Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le progrès technique libère autant qu'il aliène

IMPRIMER

Une synthèse de presse de gènéthique.org :

Le progrès technique «libère autant qu’il aliène»

22 septembre 2020

« La grande intuition d’Ellul a été de souligner non pas l’ambiguïté mais l’ambivalence du progrès technique, qui libère autant qu’il aliène. On ne peut pas dissocier les deux et garder le meilleur.» Patrick Chastenet, professeur en Sciences Politiques à l’Université de Bordeaux et auteur d’une Introduction à Jacques Ellul [1],explique que cette ambivalence faisait l’objet, chez le penseur, de quatre propositions : « tout progrès technique se paie car il est impossible de dire si ce qui est apporté est plus important que ce qui est supprimé ; le progrès technique soulève plus de problèmes qu’il n’en résout ; ses effets néfastes sont inséparables de ses effets positifs ; il comporte toujours un grand nombre d’effets irréversibles et imprévisibles ».

Ces sociétés techniciennes à l’affut de « l’efficacité, la puissance et le contrôle » s’avèrent incapable « d’éliminer le risque » et confinent à une dépendance vis-à-vis des experts.

Pour Jacques Ellul, « la technique rend notre avenir impensable ». Aujourd’hui, explique Patrick Chastenet, « la technoscience et le développement exponentiel nous ont placés au milieu d’un champ de mines dont on a perdu les plans. En dépit des disparités au plan mondial et au sein de chaque secteur, la technique moderne continue de progresser de façon d’autant plus imprévisible qu’elle échappe à la volonté humaine ». Et il explique que Jacques Ellul « soutenait la démarche de Jacques Testart [2] en génie génétique, expliquant, en 1986, qu’on devait aller parfois vers une éthique de la non recherche ».

« La mort de Dieu et la fin des grands récits idéologiques, ces fameuses religions séculières, ont laissé le champ libre à une technoscience sacralisée car porteuse de tous nos espoirs et riche de toutes nos frustrations de simples mortels ». Dans ce système technicien, la science et la technique semblent être les seuls moyens de sauver l’homme.

[1] Jacques Ellul (1912 – 1994) est un professeur d’histoire du droit, penseur, historien, théologien protestant et sociologue français. Il est, aux côtés de Jürgen Habermas et Martin Heidegger, l’un des principaux penseurs au XXe siècle du phénomène technique.

[2] Jacques Testart, biologiste, à l’origine du premier bébé éprouvette français, Amandine.

Sources : Sciences critiques, Antony Laurent (15/09/2020)

Commentaires

  • Dom Jean-Baptiste PORION, Prieur chartreux, chimiste de formation, parlant et lisant 18 langues (dont le sanscrit, le chinois,...), aussi à l'aise dans un ouvrage de mathématiques supérieures que dans Eckhart, saint Thomas ou Heidegger... a eu ce mot qui est définitif : "La civilisation technique marque le dernier degré de notre erreur."
    Alors les Ellul et consorts, abandonnons-les à leurs chères ambiguïtés. Amen !

Les commentaires sont fermés.