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Pour le pape, il ne faut pas parler de violence islamique

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De Jean-Marie Guénois sur lefigaro.fr :

Pape François: «Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique»

Au retour des JMJ de Pologne, questionné dans l'avion par les journalistes, le pape François a expliqué sa vision des attentats perpétrés au nom de l'islam. Voici le texte intégral de sa réponse.

«Je n'aime pas parler de violence islamique, parce qu'en feuilletant les journaux je vois tous les jours que des violences, même en Italie: celui-là qui tue sa fiancée, tel autre qui tue sa belle-mère, et un autre… et ce sont des catholiques baptisés, hein! Ce sont des catholiques violents. Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique. Non, les musulmans ne sont pas tous violents, les catholiques ne sont pas tous violents. C'est comme dans la macédoine, il y a de tout… Il y a des violents de cette religion... Une chose est vraie: je crois qu'il y a presque toujours dans toutes les religions un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons.

Quand le fondamentalisme arrive à tuer… mais on peut tuer avec la langue comme le dit l'apôtre Jacques, ce n'est pas moi qui le dit. On peut aussi tuer avec le couteau, non?

Je crois que ce n'est pas juste d'identifier l'islam avec la violence, ce n'est pas juste et ce n'est pas vrai. J'ai eu un long dialogue avec le grand iman de l'université Al-Azhar et je sais ce qu'ils pensent. Ils cherchent la paix, la rencontre. Le nonce d'un pays africain me racontait que, dans la capitale où il se trouve, il y a une file d'attente toujours pleine pour passer la porte sainte du Jubilé (de la miséricorde, ndlr). Certains s'approchent du confessionnal, les catholiques, mais la majorité avance pour prier à l'autel de la Vierge. Ceux-là sont des musulmans qui veulent faire le jubilé. Ce sont des frères! Quand je suis allé en République Centrafricaine, je suis allé les voir et l'iman est aussi monté sur la papamobile. On peut vivre ensemble bien.

Il y a des petits groupes fondamentalistes. Et je me demande, c'est une question: combien de jeunes, nous, Européens, avons-nous laissé vides d'idéal, qui n'ont pas de travail, s'approchent de la drogue, de l'alcool. Ils vont là-bas et ils s'enrôlent dans les groupes fondamentalistes.

Oui, nous pouvons dire que le soi-disant ISIS est un État islamique qui se présente comme violent. Quand ils présentent leur carte d'identité, ils font voir comment ils tuent les Égyptiens sur les côtes libyennes ou autre, mais ceci est un petit groupe fondamentaliste, qui s'appelle ISIS.

Mais on ne peut pas dire, ce n'est pas vrai et ce n'est pas juste, que l'islam soit terroriste. Le terrorisme est partout. Pensez au terrorisme tribal dans certains pays africains. Le terrorisme est aussi… je ne sais pas si je peux le dire car c'est un peu dangereux, mais le terrorisme grandit lorsqu'il n'y a pas d'autre option. Et au centre de l'économie mondiale, il y a le Dieu argent, et non la personne, l'homme et la femme, voilà le premier terrorisme. Il a chassé la merveille de la création, l'homme et la femme, et il a mis là l'argent. Ceci est un terrorisme de base, contre toute l'humanité. Nous devons y réfléchir.»

Commentaires

  • "Une chose est vraie: je crois qu'il y a presque toujours dans toutes les religions un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons"

    Qui sont les fondamentalistes catholiques qui égorgent, massacrent et se font exploser en criant "Allah akhbar" ?

    Ne connaît-il pas le contexte particulier de la mise à mort du Père Hamel ?

    Extrait du Figaro:

    "Puis la conversation prend une tournure religieuse. L'un des deux hommes demande à sœur Hélène si elle connaît le Coran. «Oui, je le respecte comme je respecte la Bible, j'ai déjà lu plusieurs sourates. Et ce qui m'a frappé en particulier, ce sont les sourates sur la paix», répond la religieuse. «La paix, c'est ça qu'on veut (...) Tant qu'il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats. Et il y en aura tous les jours. Quand vous vous arrêterez, nous arrêterons «, répond son interlocuteur. «As-tu peur de mourir?», interroge ensuite ce dernier. À la réponse négative de la religieuse, il poursuit: «Pourquoi?». «Je crois en Dieu et je sais que je serai heureuse», réplique sœur Hélène, qui confie avoir prié intérieurement la Vierge et pensé à Christian de Chergé, le prieur du monastère de Tibéhirine assassiné avec six autres moines en 1996.

