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Et si l'Eglise de Belgique, pour retrouver sa liberté, renonçait d'elle-même aux droits, privilèges et subsides dont elle bénéficie ?

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Un ami nous fait part de ces réflexions :

Le moment n'est-il pas venu de répondre enfin à cet appel du Concile Vatican ll qui affirme que l'Eglise "ne place pas son espoir dans les privilèges offerts par le pouvoir civil. Bien plus, elle renoncera à l'exercice de certains droits légitimement acquis s'il est reconnu que leur usage peut faire douter de la pureté de son témoignage ou si des circonstances nouvelles exigent d'autres dispositions." (1)

L'Eglise de Beigique ne pourrait-elle, pour préserver son âme de toute compromission, ne serait-ce que par son silence, entendre cet appel du Concile et renoncer d'elle-même à ces droits et privilèges acquis légitimement? Ce geste prophétique garantirait la pureté de son témoignage, un geste profondément évangéiique rendant à César ce qui revient à César. En même temps, elle ne paraîtrait plus ce qu'elle n'est pas, c'est-à-dire une religion ou une idéologie parmi d'autres. (2)

Personneliernent, je pense que si I'Eglise catholique craint de prendre ainsi son indépendance pour être tout à fait libre de parler, il serait souhaitable que les instances pubiiques aillent jusqu'au bout de leur laicisme et lui enlèvent ses avantages. Vaut mieux une Eglise pauvre, soutenue par ses fidèies et libre de parole qu'une Eglise entretenue de fonctionnaires bâillonnés.

J'inviterais prêtres et laïcs à méditer ce témoignage d'un dominicain français (3) qui écrivait récemment: "Aujourd'hui, la diplomatie vaticane est partout respectée parce qu'elle ne sert plus aucune hégémonie politique ni économique. De façon plus quotidienne, le fait que les prêtres français dépendent des oboles des fidèles et ne soient plus des appointés de l'Etat (conme dans les régimes concordataires de type germanique (ou belge) ), évite de faire d'eux des notables. Pour l'annonce évangélique, c'est un avantage. [...] Les catholiques savent-ils toujours profiter de cette liberté? Parfois ils restent aussi légitimistes avec l'Etat que s'il eût continué à rester chrétien. (...) Pourtant le droit de protester est intact. L'ordre établi n'est digne de respect que s'il est juste. Pas s'il est seulement établi ni ordre." Et en note, l'auteur renvoie au Catéchisrne de I'Eglise catholique: "L'autorité ne s'exerce légitimenent que si elle recherche le bien commun du groupe considéré et si, pour l'atteindre, elle emploie des moyens moralement licites. S'il arrive aux dirigeant d'édicter des lois injustes ou de prendre des mesures contraires à l'ordre moral, ces dispositions ne sauraient obliger les consciences. "En pareil cas, l'autorité cesse d'être elle-même et dégénère en oppression". (Jean XXlll, Pacem in terris, 51)".

Aristote déjà constatait que la démocratie qui ne se bâtit pas sur le bien mais sur le simple vivre ensemble est une "contrefaçon". (4)

Clairement, plusieurs de nos lois sont radicalement contraires au bien commun et le pouvoir politique, au nom d'un vivre ensemble nourri de compromissions, cherche à étouffer les voix trop discordantes avec parfois la complicité de ceux-là même qui devraient être les premiers gardiens du bien commun. Si ceux-ci se taisent, et d'abord particulièrement ceux qui ont la charge de sanctifier, d'enseigner et de gouverner et qui sont "les sarments par lesquels se transmet la semence apostolique" (5), s'ils se taisent, comme dit Jésus, les pierres crieront (6), elles crieront vengeance (7).

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(1) Constitution pastorale Gaudium et Spes, 76,5.

(2) Jouissent d'un financement public, ies cultes catholique, orthodoxe, évangélique et islamique auxquels s'ajoutent la "confession phitosophique organisée) et bientôt sans doute le bouddhisme.

(3) TH.-D. HUMBRECHT, Eloge de !'action politique, parole et Silence,2015, p. 157. * N" 1903.

(4) Aristote, Les potitiques, lll, 9.

(5) Cf. Constitution dogmatique Lumen gentium, n" 23,.

(6) Luc, 19,40.

(7) Ha 2, 13.

Commentaires

  • " Vaut mieux une Eglise pauvre, soutenue par ses fidèies et libre de parole qu'une Eglise entretenue de fonctionnaires bâillonnés." Parfaitement d'accord!
    Mais est-ce vraiment le cas en Belgique? N'oublions pas que ces "privilèges" sont en fait la compensation des biens confisqués à l'Église durant l'époque napoléonienne. "Privilèges" accordés généreusement à d'autres confessions religieuses.
    Je vis dans un pays (Brésil) où l'Église souffre cruellement de ressources pour se maintenir et développer son apostolat, notamment parmi les plus pauvres.
    Alors réfléchissez bien avant de renoncer à ces "privilèges" (en fait ces dédomagements) qui permettent à l'Èglise de Belgique de se maintenir sans grand problème financier.
    Si un jour elle se sentait muselée, alors oui, mais seulement alors, il vaudrait mieux "une Eglise pauvre, soutenue par ses fidèies, et libre de parole qu'une Eglise entretenue de fonctionnaires bâillonnés".

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