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Anglicans : l'ordination de femmes évêques ou quand l'égalitarisme s'érige en dogme

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Une analyse de Pierre Jovanic parue sur FigaroVox :

Le synode général de l'Eglise anglicane s'est prononcé en faveur de l'ordination des femmes évêques. Pour Pierre Jovanovic, cette réforme illustre le rejet de toute tradition au nom d'un nouveau dogme, politique et non religieux : l'égalitarisme.

«Les femmes font de parfaits dentistes et médecins, pourquoi ne feraient-elles pas d'excellents prêtres?» Cette déclaration n'émane pas de Najat Vallaud Belkacem, ou de Caroline Fourest, mais de feu Margaret Thatcher, Premier ministre conservatrice du Royaume-Uni. Peu avant son départ du pouvoir en 1990, elle pesa de tout son poids pour l'ordination des femmes prêtres au sein de l'Eglise anglicane, ce qui fut chose faite quelques années plus tard. Depuis le 14 juillet 2014, conséquence de cette décision, l'accès à l'épiscopat pour les femmes a également été ouvert. Le Synode général, le Parlement de l'Eglise anglicane, composé d'une Chambre des évêques, une Chambre des prêtres et une Chambre des laïcs, réuni à York, a voté en faveur de la mesure à une très large majorité.

En novembre 2012, pourtant, lors de la dernière réunion du Synode, alors que les évêques et les prêtres y étaient acquis, les laïcs représentant les paroisses, avaient rejeté l'idée de femmes évêques. Une formidable pression politique s'était alors abattue sur l'Eglise, David Cameron déclarant que le Parlement de Westminster allait imposer ce changement de force, si le Synode ne changeait pas d'avis. En effet, l'Eglise anglicane du Royaume-Uni, dite «Eglise d'Angleterre», est une institution d'État. Vingt-six évêques siègent à la Chambre des Lords, et son primat, l'archevêque de Canterbury, est nommé par le Premier ministre, sur proposition d'une commission d'experts religieux et gouvernementaux. Alors que les autorités britanniques souhaitent promouvoir «l'égalité», le clergé anglican ne pouvait échapper à cette mise au pas. Un nouvel exemple de mainmise politique de l'Etat sur l'Eglise, qui ne rajeunit personne.

Le désir effréné d'égalitarisme, émanant de structures politiques auxquelles l'Eglise est soumise, en vient à changer la doctrine chrétienne, pour lui préférer un commandement nouveau : « ne nous soumets pas à la tradition».

Au XVIème siècle, en effet, l'Église anglicane s'est séparée de Rome tout en conservant la liturgie catholique et la hiérarchie sacerdotale, avec prêtres et évêques. Cette ambiguïté originelle la place aux carrefours des influences théologiques protestantes et catholiques. Pourtant, c'est sur la base d'arguments idéologiques, et non religieux ou spirituels, que s'est imposée la revendication du sacerdoce féminin, à partir des années 1980. L'Église a été perçue comme un corps de fonctionnaires comme un autre, qui devait offrir les mêmes chances de carrière pour tous. Le désir effréné d'égalitarisme, émanant de structures politiques auxquelles l'Eglise est soumise, en vient à changer la doctrine chrétienne, pour lui préférer un commandement nouveau: «ne nous soumets pas à la tradition».

Dans la tradition bimillénaire chrétienne catholique et orthodoxe, en effet, le prêtre est «un autre Christ»: Dieu s'est fait homme masculin. Une croyance partagée par Martin Luther, lors de la Réforme, et reprise par l'Église anglicane. La majorité des protestants croient que les ministres du culte suivent l'exemple des Apôtres hommes. Plus profondément, le christianisme enseigne l'égale dignité des sexes, et d'une même force leur différence complémentaire.

