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François, « le pape des pauvres »

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Mais de quels pauvres parle-t-on ? Ici : http://www.culture-et foi.com/nouvelles/articles/hans_kung_pape_francois_defi.htm, le célèbre théologien Hans Küng (photo) invite le pape François à choisir son chemin (extraits) :

images (6).jpg«  (…) Le pape François n’a pas encore donné de preuve convaincante de sa volonté d’engager une réforme.

Il me paraît tout à fait naturel et vraisemblable qu’un évêque d’Amérique latine accorde la priorité aux pauvres des bidonvilles des grandes métropoles. Mais le pape de l’Église catholique ne doit pas perdre de vue qu’il existe, dans d’autres pays, des types différents de « pauvreté » qui touchent d’autres groupes de personnes. Ces groupes se battent pour améliorer leur situation et le pape est davantage en mesure d’aider ces pauvres que ceux des bidonvilles qui peuvent être mieux pris en charge par des organismes gouvernementaux et par la société en général.

Les Évangiles synoptiques ont une conception plus large de la pauvreté. Dans l’Évangile de Luc, l’expression « bienheureux les pauvres » désigne sûrement les vrais pauvres, les pauvres au sens matériel. Quand, dans son Évangile, Mathieu écrit : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre », il pense plus aux pauvres de cœur, à la pauvreté spirituelle des personnes qui sont à la recherche de Dieu et qui sont conscientes de leur pauvreté spirituelle (…)  

Alors, le nombre de pauvres ayant besoin d’être secourus augmente considérablement. L’aide du pape, en raison du poste qu’il occupe, est de toute première importance. En fait, cela tient au fait que le pape est le représentant d’une institution et d’une tradition ecclésiastique; on attend de lui non seulement des paroles de réconfort et d’encouragement, mais aussi des gestes de miséricorde et de charité. 

Quand il est question de « pauvres » dans l’Église, on pense spontanément à trois groupes de personnes :

Le premier groupe est constitué de millions de personnes divorcées dans de nombreux pays.

Ces personnes sont privées des sacrements de l’Église pendant toute leur vie parce qu’elles sont engagées dans une seconde union. Il faut dire qu’à notre époque une plus grande mobilité sociale, une souplesse et une liberté plus grandes, jointes à une durée de vie plus longue, rendent plus difficile l’harmonie au sein d’un couple pendant toute une vie. Il est certain que le pape voudra maintenir l’indissolubilité du mariage malgré ces conditions plus difficiles. Mais l’indissolubilité ne doit pas être comprise comme une condamnation absolue des personnes qui ont connu un échec, sans qu’elles puissent espérer de pardon.

Plutôt, ce commandement exprime un idéal de fidélité pour toute une vie, comme cela est vécu par un grand nombre de couples, mais sans aucune garantie de durée. En vertu de la miséricorde que le pape François prêche, l’Église autoriserait les personnes divorcées et remariées à avoir accès aux sacrements si tel est leur désir profond.

Le second groupe de « pauvres » est celui des femmes ostracisées à cause de la position officielle de l’Église sur la contraception, l’insémination artificielle et l’avortement. 

Il y a des millions de femmes dans le monde à souffrir d’une détresse spirituelle. Seule une faible minorité de femmes catholiques acceptent la position de l’Église sur la l’interdiction de la contraception « artificielle », et plusieurs par contre ont recours en toute bonne foi à l’insémination artificielle. On doit éviter, bien sûr, de banaliser l’avortement et de l’utiliser comme moyen de contraception. Sauf que les femmes qui, pour des raisons graves, ont recours à l’avortement et sont en proie à de grands problèmes de conscience, méritent compréhension et miséricorde.

Le troisième groupe de « pauvres », ce sont les prêtres qui ont quitté leur état pour se marier. 

