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Justice

  • Des évêques se tournent vers le pape Léon XIV alors que la Cour européenne envisage l'annulation d'actes de baptême

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    D'Hannah Brockhaus et Angela Ambrogetti sur CNA :

    Des évêques se tournent vers le pape Léon XIV alors que la Cour européenne envisage l'annulation d'actes de baptême

    6 juin 2025

    Un groupe d'évêques européens s'est tourné vers le pape Léon XIV et le Saint-Siège pour obtenir de l'aide alors que la Cour de justice de l'Union européenne examine une affaire judiciaire belge concernant l'annulation de noms dans les registres de baptême.

    Lors d'une audience au Vatican le 23 mai, le pape Léon XIV « nous a dit qu'il considérait cette question comme très importante. Il l'a évoquée dès le début. Il a dit : "Je veux vraiment connaître votre avis" », a déclaré Alessandro Calcagno , avocat et secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de l'Union européenne (COMECE), à ACI Stampa, le partenaire d'information en italien de CNA.

    La Cour de justice de l'Union européenne examine actuellement une affaire portée par la Cour d'appel de Bruxelles, qui a demandé des éclaircissements sur la question de savoir si le refus de l'Église catholique d'effacer les noms des registres de baptême lorsque cela est demandé constitue une violation du règlement général sur la protection des données de l'Union européenne.

    Cette règle régit le traitement des données personnelles au sein de l'Union européenne depuis mai 2018. La décision de la Cour européenne est attendue fin 2026 ou en 2027.

    Calcagno a expliqué à ACI Stampa que lorsqu'un catholique baptisé demandait à être radié d'un registre, une note était généralement inscrite en marge du document, mentionnant « l'apostasie formelle de la foi ». Le fait que le baptême ait eu lieu demeurait un fait historique. 

    Mais fin 2023, dans le diocèse de Gand en Belgique, quelqu'un a demandé que toutes ses données soient complètement supprimées du registre, ce à quoi le diocèse s'est opposé.

    Il y a déjà eu des cas similaires en Europe en 1995, a déclaré Calcagno, mais tous avec des décisions de justice nationales favorables à l'Église.

    Aujourd'hui, a-t-il déclaré, « c'est la première fois que de petites tentatives sont faites pour saper cette tendance positive. Jusqu'à présent, la jurisprudence stipulait que le jugement visait à ajouter une mention, mais soudain, l'idée de l'annulation [des données] est apparue. »

    La question de savoir comment résoudre ce problème est ouverte et fait l’objet d’un bras de fer juridique entre les autorités et l’Église.

    « En Belgique comme aux Pays-Bas, les tribunaux civils laïcs tentent d'interpréter le droit canonique pour plaider en faveur de l'annulation », a noté Calcagno. « C'est un grand danger, car si l'on s'engage dans une loi qui n'est pas la sienne, on commence à la manipuler. »

    La COMECE travaille avec le Saint-Siège pour défendre la position de l'Église sur la question des registres de baptême.

    Le rôle de la COMECE a été de « rassembler des réflexions et des arguments juridiques lorsque certains cas se présentent au niveau de l'Union européenne », a déclaré M. Calcagno, et d'organiser des rencontres avec divers juristes des conférences épiscopales nationales.

    « Nous avons recueilli de nombreux arguments qui ont ensuite été utilisés », a-t-il déclaré. « Plusieurs États membres sont intervenus dans la procédure, et les Églises ont également travaillé au niveau local. De plus, une étroite collaboration a été instaurée avec le Saint-Siège, et une note a été publiée le 17 avril 2025 , spécifiquement sur les radiations des registres de baptêmes, et nous avons travaillé très intensément avec le Saint-Siège à ce sujet. »

    La note du Dicastère pour les textes législatifs affirme que « le droit canonique ne permet pas la modification ou l'annulation des inscriptions faites dans le registre des baptêmes, sauf pour corriger d'éventuelles erreurs de transcription. Ce registre a pour but d'assurer la certitude quant à certains actes, permettant ainsi de vérifier leur existence réelle. »

    La question est suivie depuis des années et des solutions que la Cour européenne acceptera sont recherchées. Il convient toutefois de préciser, selon Calcagno, que « la Cour ne fait que rédiger une réponse aux questions posées par une juridiction nationale. Il ne s'agit pas d'une initiative de l'Union européenne contre l'Église. Il s'agit d'une réponse aux clarifications demandées au niveau national. »

    La réponse prendra quelques années, a-t-il expliqué, car « il faut une audience publique, puis un avocat général donne des orientations, appelées conclusions, et ensuite le jugement arrive ».

    Selon un rapport annuel de 2023 , 1 270 catholiques en Belgique ont demandé que leur nom soit retiré du registre des baptêmes, en grande partie en raison des profondes retombées et de l'indignation publique suscitées par la gestion des scandales d'abus sexuels.

  • Billboard Chris arrêté à Bruxelles pour avoir voulu parler d'idéologie du genre

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    De  sur Brussels Signal :

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    Billboard Chris arrêté à Bruxelles pour avoir voulu parler d'idéologie du genre

    Chris Elston, alias Billboard Chris, qui militait pour la protection des enfants contre « l'idéologie du genre », a été arrêté dans le centre de Bruxelles pour ne pas avoir retiré une pancarte qu'il portait pour encourager la discussion sur le transgenrisme.

    Lois McLatchie, de l'Alliance Defending Freedom International (ADF), a également été arrêtée à ses côtés pour la même raison.

    Chris et McLatchie se promenaient dans le quartier de la Bourse de Bruxelles le 5 juin, portant des pancartes indiquant : « Les enfants ne naissent jamais dans le mauvais corps », cherchant à avoir des conversations avec les gens sur le sujet.

    Ils se sont retrouvés face à une foule en colère d’agitateurs de gauche qui les ont encerclés.

    Plutôt que de s'en prendre à la foule, la police a arrêté McLatchie et Billboard Chris.

    Brussels Signal a pu parler avec McLatchie au téléphone après sa libération.

    Elle a déclaré que c'étaient eux qui avaient appelé la police, se sentant menacés par la foule en colère.

    Un grand nombre d'agents sont arrivés, mais plutôt que d'affronter la foule, ils ont exigé qu'elle et Chris retirent leurs pancartes, ce qu'ils ont refusé de faire.

    Vers midi, le 6 juin, ils ont mis en ligne la vidéo complète des événements.

    Par conséquent, ils ont été arrêtés pour avoir prétendument troublé l'ordre public et ont été emmenés à un poste de police où ils ont été fouillés à nu, selon McLatchie.

    Elle a déclaré qu'ils avaient été libérés sans inculpation après plusieurs heures.

    Leurs pancartes ont été confisquées et probablement détruites par la police.

    Selon McLatchie, leurs droits ne leur ont pas non plus été communiqués, malgré le fait qu'en vertu des lois en Belgique, la police est tenue d'informer les suspects de leurs droits. Cela concerne notamment l'accès à l'assistance juridiqueavant et pendant les interrogatoires.  

    Sur les réseaux sociaux, Billboard Chris a déclaré que l'incident était un abus d'autorité et équivalait à une censure sanctionnée par l'État, ajoutant que c'était  « l'expérience la plus folle que j'ai vécue dans la rue en près de cinq ans ».

    « Nous n’avons pas le droit de parler du plus grand scandale de maltraitance d’enfants de l’histoire de la médecine moderne. »

    McLatchie a déclaré qu’elle ne pouvait pas croire qu’ils aient été considérés comme les « méchants » dans cette situation.

    Dans une vidéo décrivant l'incident, Billboard Chris a déclaré qu'il poursuivrait en justice car, selon lui, il s'agissait d'une violation de leurs droits.

