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Les prévisions des démographes de l'ONU sont tout à fait contestables

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Friday-Fax-Header-French.jpg"La signification des nouvelles données de l’ONU sur les populations pour le pouvoir mondial" par Susan Yoshihara, Ph.D.

NEW YORK, 1er Septembre (C-FAM) Les nouvelles prévisions de l’ONU sur la fertilité pourraient avoir d’importantes implications pour prédire quelles nations exerceront un pouvoir mondial au 21ème siècle, et en particulier les prédictions concernant un prochain changement de pouvoir en Asie, puisque la population de l’Inde devrait dépasser celle de la Chine d’ici 2025.

Depuis des années, les experts en population de l’ONU ont affirmé que l’Europe et la Chine, avec des taux de natalité bas et une population vieillissante, perdraient leur pouvoir économique et militaire. Avec des taux de natalité plus élevés et une population active plus jeune, les pays en développement tels que l’Inde gagneraient en influence relative dans les affaires internationales.

Mais maintenant, les démographes de l’ONU ont changé d’avis, et prévoient que toutes les nations convergeraient d’ici 2100 grâce à un taux global de 2,1 enfants par femme, juste suffisant pour remplacer les parents, mais pas plus. Le modèle de probabilité utilisé par les statisticiens de l’ONU pour aboutir à de telles nouvelles prévisions et sévèrement faussé et les experts ont sévèrement critiqué l’ONU à cause de cela. Malgré tout, les répercussions des nouvelles prévisions pourraient êtres significatives.

Les projections démographiques ont une importance puisque, malgré leur manque de précision, elles sont à la base des plans stratégiques. Les gouvernements s’en servent comme guide de leurs politiques de santé et familiales, les grandes entreprises s’en servent pour placer leurs investissements, et les analystes en sécurité les utilisent pour anticiper les futurs défis à relever et pour planifier leurs réponses.

Le consensus des communautés sur la sécurité par rapport au changement de pouvoir dans la région de l’Inde et de la Chine tel que projeté par l’ONU sont pour le moins énigmatiques. Si elles s’avéraient exactes, les nouvelles projections remettraient en question la taille relative de l’avantage démographique de l’Inde, le facteur même dont dépendent les avantages économiques et politiques.

Une récente étude RAND a conclu que la démocratie vibrante de l’Inde serait plus à même d’exploiter les facteurs clés qui rendent un pays compétitif que le régime autoritaire de la Chine. Parmi les quatre facteurs – démographiques, macroéconomiques, scientifiques et technologiques, ainsi que les dépenses de défense – l’Inde n’a aujourd’hui comme avantage que le premier : sa population.

Des quatre facteurs RAND, seule la population est fixe. Projeter les nombres de la future cohorte de jeunes ne nécessite pas des prévisions mais seulement des données par recensement : tous les jeunes qui seront la manne de la population active ou des unités militaires en 2025 sont déjà nés au jour d’aujourd’hui.

Les trois derniers facteurs dépendent de la capacité de New Delhi d’exploiter son avantage démographique. Lisa Curtis, de la Heritage Foundation, affirme : « Plus les dirigeants indiens font attention et réfléchissent à des solutions pour répondre à ces défis socio-économiques, plus l’Inde sera à même de faire en sorte que sa population rapidement vieillissante se changera en levier pour améliorer son influence au niveau international – dans le cadre même de l’équilibre du pouvoir en Asie. »

Il y a trente ans, la Chine était entravée par sa base technologique et industrielle arriérée, combinée aux ravages causés par la Révolution Culturelle. Cependant, les réformes économiques de la Chine ont permis de tirer des millions de personnes de la pauvreté tout en préparant le terrain de la révolution économique qui continue de nos jours. La croissance économique dépendait largement de la capacité de Beijing à puiser dans sa large réserve de travailleurs bon marchés pour soutenir les prouesses de son industrie. A son tour, l’Inde pourrait suivre le chemin tracé par la Chine.

Mais si le boom démographique de l’Inde se révélait être un fiasco ? Et si la phase terminale du déclin démographique de la Chine n’était pas, en fait, si sévère ? 

Inde           Moyenne          Constante                                       

2050 1 692 008 2 019 849
2100 1 550 899 3 319 977

 

Chine

2050 1 295 604 1 303 424
2100 941 042 828 495
Tableau 1: population totale de l’Inde et de la Chine en 2050 et 2100 (en milliers). Variation moyenne et constante des prévisions de la natalité.
Source : Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, Population Division (2011), World Population Prospects: The 2010 Revision, édition CD-ROM.

Si la natalité de l’Inde reste stable au taux de 2,73 et la Chine au taux de 1,64, l’Inde devrait avoir une population de 2 milliards de personnes en 2050, soit 716 millions de personnes de plus que la Chine qui aurait 1,3 milliards. En 2100, l’Inde aurait plus de 3,3 milliards d’habitants, contre 828 millions en Chine, ce qui est un avantage très significatif de plus de 2,5 milliards d’habitants.

Mais si les prévisions nouvelles de l’ONU étaient exactes, l’Inde pourrait avoir 1,69 d’habitants en 2050, seulement plus de 396 millions de plus que la Chine qui en aurait 1,3 milliards. En 2100, l’Inde n’aurait plus que &,55 milliard d’habitants, seulement 610 millions de plus que la Chine qui aurait 941 millions d’habitants.

Selon les nouvelles prévisions, l’avantage démographique de l’Inde pourrait être estompé dès 2100. Cela pourrait s’avérer un choc sérieux pour les analystes qui dressent les prévisions de l’emploi à New Dehli et donc, sa position stratégique future.

Comment chaque Etat interprétera les nouvelles prévisions controversées de l’ONU, cela est bien sûr impossible à savoir aujourd’hui. Mais il est bon de spéculer sur savoir comment les grandes puissances répondront à ces chiffres.

Prenez la Chine par exemple. Sauvée par des estimations de la natalité optimistes et par des prévisions d’un atterrissage démographique assez doux, la Chine, très confiante, pourraient être amenée à remplir ses obligation en tant que partie prenante responsable du système international. Cependant, cette confiance pourrait être aussi un stimulant pour une politique étrangère ambitieuse qui pourrait se révéler déstabilisante pour l’ordre international.

D’un autre côté, Beijing pourrait rester de glace face à ces prévisions optimistes. Les stratégistes chinois ont déjà fait la preuve de leur croyance dans l’émergence de la Chine après une longue époque de déclin démographique encouragé par l’Etat. Faisant face à des tendances démographiques non favorables, les politiques pourraient être amenés à résoudre les conflits avant que les contraintes de main d’œuvre ne réduisent la marge de manœuvre stratégique de la Chine sur des problèmes tels que la réunification avec Taiwan.  De telles préférences stratégiques auraient des implications vraiment inquiétantes pour la sécurité régionale dans les prochaines dizaines et vingtaines d’années.

En conclusion, on peut affirmer que les prévisions sont importantes en politique internationale. En s’engageant dans des prévisions changeant dramatiquement, l’ONU a fait peu pour soulager l’incertitude inhérente aux relations entre les états.

source : http://www.c-fam.org/fridayfax/

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