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L'itinéraire de Mandela fut dicté par sa foi chrétienne

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Lu sur L'Hebdo : La foi de Nelson Mandela - Guy Sorman

Nelson Mandela eut plusieurs vies : militant communiste, prisonnier pacifiste, Président charismatique. Il fut aussi le seul récipiendaire du Prix Nobel de la Paix à recevoir au préalable le Prix Lénine, puis la Médaille de la liberté, la plus haute distinction américaine. Quel fil rouge a bien pu relier toutes ses vies successives et d'apparence quelque peu contradictoire ? On risquera ici une hypothèse que confirmeraient certainement ses geôliers, puis les Afrikaners qui négocièrent avec lui la fin de l'apartheid : l'itinéraire de Mandela fut dicté par sa foi chrétienne, un cheminement qui le conduisit de la violenceà la rédemption.

Mandela chrétien ? J'acquis cette conviction lors d'une unique rencontre à Johannesburg en 1992 : le rayonnement de Mandela, auquel tous ses interlocuteurs furent sensibles, me parut d'ordre mystique plus que politique. Mandela, bien entendu, était chrétien ainsi que la plupart des Sud-Africains, quelle que soit la couleur de leur peau. Les pionniers Afrikaners, qui avaient fondé ce pays, se percevaient comme une tribu d'Israël en exil : ils étaient et ils restent conditionnés par leur lecture assidue de l'Ancien Testament. C'est avant tout cet Évangélisme-là qu'ils ont répandu en Afrique du Sud. La réconciliation entre le mouvement national africain, l'ANC, inspiré plus que présidé par Nelson Mandela, avec Frederik de Klerk, le Président sud-africain jusqu'en 1991, fut sans conteste possible un acte de foi partagé entre deux hommes appartenant à une même confession chrétienne. Le blocus économique du pays par l'Occident a contribué à la fin de l'apartheid mais ne l'a pas déterminé : ce n'est pas le boycott des oranges sud-africaines par les consommateurs européens et américains qui eut raison de l'apartheid, mais le Christ ou plus exactement, la croyance en Lui.

 

La foi aussi explique et elle éclaire le chemin qui a conduit Mandela du communisme à la démocratie libérale et de l'action violente à la réconciliation pacifique. Rappelons qu'en 1962, Mandela fut condamné à la prison à perpétuité pour avoir organisé des attaques à la bombe contre des postes de police, laissant plusieurs victimes dans leur sillage : Mandela fut condamné pour un crime bien réel. L'ANC, à l'époque où Mandela y occupait une fonction éminente mais pas majeure, était une branche du Mouvement communiste international ; avec le soutien de l'Union soviétique, elle préconisait la violence révolutionnaire. L'incarcération de Mandela fut politiquement injuste, mais elle était légalement fondée : ce que lui-même n'a jamais nié. En prison, il cessa de croire en la Révolution et au communisme. Fut-ce parce que l'URSS s'effondrait, ce que les adversaires de Mandela ont cru à l'époque ? Ou au terme de sa méditation personnelle ? On penchera pour la méditation : la cellule de Mandela à Robben Island, encombrée de ses livres et de ses manuscrits, fut monacale autant que carcérale.

On sait que dans cette cellule, outre le Christ, la mémoire d'un autre prophète visita Mandela : le Mahatma Gandhi, qui fut avocat en Afrique du Sud, tout comme l'avait été Mandela. En Afrique du Sud, dans la communauté indienne de Durban, Gandhi, directement inspiré par le Sermon de la Montagne, ainsi qu'il l'a reconnu, conçut et appliqua la Non violence pour triompher du racisme des Blancs. Ce que Gandhi comprit et que Mandela reprit à son compte : la Non violence et la force de la Vérité (Satyagraha) s'avèrent plus efficaces que la confrontation violente, mais à condition d'opérer dans une société qui partage les mêmes valeurs chrétiennes et humanistes. Comme Gandhi, Mandela fit donc appel à la mauvaise conscience des Blancs, en Afrique du Sud et en dehors : c'est ainsi que Gandhi avait en son temps été "reconnu" par les Britanniques comme le leader de l'indépendance indienne, alors même que les Indiens ne l'avaient pas encore désigné comme tel. Mandela, qui n'était pas le Président de l'ANC, en raison de son rayonnement international, fut "reconnu" en dehors de l'Afrique du Sud, comme l'avait été Gandhi, avant de l'être à l'intérieur, comme le leader évident de la libération nationale. Notons, à ce seuil, le rôle éminent de l'évêque anglican Desmond Tutu qui s'évertua avec succès à persuader les fidèles protestants aux États-Unis et en Grande-Bretagne, que la fin de l'apartheid était un devoir ethnique et que Mandela l'incarnait.

