"Il serait plus judicieux de qualifier notre culture moderne, plutôt d’idolâtre que d’agnostique ou d’athée. En effet, à peine Dieu et la Religion (avec un "D" et un "R" majuscules) périclitent, refoulés plus précisément dans l’invisibilité de l’inconscient, qu’une multitude de dieux et de religions (avec un "d" et un "r" minuscules) apparaissent et pullulent, les uns plus pervers et manipulateurs que les autres.Tout ou chacun serait susceptible de devenir idole de nos jours, c'est-à-dire investi d’une manière démesurée, "sacrée", avec son bréviaire, son culte et ses rituels. Anesthésiant les consciences, la nouvelle idole promet alors d’exaucer nos vœux infantiles de béatitude; la politique, les stars, le sport, la consommation, le sexe, l’argent, le corps surtout érigé à l’heure actuelle en seule source et en unique espace de bonheur, jeunesse, beauté, santé mais en même temps le lieu où se déversent nos inquiétudes; d’où l’augmentation cancéreuse des dépenses de santé. Le projet biblique, toujours vivant et d’actualité, telle une braise sous la cendre, malgré le poids des ans, véritable entreprise de psychothérapie avant la lettre, consiste à aider les humains à se construire, à devenir soi, à s’épanouir, grâce au respect d’une seule loi, sa clé de voûte sans cesse rappelée: la différenciation."
Dans la Libre (15/2) (débats et opinions), extrait de "La Bible : une parole moderne et "psy"