    Brussels Signal a contacté la police bruxelloise. Son porte-parole a indiqué qu'il évaluait la situation et travaillait à une réponse, mais que celle-ci ne serait disponible que plus tard dans la journée.

    Le 3 juin, Billboard Chris et McLatchie avaient parlé avec Brussels Signal de leur voyage à Bruxelles.

    Ils se promenaient également dans les rues de Bruxelles et se heurtaient à une réaction hostile. À un moment donné, un jeune homme miteux lança un verre lourd vers Billboard Chris, qui lui tournait le dos, manquant de peu une jeune fille.

    Chris et McLatchie étaient dans la capitale de l'UE pour discuter des dangers des bloqueurs de puberté avec les membres du Parlement européen.

    L'affaire a attiré l'attention du Département d'État américain qui, selon le média américain The Daily Wire , a déclaré « examiner la question ». Un porte-parole a ajouté : « Le Département d'État soutient fermement la liberté d'expression pacifique pour tous. »

    Paul Coleman, directeur exécutif d'ADF International, un groupe de défense juridique chrétien conservateur basé aux États-Unis, a déclaré : « Les autorités belges n'ont pas seulement failli au droit fondamental de s'exprimer librement, elles ont retourné le pouvoir de l'État contre ceux qui exerçaient pacifiquement leurs droits, à la demande d'une foule.

    « C’est le type d’autoritarisme que nous contestons dans d’autres parties du monde, et il est profondément troublant de le voir ici, au cœur même de l’Europe.

    « Bien que nous soyons reconnaissants que notre collègue ait été libérée en toute sécurité, nous sommes profondément préoccupés par le traitement qu’elle subit aux mains de la police à Bruxelles.

    « Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que des citoyens pacifiques sont criminalisés pour avoir exprimé leur opinion sur des questions vitales, en particulier lorsque la sécurité et le bien-être des enfants sont en jeu », a ajouté Coleman.

    L'ADF international a également été impliqué dans une action en justice contre un maire de Bruxelles l'année dernière, alors qu'il aurait tenté de fermer illégalement la Conférence nationale du conservatisme.

    Quelques heures avant l'arrestation de Billboard Chris et McLatchie, l'ambassade américaine à Bruxelles avait partagé un tweet citant le vice-président américain JD Vance disant : « Les démocraties européennes sont nettement moins fragiles que beaucoup de gens le craignent apparemment et permettre à tous vos citoyens d'exprimer leur opinion les rendra encore plus forts. »

  • Pologne : les libéraux tentent un coup d'État en accusant Nawrocki de fraude

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    De Luca Volontè sur la NBQ :

    Pologne : les libéraux tentent un coup d'État en accusant Nawrocki de fraude

    Une campagne de délégitimation a débuté suite à la victoire du conservateur Karol Nawrocki aux élections présidentielles polonaises : Trzaskowski et ses compagnons l'accusent d'irrégularités, ignorant le rôle de la Cour suprême et le rapport des observateurs de l'OSCE. Comme en Roumanie, le risque d'un nouveau coup d'État de l'establishment libéral-socialiste est réel.

    09_06_2025

    Après avoir perdu les élections présidentielles, cette fois en Pologne, l'establishment libéral-socialiste envisage un nouveau « coup d'État ». Oui, car ce danger est imminent, si les élections sont perdues par les libéraux-socialistes, les lobbies homosexuels et ceux qui défendent l'avortement. Nous l'avons constaté lors des élections européennes de l'année dernière et, plus récemment encore , en Roumanie. Nous en voyons aujourd'hui les prémices en Pologne, après que la majorité des électeurs a soutenu le candidat conservateur de la région catholique, Karol Nawrocki, contre toute la puissance médiatique et bureaucratique de la nation, comme l' a confirmé l'ancien Premier ministre Mateusz Morawiecki.

    Nawrocki a recueilli 369 591 voix de plus que Trzaskowski sur les 20 844 163 suffrages exprimés légalement. Le taux de participation de 71,6 % constitue un record pour une élection présidentielle en Pologne. Le lundi 2 juin, après l'annonce des résultats officiels par la Commission électorale nationale (PKW), Trzaskowski a reconnu sa défaite et félicité Nawrocki pour sa victoire.

    Ces derniers jours, une campagne de délégitimation a cependant commencé et des accusations de fraude contre les conservateurs concernant le second tour de l'élection présidentielle (dimanche 1er juin) se sont propagées sur les réseaux sociaux. Ces allégations concernent de nombreuses commissions électorales de district, car les résultats du second tour ne correspondent pas à ceux du premier et, dans certains cas, on a constaté une augmentation de 400 % des voix pour Nawrocki et une baisse pour Trzaskowski. Cependant, une coïncidence substantielle a très souvent été constatée entre le nombre de voix majoritairement recueillies au second tour par le candidat conservateur et celles attribuées au premier tour aux deux autres candidats catholiques et conservateurs avec lesquels Nawrocki avait signé un accord : Sławomir Mentzen et Grzegorz Braun.

    Cependant , Wioletta Paprocka , cheffe de campagne du candidat perdant à la présidentielle Trzaskowski, a signalé des irrégularités dans certains bureaux de vote et a appelé la population à signaler ces incidents et fraudes présumés, un appel visant à saper les résultats des élections et à désavouer le président nouvellement élu. Le président d'Ordo Iuris, Jerzy Kwaśniewski, a dénoncé vendredi 6 juin dans X la tentative des libéraux avec leur campagne sur l'« élection volée ». « Une forte augmentation du vote pour Nawrocki au second tour est présentée comme une preuve de fraude. (...) le gouvernement libéral refuse de reconnaître la branche de la Cour suprême responsable des procédures de validité de l'élection et se tournera plutôt vers d'autres juges triés sur le volet, fidèles à Donald Tusk. » En effet, comme l'a récemment confirmé le chef du Bureau national des élections (KBW), il n'existe aucune possibilité légale d'ordonner un recomptage. La seule façon de le faire est de déposer une plainte auprès de la Cour suprême pour ordonner un recomptage complet des bulletins de vote.

    Ce « coup d'État » , qui pourrait être orchestré par la coalition perdante, le gouvernement, les lobbies internationaux et soutenu tacitement par Bruxelles, contredit les évaluations de la mission d'observation de l'OSCE dans son rapport sur les élections. Ce rapport indique que le second tour de la présidentielle en Pologne, organisé le 1er juin et remporté par Karol Nawrocki, candidat indépendant soutenu par l'opposition nationale-conservatrice et notamment par le parti Droit et Justice (PiS), a été « compétitif et bien géré » et que « les libertés fondamentales ont été respectées ». Le rapport a également constaté des « règles inadéquates en matière de financement des campagnes électorales », qui ont conduit « plusieurs tiers partis » à faire campagne en faveur de Trzaskowski, candidat du principal parti au pouvoir en Pologne, la Plateforme civique (PO). Jusqu'à présent, deux ministres polonais ont pris leurs distances avec la tentative d'invalidation des élections. Le ministre des Affaires étrangères Radosław Sikorski a décrit l'élection du candidat de l'opposition comme un signe clair que la démocratie dans le pays reste forte, tandis que la vice-ministre de l'Éducation Joanna Mucha a également critiqué ses partenaires de coalition pour ce qu'elle a qualifié d'échec stratégique lors de l'élection présidentielle polonaise.

    Les libéraux sont conscients que leurs fausses accusations pourraient être corroborées par leurs propres juges, d'autant plus que la Cour suprême a déjà été délégitimée. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelles élections présidentielles, une tentative très sérieuse déjà en cours, que ni la Commission ni les Premiers ministres siégeant au Conseil européen ne peuvent accepter pour la énième fois.