    Avec sœur Huguette, la conversation porte sur Jésus. «Jésus ne peut pas être homme et Dieu. C'est vous qui avez tort», assène l'autre assaillant. «Peut-être, mais tant pis», répond sœur Huguette. «Pensant que j'allais mourir, j'ai offert ma vie à Dieu», ajoute-t-elle."

    N'a-t-il pas compris que le Père hamel avait été massacré en haine de la foi, parce qu'il était prêtre ?

    Je ne comprends pas cette obsession qu'il a constamment de toujours ramener tous les conflits à l'argent... comme si le combat spirituel ne faisait pas partie du monde et de l'hostilité prévue par le Christ envers ceux qui allaient Le suivre.

    Enfin, j'ai beaucoup de mal à imaginer que cette réponse n'ait pas été préparée, vu le contexte, et sachant qu'il est entouré de communicants. Dit autrement: je n'imagine pas une seule seconde que cette intervention soit spontanée.

    Reste à voir pourquoi il a répondu de cette façon, ou pourquoi il n'a pas utilisé le langage diplomatique, ou simplement le discours qu'un chrétien doit tenir dans les temps de persécutions: toujours regarder vers la croix.

  • @ Philippe 09h56
    Les déclarations du pape sont STRATÉGIQUES. Il me semble obsédé par l'évaporation des catholiques d’Amérique du sud vers les évangélistes. Mais ce n'est pas en courant derrière eux qu'il inversera le mouvement. L'original lave plus blanc.
    En ce qui concerne l'islam, François semble confondre volontairement (tactiquement?) islam et musulmans. S'il est vrai que la majorité des musulmans sont des gens pacifiques, l'islam dans ses textes fondateurs appelle bien à l'élimination physique (au meurtre) des mécréants surtout les associateurs, les apostats, les femmes adultères, ..
    Je ne suis pas un spécialiste, mais je n'ai vu dans les évangiles aucun appel au meurtre.

  • Philippe 09h56
    Peut-être Bergoglio est-il encore imprégné de résidus marxistes de la théologie de la libération, à laquelle il s'est pourtant opposé. Mais en bon jésuite il utilisera toujours une casuistique déculpabilisante et miséricordieuse évitant toute confrontation. Pourtant la Miséricorde sans le rappel de la Vérité n'a pas de sens.

  • Qu’est-ce que le message de l’islam ? C’est beaucoup moins clair que dans le cas du catholicisme dont le corpus doctrinal est interprété par une autorité constituée et responsable. Au cours des siècles, celle-ci n ‘a d’ailleurs pas toujours empêché (c’est une litote) les abus et les violences dans l’exercice même de sa mission : ce qu’elle confesse d’ailleurs par des repentances. L’Eglise est sainte parce que son chef Jésus-Christ est saint mais les hommes qui la constituent ont toujours besoin d’être purifiés.

    Avec l’Islam, toute la question est de savoir si le germe de la violence peut être écarté de la parole d’un prophète autoproclamé et sans lien direct avec le corpus même de la révélation divine. Toute religion doit être interprétée à la lumière de la raison naturelle, qui vient de Dieu bien avant même que fussent Mahomet et ses épigones : si oui, il y a encore du travail à faire pour mettre les choses au point.

    Quant à réduire la source première de la violence dans le monde contemporain aux méfaits de l’économie capitaliste, il me semble que cela simplifie la question.

  • Je ne comprends pas bien! Il y a bien sûr des assassins, de toutes religions, qui tuent leur épouse, leur belle mère, ou simplement ceux qui cherchent à les empêcher de commettre un vol en toute sérénité. Mais là n'est pas du tout la question!
    Y a-t-il, au XXIe siècle, des catholiques qui tuent massivement des personnes (indistinctement de l'éventuelle religion de celles-ci) uniquement parce qu'ils sont catholiques? Si oui, où? Si non, il y a des ambiguïtés, des amalgames dont la pertinence m'échappe.

  • @Jacques 10h50
    La pertinence est « d'aller vers les périphéries », c'est d'encourager la conversion des musulmans. Mais je n'ai pas l'impression que c'est en bradant la foi catholique, en en réduisant sa portée ou son message fondamental que l'on pourra y arriver.
    Il faut évidemment toujours distinguer le croyant et la foi, mais j’entends bien rarement François réaffirmer sans ambiguïté la trinité. Il préfère dire « la théorie vous la connaissez ».
    J'ai peur, j'ai très peur que ce pape ne fasse beaucoup de tort à l'Église et ne sème la confusion dans l'esprit de certains chrétiens sensibles à l'esprit du monde.

