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L’Ukraine sera au cœur de la visite du pape en Hongrie

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De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro (via Il Sismografo) :

L’Ukraine au cœur de la visite du pape en Hongrie

À Budapest, François veut soigner ses relations avec Viktor Orban pour faire avancer l’idée d’une conférence internationale de paix.

La Hongrie attend François de pied ferme. Ce pays de haute tradition chrétienne - les deux tiers de sa population se disent catholiques - n’avait pas apprécié le comportement du pape, le 12 septembre 2021. Le chef de l’Église catholique, plutôt en froid avec le premier ministre, Viktor Orban, et sa politique en matière d’immigration, avait semblé dédaigner ce pays. Il s’y était arrêté seulement quelques heures pour y célébrer la messe de clôture d’un congrès eucharistique international avant de redécoller aussitôt vers la Slovaquie, visitée elle pendant plusieurs jours. De vendredi à dimanche, à Budapest, François va rattraper cet affront. Il avait promis de revenir.

Le schéma de ce 41e voyage hors d’Italie depuis son élection en 2013 apparaît classique, mais il ne l’est pas, compte tenu de son enjeu: il rencontre vendredi les autorités politiques, dont la présidente de la République, Katalin Novak, puis, séparément, le premier ministre Orban et, plus tard, le monde religieux. Samedi, il visite un important centre médical dédié aux non-voyants fondé par un médecin, Laszlo Batthyany-Strattmann, béatifié par Jean-Paul II en 2003. Après un échange avec des réfugiés, où son discours est très attendu, puis une rencontre avec des jeunes Hongrois, une grande messe doit se dérouler sur la place Lajos Kossuth dimanche. Avant de regagner Rome dans la soirée, il recevra les représentants du monde de la culture.

Halte spirituelle

Une étape significative a été ajoutée il y a une semaine: François se rendra, samedi en fin de matinée, dans une petite église de rite gréco-catholique, attachée à Rome mais de tradition liturgique orthodoxe. Il ne devrait pas y prendre la parole mais ces minutes de prières auront une seule direction: l’Ukraine voisine où vivent de nombreux gréco-catholiques. Cette halte spirituelle sera une façon pour François de marquer, une nouvelle fois, sa proximité avec les Ukrainiens. Un premier schéma du voyage prévoyait d’ailleurs un déplacement depuis Budapest jusqu’à la frontière avec l’Ukraine pour qu’il y rencontre des réfugiés, mais ce projet a été abandonné. Avec le souci de faire oublier l’humiliation ressentie sur place lors de son passage éclair en 2021, le conflit en Ukraine s’impose donc comme le deuxième enjeu du périple de François.

Si la Hongrie d’Orban se présente comme une terre d’accueil pour les réfugiés ukrainiens, elle reçoit en revanche au compte-gouttes les migrants venus d’ailleurs, suscitant des tensions avec la Commission européenne qui fait pression sur elle. Les autorités hongroises - là aussi en désaccord avec l’Europe et en vertu des bonnes relations entre Budapest et Moscou - refusent toutefois de livrer des armes à l’Ukraine ou de les faire transiter sur leur territoire. De là à penser que cette position diplomatique rapprocherait le gouvernement Orban du pape François, il n’y a qu’un pas.

Il est franchi par les instances politiques hongroises, qui vantent une apparente vision commune - contre l’usage des armes et pour des négociations de paix - qu’elles partageraient avec le pape François et la diplomatie du Vatican. L’un des intérêts de cette visite apostolique sera de le vérifier. Le pape, confie le Vatican, va profiter de la situation de ce pays, au cœur de l’Europe, frontalier de l’Ukraine et ami de la Russie, pour lancer des nouveaux appels aux cessez-le-feu et à une conférence de paix pour l’Ukraine.

Enjeu personnel

Le Saint-Siège est prêt à jouer une mission de bons offices en ce sens. Moscou, de son côté, a toujours repoussé cette perspective. La Russie, pays de tradition orthodoxe, ne voit pas pourquoi le chef de l’Église catholique viendrait se mêler de ce dossier. La question d’un éventuel rôle de Viktor Orban pour permettre des négociations se pose aux yeux du Vatican, soucieux de cultiver de meilleures relations avec ce responsable politique dont la liberté vis-à-vis des États-Unis et de l’Otan plaît au pape François.

D’autres dossiers, comme l’écologie, la défense de la famille traditionnelle - la politique hongroise consiste à donner aux familles des aides financières uniques en Europe -, recoupent aussi la vision de l’Église catholique, même s’il y a divergences d’approche sur le sujet des personnes homosexuelles. La Hongrie est par ailleurs en pointe contre la diffusion de «l’idéologie du genre».  Enfin, le dernier enjeu de cette visite est personnel pour François, 86 ans. Il consiste à démontrer que son problème de santé et son hospitalisation, le 29 mars dernier - dont la gravité n’aura pas été clairement révélée -, étaient un incident de parcours. Depuis son retour au Vatican le 1er avril, François a en effet assumé toutes ses obligations.

Voir également :

Entretien exclusif avec le cardinal Péter Erdo, Primat de Hongrie (Video) sur KTO TV Alors que le pape François se rend en Hongrie du 28 au 30 avril 2023, KTO est allée rencontrer le cardinal Péter Erdo, archevêque d'Esztergom-Budapest. Le primat de Hongrie évoque la courte préparation de cette visite apostolique, la promotion de l'identité chrétienne du pays, le défi de la transmission de la foi, et l'accueil des réfugiés de l'Ukraine voisine. (...)

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