La foi chez Mandela a permis la réconciliation non seulement des Noirs avec les Blancs sous un même drapeau national, mais - ce que l'on néglige souvent, vu d'Europe - la réconciliation entre les peuples Noirs. Car du temps de l'apartheid, l'hostilité entre les Xhosas (l'ethnie de Mandela) et les Zoulous (l'ethnie du président actuel, Jacob Zuma) était au moins aussi vive qu'entre Blancs et Noirs : au temps de l'apartheid, les Zoulous se rallièrent souvent aux Blancs contre les Xhosas, de même que les minorités indiennes et métisses. L'Afrique du Sud était et reste un puzzle ethnique qui compte non pas plus de deux camps adverses mais une myriade.

Quoi de plus chrétien enfin que la Commission pour la Vérité et la Réconciliation, fondée par le Président Mandela et présidée par Desmond Tutu ? Au lieu de vengeances et de règlements de comptes, attendus et redoutés après des années de violences interraciales, cette Commission fut basée sur la confession et le pardon : la plupart de ceux qui acceptèrent de reconnaître leur faute, voire les crimes commis au nom de l'apartheid ou contre l'apartheid, Blancs et Noirs, furent amnistiés. Nombreux, à l'exception des crimes les plus graves, furent ceux qui s'en retournèrent à la vie civile, exonérés par leur aveu.

Si l'on contemple l'histoire du vingtième siècle, les hommes d'État qui améliorèrent notre monde et dont le nom mérite d'être retenu, bien peu nombreux, furent mus par la foi, une foi religieuse ou quasi religieuse, non par une idéologie : paradoxe d'un temps que l'on dit laïc mais, en vérité, hanté par la transcendance ou son désir.

Voir également : La foi discrète et féconde de Nelson Mandela

Commentaires

  • " L'itinéraire de Mandela fut dicté par sa foi chrétienne "
    Ah cette tendance des catholiques de toujours tout ramener à eux ! Mandela était surtout un homme sain et fort, reconnu par tous !

  • Nelson Mandela prêche plutôt le relativisme. En témoignent ses avis sur l’avortement et l’homosexualité.

    Oui, il est chrétien : mais ses actes sont d'abord ceux d'un très grand humaniste !

  • @ jacques d ... A-t-on jamais vu un protestant contester clairement les pratiques abortives et les pratiques homosexuelles ? Et l'humanisme pour vous consisterait donc à supprimer des êtres humains non désirés et à pratiquer la sodomie ?

  • Pauvre Job, vous dites : " @ jacques d ... A-t-on jamais vu un protestant contester clairement les pratiques abortives et les pratiques homosexuelles ?"

    Mais vous ne connaissez vraiment rien au protestantisme !
    Donc vous dites n'importe quoi !
    Je suis coordinateur d'un mouvement régional œcuménique (protestants/catholiques). Je n'en dirai pas davantage !

  • Pauvre Job, vous me dites aussi : " Et l'humanisme pour vous consisterait donc à supprimer des êtres humains non désirés et à pratiquer la sodomie ?"

    Mais quand ai-je dit cela ? Vous me faites un très mauvais procès d'intention !

