Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique d’Arabie du Sud, basé à Abou Dhabi, dans les Émirats arabes unis, témoigne dans un livre paru en allemand, de sa longue expérience avec l’islam.
Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique d’Arabie du Sud. / Alessia GIULIANI/CPP/CIRIC/
« Paul Hinder, als Bischof in Arabien ». Tel est le titre du témoignage que Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique d’Arabie du Sud (AVOSA) depuis douze ans, vient de publier aux éditions allemandes Herder Verlag, à Fribourg-en-Brisgau. Un livre qu’il a dédié aux quatre Sœurs de Mère Teresa assassinées le 4 mars 2016 à Aden, au Yémen.
Ce capucin suisse – il est originaire du canton de Thurgovie – a été ordonné en janvier 2004, dans la « cathédrale » d’Abou Dhabi, évêque pour le vicariat apostolique d’Arabie du Sud, correspondant aux Émirats arabes unis, au sultanat d’Oman et au Yémen, soit une superficie de plus de 3 millions de km².
Au moins 2,5 millions de catholiques
De passage en Suisse cet été, et interviewé par l’agence kath.ch, Mgr Hinder rappelle que 85 % de la population des Émirats arabes unis sont des étrangers, principalement des Indiens, des Philippins, des Pakistanais et des Sri-Lankais de condition modeste. Parmi ces immigrés, les chrétiens représentent environ 3 millions (10 %) de la population totale (sans oublier les Libanais, Palestiniens, Irakiens, Syriens ou Égyptiens), dont au moins 2,5 millions de catholiques.
Avec le développement économique de la région, l’Église voit une augmentation constante du nombre de ses fidèles. « Les chrétiens ont le même statut que les autres étrangers ; nous sommes là pour un temps limité et pour travailler. Les visas sont délivrés pour une durée maximale de trois ans et doivent être renouvelés. »
Le manque de lieux de culte
Dans les Émirats et dans le sultanat d’Oman, la liberté religieuse existe, mais « avec des restrictions », souligne Mgr Hinder. On ne peut pas, par exemple, célébrer une messe n’importe où. Le problème du manque de lieux de culte et de locaux paroissiaux est réel. Ainsi, pour les sept petits États des Émirats arabes unis, il n’y a que huit paroisses pour près d’un million de catholiques. « Nous serions très heureux de pouvoir trouver des locaux à louer mais ce n’est pas si facile ! »
De même les édifices religieux dans les Émirats sont soumis à certaines contraintes architecturales et sont obligatoirement dépourvus de croix et de cloches. « Si quelqu’un se comporte de façon inappropriée, par exemple en distribuant des bibles ou en cherchant à convertir des musulmans, il est aussitôt expulsé du pays. J’aurais parfois des choses à dire, mais j’évite de le faire… En pays d’islam, le travail missionnaire a une tout autre signification et tout prosélytisme est interdit. Et quand des évangéliques s’affranchissent de ces règles strictes, cela retombe alors sur les autres chrétiens. »
Prendre soin des racines chrétiennes de l’Europe
Interrogé sur la présence musulmane de plus en plus forte en Europe, « l’évêque d’Arabie », comme on le surnomme, estime que « le problème n’est pas la force de l’islam, mais plutôt la faiblesse du christianisme en Europe ». Il invite ainsi les Européens à se poser la question de leurs racines : « ce patrimoine chrétien n’est pas sculpté dans le granit une fois pour toutes : il peut s’évaporer ».
Certes, admet-il, des valeurs séculières comme la solidarité ou la non-violence appartiennent aussi à ces racines, mais peuvent-elles subsister quand la religion chrétienne qui les a produites n’est plus maintenue ? « Vous pouvez laisser un terrain en friche pendant un certain temps. Mais arrive un moment, si vous ne vous en occupez pas, où une forêt se constitue… Prendre soin de ses racines et de son patrimoine signifie, par exemple, que l’on transmet des connaissances sur la Bible et le christianisme. »
Commentaires
Qui a voulu laisser le terrain en friche ?
Demandez, par exemple, à M. Arnaud Dumouch.
C'est signé...
Un enseignant ( à la pension depuis un 12aine d'années) qui a "donné" Religion catholique pendant pratiquement toute sa carrière.
J'ai donné aussi cours de religion catholique dans l'enseignement communal liégeois et j'étais mal vu d'une inspectrice et d'un inspecteur en particulier sans compter d'autres collègues. Pour eux, j'étais trop catho... D'où : j'ai quitté! Nous n'avons même pas besoin des "autres" pour détruire le christianisme : les chrétiens d'ici s'en occupent merveilleusement bien .... A force de laisser la soupe se refroidir, elle n'est même plus bonne à boire...
"Laisser un terrain en friche .... et vous verrez le résultat ....
C'est bien exact ! L'affadissement de la Foi en Europe et spécialement dans notre pays....On n'enseigne plus la vraie Foi si ce n'est dans des écoles "libres" et " non-subsidiées " et elles sont trop rares.... ( En France, la situation est plutôt meilleure que chez nous car il y a des centaines d'écoles catholiques indépendantes qui transmettent à leurs élèves une éducation et des valeurs authentiquement chrétiennes. C'est pourquoi elles sont dans le collimateur de l'Instruction Publique de Mr. Hollande )
En Belgique, les témoignages donnés par Berger et Etienne sont alarmants
En Europe Occidentale, l'indifférence religieuse gagne du terrain chaque jour ...C'est normal, non ? L'exemple vient d'en haut, nous dit-on ! Que penser des pasteurs - trop peu nombreux sans doute et pour cause ! - qui prennent leurs vacances annuelles et mettent Jésus en vacance d'office sans se soucier de leurs brebis ni de leurs aspirations ? Qu'aurait fait un Curé d' Ars ou un Père Popieluszko à leur époque ? Loin d'eux la pensée de mettre la clé sous le paillasson pour raison de vacances ?
L'affadissement de la Foi tire son origine de multiples causes, mais la principale ne vient-elle pas de l'irresponsabilité de bon nombre d' ecclésiastiques ? Quand on dissout les séminaires qui donnent de bon fruits, comme ce fut récemment le cas à Bruxelles, quand on "désintègre" les paroisses en fermant les églises ou en les détruisant comme on en a le projet tant en France ( 10.000 églises sur les 40.000 subsistant actuellement ) qu'en Belgique ( quelque septante sur la centaine rien que pour Bruxelles-centre, pourtant capitale de l'Europe ), ou en créant des " unités pastorales" parfaitement artificielles dont profiteront seulement les "croyants motorisés", faut-il s'étonner de la déchristianisation galopante ?
C'est ainsi que, petit à petit, l'Eglise occidentale s'étiole et l'Europe se meurt ! C'est pourquoi, le constat et l'avertissement de Mgr. Paul Hinder viennent à point.
Mais d'où viendra le réveil ?
Le grand espoir d'une revitalisation de l'Europe Chrétienne à l'agonie réside certes dans le surgissement de nombreuses communautés nouvelles et/ou traditionnelles, très motivées et
très évangéliques, centrées sur l'Eucharistie, l'Adoration
et le don total de soi pour la mission d'évangélisation....
Les chemins de Dieu sont mystérieux ! La Foi des chrétiens immergés en terre d'Islam, n'est-elle pas aussi "le sel de la terre", "le grain qui meurt et qui portera beaucoup de fruits" ?
Espérons et réveillons d'abord notre entourage, nos amis et nos prêtres en leur partageant notre Foi.... MARANATHA !
Guy