Ils sont des milliers sur tous les continents. On sait que bien des jeunes hommes aptes au sacerdoce ne deviennent pas prêtres à cause de l’obligation du célibat. Le célibat librement accepté continuera toujours d’avoir sa place dans l’Église catholique. Mais la règle du célibat obligatoire pour les clercs est contraire à la liberté garantie dans le Nouveau Testament, à la tradition œcuménique du premier millénaire et aux droits humains d’aujourd’hui. L’abolition du célibat obligatoire serait le remède le plus efficace au manque criant de prêtres et à la disparition progressive de la pastorale dans le monde. Si l’Église maintient la règle du célibat obligatoire, l’accès souhaitable des femmes à l’ordination sacerdotale devient impensable. Le pape François aura maintenant d’importantes décisions à prendre. A ce jour, il a fait preuve d’une grande sensibilité et d’une profonde empathie pour les problèmes des gens, et il n’a pas manqué de courage dans diverses situations. Ces qualités le rendent apte à prendre les décisions nécessaires et attendues sur des questions qui sont des problèmes depuis des siècles.

Dans l’interview qu’il a accordée aux revues jésuites du monde, comme La Civiltà Cattolica et America, et publiée le 20 septembre, le pape François reconnaît l’importance de questions telles que la contraception, l’homosexualité et l’avortement. Mais il refuse de donner à ces questions une place trop centrale dans la mission de l’Église. Il souligne l’importance d’un « nouvel équilibre » entre ces problèmes d’ordre moral et les appels de l’Évangile lui-même. Mais cet équilibre ne pourra être atteint que lorsque des réformes constamment reportées seront enfin réalisées et que ces questions morales secondaires n’enlèveront pas à l’annonce de l’Évangile sa nouveauté et son attrait. Tel sera le grand défi du pape François. »

Le Pape et le Malin ? Hans Kung, prêtre suisse, est professeur émérite de théologie œcuménique à l’Université allemande de Tübingen. Il est le président de la Fondation Éthique Planétaire (www.weltethos.org).

JPSC 

Commentaires

  • J'avais déjà entendu parler de ce théologien Hans Küng et de ses idées, prises de position, contestations et déclarations très peu catholiques. Ce texte-ci ne peut que le confirmer.
    .
    Il me semble que ce texte montre aussi une très mauvaise compréhension de l'être humain, ce qui ne peut entraîner qu'une très mauvaise compréhension de Dieu, selon moi. L'être humain est la meilleure image que nous ayons de Dieu en ce bas monde. Si notre vision de l'être humain est floue, celle de Dieu le sera aussi.
    .
    Comme disent les philosophes, tout être humain devrait surtout essayer de se connaître soi-même, essayer de comprendre ce qu'est l'homme, s'il veut comprendre ce qu'est le monde, et surtout ce qui a créé le monde. C'est d'autant plus vrai pour un théologien, sans doute.
    .
    Par curiosité, j'ai parcouru sa « Déclaration pour une éthique planétaire ». J'ai eu l'impression de lire une déclaration pour une sorte de « Nouvel Ordre Mondial » dont le prophète serait Hans Küng. Mais ce qui m'a le plus attristé c'est de n'y pas trouver, en tête du préambule, le tout premier commandement évangélique : « Aime Dieu et ton prochain ». Qu'est-ce donc qu'une Nouvelle Éthique Planétaire (ou un Nouvel Ordre Mondial) sans l'amour charité ? N'est-ce pas une simple cymbale retentissante, d'après Saint Paul ?

  • Comme si l'Eglise jugeait les personnes divorcées, les femmes qui avortent ou les prêtres mariés. L'Eglise montre un chemin, exigeant, mais un chemin juste, car c'est le chemin tracé par Jésus Lui-même. L'Eglise nous montre où est le péché de l'homme et comment il peut se sanctifier. L'Eglise est miséricordieuse comme Dieu Lui-même.
    Celui qui s'éloigne de l'enseignement de l'Eglise, s'éloigne du corps du Christ.

  • Je n'ai jamais vu un prêtre ou un religieux, et à fortiori un diacre ou un fidèle, distribuant la communion demander à celui qui se présente s'il est en règle avec les commandements de Dieu.
    Le contraire serait une inquisition totalitaire insupportable.
    Le pire criminel meurtrier, l'adultère ou le voleur, sont accueillis sans réserve à partir du moment où ils se repentent, c'est à dire prennent conscience et confessent avoir fait une erreur, un péché contre l'amour de Dieu, ET s'engagent à vouloir se détourner de leur comportement passé.
    Le « problème des divorcés remariés » que l'on agite pour détruire l'Église catholique, n'est qu'un des angles d'attaque de celle-ci. (Tout comme la vie sexuelle des prêtres ou l'argent du Vatican).
    La difficulté vient du fait que certains réclament UN DROIT à rester dans le péché, comme on réclame « un droit » à l'avortement ou à l'euthanasie. Le prêtre ne fait pas d'enquête, mais si certains affichent comme une bannière leur état hors du chemin d'amour et le revendiquent comme un droit, il n'est plus possible, sans tomber dans la contradiction et l'incohérence, de les approuver.
    Shimon

