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Le pape, l'Eglise et les migrations : gare aux faux procès !

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Du Père Christian Vénard sur le site aleteia.org :

Non, le Pape n’est pas responsable de la crise migratoire

Le père Christian Venard réagit au débat qui agite la cathosphère depuis le début de l'année 2017.

On ne peut que remercier Laurent Dandrieu et son dernier livre, Église et immigration : le grand malaise (Presses de La Renaissance), de nous déranger. Bien construit, avec une argumentation fouillée et fournie, il oblige à réagir, réfléchir, argumenter, et, c’est sans doute le plus marquant, à revenir aux fondamentaux de notre positionnement en tant que catholiques. Ce livre est à lire, bien sûr. Il est à étudier même. Il nécessite néanmoins pour cela de bonnes clefs de lectures. Je n’en partage ni la méthodologie, ni les conclusions ; que cependant son auteur, avant que je ne le critique, soit remercié publiquement de ce pavé jeté dans la mare.

Deux faux procès

Ce livre repose sur un double faux procès. Le premier semble rendre responsable de la crise migratoire l’Église et le Pape. Or, il conviendrait de rappeler que ni le Pape ni l’Église n’ont ouvert le processus migratoire économique au milieu du XXe siècle, quand les puissances d’argent ont décidé que faire venir la main d’œuvre étrangère était nécessaire et intéressant. Ce ne sont ni le Pape ni l’Église qui ont mis en place le regroupement familial. De même, qu’on veuille bien accorder au Pape et à l’Église de n’être en rien responsables de la déstabilisation totale du Moyen-Orient ces dix dernières années et de la crise migratoire à laquelle l’Europe doit faire face, de ce fait. Non seulement les papes et l’Église n’en sont pas responsables, mais plus encore, par leur action et par leurs appels, ils n’ont cessé de réclamer plus de justice et d’équité dans le traitement de ces questions internationales. Faute d’identifier les vrais responsables de cette immense tragédie, qui compte des morts par dizaine de milliers et des déplacés par centaines, le livre de Laurent Dandrieu semble en accuser l’Église et les papes.

Par ailleurs, concernant le « suicide » de l’Europe, je constate le même faux procès qui repose sur une absence de mise en perspective. Je veux bien admettre que, par naïveté parfois, mais surtout par une idéologie que le cardinal Ratzinger et Benoît XVI ensuite a épinglée, l’Église — ou plus exactement les hommes d’Église — ait pu participer à la marge à une forme de suicide moral de l’Europe… mais là aussi, ils n’en sont pas les principaux responsables. Les responsables du suicide européen… ce sont les Européens eux-mêmes ! La lente agonie démographique des vieux peuples d’Europe ne doit rien, bien au contraire à l’Église.

Qu’on ne s’y trompe pas, le suicide de l’Europe découle directement de l’apostasie généralisée des peuples européens, ayant abandonné la foi et la pratique religieuse de leurs ancêtres. Il suffit de relire le texte grandiose et prophétique de saint Jean Paul II, après le Synode sur l’Europe, Ecclesia in Europa, qui n’a pas pris une ride. On relira aussi avec intérêt La crise de la conscience européenne de Paul Hazard (Paris, 1935) pour redécouvrir les sources intellectuelles et laïques du mal-être européen. Aujourd’hui, une apostasie généralisée, une conception étriquée d’une laïcité prétendument salvatrice, une volonté de certains gouvernants de combattre la foi chrétienne, voilà les vrais responsables. Ne pas rappeler cela de manière forte dans ce livre, conduit insensiblement le lecteur à en rendre responsable le Saint-Père et l’Église — et donc à ne pas voir les vraies sources du problème.

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Commentaires

  • Très bon article, mais qui élude le fait que dans l'actuel niveau d'inculture, qu'on le veuille ou non, les propos du Pape seront interprétés quasi exclusivement au premier degré, donc de manière simpliste. Ceci le Pape devrait le savoir et en tenir compte quand il rédige. Dans le cas contraire, son message risque fort d'aboutir à un résultat opposé à celui que l'on suppose recherché.

  • Inculture religieuse...

    A 73 ans, on a en mémoire l'époque où on vous enseignait le catéchisme.
    Et quand on a donné religion catholique pendant 36... On a constaté - vers la moitié des années 70 - que des enfants "catéchisés" à qui on demandait, au moment de l'Avent...
    - Quand on parle de l'Incarnation, on veut dire quoi ?
    8 à 9 sur 10 répondaient "ré-incarnation".

    Qui a voulu cette dé-culturation-là ?

  • Bien sûr que le pape François n'est pas responsable de la crise migratoire, véritable "tsunami" que d'autres ont soulevé et qu'il ne sera donc pas possible de contrôler, de maîtriser, de subjuguer.
    Mais quelle peut bien être, de la part d'un pape, la réponse la plus appropriée, la plus conforme à la vérité évangélique ?
    Celle qui dénonce la réalité comme l'a fait Benoît XVI ou celle qui en fait abstraction ?
    Et cette crise peut-elle éclipser tous les autres graves problèmes dans la "catho sphère" ou bien ne fait-elle que les confirmer ?
    Benoît XVI s'inquiétait fortement du déclin de la foi spécifiquement en Europe parce que certaines de ses nations ont été, comme la France, les "filles aînées" de l'Eglise.
    Il ne faut pas croire que l'Eglise peut subsister sans de bons bergers, à commencer par un bon pape, de bons cardinaux, de bons évêques, ...
    Quelles sont donc les générateurs de l'apostasie présentement bien avérée et irréversible ?
    Les plus petits comme Saint Jean-Marie Vianney et ceux qui n'ont pas droit au chapitre ou les plus grands qui se croient dépositaires de la vérité ?
    "Aujourd'hui comme alors ..."

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