De Courtney Mares sur le CWR :
En Belgique, le pape François déclare que « l'Église devrait avoir honte » des abus commis par le clergé
27 septembre 2024
Au château de Laeken, en Belgique, le pape François a abordé la crise des abus du clergé qui sévit depuis longtemps dans l'Église catholique, déclarant sans équivoque que « l'Église devrait avoir honte » et doit demander pardon pour ses manquements.
S'exprimant devant environ 300 dignitaires, dont le roi Philippe et le Premier ministre belge Alexander De Croo, le pape a déclaré que la maltraitance des enfants est « un fléau que l'Église combat avec détermination et fermeté, en écoutant et en accompagnant les blessés et en mettant en œuvre un programme de prévention à grande échelle dans le monde entier ».
« L’Église est à la fois sainte et pécheresse », a déclaré le pape François dans la Grande Galerie du château, le 27 septembre, dans son premier discours depuis son arrivée en Belgique. « L’Église vit dans cette coexistence perpétuelle de sainteté et de péché, de lumière et d’ombre, avec des résultats souvent d’une grande générosité et d’un dévouement splendide, et parfois malheureusement avec l’émergence de contre-témoignages douloureux. »
« Je pense aux cas dramatiques d’abus sur mineurs », a-t-il ajouté. « L’Église devrait avoir honte, demander pardon et essayer de résoudre cette situation avec humilité chrétienne. »
Les propos du pape font suite à sa décision de laïciser l'ancien évêque de Bruges Roger Vangheluwe, plusieurs années après que ce dernier ait admis avoir abusé sexuellement de ses neveux à plusieurs reprises. Un ancien archevêque de Bruxelles, feu le cardinal Godfried Danneels, aurait appelé une victime des abus de Vangheluwe à garder le silence .
En Belgique, l’Église catholique est confrontée à une baisse significative de la confiance du public. En 2022, seuls 50 % des Belges se sont identifiés comme catholiques, soit une baisse de 16 % par rapport à la décennie précédente, et seuls 8,9 % assistent à la messe au moins une fois par mois.
Selon un rapport récent, le nombre de catholiques demandant que leur nom soit retiré des registres de baptême est passé à 1 270 en 2023.
Le pape a évoqué les abus du clergé dans une réponse improvisée à la vive condamnation par De Croo de la manière dont l'Église gère les abus du clergé.
De Croo a imploré l’Église de donner la priorité aux besoins des victimes, affirmant : « Aujourd’hui, les mots seuls ne suffisent pas. Nous avons également besoin de mesures concrètes. » Le roi Philippe s’est également joint à l’appel à la responsabilité dans son discours, affirmant que l’Église doit travailler « sans relâche » pour expier les crimes et aider à la guérison des victimes.
La visite du pape François fait suite à une série de scandales qui ont ébranlé l’Église belge, dont le point culminant a été la publication en 2010 d’un rapport accablant révélant que plus de 500 personnes avaient dénoncé des abus commis par des prêtres. Les retombées de ces révélations ont conduit à un examen approfondi de la direction et des pratiques de l’Église, de nombreux appelant à une approche plus transparente dans le traitement des allégations d’abus.
Un documentaire récent, « Godvergeten » (« Abandonnés de Dieu »), diffusé à la télévision belge, montre des victimes partageant leurs histoires poignantes, alimentant encore davantage l'indignation du public et déclenchant des enquêtes sur les pratiques de l'Église.
Le Premier ministre et le roi Philippe ont tous deux tenu leurs propos les plus pointus en néerlandais, la langue de la Flandre, où les cas d'abus ont acquis une notoriété particulière.
Le pape a également évoqué l'histoire troublée des « adoptions forcées » en Belgique, une pratique qui a perduré jusque dans les années 1980 et qui a contraint des mères célibataires à abandonner leurs enfants. « Souvent, la famille et d'autres acteurs sociaux, y compris l'Église, pensaient que pour éliminer la stigmatisation négative (...) il était préférable pour le bien de la mère et de l'enfant que ce dernier soit adopté », a-t-il déploré, ajoutant que cet état d'esprit contribuait à de profondes blessures sociétales.
Dans son discours, le pape François a également évoqué le rôle unique de la Belgique en Europe, la qualifiant de pont entre les cultures et de centre de paix. « Ce sont les deux calamités de notre époque : l'enfer de la guerre… et l'hiver démographique », a-t-il déclaré.
« C’est pourquoi nous devons être pragmatiques : ayez des enfants ! Ayez des enfants ! », a ajouté le pape.
François n'a cependant pas abordé le sujet controversé de l'euthanasie en Belgique, une omission notable dans son discours compte tenu des discussions en cours autour de cette question dans les établissements de santé catholiques du pays.
Après son discours au château de Laeken, le pape a visité une résidence pour personnes âgées en difficulté gérée par les Petites Sœurs des Pauvres. Le pape devrait également rencontrer vendredi soir des victimes d'abus sexuels.