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Eglise de Belgique : un état des lieux peu réjouissant...

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Extrait du Rapport 2019 de l'Observatoire des Religions et de la Laïcité (ORELA) (Université Libre de Bruxelles) sur LES RELIGIONS ET LA LAÏCITÉ EN BELGIQUE

(L'extrait reproduit ci-dessous ne comporte pas les nombreuses notes en bas de page qui y figurent et que l'on pourra consulter en ouvrant le PDF.)

"ÉTAT DES LIEUX DE L’ÉGLISE DE BELGIQUE

Depuis le milieu du XXe siècle, la diminution de la pratique dominicale et des vocations alimente un discours sur la crise de l’Église catholique. En 2018, le prêtre ouvrier Jacques Meurice en faisait le constat : « Les paroisses sont désertées, des églises sont à vendre, les séminaires ferment, les couvents se vident et se transforment en maisons de repos, les religieux et religieuses de différents ordres ou congrégations fusionnent. Il n’y a plus que les brasseries monastiques qui sont en pleine expansion et parfois jouent un rôle social régional qui n’est pas négligeable. »

Mais face à des chiffres que personne ne conteste, l’Église catholique reconfigure tant sa gestion que ses activités, pour s’adapter à de nouvelles manières d’être catholique. Ainsi, si le nombre absolu de baptêmes effectués chaque année décroit (44 850 en 2018), le phénomène des baptêmes à l’âge adulte est en augmentation depuis 2010. En 2018, 219 catéchumènes de plus de 13 ans ont reçu le baptême, et 369 adultes ont reçu la confirmation. La participation à la messe dominicale concerne environ 2,6 % de la population âgée entre 5 et 69 ans (238.298 participations à l’Eucharistie au troisième dimanche d’octobre 2018), mais d’autres pratiques religieuses se maintiennent et se créent.

Des initiatives pastorales naissent pour répondre à de nouvelles demandes, comme un « ThéoBar » qui a ouvert à Bruxelles pour accueillir des rencontres avec des « témoins inspirants » à destination des jeunes, ou la transformation de l’église du Béguinage à Bruxelles en « House of Compassion » pour une période d’essai de trois ans, un projet visant à « proposer une nouvelle manière de faire communauté au cœur de la ville et aux côtés des plus pauvres ».

Des manifestations comme la « bénédiction des motos », à Jette, rencontrent toujours beaucoup de succès, tout comme la première « Nuit blanche solidaire » organisée à Bruxelles à l’occasion des Journées mondiales de la Jeunesse. Les principaux sanctuaires belges de Scherpenheuvel, Banneux, Beauraing et Oostakker ont réuni 1.547.500 pèlerins en 2018.

À côté de ces quêtes d’une forme de spiritualité, le patrimoine religieux demeure assurément source d’intérêt. 48 lieux de retraites spirituelles à travers le pays ont comptabilisé 227.279 nuitées en 2018, les cathédrales ont attiré 2.853.040 visites touristiques, et les monastères ont à nouveau ouvert leurs portes aux étudiants pendant le blocus. De l’avis des historien·ne·s du catholicisme, on assiste depuis cinquante ans à une transformation du monde catholique belge et de ses institutions, qui fondent désormais leur identité sur un socle de valeurs communes partagées, et non plus sur des rites et des croyances. Ce passage d’un catholicisme d’église à un catholicisme socio-culturel concerne une grande partie de la population et des institutions formant le « pilier chrétien », qui ont pris leurs distances avec l’Église belge. Au niveau de la pratique religieuse et du rapport à l’institution ecclésiale, l’incidence de la génération a été largement démontrée. Les chiffres les plus récents le confirment : le nombre de jeunes se disant catholiques en Belgique est très faible (22 % selon un rapport de la St Mary’s University Twickenham et de l’Institut catholique de Paris, basé sur les chiffres de l’European Social Survey 2014 et 2016), et seulement 2 % d’entre eux se disent pratiquants.

À cette image d’institution vieillissante, l’Église belge souhaite en opposer une autre, de dynamisme interne renouvelé par l’engagement fort d’une minorité active. Dans son rapport annuel de 2019, l’Église belge propose en effet une lecture subjective de sa transformation : selon son rédacteur Stéphane Nicolas, « la manière d’adhérer à l’Église et de vivre la pratique religieuse a changé. Avant, c’était par tradition. Aujourd’hui, il s’agit d’un choix individuel. Nous sommes à la transition entre deux modèles. Le critère de la fréquentation des sacrements n’est plus aussi déterminant. Le besoin de spiritualité s’exprime autrement ».