  • @ jacques d... Puisque vous êtes si bien placé, vous devriez justement nous informer davantage. Les protestants (en tout cas ceux que vous rencontrez) sont-ils clairement contre les avortements et les pratiques homosexuelles ? À ma connaissance, la plupart des protestants sont au minimum très laxistes sur ces deux sujets. Comment traitez-vous cela dans vos rencontres ?
    .
    Pour le deuxième point, vous écriviez que Mandela serait selon vous un humaniste justement parce qu'il était relativiste à propos de l'avortement et des pratiques homosexuelles. J'ai beau relire vos propos, c'est ce que je comprends. Voulez-vous les préciser ?
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    Et à titre personnel, êtes-vous aussi laxiste (ou relativiste) en ce qui concerne l'avortement et les pratiques homosexuelles ?

  • Tout à coup vous souhaitez un dialogue ! Je ne souhaitais que cela en visitant votre site.
    Je partirai du dernier point de vos demandes. A titre personnel, à propos de l’avortement, je dirai que la vie est « première » … « Donner la mort » est toujours un échec ! Mon épouse et moi avons fêté nos 45 ans de mariage. Jamais nous n’avons utilisé un quelconque moyen de contraception. Nous n’aurions jamais pratiqué l’avortement. Mais que peut-on savoir si la « mère » avait été en danger en mettant « à la vie » ? Qui suis-je pour juger l’autre … Et encore moins pour le condamner ? J’aime la tolérance mais je n’aime pas du tout l’intransigeance !

    En tant qu’homme, je ne suis pas du tout homosexuel. MAIS j’aurais pu en être un moi-même ! Ce n’est pas une tare que d’être homo ! Vous croyez qu’un hétérosexuel pourrait aisément vivre avec quelqu’un du même sexe que lui (ou qu’elle) ?
    Rien de pire que de se sentir rejeté parce qu’on est différent d’une majorité de personnes ?
    Jésus est allé vers les paumés, les minorités, les pauvres …

    Mandela ! Ce fut un grand humaniste ! Ce n’est pas à nous non plus de le juger sur ses valeurs religieuses ! Vous évoquez souvent le relativisme. Pour moi, dans certaines situations de vie, je suis relativiste si on considère que le relativisme est le contraire de l’absolutisme. Je compare plutôt le relativisme (celui que je pratique) à la tolérance : comprendre l’autre avant de le juger !

    La plupart des protestants que j’ai rencontrés et avec qui nous avons eu de longs débats, échanges … et prières en commun sont sur la même longueur d’ondes que les catholiques romains pour tout ce qui concerne les valeurs éthiques.
    Je vais approfondir cela lors de mes prochaines rencontres ; entre autres lors de la « Semaine de l’unité » en janvier prochain.

    Que le Seigneur nous garde en sa Sagesse, en sa Paix et en son Amour !

  • Qu'il fût chrétien ou non, la RTBF ce matin ne s'est pas privée de souligner que c'était d'abord un humaniste "laique". A ce sujet, ils avaient d'ailleurs invité le socialiste Pierre Galand du CAL. Lequel CAL passe d'ailleurs actuellement en boucle des photos du défunt président.

    On n'y comprend décidément plus rien!

  • @ michel ... La récupération par les politicards fonctionne à plein rendement. Louis Michel a directement déclaré que c'était un « libre penseur » et Di Rupo l'a présenté comme un « progressiste ». Bref, tous les politiciens veulent s'affubler de la dépouille de Mandela, pour en retirer quelque profit personnel. Le simple fait de l'avoir rencontré un jour, ou simplement de parler de lui, augmenterait leur crédit auprès de la population. Vous avez dit 'populisme' ?