    Toute cette mascarade est encore plus honteuse si l'on considère que la campagne de Trzaskowski, soutenue par Tusk, a été financée illégalement de l'étranger, par Soros et d'autres, tandis que le financement public du parti d'opposition PiS a été illégalement bloqué par le ministre des Finances du gouvernement de Tusk lui-même.

  • Après un pontificat marqué par l'arbitraire, rétablir l'exercice correct de l'autorité papale

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    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    Respecter la loi pour assurer la justice et éviter l'absolutisme

    Le dernier pontificat fut le triomphe de l’arbitraire. Il faut rétablir l’exercice correct de l’autorité, en l’ancrant à nouveau à la loi divine, à la loi naturelle, au bien et à l’ordre objectif de l’Église.

    02_05_2025

    La papauté, dans les temps modernes, n’a jamais été aussi faible qu’au cours de ces douze dernières années. Et il ne s’agit pas d’une faiblesse humaine, avec laquelle Dieu accomplit très souvent de grandes choses, mais d’une fragilité dérivée du tournant absolutiste que François a imprimé à la papauté. Plus la papauté repose sur une autorité arbitraire, détachée de son lien fondamental avec le ius divinum et avec le bien objectif, plus elle devient fragile et vulnérable aux attaques du siècle.

    Français La perception de ce pontificat comme une expression d’humilité, de simplicité, de pauvreté – une perception due en grande partie à quelques gestes « populistes » (comme porter son propre sac dans l’avion, aller chez l’opticien de la Via del Babuino, manger à la soupe populaire communautaire de la Casa Santa Marta) – se heurte à un absolutisme substantiel, clairement visible non seulement dans le traitement tout sauf paternel réservé à de nombreux cardinaux, évêques, prêtres, fonctionnaires du Saint-Siège, mais aussi et surtout dans le fait que François a en réalité compris et exercé sa propre autorité sans tenir compte du droit.

    Que François soit entré à plusieurs reprises en conflit avec la justice , avec cette attribution à chacun de son dû qui structure la vie de chaque groupe social, y compris l'Église, est tout à fait évident dans le cas du procès du cardinal Angelo Becciu ; Le pape n'a eu aucun problème à changer les règles du jeu une fois le procès commencé, en insérant quatre rescrits comme si de rien n'était. Le cardinal sarde, coupable ou innocent, n'a pas bénéficié d'un traitement équitable, respectueux de sa dignité d'homme et de prince de l'Église. Des anomalies qui soulèvent plus d’un doute sur la légitimité du procès et éloignent dangereusement la justice vaticane des paramètres internationaux, transformant la souveraineté de la Cité du Vatican en une obscure exception judiciaire.

    Même le traitement réservé à de nombreux évêques, contraints de démissionner ou destitués après avoir refusé de consentir à une demande du Pape, démontre que, aux yeux de François, l'autorité du Pape permettrait d'agir contra iustitiam . Le « retrait forcé » de Mgr. Joseph Strickland, Mgr. Roger Ricardo Livieres Plano, mgr. Martin David Holley, Mgr. Pedro Daniel Martinez Perea, Mgr. Eduardo Maria Taussig, Mgr. Giovanni D'Ercole, Mgr. Daniel Fernández Torres, Mgr. Dominique Rey démontre l’abus d’une autorité conçue comme libre de toute contrainte de vérité et de justice.

    Encore une fois, le motu proprio Traditionis Custodes , déjà évoqué dans l’article précédent, se configure comme un acte supplémentaire d’une autorité conçue comme absolue et arbitraire., qui croit pouvoir effacer la réalité par un acte juridique. Un rite liturgique ancien et séculaire ne peut être éteint par décret d’un pape, pour la simple raison que le droit ne crée pas la réalité, mais la reconnaît. Rite liturgique qui trouve ses origines dans les premiers siècles de l’Église, qui est la forme de prière publique de l’Église latine depuis plus d’un millénaire, est un témoin et un véhicule de la Sainte Tradition de l’Église, dont le Souverain Pontife doit être le gardien et le promoteur.

    Or, c'est un fait que, même après la réforme liturgique de 1969-1970 , l'Église a continué à reconnaître l'ancien rite romain comme un bien de l'Église, à travers l'approbation du droit propre de certains instituts cléricaux et religieux qui trouvent dans cette forme liturgique leur rite propre. Benoît XVI n'a fait que souligner la bonté de ce rite, en élargissant la possibilité pour les prêtres et les fidèles de le célébrer, et l'illégitimité de toute tentative de le supprimer ou de rendre sa célébration de facto impossible. Traditionis Custodes est allé exactement dans la direction opposée, en déclarant, contre la réalité, que le rite réformé constituerait la seule forme du rite romain et en posant des conditions qui visent clairement à l'extinction de l'ancien rite.

    Ces exemples, auxquels on pourrait ajouter les interventions fréquentes et souvent confuses du Pape sous forme de Motu Proprio , qui ont transformé le droit de l’Église en une jungle de lois disharmonieuses et approximatives, montrent l’urgence de remettre au centre le rôle du Dicastère pour les Textes Législatifs, mais surtout de remédier au positivisme juridique qui semble désormais prévaloir dans l’Église, négligeant la rationalité de la norme et dangereusement déséquilibré sur la seule autorité du législateur, libre de tout ordre rationnel. La force obligatoire de la loi repose cependant sur sa conformité à la loi, expression de la nature des choses, et non sur la simple promulgation d’une autorité légitime. L’autorité dans l’Église a des limites très précises, et celle du Souverain Pontife ne fait pas exception ; transformer sa souveraineté pleine, immédiate et universelle en une souveraineté absolue est une erreur très grave et un signe avant-coureur de fractures et de tensions ; Le pouvoir primatial ne peut pas être compris comme une légitimation pour commettre des actes injustes. Et le problème ne concerne pas seulement la portée évidente de la responsabilité morale du pontife devant Dieu, mais implique la rationalité de la loi : toute loi promulguée par une autorité légitime n’a pas force obligatoire.

    S'adressant à la Rote romaine le 21 janvier 2012, Benoît XVI a dénoncé le dangereux manque d'un « sens d'un droit objectif à rechercher », laissés « à la merci de considérations qui se prétendent théologiques ou pastorales, mais qui sont finalement exposés au risque de l’arbitraire ». Le Saint-Père a rappelé l'urgence de revenir à « l'ordre juste de l'Eglise », à la « réalité qui est disciplinée », en évitant l'identification entre le droit et les lois positives, pour nous ancrer à nouveau dans la justice, à laquelle toute autorité législative est soumise.

    Le prof. Français Eduardo Baura de la Peña, professeur de la Partie Générale de Droit Canonique à l'Université Pontificale de la Sainte Croix et professeur associé à la Faculté de Droit Canonique San Pio X, commentant les considérations de Benoît XVI mentionnées ci-dessus, a montré le danger d'une approche positiviste chaque fois que l'on s'éloigne de la nature de la réalité réglée par les lois : « Il est donc utile de rappeler que, bien que le pouvoir dans l'Église dérive de la loi divine positive, il n'en reste pas moins la capacité d'exercer une fonction (celle d'ordonner la vie de la communauté vers son bien), plutôt qu'une domination personnelle dépendant de la seule volonté du titulaire. Si le droit ecclésiastique est juridiquement contraignant […], c’est parce qu’il constitue des droits (des sujets ou de la communauté elle-même) ayant pour titre l’ordre établi pour la communauté par celui qui a pour tâche de la diriger afin qu’elle puisse réaliser son bien, et un tel ordre ne peut être indépendant de la réalité ordonnée». Et il ajoutait : « La prétention de donner une valeur juridique à la loi parce qu’elle émane de la volonté du législateur indépendamment de la réalité réglementée, et par conséquent de croire qu’elle doit être interprétée uniquement avec des critères textuels et logiques, ne peut se fonder que sur le positivisme juridique, même s’il est « sacralisé » par la considération que le pouvoir ecclésiastique dérive du fondement divin de l’Église » (dans « La realtà disciplinata quale critico interpretativo giuridico della legge », dans Ius Ecclesiæ 24, 2012, p. 715).

