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"Quand ils sortirent de l'ombre..."

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Un excellent commentaire de Paul Vaute, expert en la matière, à propos de l'éditorial de Vincent Delcorps paru dans Dimanche et sur Cathobel (voir ICI) :

L'éditorial du rédacteur en chef de Cathobel est d'abord insolite, ensuite consternant à bien des égards. Insolite par ce qu'il nous dit du statut actuel d'un média organiquement lié à l'Eglise. On pourrait s'attendre à ce qu'il s'en tienne à diffuser de l'information. Or, il s'octroie une ligne d'engagement, du reste absolument inutile puisque c'est la même que celle de tous les médias mainstream.

Sur le fond, l'auteur fait-il de l'humour (in)volontaire quand il affirme que tout le monde devrait se réjouir d'avoir vu nos évêques sortir du bois ? Dans cette logique, l'important ne serait pas ce que les gens disent mais le fait qu'ils parlent!

Par la suite, cette saillie mérite aussi de retenir l'attention: "Les moins nombreux ne furent sans doute pas les moins bruyants". Très drôle, quand pendant une semaine on n'a pratiquement entendu, en presse écrite, en radio, en TV... que le "bruit" des adversaires de la mise au point romaine. Et sans aucune équité (y compris sur Cathobel) dans le traitement réservé aux partisans et aux adversaires. Quant à l'argument du nombre que sous-entend le propos, les chrétiens devraient être les premiers à s'en défier. Le vendredi de la Passion, les sondages d'opinion auraient été des plus défavorables au Christ... Et ses apôtres ne se bousculaient pas pour aller à contre-courant.

Mais il y a plus grave encore quand la nouvelle tête pensante de Cathobel nous assène ceci: "L’histoire nous montre que même dans l’Eglise, la vérité d’hier peut ne pas être celle du lendemain. Et que la réalité d’ici peut ne pas être celle de là-bas". Cette théo-chrono-logie, a dire vrai très répandue, constitue typiquement une généralisation abusive. Il y a dans la foi catholique et dans la morale en harmonie avec elle des enseignements secondaires, qui peuvent effectivement connaître des changements, et d'autres absolument nécessaires, qui ne peuvent que demeurer, au besoin contre vents et marées ("In necessariis unitas, in dubiis libertas..."). L'Eglise a cessé de condamner le prêt à intérêt à partir du début du XIXè siècle, non pas parce que sa morale avait changé, mais parce qu'une économie industrielle en croissance se développait à côté de l'économie rurale statique. En revanche, on ne voit pas quelle transformation dans les identités spécifiques de l'homme et de la femme et leur complémentarité (mot obscène pour la bien-pensance actuelle, mais je m'en f...) pourrait justifier qu'une autre conception du mariage soit prônée (ceci, faut-il encore le répéter, allant de pair avec le plus grand accueil fraternel envers les personnes et le refus de s'ériger en juge ultime de leur conscience). M. Delcorps risque d'être très déçu s'il espère qu'un jour l'Eglise dise autre chose que les Ecritures saintes (Rm 1, 24-27; 1 Cor 6, 10; 1 Tm 1, 10) et toutes les voix catholiques autorisées depuis saint Polycarpe et saint Justin jusqu'aux récents synodes sur la famille.

Moi qui ait été témoin avec douleur, il y a trente ans et plus, du retournement de nombreux milieux chrétiens sur la question de l'avortement, combien de fois n'ai-je pas essayé de leur rappeler que dans le plus ancien des catéchismes chrétiens, le "Didachè" (fin du Ier siècle - début du IIè!), il est prescrit que "tu ne tueras point d'enfant par avortement et tu ne le feras point mourir après sa naissance". Entre cet enseignement et celui des Papes actuels, y compris François, il n'y a pas matière à glisser la moindre épaisseur d'une feuille de cigarette.

Enfin, à ceux qui sont heureux de voir, dans certains diocèses, "bénir" des unions homosexuelles, je demande ceci: ont-ils encore le moindre argument à opposer à ceux qui souhaiteraient "bénir" l'adoption d'enfants par des couples homosexuels ou enseigner, à leurs enfants et à leurs petits-enfants, à un moment décisif de leur vie et de leur définition sexuelle, qu'être homo ou hétéro, c'est pareil ? A moins, bien sûr, qu'ils ne se réjouissent de ces perspectives. Et dans ce cas, "farewell"!

Commentaires

  • Voilà un avis clair et bien argumenté. Puisse-t-il être lu par nos 'autorités' ecclésiastique !

  • "Remilocor", "Nos 'autorités ecclésiastiques' " savent très bien où est la Vérité. L'excellent Paul Vaute ne peut, en l'occurrence, que déplaire à des Excellences pour qui le "Roma locuta est" est une vieillerie... du moins si Rome reste en Rome. Et cette dernière réserve est bien ce qui, davantage encore, inquiète plus d'un fidèle. M.-O. Houziaux.