La crise des vocations

En 2018, 63 séminaristes se formaient à la prêtrise diocésaine. Le nombre de prêtres actifs en Belgique diminue chaque année, et pour pallier le manque de prêtres, de nombreuses solutions sont mises en place. Certains diocèses font appel depuis plusieurs années à des ministres du culte étrangers : leur nombre s’élevait à 468 en 2018 (soit 20 %), parmi lesquels de nombreux prêtres africains (surtout congolais) dans les diocèses francophones, mais cet apport est loin d’être suffisant.

Le nombre total de ministres du culte actifs au sein d’une paroisse s’élevait, en 2018, à 2 260, alors qu’il y a une cinquantaine d’années, la Belgique en comptait plus du triple. Ces ministres du culte catholique sont des prêtres, mais aussi des diacres ou des laïcs formés et nommés par les évêques, et 437 d’entre eux sont des femmes. Les prêtres diocésains sont une population vieillissante : ils sont au total 2 301 (actifs ou pensionnés), seulement 26,6 % d’entre eux a moins de 65 ans, et 51,4 % d’entre eux a plus de 75 ans. Bien qu’ils puissent prendre leur pension à partir de 67 ans, la plupart restent en fonction jusqu’à 75 ans, et parfois au-delà. Le manque de prêtres risque donc de s’accroître très fortement dans les prochaines années.

Parmi les pistes possibles, l’évêque auxiliaire de Bruxelles Jean Kockerols a suggéré, au synode sur les jeunes qui se tenait à Rome en octobre 2018, la possibilité d’admettre à la prêtrise des jeunes hommes mariés, une réponse à la crise des vocations qui a le soutien de la Conférence épiscopale, et qui a été plébiscitée par de nombreux évêques lors du Synode sur l’Amazonie en 2019, mais n’a reçu aucune réponse positive de la part du pape.

Actuellement, le fonctionnement de l’Institution catholique belge s’appuie par ailleurs sur plus de 163 000 bénévoles, investis dans la catéchèse, la participation à la liturgie, la gestion administrative, l’entretien des locaux ou les services diocésains, les aumôneries et les associations caritatives. La crise des vocations touche également durement les ordres et congrégations, dont la moyenne d’âge est très élevée. En 2016, l’Archidiocèse de Malines-Bruxelles comptait 3 884 religieux, qui avaient pour plus de 75 % d’entre eux plus de 70 ans, seulement 6 % d’entre eux ayant moins de 45 ans. Afin de se faire connaître des plus jeunes, une trentaine de communautés, en Belgique et en France, ont créé un portail Internet (vie-monastique.com) pour répertorier les stages proposés et inviter les jeunes à découvrir la vie monastique."

Accéder au Rapport (PDF)

Commentaires

  • Mgr Kockerols suggére la possibilité d’admettre à la prêtrise des jeunes hommes mariés en réponse à la crise des vocations.

    Pourquoi avoir en même temps banni du diocèse toutes les jeunes vocations de la Fraternité des Saints Apôtres ?

  • Il ne faut pas essayer de comprendre Mgr Cockerole ; ses décisions sont pollitiques , elles ne sont pas pastorales.

  • Nommé évêque de Namur par Jean-Paul II et archevêque par Benoît XVI, Mgr Léonard avait fait passé de 5 quand il était arrivé, à 55 quand il est parti, le nombre de séminaristes Jugeant sans doute que ce chiffre était trop élevé et qu'il valait mieux en finir avec tout ce qui rappelle de près ou de loin la Tradition de l'Eglise, le pape actuel a choisi de le remplacer par un archevêque (aussitôt créé cardinal) qui est en train de renverser complètement ces deux chiffres. Plus encore; loin de contredire les décisions prises par celui-ci et celles de Mgr Kockerols (dont Muriel dit à juste titre qu'elles sont politiques), le pape a avalisé l'extermination de la Fraternité des saints apôtres et d'autres avec elles. Autrement dit: vous qui vous retrouvez encore en Jean-Paul II et Benoît XVI, sachez maintenant que vous êtes orphelins et que ce mouroir qu'est devenue l'Eglise anglicane sert désormais de modèle pour le catholicisme de demain. Il est vrai qu'avec François,(et sa dernière encyclique applaudie par la grande loge maçonnique d'Espagne) l'Eglise de Jésus-Christ n'étant plus qu'une ONG, comment en serait-il autrement?

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