    Nous touchons ici au cœur de l’exercice de l’autorité dans l’Église , y compris l’autorité suprême du Souverain Pontife. L'adage selon lequel « un papa bolla, l’altro sbolla » (un pape émet des bulles, l'autre les abolit), qui exprime malheureusement la conception du pouvoir pétrinien par beaucoup, est la traduction de cette décadence positiviste qu'il est urgent de guérir et de surmonter, non pas en diminuant ou en démembrant la potestas primatiale, peut-être sous prétexte de dialogue œcuménique avec les orthodoxes, dans la ligne d'une nouvelle « papauté synodale », mais en l'ancrant à nouveau à la loi divine, à la loi naturelle, au bien et à l'ordre objectif de l'Église.

  • Chrétiens ex-musulmans réfugiés en Europe: l’ECLJ demande plus de protection

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    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

    Chrétiens ex-musulmans réfugiés en Europe: l’ECLJ demande plus de protection

    11 Mars 2025

    Des milliers de chrétiens issus de l’islam fuient chaque année la persécution dans leur pays d’origine, où l’apostasie de l’islam est sévèrement punie par la société, sinon par la loi elle-même. Ils espèrent notamment se réfugier en Europe et y reconstruire leur vie en sécurité. Pourtant, ces réfugiés font face à de nouveaux défis: insécurité dans les centres d’accueil, menaces de la part de compatriotes et suspicion des autorités d’asile. Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) alerte la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la liberté de religion sur cette situation préoccupante et appelle à des mesures de protection renforcées.

    Les témoignages de convertis chrétiens d’arrière-plan musulman recueillis par l’ECLJ sont édifiants. Raha (prénom modifié), une Iranienne réfugiée en Allemagne, a fui son pays après avoir été arrêtée et torturée pour sa foi chrétienne. Arrivée en Europe, elle espérait trouver un refuge, mais elle a vite découvert que même ici, elle n’était pas en sécurité. Bien qu’elle ait présenté des preuves solides de sa conversion chrétienne et de son engagement religieux dans une église, sa demande d’asile a été refusée, et elle a reçu un ordre d’expulsion vers l’Iran. Un policier aurait même rejeté ses inquiétudes en déclarant : « Vous êtes une menteuse, la police iranienne ne tue personne ». Une ignorance ou un mépris total de la réalité de la persécution des convertis chrétiens en Iran, comme le dénonce l’ECLJ dans sa contribution à l’Examen périodique universel.

    Des réfugiés chrétiens menacés sur le sol européen

    Des drames comparables se déroulent en Suède, en Autriche, aux Pays-Bas ou encore en Grèce, où des convertis au Christ ont été agressés et harcelés dans les centres d’accueil. Aux Pays-Bas, un Pakistanais s’est vu interdire l’accès au réfrigérateur commun sous prétexte que sa nourriture n’était pas « halal ». L’Allemagne, pourtant l’un des principaux pays d’accueil des migrants, illustre bien la complexité du problème: selon une étude de l’ONG Portes Ouvertes, 91% des demandeurs d’asile chrétiens ont subi des menaces ou des violences de la part d’autres migrants.

    L’accès à l’asile pour les chrétiens ex-musulmans: un parcours du combattant

    Bien qu’ils soient persécutés dans leur pays d’origine, de nombreux chrétiens ex-musulmans peinent à obtenir l’asile. La sincérité de leur conversion est souvent remise en cause par les autorités, qui soupçonnent des « conversions opportunistes » dans le simple but de faciliter leur immigration en Europe. En Suède entre 2015 et 2018, 68% des convertis afghans au christianisme se sont vu refuser l’asile, les autorités ayant écarté leur conversion comme étant insincère, privilégiant une évaluation basée sur la connaissance théologique plutôt que sur la sincérité de leur foi.

    La situation est similaire en France, où Ata Fathimaharlooei, un Iranien converti, risque l’expulsion vers son pays d’origine où il encourt la peine de mort. En cas d’exécution de cette décision, il serait contraint de quitter son épouse iranienne, elle aussi convertie, ainsi que leurs deux enfants qui resteraient en France sans leur père. Le risque d’arbitrarité de l’évaluation de la crédibilité des demandeurs d’asile soulève l’inquiétude de l’ECLJ. Nous dénonçons des pratiques administratives trop rigides, qui ne tiennent pas compte du contexte religieux et culturel des convertis.

    Le principe de non-refoulement en danger

    Les erreurs ou biais des traducteurs jouent un rôle crucial dans l’échec de nombreuses demandes d’asile. L’ECLJ rapporte plusieurs cas où des traducteurs musulmans biaisés ont déformé les témoignages des convertis, mettant en péril leur demande d’asile. Raha raconte que certains traducteurs sabotent volontairement les dossiers des requérants. Après son propre entretien, elle a réalisé que certaines déclarations écrites ne reflétaient pas fidèlement ce qu’elle avait communiqué.

    Plusieurs convertis chrétiens ex-musulmans expulsés d’Europe ont été arrêtés dès leur retour, confirmant les risques qu’ils avaient signalés. Pourtant, l’article 33 de la Convention de 1951 sur les réfugiés interdit le refoulement d’un réfugié vers un pays où il risque la persécution. Les autorités européennes semblent sous-estimer la menace qui pèse sur les convertis.

    L’ECLJ appelle à des mesures urgentes pour protéger les chrétiens ex-musulmans

    L’Europe, qui se veut un bastion des droits de l’homme et de la liberté religieuse, ne peut ignorer ces dérives. Face à ces dangers, l’ECLJ demande une meilleure protection des chrétiens ex-musulmans réfugiés en Europe. Nous recommandons de:

    • Séparer les convertis chrétiens des autres migrants dans les centres d’accueil, afin de garantir leur sécurité.
    • Former des traducteurs spécialisés et indépendants, pour éviter les erreurs d’interprétation lors des demandes d’asile.
    • Prendre davantage en compte l’avis des responsables religieux qui, en tant que témoins directs du parcours spirituel d’un individu, devraient jouer un rôle central dans l’évaluation de la sincérité des conversions.
    • Mieux surveiller les mosquées et écoles islamiques, où certains prêches appellent encore à la peine de mort pour apostasie.
    Pour la défense des Chrétiens persécutés
    Lire le texte complet de la pétition

    22,745

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  • L’affaire Cipriani : un autre cardinal condamné sans procès par le Pape

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    L’affaire Cipriani. Un autre cardinal condamné sans procès par le Pape

    Le cardinal Giovanni Angelo Becciu n’est pas le seul à avoir été condamné par le pape d’une manière que ne renierait pas un monarque absolu, se voyant privé de l’exercice de ses fonctions sans la moindre vérification des accusations pesant contre lui par la Justice et sans se soucier que le condamné n’ait cessé de clamer son innocence. En effet, Juan Luis Cipriani Thorne (photo), l’archevêque émérite de Lima au Pérou, vient de subir un sort identique.

    La punition remonte aux années 2018–2019, mais on n’en a été informé que récemment, à la suite d’un article paru le 25 janvier dans le quotidien espagnol « El País » concernant un abus sexuel que le cardinal aurait commis en 1983, alors qu’il n’était que simple prêtre, et qui aurait été dénoncé au pape 35 ans plus tard.