  • Ce que l'on rappelle rarement, c'est le racisme anti catholique, qui résultait des mêmes théories raciales nées au 19ème siècle. Dans le prétendu arbre évolutionniste des races humaines, les populations catholiques avaient été placées sur des branches inférieures par rapport aux population protestantes. Le sommet de l'arbre était occupé par les WASP (les White Anglo-Saxon Protestants). Il n'étonnera évidemment personne que ceux qui ont fabriqué cet arbre étaient de bons WASP. Conséquence : pendant l'apartheid, jusqu'en 1990, les immigrés catholiques (italiens, espagnols, ...) étaient discriminés en Afrique du Sud par rapport aux immigrés protestants.
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    Il faut d'ailleurs noter que Obama a récemment demandé pardon aux immigrés catholiques pour la ségrégation raciale dont ils furent l'objet aux USA également. C'était lors de la commémoration du célèbre discours de Martin Luther King. Le KKK par exemple est une émanation d'une Loge britannique anti papiste, dont les premières cibles étaient les Irlandais, les Italiens et les Polonais.
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    Il n'y a donc pas que les Noirs qui étaient victimes de ségrégation par les WASP, en Europe, Amérique, Afrique ou ailleurs. Hormis les populations catholiques, à peu près toutes les populations sur la planète avaient été rangées sur des branches inférieures de l'arbre. Et tout cela avec l'aval des autorités scientifiques et politiques des pays dominés par les WASP.
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    L'anticléricalisme en Europe s'est d'ailleurs largement nourri de ce racisme anti catholique. Vincent Peillon, le Ministre français de l'Éducation Nationale, déclarait encore publiquement, il y a peu de temps, que le catholicisme était inférieur au protestantisme, en se fondant sur les théories du protestant Dubuisson, un des fers de lance de l'anticléricalisme en France.

  • Cet entretien de 2010 avec Bernard Lugan donne une autre vision pas inintéressante du tout...
    http://www.youtube.com/watch?v=1OEc7J3wip8

  • Je crois que beaucoup de gens se font une idée erronée de l'apartheid. Les noirs n'étaient pas esclaves. Ils pouvaient faire des études comme les blancs et gérer des entreprises comme les blancs. Nelson Mandela avait pu faire des études d'avocat et s'installer.
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    Le mot 'apartheid' est un mot boer (néerlandais) qui signifie 'ségrégation raciale'. Cette théorie scientifique prend sa racine au 19ème siècle, dans la foulée du darwinisme. Des théoriciens ont alors soutenu que certaines races humaines étaient supérieures aux autres, par un phénomène d'évolutions séparées, ou même d'origines séparées. Ils ont aussi prétendu que les races ne devraient pas se mélanger. Un individu de race supérieure ne devrait pas avoir d'enfant avec un individu de race inférieure. Les races supérieures devraient rester 'pures', pour le bien de l'humanité et de son évolution.
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    Ces scientifiques ont été suivis par des politiciens, qui ont fait des lois de ségrégation, visant à séparer les races supérieures des races inférieures. Et les populations qui avaient été décrétées 'races supérieures' par ces théoriciens admirent assez vite ce statut honorifique, et donc acceptèrent assez facilement ces lois de ségrégation raciale. De toutes façons, puisque leurs scientifiques et leurs politiciens le leur disaient, cela ne pouvait être que vrai.
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    Toutes ces théories ont été propagées sur plusieurs générations. Pas étonnant qu'elles soient encore répandues dans certains milieux de 'races supérieures'.
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    Notons toutefois que ces théories de races supérieures ne datent pas d'aujourd'hui. Dans toute l'Histoire de l'humanité, les populations ou nations qui dominaient militairement et économiquement se sont toujours décrétés supérieurs aux autres, aux barbares.

  • Nous avons justement quelqu'un du CAL (ou fort proche en tout cas) en la personne de Monsieur Delen. Il pourra peut-être vous donner quelques éclaircissements...

  • Raphaël R vous êtes médisant !