  • Désolé de ne pouvoir vous suivre, Monsieur Vaute ! Je ne peux que soutenir avec M. Delcorps, que dans l'Eglise, la vérité d'hier n'est plus la vérité d'aujourd'hui. Pour sortir de la "morale sexuelle" qui chatouille tant les cardinaux romains célibataires, qui pourrait encore accorder du crédit aux encycliques Mirari vos ou Quanta cura (celle de Pie IX)....et à tant d'autres textes à prétention de vérité absolue et éternelle. Il est évident que , hors le coeur de l'Evangile (les Béatitudes, l'Incarnation et la Résurrection) tout a varié ... Se référer à l'ancien testament ou à St-Paul pour dire le "dessein de Dieu" n'est plus pertinent à mes yeux : toute expression éthique ou théologique s'incarne dans la culture de son temps. ... Des décennies d'exégèse le montrent bien. - Si l'on en revient au propos du Responsum, on bénit des voitures, on bénit des chiens, des troupeaux et la mer ... on ne pourrait bénir (je ,n'ai pas dit bénir le sacrement de mariage que se donnent les époux) un couple d'hommes ou de femmes qui se reconnaissent comme chrétiens et veulent poursuivre leur route commune sous le regard aimant de Dieu ??? Le Pape François - à propos des unions de personnes de même sexe -disait naguère : "Qui suis-je pour juger "? Les constructions philosophico-théologiques d'autrefois (parfois d'aujourd'hui encore) souvent basées sur une peur ou un mépris du corps, de la sexualité et la croyance qu'une orientation sexuelle se choisit ... sont destinées à se dissoudre dans la confrontation avec le réel.

  • C'est vrai que celui qui découvre le Syllabus annexé à Quanta Cura ne peut qu'être frappé par la netteté et la précision du texte en contraste total avec le style amphigourique du pape François qui exige toujours une glose savante rédigée par ses thuriféraires pour être "compris".

  • Pour des "constructions" destinées à "se dissoudre dans la confrontation avec le réel", le moins qu'on puisse dire est qu'elles ont la vie dure ! Saint Paul ne se met pas en phase avec la culture dominante dans le monde gréco-romain de son temps: il la dénonce sur bien des points. Il a certainement dû se trouver, à l'époque, quelques bons esprits pour lui reprocher de parler "à temps et à contre-temps". Que certains enseignements puissent changer parce que les situations auxquelles ils s'appliquent ont elles-mêmes changé, je crois l'avoir bien dit, en citant l'exemple du prêt à intérêt. Certains enseignements, oui, mais pas tous. C'est de ne pas avoir tenu compte de cette hiérarchie des enseignements que je déplore dans l'éditorial de Cathobel. Et dans "le coeur de l'Evangile", je vous rappelle qu'il y a l'affirmation par le Christ qu'il est venu accomplir la loi, pas l'abolir (Matthieu 5:17). Quant au "qui suis-je pour juger ?", il est parfaitement admissible, à condition d'ajouter que la bienveillance et le respect pour toutes les personnes n'impliquent pas le respect pour toutes les idées ni pour tous les actes.

  • Je me rends compte que je ne me suis pas arrêté, tant cela me paraissait anecodtique, à la bénédiction des animaux, de la mer ou de nouvelles maisons, tant qu'on y est... C'est une belle illustration de l'adage selon lequel comparaison n'est pas raison. Ces cas ne posent pas de problèmes particuliers parce que derrière les maisons, les animaux ou la mer, il n'y a pas des personnes qui ont pris la décision de s'engager dans une relation que l'Eglise réprouve depuis les plus lointaines origines jusqu'à nos jours, même quand elle s'est trouvée confrontée à une culture qui les admettait (exemple de saint Paul dans le monde grec). Juste un mot aussi sur cette vieille antienne des "cardinaux romains célibataires". Il se trouve qu'il y a, parmi leurs opposants, pas mal de "vieux messieurs célibataires" mais curieusement, dans ce cas, leur état n'est pas considéré comme de nature à amoindrir leur crédibilité. Marie Hendrickx, théologienne belge trop tôt disparue, ne faisait forcément pas partie de ces "cardinaux célibataires", mais elle a travaillé à Rome au service de la Congrégation pour la doctrine de la foi à l'époque où le cardinal Ratzinger en était le préfet. Elle a participé à l'élaboration de nombres de documents romains importants. A son nom, je pourrais ajouter ceux de quantité de théologiennes, philosophes, essayistes qui ont été beaucoup plus promptes que beaucoup d'hommes à déceler les pièges cachés derrières certains discours présentés comme "libérateurs". Merci, en tout cas, de m'avoir lu et de m'avoir obligé à préciser mon propos.

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