    Les révélations de « El País » ont suscité une tempête de réactions opposées, avec d’un côté les innocentistes, avec à leur tête le cardinal Cipriani lui-même et de l’autre les culpabilistes, parmi lesquels on retrouve son successeur et adversaire à Lima, le cardinal Carlos Gustavo Castillo Mattasoglio. Le Vatican a confirmé les sanctions infligées au présumé coupable.

    Le cardinal Cipriani a d’abord réagi en écrivant une lettre au quotidien espagnol et, une seconde fois, le 29 janvier, dans une autre lettre au président de la Conférence épiscopale péruvienne, qui avait déclaré la veille se ranger du côté du Pape.

    Le cardinal Castillo s’est quant à lui adressé au « peuple de Dieu » dans une déclaration du 28 janvier dans laquelle il affirmait son soutien indéfectible au Pape François « pour sa manière sage d’exercer la justice dans l’Église » et s’en remettre pleinement « aux procédures et aux instruments canoniques pénaux que le Saint-Siège a utilités », contre tous ceux qui en revanche « refusent de reconnaître la vérité des faits » et les décisions qui s’en suivent et s’accrochent à « de vaines justifications ».

    Quant au Vatican, c’est Matteo Bruni, le directeur de la salle de presse, qui a été chargé de confirmer, le 26 janvier, qu’« après l’acceptation de sa renonciation en tant qu’archevêque de Lima », « une mesure pénale a été prise à son encontre, associée à certaines mesures disciplinaires relatives à son activité publique, à son lieu de résidence et à l’usage des insignes cardinalices », une mesure qui a été « signée et acceptée » par le cardinal Cipriani lui-même et qui « est toujours en vigueur, bien qu’à certaines occasions spécifiques, on ait octroyé certaines permissions pour répondre à des demandes liées à l’âge et à la situation familiale du cardinal ».

    En publiant cette déclaration, le bulletin d’information officiel « Vatican News » a résumé la réponse de Cipriani à « El País » comme suit :

    « Le cardinal Cipriani, âgé de 81 ans, qui réside actuellement à Madrid, a qualifié les accusations de ‘complètement fausses’. ‘Je n’ai commis aucun crime, ni abusé sexuellement de qui que ce soit en 1983, ni avant ni depuis’, peut-on lire dans le texte dans lequel le cardinal confirme l’existence d’une plainte contre lui en 2018 et le fait qu’en 2019, sans qu’un procès ne soit ouvert, il a été informé par le nonce au Pérou que la Congrégation pour la doctrine de la foi de l’époque lui imposait une série de sanctions. Il s’agit notamment d’une limitation de son ministère sacerdotal, d’une résidence stable à l’extérieur du pays, du silence. ‘Ce que j’ai fait jusqu’à présent’, écrit le cardinal Cipriani. Qui considère également comme ‘grave’ le fait que soient publiées des informations ‘qui semblent provenir de documents confidentiels’. »

    Bref, tout ce que l’on sait de cette affaire à l’heure actuelle, ce sont les déclarations des uns et des autres. Des déclarations avec bien des contradictions mais aussi une prémisse dont il faut tenir compte : l’appartenance du cardinal Cipriani à l’Opus Dei.

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  • Azerbaïdjan : parodie de procès à Bakou pour les anciens dirigeants du Haut-Karabakh

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    De Thibault van den Bossche sur le site de l'ECLJ :

    Parodie de procès à Bakou pour les anciens dirigeants du Haut-Karabakh

    25 Janvier 2025

    Bakou a ouvert le procès de seize Arméniens du Haut-Karabakh, faits prisonniers après la chute de la république autonome en septembre 2023. Dans ce contexte, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe entame le lundi 27 janvier sa première partie de session 2025. L’occasion de rester ferme vis-à-vis de la délégation des députés de l’Azerbaïdjan, qu’elle avait déjà suspendue en janvier 2024. Après une première conférence en octobre 2024 au Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour dénoncer le sort tragique des détenus arméniens, azéris et français en Azerbaïdjan, le Centre européen pour le droit et la justice en organisera une autre en mars 2025.

    Le 17 janvier 2025, le tribunal militaire de Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, a ouvert le procès de seize Arméniens du Haut-Karabakh, sur les 23 retenus prisonniers. Parmi eux, l’ancien ministre d’État (l’équivalent de Premier ministre) de l’ancienne république autonome, Ruben Vardanyan, et trois anciens présidents : Arkadi Ghoukassian, Bako Sahakian et Arayik Haroutiounian. Sous le coup de 42 chefs d’accusation différents, dont « terrorisme », « séparatisme » et « crimes de guerre », ces hommes risquent la prison à vie.

    Tous ont été arrêtés en septembre 2023, à la suite de la chute du Haut-Karabakh et du nettoyage ethnique des 120 000 Arméniens, après un blocus de neuf mois imposé à partir de décembre 2022, de nature génocidaire selon les termes de Luis Moreno Ocampo, premier procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Le 1er octobre 2024, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) avait organisé une conférence pour les soutenir au Palais des Nations à Genève, en marge de la 57e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Nous organiserons une autre conférence en mars 2025, lors de la 58e session.

    Une parodie de justice

    Ce procès monté de toutes pièces se déroule à huis clos, empêchant tout contrôle indépendant par des observateurs internationaux, des médias étrangers, des ONG ou les familles des accusés. Les autorités azerbaïdjanaises invoquent des raisons de « sécurité nationale » pour justifier cette opacité. Certains accusés, qui n’ont jamais porté d’uniforme militaire, sont pourtant jugés dans un tribunal militaire. Ce n’est qu’une semaine avant le début de l’audience préliminaire que l’avocat américain de Ruben Vardanyan n’a pu avoir accès au dossier de son client, qui compte plus de 20 000 pages, rédigées en azerbaïdjanais et en russe, langues qu’il ne maîtrise pas. 

    Ruben Vardanyan avait volontairement renoncé à sa nationalité russe pour devenir ministre d’État de la république d’Arstakh (autre nom du Haut-Karabakh), d’octobre 2022 à février 2023. Les conditions inhumaines de sa détention depuis septembre 2023 ont conduit son avocat à déposer en juin 2024 un appel urgent auprès de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture, alléguant des actes de torture et des traitements dégradants tels que l’interdiction de dormir, de boire de l’eau, ou de s’asseoir. Nommé en 2024 pour le prix Nobel de la paix pour ses activités caritatives et humanitaires à la suite de la guerre du Haut-Karabakh de 2020, il attire spécialement l’attention de Bakou et sera jugé séparément. Son procès doit reprendre le 27 janvier, et le 21 janvier pour les quinze autres.

    La négation de l’existence arménienne dans le Haut-Karabakh

    À la tête de l’Azerbaïdjan depuis 2003, Ilham Aliyev concentre les pouvoirs dans ses mains et celles de sa famille élargie par des modifications successives de la Constitution et le contrôle des élections. La corruption est endémique et l’opposition politique officielle, les journalistes et les militants des droits de l’homme ont été affaiblis par des années de persécution, qui touchent les Arméniens, les Azerbaïdjanais, mais également les Français comme le rappelle l’ECLJ dans son rapport de novembre 2024 sur les droits de l’homme en Azerbaïdjan .

    Aujourd’hui, Aliyev instrumentalise le système judiciaire pour humilier les anciens dirigeants de la république d’Artsakh. Son but est de démanteler tout ce qu’il reste de ses organes. Il s’agit d’une suite aussi logique que sinistre : après avoir vidé le Haut-Karabakh de sa population arménienne, Aliyev encourage son remplacement par l’installation d’Azerbaïdjanais et s’attelle à détruire ses églises, monastères, kachkars (croix typiques de l’art arménien) mais aussi ses bâtiments administratifs. Au-delà de simplement vouloir effacer les traces de la présence plurimillénaire des Arméniens, le dictateur azéri s’est lancé dans la négation de leur existence même, comme l’ECLJ le détaillait dans son rapport de juin 2024 sur l’effacement systématique du patrimoine arménien dans le Haut-Karabakh.