  • A propos de l’Afrique du Sud, je ferais deux remarques :

    -Mandela a été élevé dans la religion méthodiste, fondée par John Wesley, un prédicateur protestant du XVIIIe siècle ; mais il semble cependant que sa spiritualité a évolue, au cours de son existence. En 1977, comme l’observe justement le journal « La Croix », il fait cet aveu : « J’ai mes propres croyances quant à l’existence ou non d’un Être suprême et il est possible que l’on puisse expliquer facilement pourquoi l’homme, depuis des temps immémoriaux, croit en l’existence d’un dieu. » Puis, en 1994 : « Je ne suis pas particulièrement religieux ou spirituel. Disons que je m’intéresse à toutes les tentatives qui sont faites pour découvrir le sens de la vie. La religion relève de cet exercice. ». Son regard sur le christianisme était peut-être bienveillant mais distancié.

    -Ne simplifions pas non plus la question de l’ « apartheid ».Plus que la mise en œuvre d’une théorie politique raciste, le développement séparé des diverses communautés sud-africaines était surtout une réaction de protection des minorités, dont l’incontournable population de souche européenne (implantée depuis le XVIIe siècle, celle-ci représente 10% de la population sud-africaine et un facteur économique et social essentiel au développement de ce pays poly-ethnique). Le mérite de l’universalisme pacifiste de Mandela (peut-être hérité de la mentalité méthodiste) a été d’apaiser leurs craintes et de s’en tenir loyalement à l’accord conclu.

  • @ jpsc ... Vous parlez de la 'religion méthodiste'. J'ai un jour tenté de faire un relevé des principales doctrines et sous-doctrines regroupées sous le vocable général de 'protestantisme'. Je me suis arrêté à quarante, et j'en ai sûrement oublié. J'ai donc bien du mal à qualifier de 'religions' tous les différents courants religieux composant cette tour de Babel protestante. Ce seraient plutôt toutes des hérésies chrétiennes, à mon avis.
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    J'ai l'impression que n'importe qui, dans cette mouvance protestante, peut se déclarer fondateur d'un nouveau courant (d'une nouvelle hérésie) en prétendant avoir mieux compris la Bible que tout le monde, et en se créant d'ailleurs parfois une Bible sur mesure si nécessaire.
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    Par ailleurs, quand on évoque un œcuménisme avec les protestants, qui sont les interlocuteurs du côté protestant ? Ne faudrait-il pas d'abord que ces multiples courants protestants nous prouvent qu'ils sont capables de faire de l’œcuménisme entre eux ? S'ils n'y arrivent pas entre eux, quelle est la probabilité qu'ils y arrivent avec les catholiques, qu'ils attaquent depuis cinq siècles ?

  • Après avoir lu tous les commentaires sur ce site, ce sont ceux de JPSC qui me semblent les plus pertinents. Avec l'éruption médiatique que la mort de Mandela vient de susciter, il a fallu subir bien des réflexions ridicules sur l'apartheid comme si certains veulent encore soulager leur conscience en projetant leur hargne sur cette épisode douloureux de l'histoire de l'Afrique du Sud. Le plus ridicule entendu hier a été que l'apartheid a été le plus grand drame du XXème siècle, comme si les deux guerres mondiales, bien d'autres et les génocides, n'avaient été que des détails par rapport à la situation en Afrique du Sud. J'ai aussi remarqué que les médias francophones ne mentionnaient pas toujours que le prix Nobel de la paix avait été attribué en 1993 conjointement à Mandela et au président Frederik de Klerk.
    Dans les années 70, mon activité professionnelle m'a souvent amené dans ce pays où j'ai eu l'occasion de me promener, souvent seul, dans les zones réservées aux 'noirs'. Quelques semaines après avoir été dans d'autres pays africains, j'ai été plutôt bien impressionné par la qualité de ces quartiers comparé à ce que je venais d'observer plus au nord, et encore plus par la discipline spontanée des habitants alors que j'étais le seul 'blanc' en vue, du moins s'ils m'avaient remarqué.
    A cette époque les sanctions imposées par la communauté internationale bien pensante, étaient d'ailleurs ignorées par certains pays africains qui profitaient du dynamisme économique de l'Afrique du Sud et l'expertise technique des Sud Africains était la bienvenue quand un drame survenait dans les pays limitrophes. Mandela, et encore plus Desmond Tutu, ont fortement contribué à éviter le bain de sang que beaucoup prédisaient avec la fin de l'apartheid, mais ils ont réussi en s'appuyant sur une population imprégnée de culture chrétienne. En ce qui concerne les mérites respectifs du catholicisme et des protestantismes, le débat n'est pas prêt de se terminer tant que certains refusent d'accepter les évolutions positives de ces religions. Pendant une cinquantaine d'année j'ai aussi cru que la seconde guerre mondiale avait été en grande partie provoquée par la tension entre les populations latines plutôt catholiques et les populations germaniques plutôt protestantes, jusqu'à ce que je découvre qu'Hitler avait été baptisé dans la religion catholique.