La revendication d'égalité à tout prix entraine un rejet de la tradition, et finalement, de tout dogme et de toute croyance. Les valeurs du monde deviennent les valeurs de l'Eglise

Cette vision anthropologique, qui assigne des limites aux personnes et affirme que tous les rôles dans une institution ne se valent pas, est intolérable pour l'égalitarisme dominant.

La revendication d'égalité à tout prix entraîne un rejet de la tradition, et finalement, de tout dogme et de toute croyance. Les valeurs du monde deviennent les valeurs de l'Eglise ; l'Eglise et le monde ne peuvent plus être distingués. Loin d'être une solution miracle contre le recul de la pratique religieuse, cette situation n'a jusqu'à présent pas porté chance à l'Eglise d'Angleterre: deux franges de ses fidèles, l'une de plus en plus importante, se rattachant aux courants protestants évangéliques, et l'autre historiquement proche de Rome, les «anglo-catholiques», multiplient les schismes internes.

Oscar Wilde, converti à la fin de sa vie au catholicisme, disait que «l'Eglise catholique est l'Eglise des saints et des pécheurs, tandis que l'Eglise d'Angleterre est l'Eglise des gens biens». Il critiquait la pesanteur de l'anglicanisme victorien, bourgeois et conformiste, résidant dans une conception de la décence en société. Selon cette perspective, il est décent aujourd'hui que les femmes soient prêtres et évêques. Une logique issue d'un égalitarisme niant la différence des sexes, non de la tradition religieuse.

Commentaires

  • Ce sont les femmes qui ont toujours tenu l'Église catholique à bout de bras, depuis 2000 ans, souvent plus que les hommes. Il y a autant de martyres, saintes ou bienheureuses, que de martyrs, saints ou bienheureux. Il y a autant de Mères abbesses ou de docteurs de l'Église femmes, que de Pères abbés ou de docteurs de l'Église hommes. Les femmes forment le pilier le plus important de l'Église catholique, car elles s'y sentent bien et respectées. Les femmes ne sont pas stupides, elles savent où elles sont reconnues à leur juste valeur. Elles croient moins facilement aux idéologies hérétiques. Les hommes se font plus facilement berner, en se croyant plus malins.
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    Par contre, les protestants méprisent la Vierge Marie, celle qui a permis l'incarnation de Dieu en Jésus. Ils ont saccagé des milliers d'œuvres d'art catholiques la représentant. Les anglicans ont donné naissance à la franc maçonnerie, une secte élitiste et très machiste, où la femme n'a pas sa place. C'est dans l'Angleterre et ses colonies qu'ont fleuri les cercles et clubs réservés strictement aux hommes. On a l'impression que les protestants se raccrochent à l'idéologie féministe en croyant ainsi pouvoir expier la façon dont ils ont traité les femmes pendant des siècles. À mon avis, ils n'ont toujours rien compris aux femmes et à leur vocation naturelle spécifique. Ils voguent au gré des vents des modernités, de ce qui est à la mode du César à chaque époque.

  • Encore un de ces ravages exercés par l'arme de destruction massive qu'est l'égalitarisme. On n'insistera jamais assez sur la définition du terme "égalité" que nos adversaires, en dignes disciples d'Orwell, s'ingénient à confondre avec égalitarisme. Ils savent que le vocabulaire (le concept) est à la base de la pensée et qu'il suffit de brouiller l'un pour brouiller l'autre. Mais on ne semble pas l'avoir compris beaucoup dans nos milieux, à voir le manque tragique de réactions à ce propos.
    L'égalité entre êtres humains concerne sa nature fondamentale : nous sommes tous fils de Dieu. Mais l'égalité dans la vie courante n'existe pas sinon dans certains dogmes laïcs. A la place, il y a la diversité qui fait la complémentarité. Elle est fondamentalement incompatible avec l'indifférenciation qui est le synonyme inavoué de l'égalitarisme.
    Voir un des derniers articles parus sur ce forum :
    http://www.belgicatho.be/archive/2014/07/09/alterite-et-identite-5407353.html

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