    L’Arménie sous la constante menace de l’Azerbaïdjan

    Entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les tensions restent vives. Ilham Aliev ne cesse d’appeler l’Arménie « l’Azerbaïdjan occidental ». Le 8 janvier 2025, il l’avait accusée d’être « gouvernée depuis 30 ans par des porteurs de l’idéologie fasciste ». À ce titre, elle serait donc une « menace pour la région », et de conclure : « le fascisme sera éradiqué soit par les dirigeants arméniens, soit par nous : il n’y a pas d’autres solutions ». Face aux incitations à la haine raciale et aux menaces répétées d’Aliev à l’égard de l’Arménie et des Arméniens, une affaire à la Cour internationale de justice, lancée par l’Arménie le 16 septembre 2021, est toujours en cours (Application de la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, Arménie c. Azerbaïdjan).

    Bakou occupe encore 200 km² de territoire souverain arménien, et Aliyev affiche clairement ses ambitions de violer les frontières de l’Arménie pour créer un « corridor » destiné à opérer une jonction territoriale entre l’Azerbaïdjan, son exclave du Nakhitchevan et la Turquie, tout en privant l’Arménie de sa frontière avec l’Iran. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, assure vouloir des négociations pacifiques et cherche à éviter l’escalade. Il accorde de larges concessions à l’Azerbaïdjan, notamment dans le nouveau tracé de leur frontière et le transfert de villages arméniens à l’importance pourtant cruciale, situés sur la principale route qui relie l’Arménie à la Géorgie.

    Le soutien limité de la communauté internationale à l’Arménie

    En quête de soutien international, l’ex-République soviétique a signé une charte de partenariat stratégique avec les États-Unis le 14 janvier 2025, ouvrant la voie à un renforcement des liens commerciaux, stratégiques et politiques entre les deux pays. Le 9 janvier 2025, le gouvernement arménien a officiellement approuvé un projet de loi lançant le processus d’adhésion à l’Union européenne (UE), qui s’avère déjà semé d’embûches. Ce pays enclavé n’a pas de frontière commune avec l’UE et reste fortement dépendant de Moscou sur le plan économique. Il accueille également une base militaire russe. Cela n’a pas empêché l’Arménie de rejoindre la CPI le 1er février 2024, qui a émis en mars 2023 un mandat d’arrêt contre le président russe pour la « déportation » d’enfants ukrainiens vers la Russie.

    De son côté, l’Azerbaïdjan échappe à toute sanction. Malgré les remises en question répétées du Parlement européen, l’accord gazier de juillet 2022, visant à doubler les importations de gaz naturel de l’UE en provenance de l’Azerbaïdjan d’ici 2027, est toujours en vigueur. L’accueil de la COP29 à Bakou en novembre 2024 a offert à l’Azerbaïdjan une plateforme internationale pour améliorer son image, sans suffisamment aborder le « greenwashing » qu’il pratique et la privation des libertés fondamentales pour le peuple azerbaïdjanais. En ouverture de session en janvier 2024, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) avait suspendu la délégation des députés de l’Azerbaïdjan, qui reste quant à lui membre du Conseil de l’Europe. Alors que s’ouvre lundi 27 janvier la session 2025, l’APCE doit rester vigilante et ferme face à l’impunité de l’Azerbaïdjan.

  • Les évêques américains critiquent les décrets de Trump sur le climat, la peine de mort et l'immigration

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    De

    Les évêques américains critiquent les décrets de Trump sur le climat, la peine de mort et l'immigration

    Concernant le décret exécutif sur le sexe biologique, le chef de l'USCCB a exprimé son accord avec le président.

    Le président de la Conférence épiscopale américaine a critiqué mercredi certains des premiers décrets du président Donald Trump sur des questions clés, notamment l'immigration et la peine capitale, avertissant que des dommages pourraient être causés aux « plus vulnérables d'entre nous ».

    Trump, dès son entrée en fonction lundi, a signé une série de décrets comprenant des restrictions sévères sur l'immigration , une directive en faveur de la peine de mort, un retrait d'un pacte climatique mondial clé et un décret affirmant la réalité du sexe biologique.

    Le président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), l'archevêque Timothy Broglio, a déclaré mercredi dans un communiqué qu'il était en désaccord avec certains ordres, les qualifiant de « profondément troublants ».

    « Certaines dispositions contenues dans les décrets exécutifs, comme celles qui portent sur le traitement des immigrants et des réfugiés, l’aide étrangère, l’extension de la peine de mort et l’environnement, sont profondément troublantes et auront des conséquences négatives, dont beaucoup porteront préjudice aux plus vulnérables d’entre nous », a écrit l’archevêque Broglio.

    Concernant le décret exécutif sur le sexe biologique, l'archevêque Broglio a exprimé son accord avec Trump.

    « D’autres dispositions des décrets exécutifs peuvent être considérées sous un jour plus positif, comme la reconnaissance de la vérité sur chaque personne humaine en tant qu’homme ou femme », a déclaré l’archevêque Broglio.

    L'archevêque Broglio a souligné que ni l'Église catholique ni l'USCCB ne sont alignées sur « aucun parti politique ». Les enseignements de l'Église « restent inchangés » indépendamment des dirigeants politiques, a-t-il déclaré.

    Le prélat a évoqué l'année jubilaire de 2025 et a déclaré que les évêques américains priaient pour que « en tant que nation bénie de nombreux dons, nos actions démontrent une réelle attention envers nos sœurs et frères les plus vulnérables, y compris les enfants à naître, les pauvres, les personnes âgées et infirmes, les migrants et les réfugiés ».

    « Nous espérons que les dirigeants de notre pays reconsidéreront ces actions qui ne respectent pas seulement la dignité humaine de quelques-uns, mais celle de nous tous », a déclaré l’archevêque.

    L'USCCB a déclaré qu'elle publierait des informations supplémentaires sur les décrets exécutifs sur son site Web.

    Le retrait de Trump de l'accord de Paris sur le climat représente la deuxième fois que le président retire le pays du pacte environnemental mondial ; il s'était retiré une première fois de l'accord en 2020. Le président de l'époque, Joe Biden, a rejoint l'accord en 2021.

    Le décret de Trump en faveur de la peine de mort a été largement perçu comme une réprimande des politiques antérieures de Biden sur la peine de mort, notamment un moratoire sur les exécutions fédérales en 2021 ainsi que la commutation par Biden en décembre 2024 de 37 prisonniers du couloir de la mort fédéral.

    Les décrets de Trump sur l'immigration sont le résultat de plusieurs années de promesses politiques visant à lutter contre les passages illégaux à la frontière sud des États-Unis. Le président s'est engagé à procéder à des expulsions massives d'immigrants illégaux vivant aux États-Unis.

    Plus tôt ce mois-ci, le pape François a fermement condamné les projets d'expulsion massive de Trump aux États-Unis, déclarant que « si cela est vrai, c'est une honte ».

    Lire également : Le décret de Trump interdit l'idéologie du genre et affirme que la vie commence à la conception

  • Un prêtre espagnol pourrait être poursuivi pour avoir refusé la communion

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    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    Un prêtre espagnol pourrait être poursuivi pour refus d'Eucharistie

    20 janvier 2025

    Alors que le conflit se poursuit entre le gouvernement espagnol et les dirigeants ecclésiastiques, le ministre de l'Égalité du pays a déclaré samedi qu'un prêtre de paroisse pourrait être poursuivi au pénal pour avoir interdit au maire d'une petite ville ayant une relation homosexuelle de recevoir l'Eucharistie.