  • Même s'il est vrai qu'il y a des sois-disant catholiques baptisés qui tuent leur fiancée ou leur belle-mère, il ne le font quand même pas au nom de leur foi?!... C'est une autre comparaison trompeuse de la part du pape. Il est clair qu'il veut réduire tout problème réel à l'argent. Est-ce bien évangélique (et honnête) de le faire?

  • @ Jeanine 12h04
    Évidemment les meurtriers catholiques ne le font pas au nom de leur foi. Ils n'exécutent pas sans autre forme de procès les non chrétiens qui refusent de se convertir.
    D'ailleurs le Christ n'a jamais demandé que l'on convertisse qui que ce soit. La conversion est toujours l’œuvre de l'Esprit Saint. Le Christ à dit « Allez, ENSEIGNEZ toutes les nations, et BAPTISEZ les au nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint ».

  • Non, le Pape a raison: l'Eglise connaît elle aussi un phénomène de radicalisme. Sauf que c'est dans les monastères et les couvents que vous pourrez l'observer.

  • Je n'ai pas entendu dire qu'un moine ait égorgé qui que ce soit. Il y a eu le cas de ce moine qui a assassiné le bon roi Henri IV, au XVIIe siècle, mais c'était un déséquilibré! Mais peut-être que vous appelez radicalisme le simple fait de vouloir rester un fervent catholique.

  • Vous disposez d'une étude fiable sur ce sujet des moines catholiques extrémistes ?
    Montrez nous ça, après on en reparlera peut-être : pour ma part, je crois que votre affirmation est gratuite.

    Par ailleurs, ce pape vient de démontrer, une fois de plus, qu'il est un sophiste : un crime passionnel en pays chrétien (ou en pays musulman), ça n'a rien à voir avec un (des) meurtre (s) à répétition et d'inspiration sectaire.

    Ce pape donne la priorité à ses visions politico-religieuses sur - par exemple - l'attention au peuple chrétien. Revoyez son voyage à Lesbos.

    Prions ensemble, s'il vous plaît, pour que nous soyons libérés de ce personnage.

  • Bonjour,

    Pourriez-vous nous dire de quels monastères et couvents vous parlez ? Qu'entendez-vous par "phénomène de radicalisme" ?

    Je ne voudrais pas abuser... mais une autre question me taraude. Selon vous, la Fraternité des Saints Apôtres, ou la Congrégation des Franciscains de l'Immaculée sont-elles des organisations radicales ?

    Si oui, alors, vous devez certainement vous réjouir de la décision miséricordieuse de François (et toute la procédure de suivi et de contrôle qui s'en suit) pour ce qui concerne la vie contemplative (féminine en l'occurrence), parfaitement décrite ici:

    http://benoit-et-moi.fr/2016/actualite/vultum-dei-quaerere.html

  • @ Laurent 12h40
    Sauf que, cher Laurent, dans les monastères et les couvents on n'égorge personne.

  • Je vous prie de m'excuser, j'ai mal exprimé ma pensée: je voulais dire que c'est dans les monastères et les couvents que l'on vit la radicalité de l'Evangile. J'espère que c'est clair, comme ça.

  • Cher Laurent,

    Vous avez écrit ceci : "Non, le Pape a raison: l'Eglise connaît elle aussi un phénomène de radicalisme. Sauf que c'est dans les monastères et les couvents que vous pourrez l'observer."

    Mais c'était pour dire ça : "c'est dans les monastères et les couvents que l'on vit la radicalité de l'Evangile."

    Sans rire ?

  • Le pape François n'aidera ni les musulmans ni les chrétiens avec de telles confusions. Au contraire. Il veut bien faire en évitant les confrontations. Il a raison de parler de l'argent qui dénature tout. Mais il ne peut éviter la question centrale qui distingue le christianisme de l'islam.

    Je vous invite à lire cet excellent article du Philosophe français Rémi Brague - "ne pas renvoyer dos à dos islam et christianisme"

    "Pourquoi insister sur ces différences? Un vaste examen de conscience est à l'œuvre chez bien des musulmans, en réaction aux horreurs de l'État islamique. Ce n'est pas en entretenant la confusion intellectuelle qu'on les aidera à se mettre au clair sur les sources textuelles et les origines historiques de leur religion"

    http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2016/08/01/31004-20160801ARTFIG00080-remi-brague-ne-pas-renvoyer-dos-a-dos-islam-et-christianisme.php

  • Il est évident qu'aucun chrétien, à ma connaissance, n'a jamais tué son prochain en criant "Jésus est grand !"

