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Le pape François s'éloignerait-il de la doctrine sociale de l'Eglise ?

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S'il faut en croire Philippe Robert, sur Contrepoints, le pape François s'aventurerait sur des chemins qui s'éloignent de la doctrine sociale de l'Eglise. Le propos de cet auteur s'appuie sur une analyse de Jean-Philippe Delsol parue sur le blog "Responsabilité Liberté" de l'Institut Turgot. Cela suscite de la part d'un de nos amis spécialisé dans l'étude de la doctrine sociale de l'Eglise les réflexions suivantes :

J'ai lu l'article (de Philippe Robert) et je me demande encore comment on peut être aussi partisan! L'auteur qui parle de sa "foi libérale" me rappelle d'autres prises de position inspirées peut-être du même "libéralisme" lors de la publication des encycliques Laborem exercens puis Centesimus annus. Jean-Paul II apparaissait, disait-on, comme marxiste dans Laborem exercens mais enfin partisan du capitalisme libéral dans Centesimus annus...

Beaucoup n'arrivent pas à penser la doctrine sociale de l'Eglise comme une catégorie en soi et cherchent à tout prix à l'annexer à leur propre idéologie.

Bien sûr, on peut penser qu'il est un peu hasardeux de confronter une exhortation apostolique à une encyclique. L'exhortation apostolique Evangelii gaudium embrasse largement le problème de l'évangélisation et n'aborde la dimension sociale que dans ce cadre large: la deuxième partie du chapitre 2 et les 3 premières parties du chapitre 4. L'encyclique sociale, que ce soit Centesimus annus ou Caritas in veritate, a comme objectif d'approfondir la question sociale dans un contexte historique particulier. Dans le cadre d'une exhortation apostolique telle que celle du pape François, il n'est pas possible, sans risque de disproportion, de rivaliser avec ces grands textes spécialisés.

Ceci dit, il est légitime de se poser la question de savoir si le "peu" de doctrine sociale présent dans Evangelii gaudium est conforme ou non à la doctrine diffusée par l'Eglise et notamment par Jean-Paul II et Benoît XVI.

Il ne faut pas méditer longuement l'exhortation pour se rendre compte qu'elle est parfaitement dans la ligne des encycliques sociales les plus récentes. 

A preuve tout d'abord ce passage du § 202 que l'auteur de l'article cite et qui dénonce les disparités sociales. La phrase qui choque le journaliste renvoie en note à un extrait du Discours au Corps diplomatique prononcé par Benoît XVI le 8 janvier 2007. François reprend en partie mot pour mot ce qu'écrivait son prédécesseur! L'auteur de l'article n'a-t-il pas lu la note?

Il cite un peu plus longuement un extrait du § 204 qui le fait aussi sursauter. Tout d'abord disons qu'il eût été plus honnête de reprendre l'intégralité de ce paragraphe relativement court et qui demande en bref que le marché ne soit pas  abandonné à la "main invisible" chère aux libéraux radicaux. François, une fois encore, très brièvement, ne fait que répéter en quelques mots ce qui a été plus longuement développé par tous les papes depuis Léon XIII et spécialement par Jean-Paul II dans Centesimus annus (cf. § 34 sur les limites de l'économie de marché; § 35 sur les limites du profit; § 42 sur la nécessité d'encadrer l'économie de marché par un "contexte juridique ferme"; § 40 et 48 sur le rôle de l'Etat face à l'économie de marché). Benoît XVI, quant à lui, dans Caritas in veritate, a fourni à François tout l'arsenal nécessaire pour justifier l'appel à la correction du marché évoqué brièvement dans l'exhortation apostolique.

Enfin, il suffit de lire les références du texte de François pour se rendre compte qu'il s'inscrit bien dans la tradition de l'Eglise en matière sociale qui n'est réductible ni au libéralisme, ni au socialisme, ni à un mélange des deux ou à un compromis entre ces idéologies.

Commentaires

  • Pourquoi toujours se remuer les méninges pour ce genre de choses ? Le Pape, comme tout bon catholique, n'est ni capitaliste ni marxiste, n'est ni de droite ni de gauche. Ce sont des concepts sociaux, économiques ou politiques. Se rattacher à ces concepts, c'est se rattacher à César et à des idoles faites de main d'homme, et non à Dieu.
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    La doctrine de l'Église c'est l'Évangile, c'est l'Amour de Dieu et de son prochain, c'est l'Amour charité. Nos Papes sont tous uniques, mais ils se rejoignent tous dans l'Amour charité. Benoît XVI, aussi bon théologien qu'il soit, ne serait qu'une cymbale qui résonne s'il n'avait l'Amour charité. Idem pour François, aussi bon communicateur qu'il soit.
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    Analyser la manière d'être d'un catholique en faisant abstraction de l'Amour charité, c'est un exercice stérile. En outre, pour un capitaliste ou un marxiste, l'Amour charité est incompréhensible. Les notions de charité, de don, de pardon, de miséricorde, de gratuité, de non violence, sont incongrues pour eux et leur idéologie.
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    Le capitalisme et le marxisme ne sont d'ailleurs que les deux faces antagonistes d'un même paganisme qui vénère les biens matériels et le dieu Argent. Le marxisme n'a pas aboli le matérialisme du capitalisme bourgeois, il l'a simplement transformé en un capitalisme d'État, encore plus inhumain si possible.

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