  • Ainsi parlait le prince de ce monde :

    « François, es –tu vraiment le pape des pauvres, comme tu le prétends ?
    Alors, à côté des pauvretés matérielles n’oublie pas les trois groupes de pauvres selon l’esprit qui hantent l’Eglise "d’aujourd’hui" : les millions de divorcés-remariés, de femmes qui ont recours à l’avortement, à la contraception et à l’insémination artificielle, sans oublier les milliers de prêtres qui ont quitté leur état pour se marier.

    François, susurre alors le serpent, si tu es vraiment miséricordieux, tu ouvriras aux divorcés-remariés l’accès à la communion eucharistique s’ils le désirent « avec sincérité », en interprétant la parole du Christ sur l’indissolubilité du mariage comme un idéal sans garantie de durée.

    Tu supprimeras la distinction entre contraception et insémination naturelles ou artificielles, en autorisant les secondes au même titre que les premières, si les personnes y ont recours « de bonne foi » et tu feras de même pour l’avortement lorsque les femmes le décident en toute conscience « pour des raisons graves ».

    Enfin, tu aboliras le célibat obligatoire des prêtres dans ton Eglise, car cette discipline tardive est la cause de la crise actuelle du sacerdoce et bloque l’accès des femmes à celui-ci.

    François, tu as montré une belle empathie pour les problèmes humains et tu n’as pas manqué de courage dans diverses situations. Ces qualités te rendent apte à prendre les décisions nécessaires et attendues sur ces questions. Maintenant, tu n’as qu’un mot à dire pour les régler. Ordonne que ces pierres deviennent des pains. »

  • Il ne faut pas être croyant (juif, chrétien ou musulman) pour comprendre que l'avortement et l'euthanasie sont des meurtres au premier degré, avec préméditation.
    Mais le pire des meurtriers a toujours la possibilité de redevenir fraternel et de retrouver le chemin vers le Père. Il peut être sûr comme le « fils prodigue » que le « père miséricordieux » l'accueillera sans aucune réserve, ni limitation de sa filiation, dès qu'il aura le désir de revenir vers le Père qui nous fait frères. Le « père miséricordieux » ne lui demandera pas ce qu'il a fait, il suffit qu'il veuille réintégrer la famille et en accepter à nouveau l'amour.

    Alors Pierre s'approcha de lui, et dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu'à sept fois ?
    Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois. (Mt 18,21-22)
    Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant : Je me repens, -tu lui pardonneras. (Lc 17,4)
    Shimon

  • J'ai toujours considéré les deux chevaux comme de magnifiques réalisations, mais j'admire également beaucoup les Porsches.
    Il serait vain d'en attendre le même service et absurde de leur donner le même prix.

    Pour ceux qui veulent vraiment comprendre l'importance de la vie consacrée et la valeur que de nombreuses églises lui donnent les documents du magistère ne manquent pas.
    mais j'aime beaucoup l’exhortation apostolique post-synodale de Jean-Paul II "vita consecrata" qui en mots simples et beaux l'importance et la valeur de cet engagement radical pour témoigner de la résurrection.

    (72 pages quarto)
    Léo

  • Ni le sexe récréatif, ni même le sexe reproductif ne sont automatiquement liés à l'amour.
    Il est du sexe sans amour et à l'évidence également de l'amour sans sexe, même si est parfois difficile à concevoir par des pratiquants du sexe compulsif une vie sans vagabondage sexuel.

    La fidélité dans un mariage monogamique/monoandrique n'est jamais facile et le secours de l'Esprit Saint est certainement très précieux. Faut-il rejeter ou mépriser ceux qui tombent en cours de route ou n'y arrivent jamais ? Relisons la femme adultère (Jn).
    Mais parce que le chemin est difficile, faut-il le déclarer impossible ? Faut-il lorsque quelqu'un trébuche en chemin, lui fermer les issues de secours ? Faut-il lui supprimer tout espoir de retrouver la porte de sortie ?

