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L’étrange prédication du pape François aux séminaristes d'Ancône

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Lu sur "Actualités" (Site de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X) :

L’étrange enseignement du pape François à des séminaristes

14 JUIN 2021

Le pape François a reçu en audience le jeudi 10 juin 2021 la communauté du séminaire pontifical des Marches, séminaire « Pie XI », sis à Ancône. Il a encouragé les responsables à imiter saint Joseph pour former ceux qui leur sont confiés, et les séminaristes à pratiquer la docilité.

Dans ce discours du pape, il y a des encouragements judicieux. Telle cette exhortation aux formateurs du séminaire d’imiter la figure de saint Joseph : qu’ils pratiquent eux-mêmes l’obéissance, le dévouement, la générosité et la chasteté, entendue comme le détachement de tout.

Ou encore, aux séminaristes, l’encouragement à une vraie docilité, vertu bien oubliée dans notre monde, et qui doit être à la base de la formation sacerdotale.

Mais il se trouve malheureusement des éléments qui sont de véritables déviations.

Une erreur doctrinale

Le pape donne aux séminaristes l’exemple de Jésus appliqué à obéir à saint Joseph et à la sainte Vierge dans son enfance. Il développe : « Dès son plus jeune âge, il a dû (…) se poser les grandes questions de la vie » explique-t-il. Vraiment ?

Le pape ajoute : « Peut-être n’avons-nous pas assez réfléchi sur le jeune Jésus, engagé dans le discernement de sa propre vocation, dans l’écoute et la confidence à Marie et Joseph, dans le dialogue avec le Père pour comprendre sa mission. »

Dans une pareille expression, le Fils de Dieu semble déconnecté de son humanité. Car, qui cherche un discernement sur sa vocation ? L’humanité du Christ ? mais elle n’a pas de personne, pas de « je ». Serait-ce le Fils de Dieu lui-même ?

Un peu de théologie

Dans le Christ, il y a deux natures et une seule personne : la personne incréée du Verbe, du Fils de Dieu. Cette personne divine, qui est identique à la nature divine, assume une nature humaine en Jésus-Christ, le Verbe incarné.

Il faut affirmer que la personne divine du Verbe, le seul « moi » ou « je » que possède Jésus-Christ, sait parfaitement qu’il est Dieu. Le Verbe de Dieu incarné a de plus conscience de son incarnation.

Le Verbe de Dieu a ainsi conscience de soi jusque dans sa nature humaine. Il est le seul sujet conscient de cette nature consciemment assumée, et cela dès le premier instant de son incarnation. Tel est l’objet de notre foi, et c’est un mystère proprement dit que nul ne peut comprendre.

La nature humaine n’est pas une personne. Dans le Christ, il y a des sentiments humains, une intelligence et des pensées humaines, une volonté et des vouloirs humains, mais qui sont assumés par la personne divine.

Ainsi, affirmer que le Christ devait faire un discernement humain ou comprendre sa vocation, revient à penser soit que le Christ était une personne humaine, ce qui est une hérésie.

Soit à penser qu’il ne pouvait pas savoir, en tant que Dieu, ce qui se passait dans la nature humaine qui lui était unie par l’union hypostatique, ce qui revient à une autre hérésie : penser que Dieu peut ignorer quoi que ce soit, qu’il n’est pas la Sagesse infinie qui sait tout.

Ainsi, il faut affirmer que le Christ savait parfaitement qu’il était Dieu, puisque sa personne divine le savait parfaitement. Sa nature humaine en avait d’ailleurs une perception nette : en effet, dès le premier instant de sa conception, l’intelligence de la nature humaine du Christ possède la vision béatifique.

Autrement dit, elle voit Dieu immédiatement, comme les saints du Ciel, et dans un degré qu’aucun saint n’atteindra jamais. Ainsi, même à travers son intelligence humaine, la personne du Verbe incarné possède la pleine possession de Dieu.

Comment dès lors le Christ pourrait-il avoir besoin de « discerner sa vocation » et de « dialoguer avec le Père », alors qu’il n’a, en tant que Dieu, qu’une seule intelligence, une seule volonté, une seule nature avec son Père ?

Une insistance obsessionnelle sur le cléricalisme

Le pape s’inquiète aussi de trouver de la rigidité chez les séminaristes ou les jeunes prêtres : « La rigidité est un peu à la mode aujourd’hui ; et la rigidité est une des manifestations du cléricalisme. Le cléricalisme est une perversion du sacerdoce : c’est une perversion. »

Certes, le prêtre ne doit pas être rigide, mais rempli de suavité, de douceur, de miséricorde, de charité.

Mais ce que le pape désigne sous le terme de rigidité doit sans doute se traduire par « rectitude ». Car la rectitude n’est pas une rigidité. Refuser la communion à ceux qui ne peuvent y prétendre à cause de leur situation, n’implique pas la rigidité et par conséquent le cléricalisme selon François.

Cette rigidité est vue aussi par le pape comme menant au ritualisme, autrement dit à un respect extérieur des formes de la prière, sans ce qui est le plus important : l’union avec Dieu.

Mais l’attention portée aux formes du culte ne le dénature pas. N’est-ce pas sainte Thérèse d’Avila qui disait qu’elle était prête à mourir pour la moindre des rubriques de l’Eglise ? Elle voulait dire par là que les règles de la prière et de la liturgie ont été sagement posées pour aider à l’union à Dieu, même si certains s’attachent trop à la lettre et pas assez à l’esprit.

Dans ce registre, le pape a une expression pour le moins curieuse : « Et si vous vous mettez en colère contre Dieu, faites-le : car se mettre en colère contre son père est une façon de communiquer l’amour. »

Si l’on peut concéder que la colère est souvent sous-tendue par l’amour, blessé en l’occurrence, l’on ne peut concéder en revanche qu’il y ait des occasions de se mettre en colère contre Dieu. Ce genre de colère ne manifeste que notre impuissance à comprendre la charité divine.

Une conception étrange du sacerdoce

Enfin, le pape insiste pour que le prêtre – et le futur prêtre – ne se considère jamais comme détaché du peuple de Dieu. Il utilise la métaphore du troupeau et du berger pour l’illustrer.

Puis vient cette affirmation étrange : « Tu es un prêtre du peuple saint et fidèle de Dieu, tu es un prêtre parce que tu as le sacerdoce baptismal et tu ne peux pas le nier. »

Autrement dit, le prêtre est prêtre par son baptême. Ce qui est difficilement admissible. Car le prêtre est prêtre par le caractère sacerdotal et la grâce qui l’accompagne, caractère qui est radicalement différent du caractère baptismal.

Certes, ce caractère sacerdotal ne peut être reçu que dans une âme qui possède déjà le baptême, mais il élève celui qui en est marqué, et lui donne la capacité de réaliser, dans le culte, les actions du Christ lui-même : bénir, pardonner les péchés, baptiser, prêcher, consacrer la sainte eucharistie.

C’est donc par le sacerdoce propre du Christ que le prêtre est prêtre, et non par le sacerdoce baptismal. C’est par ce sacerdoce qu’il peut réellement être identifié au Christ dans les actes du culte. Ce sacerdoce est essentiellement différent du « sacerdoce commun » donné par le baptême.

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