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Mais qui sont donc ces catholiques traditionalistes ?

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De Christophe Dickès sur le Figaro Vox (via le Forum Catholique) :

«Pourquoi retirer aux traditionalistes ce que Jean-Paul II et Benoît XVI avaient accordé?»

23/02/2023

Le carême des catholiques traditionalistes commence dans la peine. En charge des questions liturgiques au Vatican, le cardinal Roche qui, dans les faits, n’a jamais caché son opposition à l’œuvre de Benoît XVI, vient de publier un nouveau texte validé par le pape François sur la pratique de l’ancien rite. Contrairement à l’esprit même que le pape a souhaité donner à son pontificat, il réduit drastiquement la liberté des évêques et leur autonomie en la matière. Mais qui sont donc ces catholiques traditionalistes?

À l’échelle de l’Église de France, ils font partie des rares pratiquants réguliers. Soit moins de 4 % des catholiques français. Ils sont donc une minorité d’une minorité. Ils catéchisent leurs enfants en leur apprenant les dix commandements et les prières que les catholiques doivent connaître. À cet égard, ils pratiquent souvent en famille. Certains d’entre eux, souhaitant préserver leurs enfants de la cancel culture qui se développe dans l’environnement scolaire, mettent leurs enfants dans les écoles hors contrat. Ces écoles étant très chères, ils font donc des sacrifices et se privent. Ils savent cependant que l’instruction vaut tous les trésors du monde, notamment l’instruction religieuse assurée par des prêtres.

Ces gens assistent surtout à la messe en latin. Non pas parce qu’ils préfèrent la langue universelle de l’Église, ni par snobisme. Non. Parce qu’il existe une verticalité et une sacralité dans le rite improprement qualifié de tridentin, moins évidentes dans le rite «communautaire» de la messe Paul VI. Ils aiment aussi ce rite parce qu’il est le moins clérical: le prêtre, en effet, leur tourne le dos au moment du Canon. Dans l’ancien rite, nul personnalisme: les fidèles prient dans un face-à-face silencieux avec Dieu.

Or, depuis près de deux ans, ces gens se sont vus retiré par Rome ce que les deux papes précédents avaient accordé après de longues et bienveillantes tractations. Rappelons que ces gens, après le fameux «schisme» de Mgr Lefebvre en 1988, avaient voulu montrer au Saint-Siège leur fidélité en faisant part de leurs besoins spirituels comme le permet le droit canon (C. 212 § 2). Cet acte de fidélité avait été récompensé à sa juste mesure par le pouvoir pontifical. Ces gens savent aussi que, depuis les origines du christianisme et le concile de Jérusalem (acte 15), l’Église tire son unité non pas de la liturgie mais bien de la profession d’une même foi (CEC 814). Pour cette raison, ils savent qu’il existe dans l’Église plusieurs rites romains (anglican, zaïrois) et de très nombreux autres rites reconnus par Rome: alexandrin, byzantin, arménien, etc.

Aujourd’hui, ces gens sont pointés du doigt. On aurait pu se demander pourquoi ils remplissent leurs églises quand bien d’autres se vident. On aurait pu aussi se demander si ces gens ne font pas partie de ce que Benoît XVI a appelé les minorités créatives: écoles, groupes de scouts, chorales, assistance aux personnes âgées, œuvres missionnaires, médias et surtout… conversions et vocations. Les tradis font fleurir leur figuier, mais il semble que cela n’ait pas d’importance.

Surtout, comme saint Paul appelé à Jérusalem par les colonnes de l’Église (Galates 2), on aurait pu essayer de recevoir les chefs des instituts et des fraternités concernées pour les entendre. On aurait même pu leur demander de faire des efforts en travaillant sur certains points. Au même titre que la Fraternité saint Pie X ou les anglicans furent engagés à travailler avec Rome sur une réintégration, toujours sous le pontificat de Benoît XVI. On aurait pu, en cas de mauvaise volonté, faire une correction fraternelle, voire une réprimande et même faire preuve de sollicitude pastorale. Ce qui est œuvre de justice dans le droit canon (C. 1 341). Mieux, comme la parole est aujourd’hui aux laïcs, on aurait pu aussi inviter quelques-uns de ces fidèles de la base, représentatifs de ce courant si singulier de l’Église.

Il n’en fut rien: seul le supérieur de la Fraternité Saint-Pierre a été reçu. Il a eu gain de cause. Quant aux laïcs, des mères de prêtres âgées de 50 à 65 ans, qui ont fait 1500 km à pied de Paris à Rome afin de déposer au pied du vicaire de Pierre une supplique, ont été reçues à peine trois minutes. 1500 kilomètres pour une poignée de secondes… Dans ce groupe, goutte d’eau d’espérance dans un océan d’indifférence, il y avait même une fidèle de la communauté de l’Emmanuel qui, prise de compassion, avait souhaité faire un bout de chemin avec ce petit monde étrange. Cette femme avait créé un pont. Elle fut accueillie par des larmes et aimée selon les mots de Tertullien: « Voyez comme ils s’aiment» (Apologétique, n. 39 § 7).