    Personne n'est obligé de s'engager dans une relation unique illimitée dans le temps. Mais si on le fait il faut tout faire pour ne pas trahir. Personne n'est obligé de demander à l'Église de confirmer son engagement avec le secours de l'Esprit Saint. Mais si on le fait, c'est en connaissance de cause. En sachant que si par malheur, après avoir essayé beaucoup de choses, la vie commune n'est plus possible, alors la seule solution alternative est la chasteté ou la continence.

    Ce n'est pas la séparation qui pose problème, ni la vie commune avec une autre personne aimée qui peut être un soutien, c'est la multiplication des relations sexuelles.
    Je ne suis pas théologien, ni canoniste, mais si une personne civilement divorcée vivait, cohabitait, avec une autre personne sans avoir avec elle des relations sexuelles, cela poserait-il un problème juridique ou théologique ?

    John-Paul

  • Il est des personnes docteur es beaucoup de choses,et même professeur d'université qui se comportent comme des ânes et même sont plus malvoyantes que l'aveugle né. Mais le Christ est venu pour les aveugles qui le cherchent et avec de la boue posée sur les yeux il leur offre l'illumination.

    Je trouve bien monsieur Kung un peu présomptueux lorsqu'il fait des suggestions au Saint Père, mais comme François est l'humilité personnifiée je ne doute pas qu'il l'écoute avec une attention paternelle pleine d'amour.

    Pour en venir au fond, les trois pauvretés abordées relèvent d'une même difficulté psychologique : la difficulté à concevoir, vivre et admettre unes certaine continence.
    - Les divorcés remariés ont difficile après un échec à vivre la chasteté ;
    - les couples pratiquant « une contraception artificielle » le font pour résoudre une difficulté au sein du couple d'une certaine continence ; quant aux avortements ils sont toujours un problème de couple (et non de la femme) un enfant ne venant jamais seul ;
    - le « troisième groupe de pauvres », « les prêtres qui ont quitté leur état pour se marier » est également lié à une difficulté à maîtriser sa sexualité.

    Ce qui pose problème à monsieur Kung est donc bien la chasteté et la continence. La solution qu'il propose au pape François est, considérant la faiblesse (évidente et incontestable) de la chair de renoncer à tout dépassement de la faiblesse et de banaliser la lubricité.

    C'est bien cette vision catholique traditionnelle de l'homme et cette conception de la sexualité qui pose problème à beaucoup, beaucoup de nos contemporains, pas seulement réformés, agnostiques et athées mais aussi catholiques. Une pédagogie, une éducation à l'amour (et non à la sexualité) s'impose de toute urgence.

    John-Paul

  • @ john paul ... Peut-être l'époque que nous vivons, qui est dominée par un paganisme matérialiste qui a déferlé sur le monde depuis le 18ème siècle, a-t-elle justement remplacé la notion chrétienne de « amour charité » par celle païenne de « amour sexualité » ? Cela s'est fait progressivement, comme dans l'histoire de le grenouille plongée dans la marmite d'eau (non bénite) mise sur le feu.
    .
    Le mot 'amour' est trop ambigu dans la langue française. En français, on peut aimer une bonne bière comme on peut aimer ses enfants. Combien de bons apôtres ne manient-ils pas ce mot 'amour' en s'abstenant de le qualifier, sans préciser de quel 'amour' ils parlent ? Dans sa « Déclaration pour une éthique planétaire » (rien que ça !) Hans Küng utilise le mot 'amour' quatre fois, mais dans un contexte de sexualité. Pas une seule fois il ne l'utilise dans un contexte de 'charité'. A-t-il des problèmes avec la notion de sexualité ou avec celle de charité ? Il doit bien avoir lu saint Paul au moins une fois ?
    .
    Il me semble que l'amour charité est nécessairement en harmonie avec l'amour sexualité, et est même un plus certain pour l'amour sexualité. L'inverse n'est évidemment pas vrai. L'amour sexualité se passe très souvent de l'amour charité.

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