Du site "Pour une école libre au Québec" :
La guerre d'Espagne sans légendes
Texte de Jean Sévillia sur l’ouvrage de Pio Moa sur la Guerre d’Espagne.
Selon un historien espagnol, la guerre civile qui s’est terminée par la victoire de Franco, en 1939, n’a pas été provoquée par le coup d’État militaire raté de juillet 1936, mais par la dérive révolutionnaire de la République.
Or, cette interprétation est historiquement fausse. L’affirmer ne procède pas d’une quelconque nostalgie franquiste, mais de l’analyse des faits. « No pasarán! » (« Ils ne passeront pas ! ») Repris par la gauche française, d’Hidalgo aux antifas, le cri de guerre des défenseurs de Madrid contre les troupes de Franco, en 1936, exprime une vision idéalisée de la guerre civile espagnole. Celle-ci, provoquée par la rébellion de généraux factieux contre la République, aurait été le premier affrontement armé entre le fascisme et la démocratie.
Il faut se féliciter, à cet égard, de la publication en français d’un livre paru il y a presque vingt ans en Espagne où, vendu à 300 000 exemplaires, il a déclenché de violentes controverses. Son auteur, Pío Moa, né en 1948, a été, à 20 ans, militant du parti communiste espagnol avant d’être membre fondateur du Grapo, un mouvement terroriste d’inspiration maoïste. Converti au libéralisme démocratique et retiré de toute activité politique, Pío Moa a dirigé des revues historiques et culturelles, et s’est lancé dans l’étude de la guerre d’Espagne à travers une trentaine d’ouvrages fondés sur des recherches menées dans le fonds documentaire de la Fondation socialiste Pablo Iglesias.
Les Mythes de la guerre d’Espagne, 1936-1939 fournit la synthèse de ce travail, avec les portraits des principaux acteurs des deux camps, et le décryptage de maints épisodes transformés par la légende, du siège de l’Alcazar de Tolède au bombardement de Guernica.La thèse centrale de Pío Moa est que, dans les forces qui composeront le camp dit républicain de 1936 à 1939 — communistes, anarchistes, socialistes, républicains de gauche, nationalistes catalans, séparatistes basques —, quasiment personne n’était démocrate.
Quand la droite modérée gagna les élections, en 1933, même les républicains de gauche, refusant leur défaite électorale, s’allièrent aux partis les plus radicaux, ce qui déboucha, en 1934, sur une grève générale insurrectionnelle, transformée en révolte armée dans les Asturies.
En février 1936, c’est le Front populaire qui remporta les élections, mais dans un climat de violence marqué par la surenchère révolutionnaire des extrémistes qui incendiaient églises et couvents, organisaient des attentats contre les forces de l’ordre et menaçaient les hommes politiques de droite. L’assassinat du député monarchiste Calvo Sotelo, le dirigeant le plus populaire de l’opposition, fit tout basculer en entraînant le raidissement des conservateurs.
Conclusion de Pío Moa : c’est le mouvement révolutionnaire et l’effondrement de l’État républicain qui ont provoqué le soulèvement militaire de juillet 1936, et non l’inverse. Il s’ensuivra une guerre civile atroce, avec, des deux côtés, son lot de massacres.
Vers une dictature « nationale-catholique »
Pour des raisons qui tenaient à leurs intérêts stratégiques, Allemands et Italiens aidèrent les nationalistes, tandis que, de son côté, l’Union soviétique envoya des conseillers militaires et arma les Brigades internationales, dont l’encadrement était communiste, et se remboursa avec l’or espagnol déposé à Moscou.
Les républicains, politiquement divisés, finirent par perdre leurs avantages initiaux, tandis que Franco, parvenant à cumuler tous les pouvoirs, politiques et militaires, remporta la victoire en 1939.
Il instaura une dure dictature que l’on a qualifiée de « national-catholique ». Mais si ses adversaires avaient triomphé, explique Pío Moa dans ce livre qui renverse les idées reçues, c’est une dictature soviétique qui se serait installée à Madrid. L’Espagne n’était pas à l’heure de la démocratie. Celle-ci adviendra, à partir de 1976, par la transition assurée par le roi Juan Carlos — ce que n’avait sans doute pas prévu Franco.
Les Mythes de la guerre d’Espagne, 1936-1939,
par Pío Moa paru le 9 mars 2020,
aux éditions de L’Artilleur,
688 pp.,
ISBN-13 : 978-2810010950
Commentaires
Dans un autre contexte, ceci n'est pas sans rappeler Augusto Pinochet au Chili. Si le type est controversé, soit, mais son ministre de l'économie José Pinera était juste excellent. Et ce livre sur la Guerre d'Espagne devrait être lu par nos blaireaux EdR, RH, PM et tant d'autres membres de la 5ème colonne. C'est pas de l'Hemingway, ni du Malraux. C'est du frais !
A mon avis il y a une erreur de transcription au début de votre article, "or cette interprétation ..",,car cette interprétation est le coeur de l'article . C'est l'extrémisme de la gauche radicale qui est à l'origine de la guerre civile