chose pour ceux-là, sinon que le mot qu'ils entendent a au moins l'avantage que d'être aussi celui qui désigne, en langage courant, un trait de caractère vaguement semblable à une sorte d'aimable perfection. Cependant la 'grâce' dont parle François ne se rapporte pas à notre caractère, mais elle est plutôt une force spirituelle qui nous est donnée par Dieu et son Fils.
    L'esprit de 'liberté' risque aussi d'être mal compris par tous ceux qui associent le manque de liberté à un empêchement de faire ce que l'on a envie. Pour les chrétiens il s'agit bien plus de la liberté qui provient de la libération de l'esclavage du péché, celle qui nous permet de mettre en œuvre un amour véritable pour tous les hommes.
    La 'révolution chrétienne' maintenant que Benoît XVI désigne correctement comme 'la plus grande mutation de l’histoire humaine' pourrait également être présentée comme la dernière étape de l'évolution de l'homme, le but même de la création, des concepts que les scientifiques les plus athées ne peuvent rejeter.
    Finalement notre attention devrait se porter sur la remarque "Pensez à tous ces jeunes qui, après avoir expérimenté tant de choses, ne trouvent pas le sens de leur vie et tentent le suicide, comme solution. Savez-vous combien il y a de jeunes qui se suicident aujourd’hui dans le monde ?" au sujet de laquelle François évoque une absence de réaction des chrétiens "Il est plus facile de rester chez soi, avec cette unique brebis." et "Je ne comprends pas les communautés chrétiennes qui s’enferment dans leur paroisse … ". Certainement pour ces jeunes en dérive, un témoignage fort serait de partager quelques jours la vie d'une de ces communautés chrétiennes afin qu'ils puissent constater pratiquement qu'une vie simple mais ordonnée est possible et qu'elle protège de nombreuses tentations aux satisfactions toujours éphémères. Mais combien paroisses ou de communautés religieuses chez nous sont disponibles pour tenter cette forme d'évangélisation? Même si cela exige qu'elles abandonnent une petite part du temps qu'elles consacrent aux formalités des rites pour " aller aux frontières de l’intelligence, de la culture, dans les hauteurs du dialogue, du dialogue qui fait la paix, du dialogue intellectuel, du dialogue raisonnable." ou à toute autre forme d'échange constructif bien approprié aux problèmes qu'elles découvriront ainsi.

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