Aujourd’hui, on donne à ces tradis des noms pour mieux les disqualifier. Ils sont nihilistes nous explique-t-on ou bien encore restaurationnistes. Un critique anglais les considère même comme des nouveaux jansénistes! On leur dit de reconnaître le concile Vatican II alors que l’écrasante majorité d’entre eux n’a lu et ne lira jamais le concile Vatican II. Pas plus quela plupart des fidèles qui assistent à la messe Paul VI. On leur reproche leur ecclésiologie sans se demander si les 96 % des catholiques qui ne pratiquent pas en ont une. On souhaite au fond les rééduquer. De gré ou de force. La synodalité est semble-t-il à la mode, mais «eux» n’ont qu’un seul droit: celui de la souffrance dans le silence.

Commentaires

  • Je partage l'avis du Docteur Denis Crouan : On peut sortir de ce conflit en imitant ce que fait depuis 50 ans l'abbaye de Solesmes : la messe de saint Paul VI en latin, avec tous les gestes de respect tels que le demandent le Concile Vatican II et le pape François. Il est même possible de la célébrer "orientée" vers le soleil levant.

    Liturgie 46 : La lettre apostolique du pape sur la liturgie : une nouvelle provocation ou un trésor de vérité ? analyse de Denis Crouan (85 mn)
    https://youtu.be/Hqqe1ZgaRL4
    Le Pape François publie ce 29 juin 2022 « J’ai désiré d’un grand désir », lettre apostolique sur la liturgie. Un an après la publication du Motu proprio Traditionis Custodes, François invite les fidèles à redécouvrir la beauté de la liturgie, notamment à travers la formation.
    Le Docteur Denis Crouan analyse la position du pape. Est-elle un nouveau coup de crosse contre les amoureux de la liturgie Traditionnelle ?
    Non, répond Denis Crouan : « sa lettre est une divine surprise d’équilibre et de sens contemplatif de la liturgie, se détachant à la fois des improvisations des années 70 et de la réaction rigide à l’inverse ».
    La conclusion de la lettre du pape est un acte d’autorité : « Comme je l’ai déjà écrit, j’entends que cette unité liturgique soit rétablie dans toute l’Église de rite romain ».
    Denis Crouan étudie ici six points de la Lettre apostolique :
    1° La Liturgie : lieu de la rencontre avec le Christ pour notre salut
    2° Le sens théologique de la Liturgie
    3° La Liturgie : un antidote contre le venin de la mondanité spirituelle
    4° La beauté de la vérité de la célébration chrétienne
    5° La nécessité d’une formation liturgique sérieuse et vitale
    6° L’art de célébrer la liturgie

    Liturgie 47 : 2022, Denis Crouan répond à 4 objections à la lettre du pape sur la liturgie (60 mn)
    https://youtu.be/kxoZ6e42kD0
    Le Docteur en théologie Denis Crouan répond à quatre objections qui lui ont été faites suite à sa vidéo https://youtu.be/Hqqe1ZgaRL4 sur le Pape François et sa lettre apostolique sur la liturgie, du 29 juin 2022 « J’ai désiré d’un grand désir » :
    1° Le décret liturgique de Vatican II est-il flou et ne comporte-t-il pas de normes objectives ?
    2° Le sens du mot "adaptation" ?
    3° Le bazar de la question du chant ?
    4° Le latin versus vernaculaire ?

  • Jean-Paul II et Benoît XVI avait compris que la Messe du curé d'Ars et de tant de saints n'est pas le problème mais que ce qui cause du mal à l'Eglise, ce sont toutes les déviations doctrinales et liturgiques qui ne respectent pas le concile Vatican II. Hélas, le pape actuel a une opinion qui est l'inverse de ses deux prédécesseurs. Persécution brutale de ceux qui (prêtres, évêques, communautés religieuses ou laîcs) se veulent fidèles à la foi de toujours et jamais aucune remontrance vis-à-vis de ceux qui (comme les évêques allemands) sont en rupture avec la catéchisme catholique auquel ils sont tenus de souscrire. Où allons-nous? Au service de quoi et de qui est celui qui fut élu en partie par la mafia St Gall? Nul doute qu'avec lui, les catholiques (dont je suis) se sentent orphelins et que loin de fortifier la foi, il ne cesse de la rendre liquide; conforme à l'esprit du monde. Dès lors, ne me demandez pas de souscrire aux propos et aux agissements de ce pape qui,tournant le dos à ceux qui m'ont réconfortés, veut réduire le christianisme à l'en-deça plutôt qu'à l'au-delà, le salut éternel des âmes à un grand soir et le kérygme à une question d'écologie, de migrants et de politique proche de l'extrême-gauche. Finalement quoi? Est-ce au nom de ces principes que sont morts les martyrs? Poser la question c'est y répondre.

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