  • Les propos dithyrambiques entendus dans les médias à l'égard de Nelson Mandela ne doivent pas nous faire oublier que ce même apôtre de l'égalité fut aussi un ardent défenseur de l'avortement. "Les femmes ont le droit de faire ce qu'elles veulent de leur corps", disait-il. "De leur corps"?... Mais ce n'est pas leur corps, monsieur Mandela! C'est celui d'un enfant qui a le droit de naitre à la vie terrestre et d'être respecté. Oui, respecté, comme doit l'être aussi le peuple noir que vous avez à juste titre défendu.
    Jean-Pierre Snyers (jpsnyers.blogspot.com)

  • Une phrase extrait de son contexte ne veut rien dire !

    Savez-vous que, particulièrement du temps de l'apartheid, les "blancs" abusaient des femmes noires et les "mettaient enceintes" !!! Pas grave cela ! Mais ce qui est grave c'est parce que ces "femmes noires" souhaitaient après cela l'avortement ... Au grand risque de leur vie ! Car tout cela devait se faire en cachette !!!

  • Pauvre Job, vous exprimez : " Ne faudrait-il pas d'abord que ces multiples courants protestants nous prouvent qu'ils sont capables de faire de l’œcuménisme entre eux ? '

    Etes-vous naïf à ce point ? Croyez-vous que les CATHOLIQUES ROMAINS sont tous semblables dans leur perception de la foi ?

    Il faudrait commencer par faire de l'œcuménisme entre catholiques !!! Et on n'est pas prêts d'y arriver !

  • @ jacques d... Mais heureusement qu'il y a une diversité de sensibilités et de charismes dans l'Église catholique, c'est cela qui fait sa richesse humaine. Un jésuite, un dominicain, un franciscain, un bénédictin, un carme, etc.. apportent tous leur brique à l'édifice Église catholique romaine. Mais il y a aussi et surtout une unité de doctrine entre eux, et c'est tout autant important.
    .
    Comment vous y retrouvez-vous dans le labyrinthe des doctrines protestantes ? Avec laquelle ou lesquelles discutez-vous ? Quand donc cet ensemble disparate compte-t-il organiser un "Concile protestant" pour réconcilier leurs différentes doctrines ?

  • On m'a interpellé sur la position du protestantisme quant à leur position sur les problèmes éthiques (avortement / mariage homosexuel ...) Voici un extrait d'article bien intéressant :

    " les protestants sont particulièrement vigilants et attentifs sur les conséquences que peuvent avoir des lois pour les plus vulnérables, les plus pauvres, les plus déshérités, les plus handicapés. L’accès juste équitable aux soins, la non-brevetabilité du génome font partie des exigences protestantes. Cet engagement les pousse à toujours chercher le moindre mal, sans se référer toujours à des principes intangibles parfois plus source de violence individuelle et d’injustice que d’éthique respectueuse de la personne. Le Protestantisme se méfie autant du dogmatisme que de l’utilitarisme. Il tente de faire surgir de la parole divine une espérance humaine qui soit inscrite dans la réalité."