    Cela dit, je pense que si le pape disait le fond de sa pensée au sujet de l'Islam la vie de milliers de chrétiens seraient en grave danger. Il doit être prudent... Les précédents Papes tel que Pie XII ont aussi dû se montrer très prudents dans leurs paroles pour éviter davantage de massacres d'innocents...

  • Pie XII était infiniment plus menacé que ce François.

    Pie XII a peu parlé, mais il a agi au maximum des moyens disponibles.
    Dans l'immédiat après-guerre, le monde était unanime là-dessus

    François parle beaucoup. "Travail" médiatique mis à part, que fait-il ?

    Attendons la réponse des Chrétiens d'Orient.

  • A Laurent, non seulement , c'est clair mais c'est magnifique ce que vous dites . Et nous connaissons tous des prêtres , des moines et des monailes, , de simples laïcs qui vivent la radicalité de l' Evangile : ce sont, en effet, nos radicalistes à nous .... :-)))

  • La remarque admirative du pape François sur le « dialogue interconfessionnel » dans les zones grises d’Afrique où se rencontrent l’islam et le christianisme au sein de croyances un peu « liquides », s’applique en fait à des populations locales qui ont historiquement une tendance au syncrétisme : l’animisme originel des païens (ba pagani) s’y prête puisqu’il conjugue déjà la foi au Dieu unique (N’zambé) et aux sortilèges (les Ndoki) infestant des lieux ou des choses ( pourquoi pas une porte sainte ?). Mais gare à l’infestation par le tribalisme et les prêcheurs islamistes….

  • cher Etienne, celà cous ennuierait beaucoup de ne pas employer le " ce " péjoratif en parlant de notre Pape François. ?
    En communication non violente ,on apprend que déjà la plus infime marque de mépris ,casse le dialogue ..

  • Finalement les extrêmes se rejoignent : les "analphabètes" et les spécialistes, experts, intellos et autres du genre.
    Ah comme je suis heureux d'avoir la foi du charbonnier : les pieds sur terre, la tête dans les étoiles, bref le bon sens.
    Ma signature aujourd'hui : un paysan hesbignon, pas bardé de diplômes et pragmatique.
    Allez, pardonnez-moi, mais je vais aller prier pour tout cela : la vierge Marie, les saints et toutes autres bondieuseries comme aiment me dire ceux qui ont le SAVOIR....

  • Avec le Pape, nous naviguons dans un monde de raccourcis, d'images et de suggestions quasi subliminales qui veulent susciter des sentiments. Ce qui manque dans cette communication du Pape, ici comme en d'autres circonstances, c'est l'usage normal de la raison discursive.

  • "Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui une peur de l’islam, en tant que tel, mais de Daech et de sa guerre de conquête, tirée en partie de l’islam. L’idée de conquête est inhérente à l’âme de l’islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter, avec la même idée de conquête, la fin de l’Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations."

    Pape François, dans un entretien à La Croix, 16 mai 2016

  • Les commentaires qui révèlent une certaine hostilité envers notre Pape ne tiennent pas compte de sa longue expérience pastorale dans un pays ‘catholique’ où la misère est particulièrement dégradante et où il n’y a pas si longtemps des opposants politiques étaient liquidés en les jetant depuis des avions survolant la mer. Et une autre de ses déclarations est terriblement juste : « ...combien de jeunes, nous, Européens, avons-nous laissé vides d'idéal... ». Dans la paroisse où je vais régulièrement à la messe, il n’y a quasiment jamais d’adolescents ou de jeunes adultes. La seule fois où l’un d’entre eux, visiblement en recherche, s’est risqué à assister à un office et a posé à haute voix quelques questions, le prêtre lui a fait comprendre que c’était inadmissible et nous ne l‘avons plus jamais revu. Depuis lors les exhortations du pape à bousculer les habitudes ont pour moi pris tout leur sens.

  • On juge parfois trop vite. Vous avez raison.
    Mais pourriez-vous nous expliquer ce que Jorge Bergoglio a fait, à l'époque où il vivait encore en Argentine, pour s'opposer à la dictature? A-t-il accueilli des résistants? Ecrit pour faire prendre conscience ?

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