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Le fondateur de l'Aide à l'Eglise en Détresse coupable de violences sexuelles ?

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Lu sur cathobel :

Abus sexuels du fondateur d’Aide à l’Eglise en Détresse

Le Père Werenfried van Straaten, fondateur d’AED/ACN connu sous le nom de « Père au lard » et décédé en 2003, a été accusé en 2010, dans une lettre, de tentative de viol commise en 1973 sur une jeune femme d’une vingtaine d’années, employée de l’œuvre.

Le supplément Christ und Welt du quotidien allemand Die Zeit, qui s’est procuré une copie de la lettre de dénonciation, a révélé l’affaire le 10 février 2021. Un compte rendu crédible avait été fait en 2010, et la lettre avait été envoyée au Vatican et à la conférence des évêques allemands.

« Les responsables d’AED/ACN ont alors suivi la pratique recommandée par l’Eglise en Allemagne pour faire face aux cas d’abus. En conséquence, la personne affectée a reçu une aide financière de 16’000 euros en reconnaissance de ses souffrances », a déclaré Thomas Heine-Geldern.

En outre, « selon la situation des dossiers dans les archives, on peut supposer que le Père van Straaten a effectué, en 1996/1997, un paiement au père de la victime (lui même salarié d’AED/ACN Ndlr)« , a précisé l’oeuvre. Mais en 2011, ce dernier a nié par écrit que ce paiement avait un rapport avec une agression sexuelle sur sa fille. Il s’agissait plutôt d’un paiement en compensation du traitement injuste que lui avait réservé le Père van Straaten lorsqu’il avait quitté son poste d’employé d’Aide à l’Église en détresse.

Une affaire connue depuis 2010

Le président exécutif d’Aide à l’Eglise en Détresse International a précisé qu’une fois l’affaire connue à l’automne 2010, l’organisation avait immédiatement informé la Congrégation pour le clergé à Rome et la Conférence épiscopale allemande. « L’engagement d’une action civile, envisagée en même temps, s’est avéré impossible, car l’accusé était décédé. »

Les victimes potentielles reçoivent à juste titre une aide financière si les faits criminels semblent crédibles après un examen, même s’il n’y a pas d’autres preuves claires et que l’accusé ne peut plus être interrogé. En 2010, les faits remontaient déjà à 37 ans et le Père Werenfried était décédé depuis 7 ans. La plupart des crimes sexuels ont lieu sans témoins, de sorte que les possibilités de preuves juridiques font souvent défaut, rappelle AED/ACN.

La victime avait exprimé le souhait de confidentialité, et l’œuvre l’a respecté. Jusqu’à présent il n’existe pas d’autres allégations d’ commis par le Père van Straaten. En 2016, l’AED/ACN a lancé une recherche approfondie dans les archives de la Congrégation pour le clergé. Aucune preuve n’a été trouvée pour étayer les soupçons d’autres infractions ou agressions sexuelles.

Pas de procès de béatification

La révélation de cette accusation avait eu lieu en 2010, alors que Mgr Manfred Grothe effectuait une visite canonique au sein de l’AED/ACN. « Cette visite ne portait sur la personne du Père Werenfried, décédé en 2003, mais uniquement sur la modernisation de l’organisation du travail », a-t-il précisé. Mais c’est dans ce cadre que Mgr Grothe a appris les graves accusations portées contre le Père van Straaten. Il a alors mis fin aux efforts de certaines personnes pour engager un procès de béatification du Père van Straaten. Un éventuel procès de béatification n’a jamais été engagé par Aide à l’Église en Détresse et elle n’a aucun intérêt à le faire dans le futur, a confirmé Thomas Heine-Geldern.

Autres accusations démenties

Outre la tentative de viol d’une employée en 1973, la visite de 2009 avait également permis de constater chez le Père van Straaten « l’intempérance dans le style de vie »« des lacunes importantes dans la gestion du personnel » et « des sympathies pour les idées fascistes ».

