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Le nouvel évangile

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En 1972 sortait la version française d’un petit livre écrit par Don Giacomo Biffi, lequel sera nommé Archevêque de Bologne par Jean-Paul II puis créé cardinal en 1985. L’Auteur imagine que des fragments de l’Evangile viennent d’être découverts par des archéologues : ils éclairent d’un jour nouveau les textes reçus jusqu’ici et corrigent l’exégèse couramment reçue. Dans son opuscule plein d’humour, Giacomo Biffi donne les passages de l’Evangile selon S. Mathieu puis, en parallèle, les fragments du « nouvel évangile ». Il y ajoute ses explications : « Si tu veux entrer dans ta vie, observe les commandements. » (Mat. 19, 17) .« Si tu veux entrer dans la vie éternelle, observe la loi de ta conscience » (Nouvel évangile). Explication : Ce fragment fera sans doute la joie des moralistes contemporains, qui ont de plus en plus tendance à simplifier leur travail en faisant appel à la conscience de l’individu.
Plus que tout, il donnera une claire justification scripturaire à la notion, de plus en plus répandue parmi les chrétiens, qu’il n’y a lieu de chercher aucune règle morale en dehors du sentiment intérieur du bien et du mal.
A dire la vérité, ce n’est pas là une doctrine nouvelle : depuis toujours la morale chrétienne a enseigné que la norme prochaine de l’action pour l’homme concret est sa propre conscience, à laquelle il doit toujours obéir quoi qu’elle ordonne ou interdise. La nouveauté consiste plutôt en une conception réformée de la conscience et de ses fonctions. La mentalité antique affirmait que la conscience n’était qu’un haut-parleur intérieur destiné à transmettre la loi de Dieu ; aussi était-il de son essence d’être en mesure de demeurer en phase avec la voix divine, faute de quoi elle devenait aussi inutilisable qu’un récepteur de radio qui ne réussirait plus à rester en contact avec l’émetteur. Dans cette perspective, le premier devoir qui s’imposait à la conscience n’était pas de retrouver en soi son contenu, mais de le rechercher dans les commandements du Seigneur. Le premier impératif de la conscience était de scruter la loi. Par contre, selon l’opinion qui se généralise aujourd’hui, la conscience n’aurait pas à sortir d’elle-même ; il lui suffirait d’être attentive à ses propres désirs, à ses propres répugnances, à ses propres enthousiasmes, à ses propres langueurs. La connaissance des normes objectives lui est étrangère et donc indifférente.
Et ainsi est-on enfin parvenu à mettre un terme à une équivoque. On croyait jusqu’ici que la conscience était un moyen donné par Dieu pour la connaissance de sa volonté. Aujourd’hui, on a compris qu’elle constitue en réalité un don beaucoup plus précieux : elle est un moyen pour l’homme de se dispenser de l’ennui de connaître la volonté de Dieu. Tout est ainsi plus facile : la connaissance est l’abolition de la loi, elle est la libération de l’esclavage des préceptes et de la casuistique. L’impératif moral est parfaitement simplifié :

- les rapports prématrimoniaux sont-ils licites ? Obéis à ta conscience.
- Comment dois-je remplir ma déclaration d’impôts ? Obéis à ta conscience.
- Ai-je le droit de procéder à un avortement si j’ai déjà trois enfants à faire vivre ? Obéis à ta conscience.

Il ne s’agit plus du tout de l’informer, cette conscience, mais de lui obéir. Et ce n’est pas seulement le métier du moraliste qui se trouve ainsi facilité, c’est aussi celui de l’homme, qui engage bien plus profondément.
D’autant plus que, malgré les apparences, rien n’est plus docile qu’une conscience qui ne se réfère pas constamment à la loi divine. Pour l’homme qui obéit à sa conscience sans se préoccuper le moins du monde de connaître l’avis de Dieu, la récompense est immanente : sa conscience finit toujours par lui obéir sans désormais lui créer d’ennuis.
Même celui qui a pris l’habitude d’empoisonner de temps à autre ses tantes pour avoir leur héritage un peu plus tôt, quand il suivra l’enterrement de la quatrième il s’apercevra que sa conscience (tout comme sa pauvre tante) n’a plus aucune protestation à élever.

Ici : Pro Liturgia  L'ACTUALITE DU 9 OCTOBRE 2013

JPSC

Commentaires

  • Quand les paroissiens de saint Augustin lui demandaient ce qu'il était bien ou mal de faire, ce qu'il était permis ou interdit de faire, il leur répondait « Aime et fais ce que veux ».
    .
    Il les renvoyait à leur libre arbitre, à leur propre conscience de ce qu'ils vivent. Il leur disait qu'eux seuls ont conscience de la situation devant laquelle ils se trouvent. Un autre ne peut choisir à leur place, car un autre n'a pas conscience de leur situation.
    .
    Mais il ne leur disait pas « Fais ce que veux », il leur disait d'abord « Aime » et alors seulement et conséquemment « fais ce que veux ». Ce qui n'est pas autre chose que leur enseigner le premier commandement donné par Jésus : « Aime Dieu et ton prochain, aime le Créateur et sa Création ».
    .
    Notre libre arbitre doit donc se conformer à cette loi de Dieu, cette loi de l'amour charité. Cette loi est comme le garde-fou de notre conscience de la situation, qui vise à nous empêcher de tomber dans le « fais ce que veux ».

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