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Pourquoi "Assise 2011" ?

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Le "webmestre" de "Metablog" propose son interprétation de la façon de procéder de Benoît XVI en l'identifiant à "la méthode des patchs":

"Une vieille connaissance me demande «Pourquoi Assise IV (2011) ?» je lui réponds: parce qu’Assise I (1986), et II (1993), et III (2002). Assise IV, j’en suis convaincu, sera le patch des ‘Assise’ précédents. Mais qu’est-ce qu’un patch? C’est en informatique un petit programme nouveau qui vient corriger les anomalies d’une version précédente. Patch veut dire rustine en anglais – on peut aussi bien considérer l’image du cycliste qui a crevé: il ne jette pas sa chambre à air défectueuse, mais avec un patch il la répare.

C’est bien ainsi que procède Joseph Ratzinger. Il ne jette rien, il répare: Il y a, dans tel texte, telle formulation étonnante? C’est que nous l’avions mal comprise! Par exemple cette phrase : «L'unique Église du Christ subsiste en l'Église catholique» (1965), qui a fait grincer quelques dents. En 1985 le Cardinal Ratzinger nous en explicite le sens: elle signifie que «l'Église du Christ continue à exister en plénitude dans la seule Église catholique».

Ou alors la messe: on pouvait croire (et des milliers d’évêques l’ont cru) que le Novus Ordo Missae de 1970 était le nouvel Ordo Missae, qu’il remplaçait celui de 1962, de même que celui de 1962 remplaçait le précédent. Eh bien pas du tout. Le missel de 1962? «jamais abrogé»! Il est donc le rite romain en vigueur, dans sa forme extraordinaire. (Dans cette optique, qu’est le missel d’encore avant? la forme sur-extraordinaire?)

[Cela demande parfois une certaine souplesse. Quand on trouve dans un journal la formule «il fallait lire»… (par exemple : «il fallait lire onglet, et non anglais») nous comprenons bien qu’il s’agit d’une tournure de style, et que dès le départ il aurait fallu écrire onglet au lieu d’anglais. Eh bien dans notre cas, c’est différent : tout ce passe comme si l’on nous disait «vous avez bien lu, notez cependant que dans ce texte, ‘anglais’ a le sens d’onglet».]

Cette méthode rectificative marche aussi avec les actes. Que faire des JMJ ? leur côté ‘Woodstock catholique’ collait mal au pontificat. Le pape Ratzinger aurait pu les supprimer (ou les réduire à peu de chose, en les organisant dans une ville peu accessible). Pas du tout, il les continue, la fiesta en moins, l’adoration en plus.

J’en arrive à Assise. Beaucoup avaient vécu ces rencontres comme une grande fraternisation interreligieuse – les uns pour s’en réjouir (et pourquoi pas au fond s’il est vrai que «nous croyons au même Dieu, le Dieu Unique, le Dieu Vivant, le Dieu qui crée les mondes»!), les autres pour s’en plaindre (la FSSPX évoque encore une «foire»). Le cardinal Ratzinger lui-même avait fait savoir ses réticences. Puis applique sa méthode: il évoque (2002) la «juste compréhension de l'événement d'Assise» - il nous annonce qu’à Assise «il ne s'agissait [pas] d'affirmer une égalité des religions, qui n'existe pas».

Ami lecteur, ne pense pas que j’ironise! Car enfin, quelle autre méthode utiliser? Rembobiner le temps? ce n’est pas faisable techniquement. Dire son opposition frontale? C’est envisageable de la part de fidèles ou de prêtres traditionalistes – pas de la part d’un pape. Alors quoi? Peindre d’une nouvelle couleur ce qui existe déjà est au fond la seule chose à faire. Et puisque Assise est advenu (1986 et après), il n’y a sans doute pas d’autre choix que de poser l’acte d’un nouvel Assise, qui par une forme et par un contenu plus traditionnels donneront «leur vrai sens» aux réunions passées.

Je suis bien certain qu’à Assise IV, c’est ce que fera le pape Ratzinger, lui qui aime citer les paroles du Christ à saint François: «Va, et répare mon Eglise»."

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