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Les évêques de Belgique ont répondu à la pétition de "Pro Europa Christiana" en faveur de Stéphane Mercier

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Réponse des évêques francophones de Belgique à la pétition de la Fédération Pro Europa Christiana

Chère Madame, cher Monsieur,

Vous avez envoyé aux évêques francophones de Belgique une pétition lancée par la Fédération Pro Europa Christiana à propos de M. Stéphane Mercier, chargé de cours invité à l’Université catholique de Louvain (UCL). Vous nous écrivez que S. Mercier « ne fait qu’exprimer la position officielle de l’Église catholique en ce qui concerne l’avortement ». Or, M. Mercier précise dans ses notes de cours : « Ce qui est proposé ici est un argument philosophique, pas un argument théologique » (La philosophie pour la vie. Contre un prétendu ‘droit de choisir’ l’avortement, § 2). M. Mercier se situe au point de vue philosophique.

Le point de vue de l’Église implique, par contre, une approche théologique et pastorale. Ainsi le pape François écrit-il, dans sa lettre apostolique « Misericordia et misera » (2016), au § 12, qu’il accorde à tout prêtre la faculté d’absoudre du péché d’avortement ; il ajoute : « Je voudrais redire de toutes mes forces que l’avortement est un péché grave, parce qu’il met fin à une vie innocente. Cependant, je peux et je dois affirmer avec la même force qu’il n’existe aucun péché que la miséricorde de Dieu ne puisse rejoindre et détruire quand elle trouve un cœur contrit qui demande à être réconcilié avec le Père. »

Telle est la position de l’Église. M. Mercier ne la développe pas car son objectif est d’ordre philosophique et non théologique. C’est pourquoi les évêques de Belgique francophone, formant le pouvoir organisateur de l’Université catholique de Louvain, appuient les autorités académiques de l’UCL dans leur démarche consistant à vérifier si M. Mercier a répondu aux exigences pédagogiques du cours d’initiation à la philosophie qu’il devait donner. Les autorités académiques n’ont pas à se prononcer sur une question théologique ou religieuse, mais sur la mise en œuvre d’un cours de philosophie. Cela est parfaitement conforme à la Constitution apostolique de S. Jean-Paul II « Ex corde ecclesiae », sur le fonctionnement et la mission des Universités catholiques. Dans cette optique les évêques ont publié ce 28 mars le communiqué suivant.

Déclaration des évêques francophones suite à la suspension des cours de M. Stéphane Mercier, chargé de cours invité, à l’UCL.

« Concernant la suspension des cours de M. Stéphane Mercier, chargé de cours invité à l’UCL, les évêques font confiance à la procédure interne menée actuellement par l’UCL.

Les évêques espèrent que la discussion qui vient de surgir contribuera à une discussion sereine sur l’avortement dans la société. »

« Les évêques sont opposés à l’avortement en raison du respect pour la vie.

Selon le droit belge, il n’existe pas de droit à l’avortement. La loi prévoit que l’avortement peut être pratiqué moyennant certaines conditions stipulées par la loi sans entraîner de poursuites pénales. La loi prévoit ainsi dans quels cas l’avortement est autorisé ou non. Mais comme tel, l’avortement est un délit et relève toujours du droit pénal. »

« Même si l’Eglise est opposée à l’avortement, elle fait la distinction entre la personne et l’acte. L’Eglise comprend que certaines femmes en arrivent à décider d’un avortement quand elles sont dans des situations pénibles, difficiles voire désespérées. La gravité de l’avortement est un drame pour l’enfant, pour ses parents et pour la société. Par compréhension pour ces situations dramatiques, les évêques tiennent à ce que l’on parle toujours avec nuance et tact des personnes et des couples qui font le choix de l’avortement. Bruxelles, le 28 mars 2017. »

Les évêques resteront vigilants par rapport à la mise en œuvre de cette déclaration.

En vous remerciant de votre contribution à la clarification de cette question très actuelle, nous vous prions d’agréer, chère Madame, cher Monsieur, l’expression l’expression de nos salutations distinguées.

Bruxelles, le 30 mars 2017

Les évêques francophones de Belgique 

Guy Harpigny, évêque de Tournai

Le commentaire de "Pro Europa Christiana" est en ligne ICI

Commentaire d'un ami :

C'est assez surprenant de lire que l'Eglise n'adopte que des points de vue théologiques et pastoraux, et ne peut par conséquent se prononcer sur un point de vue philosophique. Si c'était le cas, on aurait sombré officiellement dans le fidéisme.

Je me demande ce qu'en penseraient (en vrac) St Thomas d'Aquin, St Augustin, St Jean-Paul II, St Justin, Emmanuel Mounier, Jacques Maritain et j'en passe... pour ne pas parler de toute la rencontre entre la philosophie grecque et la foi chrétienne merveilleusement commentée dans le fameux discours de Ratisbonne par Benoit XVI.

Bref, en parler jeune, cette réaction est du bullshit complet. Les évêques appuient aussi la nouvelle ligne de défense de l'UCL, qui est de se retrancher derrière un argument "pédagogique" comme casus belli. Une lâcheté qui n'est pas sans exposer ma faible nature à la colère je l'avoue.

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