    Didier Sicard - Professeur émérite de médecine à l’université Paris Descartes -Ancien président du Comité National Consultatif d’Ethique

  • @ jacques d... Les protestants de France furent très favorables à la loi Veil de 1975, suite à la création en France du sinistre Planning Familial, la planification collectiviste de la dénatalité et de la dé-maternité, qui aboutit à la planification du massacre des innocents.
    .
    Les protestants participèrent au lobbying pour l'adoption de cette loi dépénalisant l'avortement. Ils furent les premiers à argumenter (déjà en 1964 !) que des avortements clandestins existaient de toutes façons, et que cela ne servait à rien de les considérer comme des délits. Donc, si l'on devait suivre leur argument, puisque des meurtres et des escroqueries existent de toutes façons dans nos sociétés, ils ne servirait à rien de les interdire et de les considérer comme des délits punissables. Puisque le 'mal' existe, il suffirait de l'appeler 'bien', et tout sera réglé ici-bas.
    .
    Avec leur relativisme du 'bien' et du 'mal', les protestants de France furent les premiers défenseurs du droit à l'IVG, Quelle est votre opinion personnelle sur cette manière habile (je dirais diabolique) de nommer 'bien' ce qui est objectivement 'mal' ?
    .
    N'oubliez pas non plus que Malthus, le prophète de toutes les dénatalités et eugénismes dans le monde, était un pasteur anglican, et que ses théories de planification de la dénatalité datent déjà du début du 19ème siècle, au moment du machinisme de la révolution industrielle, le remplacement des hommes par des machines ou les hommes asservis aux machines. Ce mal que nous subissons aujourd'hui plonge ses racines sournoises plus loin que le 20ème siècle.

  • Ce qui rassemble les protestants est simple : la Parole de Dieu révélée dans l’Evangile. Une parole inlassablement interrogée, parfois prise au mot, ailleurs plus reconnue dans son pouvoir d’éclairage symbolique que dans sa lecture littérale. La bioéthique n’étant pas, par excellence écrite dans les textes bibliques, le protestantisme considère que la bioéthique n’est qu’un champ particulier de l’éthique ou de la morale générale.
    Ce regard privilégie quelques concepts :
    • L’altérité signifiant par là que le souci de la personne passe d’abord par le souci de l’autre, l’altérité comme bouture de soi-même ;
    • La justice sociale, ce qui souligne que l’attention au plus vulnérable l’emporte sur le bien commun abstrait ;
    • La responsabilité individuelle comme libre réponse à un appel divin qui la fonde et comme mise en route d’une solidarité.
    Ceci ne signifie nullement que le protestantisme aurait le « monopole du cœur ». Ses valeurs sont aussi mises en avant par les autres religions, catholicisme, religion juive et Islam, mais sous des configurations différentes.
    (…) En matière de bioéthique les protestants sont peu enclins à encadrer des pratiques sexuelles (liberté d’usage du préservatif) qui relèvent de la libre détermination des personnes. Ils ne souhaitent pas intervenir dans le champ de la contraception. Même si les pratiques abortives sont proscrites par la plupart des évangélistes, qui sont à cet égard plus proches de l’église catholique que de l’église réformée, les protestants ont été très actifs dans le planning familial, c’est-à-dire l’aide à la planification des naissances. Il en est de même pour les différentes pratiques d’aide à la procréation. L’Eglise n’a pas à diaboliser une science destinée à faire advenir une vie.
    Publié dans la Revue politique et parlementaire, n°1050, janvier-mars 2009

    (NP : pourquoi sans cesse vouloir comparer ? Comme si les catholiques avaient, dans les domaines éthiques, une position commune !)

  • @ jacques d... Vous prétendez que les protestants n'interviennent pas dans le comportement des gens, mais vous nous confirmez qu'ils sont à la pointe dans le Planning Familial, cette planification collectiviste (étatiste) de la dénatalité ou dé-maternité programmée. Il n'y a pas plus interventionniste dans la vie privée des gens que cette sinistre institution, et donc que les protestants qui la soutiennent.

  • Il me semble que c'est justement une des grandes forces des catholiques d'avoir une position commune sur toute une série de sujets. Comme vous l'indiquez, le magister n'a pas l'avantage de la souplesse, mais bien celui d'être univoque, et il fait partie de notre foi.