    Mais le diocèse du prêtre a déclaré qu'il n'avait pas commis d'acte criminel de discrimination en agissant en accord avec les normes disciplinaires de l'Église concernant l'administration de la Sainte Communion.


    « [Refuser la communion] est contraire à la Constitution espagnole », a déclaré la ministre de l’Égalité, Ana Redondo, lors d’une interview le 18 janvier, ajoutant que l’Église « ne peut pas, même s’il n’existe pas de loi spécifique, être soustraite aux règles constitutionnelles, au principe d’égalité et de non-discrimination de l’article 14 ».

    « On ne peut pas discriminer un citoyen LGBTI et l’obliger à choisir entre sa foi ou sa condition sexuelle. C’est clairement discriminatoire et j’espère qu’il y aura une contestation judiciaire », a-t-elle ajouté.

    Les remarques du ministre font suite à une déclaration du 11 janvier de Rubén García, maire de la petite ville de Torrecaballeros, à Ségovie.

    Garcia a déclaré que son prêtre de paroisse lui avait refusé l'Eucharistie en raison de sa relation publique avec une personne du même sexe, ce qui a incité les responsables locaux du principal parti socialiste ouvrier espagnol - le PSOE - à accuser immédiatement l'Église de violer les lois anti-discrimination du pays.

    Dans une publication sur Twitter.com , García a déclaré que « le curé de Torrecaballeros m'a dit que je ne pouvais pas recevoir la Sainte Communion… en raison de ma condition sexuelle et parce que je vis avec mon partenaire. »

    García, le maire, a déclaré qu'il avait été lecteur jusqu'à il y a deux ans, lorsqu'il affirme avoir été informé qu'il ne pouvait pas continuer pour des « raisons politiques », parce qu'il est maire et membre du PSOE.

    Il a également affirmé que son curé était au courant de sa situation depuis l'arrivée du prêtre à la paroisse en août, mais lui a interdit l'Eucharistie ce mois-ci sur ordre du diocèse de Ségovie.

    Cette situation survient dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement espagnol et l’Église.

    Le 23 octobre, le médiateur de la République a publié un rapport sur les abus sexuels qui fait état d'un nombre légèrement inférieur de cas d'abus en Espagne par rapport à d'autres pays : un peu plus de 2 000 en 70 ans. Mais des rapports ont également révélé que de nombreux évêques espagnols n'ont pas coopéré avec les autorités chargées de l'enquête et n'ont pas enquêté canoniquement sur les plaintes qui leur sont parvenues par l'intermédiaire des médias ou des autorités.

    Jusqu'à il y a quelques mois, les évêques étaient réticents à créer un fonds d'indemnisation pour les victimes, alors qu'ils subissaient des pressions, notamment de la part du médiateur.

    Un autre point de discorde est la Valle de los Caídos, un monument controversé construit pendant la dictature de Franco en hommage aux personnes tuées pendant la guerre civile espagnole.

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  • Royaume-Uni : quand la charia s'installe comme loi parallèle

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    De Max George sur La Sélection du Jour :

    Royaume-Uni : La charia s'installe comme loi parallèle

    15 janvier 2025
     
    Tribunaux islamiques, conseils juridiques, applications informatiques : la ville de Londres est devenue en quelques décennies un centre incontournable de la mise en pratique de la charia en Europe. Tout l'arsenal légal de l'islam est à disposition des musulmans qui souhaitent conformer leur vie matrimoniale à leur religion.

    Selon une enquête du Times de Londres, des milliers de questions matrimoniales au Royaume-Uni sont aujourd'hui réglées par le biais des tribunaux islamiques, pouvant aller du mariage au divorce, en passant par les successions. Ainsi, une véritable jurisprudence matrimoniale islamique se développe à Londres depuis 1982, lorsque les tribunaux islamiques furent instaurés en Angleterre et au Pays de Galles. Il s'agissait de la première institution de cette nature en Europe, alors même que le Royaume-Uni comptait un million de musulmans, contre 3,87 millions en 2023 (5,78 % de la population). Quarante-trois années plus tard, l'on dénombre 85 tribunaux islamiques, aussi appelés « sharia councils » en Angleterre et au Pays de Galles. Au moins 100 000 mariages musulmans ont été contractés au Royaume-Uni via ces tribunaux, dont un bon nombre sont reconnus uniquement par le droit islamique et non la loi anglaise.

    Les femmes musulmanes sont les premières touchées par ce système parallèle, du fait de leur statut inférieur à l'homme, qui est inscrit dans la charia. D'une part, bon nombre d'entre elles doivent se soumettre à un mariage arrangé, souvent organisé depuis leur clan du Pakistan ou d'Afghanistan, dont sont originaires la majorité des musulmans britanniques. D'autre part, lorsque ces femmes souhaitent divorcer, elles sont dans une position sensiblement inférieure aux hommes. Ces derniers peuvent utiliser la procédure expéditive du talaq, par laquelle il leur suffit de clamer par trois fois leur intention de divorcer devant le juge islamique pour que leur demande soit approuvéeLe talaq, pratique controversée, est appliqué par plusieurs tribunaux islamiques en Grande-Bretagne, alors qu'il est banni en Égypte, au Pakistan, au Bangladesh et en Inde.

    Les femmes, en revanche, pour obtenir un divorce devant un tribunal islamique, peuvent parfois attendre jusqu'à trois ans pour qu'une décision soit rendue. Si de plus leur mariage n'est pas reconnu par la loi britannique, elles ne bénéficient d'aucune protection légale, notamment en matière de compensation financière ou de garde des enfants. Les juges, très souvent des hommes, tendent naturellement à être peu favorables aux réclamations de la femme, dans l'esprit même de la charia. Une femme raconte au Times que son mari lui réclamait des dommages « à cinq chiffres » pour rembourser l'argent qu'il avait dépensé pour elle lors du mariage : une somme qu'elle était incapable de payer, même en rendant ses bagues. Les jugements des tribunaux musulmans n'ont aucun statut légal dans la jurisprudence britannique, mais créent de facto une jurisprudence matrimoniale parallèle à celle des autres tribunaux au Royaume-Uni.

    Au-delà de ces jugements, un véritable système de conseil juridique islamique s'est aussi développé outre-Manche. L'application Waseeya, disponible sur l'Apple Store et Google Play Store, démontre l'ampleur de ce phénomène. Celle-ci permet aux hommes musulmans d'obtenir des conseils concernant leur succession, grâce à des spécialistes de la charia et du droit des successions de l'Angleterre et du Pays de Galles. Développée au Royaume-Uni, Waseeya propose à ses usagers masculins de sélectionner le nombre de femmes qu'ils possèdent, qui peut monter jusqu'à quatre, alors même que la polygamie est illégale en Grande-Bretagne. Autre exemple parlant : sur un formulaire de divorce pour les femmes disponible sur le site de l'Islamic Centre of England, une association musulmane basée à Londres, la requérante doit indiquer la dernière fois qu'elle a eu ses périodes, ainsi qu'une relation sexuelle avec son mari. 

    L'institution la plus influente en matière de droit matrimonial islamique est l'Islamic Council of Europe, basé à Londres, qui fait office de référence pour l'interprétation de la charia en Europe. L'un de ses dirigeants, l'imam Haitham Al-Haddad, est titulaire d'un doctorat à la School of Oriental and African Studies (SOAS University of London) et a reçu sa formation religieuse en Arabie Saoudite. Proche des courants du salafisme, Haitham Al-Haddad a fait l'objet de polémiques pour ses propos justifiant les violences conjugales, en particulier pour « la préservation de l'unité du mariage ».