L’accusation d’excès dans son style de vie personnel est basée sur des rapports individuels de consommation excessive d’alcool ou de nourriture, mais l’accusation d’intempérance ne peut pas être confirmée, relève aujourd’hui l’oeuvre.

Sur la question de la gestion du personnel, AED/ACN rappelle que le Père van Straaten a fondé l’œuvre de charité en 1947 et l’a dirigé pendant 55 ans, jusqu’à sa mort en 2003. Pendant cette période, il a eu forcément des conflits avec des employés. Et le style de direction de l’époque ne correspondait certainement pas à la compréhension actuelle de la gestion moderne du personnel, admet l’œuvre.

Enfin « il n’y a aucune preuve d’idées d’extrême droite ou fascistes dans les écrits de l’ensemble de ses 55 ans à la tête de l’œuvre. Au contraire, le Père van Straaten a condamné les dictatures et a pris une position ferme contre elles ».

AED/ACN souligne également la mise en place depuis 2019 de « directives de sauvegarde » pour la prévention des abus sexuels en tant que priorité de l’organisation, tant au niveau interne que dans le financement des projets. Dans ce cadre, des règlements et des processus ont été élaborés et mis en place pour la garantir.

Du « Père au lard » à la fondation pontificale

Né à Mijdrecht, aux Pays-Bas, le Père prémontré Werenfried van Straaten (1913-2003) s’est fait connaître en organisant des récoltes de dons pour les Allemands en détresse après la Deuxième Guerre mondiale. Connu sous le nom de « Père au lard », le religieux a commencé en apportant de la nourriture, entre autre du lard, provenant de paysans belges et néerlandais, aux enfants allemands affamés.
Son action s’est ensuite transformée en un engagement international, d’abord dans les années 1950 pour l’Europe de l’Est passée sous le joug communiste, puis sur tous les continents. L’AED/ACN soutient ainsi chaque année plus de 5’000 projets individuels dans 140 pays. Depuis 2011 l’œuvre est devenue une fondation de droit pontifical.

Commentaires

  • Il y a déjà eu Jean Vanier, Cardinal Pell,... J'ai aussi lu des articles dénigrant les oeuves de Mère Teresa. ou essayant de diminuer la personnalité de St Jean Paul II. Le Mal ne supporte pas la vue du BIen.

  • Le cardinal Pell a été reconnu innocent.

  • Ce qui me frappe c'est que cet article montre que les autorités, à tous les niveaux dans l'Eglise, semblent actuellement perdues et sans repères.

    Pour le Père Van Straaten, elles dénoncent publiquement, sans discernement ni hiérarchisation :

    - Un crime potentiel (une tentative de viol).
    - Des péchés possibles (il aurait trop aimer manger !) Là, on se pince. Ai-je bien lu ? Il est donc possible maintenant d'étaler publiquement jusqu'aux plus petits péchés privés d'un mort ?
    - Des opinions politiques finalement non avérées.

    Décidemment, il faudra du temps pour que cet affolement et ces procès cadavériques s'arrêtent. On en est rendu à pire qu'au Moyen âge. Quand on se mit à juger un pape mort, on lui donna au moins un avocat. Ici, rien de tel.

  • Bien d'accord avec ce que vous avez exprimé.
    Il y a un autre élément que je voudrais relever, c'est cette habitude progressivement prise de faire payer par une institution un dédommagement pour un crime - potentiel, en l'occurrence - commis par une personne.
    Cela revient à utiliser les contributions de ceux qui financent l'institution, les donateurs, à des fins pour lesquelles ils n'ont manifestement pas donné leur accord, Si un crime est commis, ce qui n'est même pas avéré dans ce cas-ci, c'est au coupable de dédommager, à personne d'autre.
    Et l'on peut ajouter que le procédé utilisé - un montant arbitraire, remis sans enquête officielle - donne la triste impression du paiement d'une rançon pour étouffer un scandale.

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