  • Tout dépend de la manière dont on utilise le « planning familial » !

    Dans l'encyclique Humanae Vitae, l'Église catholique affirme « le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation » et exclut donc l'utilisation de moyens de contraception artificiels.
    (NP : Benoît XVI, lors d’un de ses voyages, a dû, après des prises de positions très rigides, reconnaître que la prise de la « pilule », dans certains cas, peut être admise par l’Eglise catholique !)

    La même encyclique encourage le recours à la planification familiale naturelle dans le cadre d'une « paternité responsable » qui « s'exerce soit par la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse, soit par la décision, prise pour de graves motifs (cela veut dire quoi « graves motifs ?) et dans le respect de la loi morale, d'éviter temporairement ou même pour un temps indéterminé une nouvelle naissance ».

    Quand Est-ce que l'Eglise catholique va enfin reconnaître "ses" chrétiens comme des personnes responsables ? Tant de choses sont érigées en dogmes, en interdits ...

  • Mais finalement, monsieur Delen, qu'est-ce qui vous empêche de rejoindre le protestantisme? Ne seriez-vous pas plus à l'aise dans une Eglise qui n'aurait d'autre dogme que celui d'un Evangile sans cesse interprété à la lumière de la modernité? Pourquoi persister au sein d'une institution que vous considérez figée et dépassée, alors qu'il y en a tant d'autres qui vous attendent bras ouverts?
    Jean-Pierre Snyers

  • Merci du conseil, Mr Snyers. Vous êtes aimable !
    Finalement, je ne me trouve pas trop mal au sein de MON Eglise catholique romaine. Oh je l'aurais quittée depuis belle lurette s'il n'y avait en son sein que des "tradionnalistes"!
    (J'aime la Tradition mais pas le traditionnalisme !)

    J'y rencontre plutôt des personnes que j'apprécie. Je n'en cite aucun car vous bondiriez comme vous le faites à chaque fois que j'évoque un de ceux-ci !

    Je vous laisse à vous CERTITUDES !
    Il y a tant et tant de choses à faire en ce monde : pour ce, peu importe que l'on soit ou non CROYANT en un Dieu ! Dieu saura reconnaître les siens : Jésus nous l'a suffisamment dit comment s'y prendre !

  • Allons, monsieur Delen! Vous désirez rester dans l'Eglise parce qu'il y a en son sein des personnes que vous appréciez? Je connais et j'apprécie des personnes qui sont athées, musulmanes,témoins de Jéhovah, protestantes ou bouddhistes, mais je ne me vois pas rejoindre leurs croyances pour autant. Vous si?...
    Jean-Pierre Snyers

  • Ma seule réponse, Mr Snyers, à vos propos très peu courtois, je place un extrait d’article que « Catho Bel » vient de placer. J’y adhère !

    C’est l’abbatiale de Maredsous qui a servi de cadre, le 8 décembre dernier, à la célébration du 50e anniversaire de la Constitution « Sacrosanctum Concilium », un des textes majeurs de Vatican II. Un lieu qui n’a pas été choisi par hasard.
    (…) Mgr Jean-Luc Hudsyn, président de la CIPL, dont la tâche fut de rappeler toute l’importance de ce texte conciliaire, promulgué par le pape Paul VI, le 4 décembre 1963, après avoir été adopté par un vote de 2.147 voix contre 4. Si les pères conciliaires donnèrent leur « placet » aussi massivement, c’est parce que cette constitution était « le fruit d’un long travail de maturation qui habitait l’Eglise depuis de nombreuses décennies », a-t-il expliqué, faisant allusion à l’important mouvement liturgique qui débuta au début du XXe siècle.

    Après le chant des psaumes et la lecture de la Parole de Dieu, le cardinal Godfried Danneels a dit entre autre : « Après un long hiver qui a duré des siècles, est arrivé le concile qui a été un printemps pour l’Eglise et lui a permis de se libérer des vieilles habitudes … Ce texte montre que les choses peuvent changer. »

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