    Une enquête sur les « sharia law courts » avait déjà été lancée par Theresa May en 2016, lorsqu'elle était ministre de l'Intérieur (« Home Secretary »). Dans une déclaration, Theresa May avait manifesté ses inquiétudes face aux pratiques des tribunaux islamiques : « Un bon nombre de femmes ont déjà été victimes de ce qui s'apparente à des décisions discriminatoires prises par les « sharia councils » et il s'agit d'une inquiétude significative. Il n'y a qu'une règle dans ce pays, qui accorde des droits et la sécurité à chaque citoyen. »

    Neuf ans plus tard, deux lois matrimoniales parallèles sont encore en vigueur au Royaume-Uni. Les conclusions du rapport furent rendues en 2018. Celles-ci ont rejeté la solution de supprimer les tribunaux islamiques et ont recommandé de modifier la législation pour imposer aux mariages musulmans les mêmes conditions de légalité que pour un mariage juif ou chrétien. Mais pour l'heure, aucun changement n'est intervenu.

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  • 436 attaques contre des églises américaines – L’administration Biden n’applique pas la loi pour protéger les lieux de culte

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    De kath.net/news :

    436 attaques contre des églises américaines – L’administration Biden n’applique pas la loi pour protéger les lieux de culte

    9 janvier 2025

    En vertu de la loi FACE, le fait d'endommager ou de détruire intentionnellement des lieux de culte religieux est passible d'une amende de 10 000 dollars et d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à six mois lors d'une première condamnation.

    Selon une étude du Family Research Council (FRC), 436 attaques contre des églises ont été perpétrées aux États-Unis en 2023. Le ministère de la Justice de l’administration Biden ne poursuit aucune affaire en vertu de la loi sur la liberté d’accès aux entrées des cliniques (FACE). Malgré son titre, la loi FACE inclut non seulement la protection de l’accès aux cliniques d’avortement, mais protège également explicitement les églises et les lieux de culte. Les chiffres ont été annoncés lors d’une audition devant le Congrès américain à la mi-décembre 2024.

    En vertu de la loi FACE, le fait d'endommager ou de détruire intentionnellement des lieux de culte religieux est passible d'une amende de 10 000 dollars et d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à six mois lors d'une première condamnation. Des sanctions encore plus sévères sont prévues en cas de récidive ou de lésions corporelles.

    Depuis le début de l’administration Biden-Harris en janvier 2021, le ministère de la Justice a engagé 24 poursuites contre un total de 55 accusés en vertu de la loi FACE. Seuls deux de ces cas concernaient des attaques contre des centres pro-vie, les autres concernaient des manifestations pro-vie dans des cliniques d'avortement. À ce jour, aucune attaque contre une église n’a fait l’objet de poursuites en vertu de la loi FACE. 50 des 55 accusés étaient des militants pro-vie, dont 34 ont désormais été reconnus coupables.

    Au vu de ces chiffres, le député républicain Chip Roy accuse l’administration Biden d’adopter une approche unilatérale à l’encontre des militants pro-vie. Le ministère de la Justice poursuit les pro-vie mais est incapable de protéger les centres pro-vie qui sont de plus en plus attaqués, a déclaré le législateur. De juin 2022 à mai 2023, 67 attaques ont été menées contre des centres de protection de la vie, a annoncé le FRC lors de l'audience.

    Photo : Église Saint-Paulin de Syracuse, Nebraska, qui a été attaquée et endommagée en 2023.

  • Pierre Manent menacé de poursuites en justice

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    De Gérard Leclerc sur France Catholique :

    Pierre Manent, le mauvais procès

    Parce qu'il met en garde contre les difficultés liées à l'islam, le philosophe est menacé de poursuites en justice. La « police de la pensée » veut faire taire la contradiction.
    Pierre Manent est l’objet de deux demandes de poursuite judiciaire au motif que, par ses propos à la chaîne de télévision du Figaro, il aurait provoqué « à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ». Puisqu’il est question de violence, celle de certains réseaux sociaux semble dépasser toute mesure, lorsque le philosophe est accusé de procéder à « une incitation claire à commettre un crime contre l’humanité »… Quand on connaît Pierre Manent, ses écrits, ses convictions, et la façon dont il les exprime, on s’interroge, face à cet acharnement poussé jusqu’à la calomnie, sur la surchauffe d’un certain climat idéologique.

    Les impasses de la laïcité

    Il convient de revenir, bien sûr, à ce qui a provoqué tant de vindicte et qui se rapporte à l’expansion démographique de l’islam en Europe. Pour le philosophe, qui n’a cessé de réfléchir aux fondements des liens sociaux, il y a un réel danger : « Nous allons au-devant de drames qu’aucune version de la laïcité ne permettra de maîtriser. » Voilà qui mériterait au moins une discussion de la part de ceux qui sont en désaccord. Mais plutôt que de se prêter à une controverse argumentée, on préfère répliquer par les procédés de ce qu’Orwell appelait « la police de la pensée ». Pierre Manent ne s’en prend nullement à la personne des musulmans qui vivent dans notre pays. Il ne réclame pas leur expulsion. Il a expliqué dans un essai important, Situation de la France (DDB, 2015), qu’il y avait lieu de procéder avec ces compatriotes à ce qu’on peut appeler des « accommodements raisonnables ». Déjà, il est vrai, il mettait en doute que la « laïcité » soit en mesure de comprendre le véritable défi que constitue l’islam à l’intérieur d’une cité dont le passé, les mœurs lui sont si étrangers. C’est pourquoi il recommandait, à propos d’un phénomène religieux sui generis, l’expertise de l’Église catholique – pour peu que celle-ci soit suffisamment avertie des aléas d’un dialogue interreligieux rendu difficile par la différence, voire l’opposition, des sources et des traditions dogmatiques.

    Défi civilisationnel

    En insistant, dans son intervention au Figaro TV, sur l’importance du nombre de migrants musulmans, Pierre Manent met l’accent sur un problème civilisationnel que ses contradicteurs se refusent obstinément à envisager. Comme si un régime de laïcité pouvait à lui seul résoudre des obstacles considérables. C’est d’abord oublier qu’un tel régime s’enracine dans une histoire qui a mis aux prises un régime anticlérical et l’Église catholique. L’accord qui en est résulté est complètement étranger à un islam qui ne peut s’y reconnaître qu’au prix de révisions radicales de sa nature originelle.

    Par ailleurs, Pierre Manent n’est nullement isolé dans son appréciation de ce défi civilisationnel. Elle est de plus en plus partagée dans l’ensemble de l’Europe, avec des révisions radicales à l’égard de la politique migratoire. Les pays d’Europe du Nord, telle la Suède qui avait été le plus loin dans l’accueil d’une population étrangère, ont désormais complètement revu leurs positions. Ce n’est nullement que ces pays seraient devenus intolérants ou racistes. C’est que la difficulté d’une intégration leur est apparue plus que problématique.

    Interdit de penser…

    Au-delà de l’offensive actuelle à l’égard d’une personne, on est bien obligé de s’interroger sur un climat général qui rend difficile l’expression d’une pensée libre. Lorsqu’on veut faire condamner par les tribunaux un homme de pensée comme notre philosophe, c’est comme si on jetait un interdit sur cette pensée. En l’espèce celle d’un catholique qui sait s’exprimer dans les termes les plus rationnels, mais qui est aussi en mesure de faire rayonner le génie du christianisme dans une époque qui le méconnaît. On ne saurait trop recommander son magnifique Pascal et la proposition chrétienne (Grasset, 2022).