D'Agnès Leclair sur le site du Figaro :
À Paris, la marche pour la vie défile contre l'euthanasie
REPORTAGE - Lancé cet automne par Emmanuel Macron, le débat sur la fin de vie était au cœur des préoccupations des quelques milliers de manifestants, lors de cette marche annuelle contre l'avortement organisée à Paris.
« C'est quoi l'avenir d'une société qui tue les siens ? L'euthanasie, c'est la décadence. » Cécile, 57 ans, anti-IVG, est une habituée de la Marche pour la vie. Mais en ce dimanche glacial de janvier, c'est aussi le débat sur la fin de vie, lancé cet automne par le président de la République, qui a motivé cette assistante dentaire à participer à la marche annuelle contre l'avortement organisée à Paris. Un événement qui a attiré quelques milliers de manifestants - 20.000 selon les organisateurs - près de la gare Montparnasse.
«Je ne comprends pas cet acharnement à vouloir tuer les gens. Est-ce pour éviter de payer trop de retraites?», ironise-t-elle. À ses côtés, Marie-Alix, 65 ans. «Je suis chrétienne. “Tu ne tueras pas” : ça a un sens pour moi », commente-t-elle entre quelques drapeaux à fleur de lys ou frappés du Sacré-Cœur brandis par des traditionalistes. Pascale Morinière, à la tête des Associations familiales catholiques (AFC), espère cependant que le message ne touche pas que les croyants. «Le serment d'Hippocrate - “Je ne provoquerai jamais la mort délibérément” est un message humaniste qui va bien au-delà des religions», relève-t-elle.
À proximité d'une enceinte qui fait retentir la Macarena, Lorie, une vendeuse de 26 ans, est venue pour «alerter la classe dirigeante contre ces dérives mortifères». C'est la première fois qu'elle participe à la Marche pour la vie. À l'inverse de François-Xavier et Marie-Alix, qui ont fait le déplacement de Nantes avec leurs enfants. Eux se sont rencontrés en 2013, à la Manif pour tous. À l'époque, la foule était plus nombreuse.
«Arrêtez d'emmerder les embryons»
Des Femens, seins nus, arborant le slogan «IVG, c'est sacré» sur le torse, ont fait une apparition face au cortège avant d'être interpellées. D'autres slogans émaillent les pancartes roses et jaunes distribuées par les organisateurs de la marche comme «Euthanasie serment d'hypocrite» ou «Arrêtez d'emmerder les embryons». Les organisateurs du défilé n'ont voulu faire l'impasse sur la constitutionnalisation de la loi Veil, prochainement examinée au Sénat. «La vie doit être respectée de la conception à la mort naturelle», estime Nicolas Tardy-Joubert, président du rassemblement. Il insiste cependant sur les 70 % de Français éligibles aux soins palliatifs qui n'y ont pas accès. «Là est la vraie priorité politique. Le vrai scandale», pointe-t-il. Sur le podium, le professeur de médecine Timothy Devos, auteur d'Euthanasie, l'envers du décor, est venu «mettre en garde» les Français sur l'évolution de la loi en Belgique. «20 ans après la dépénalisation de l'euthanasie, on peut voir que ce n'est pas un modèle à suivre. Une euthanasie sur trois n'est pas déclarée, critique-t-il. Une part croissante de personnes âgées et vulnérables la demandent. Ils ne sont pas en fin de vie mais craignent d'être une charge pour leur famille».