Frédéric Pons pose la question dans « Valeurs actuelles » :

« (…) La Tunisie s’apprête à élire, ce 23 octobre, une assemblée constituante, premier scrutin libre depuis la révolution de janvier. Tout indique que les islamistes “modérés” d’Ennahda (“Renaissance”) arriveront en tête.

En Libye, la prise de contrôle militaire de Tripoli par une katiba d’insurgés barbus aux ordres d’Abdelhakim Belhaj (photo), 45 ans, illustre cette pression islamiste sur le nouveau régime. Dans ce pays déstructuré, le pouvoir et les richesses sont à prendre. Ceux qui ont l’organisation et les armes peuvent en profiter. Ancien émir du Groupe islamique combattant libyen, passé par les maquis d’Afghanistan, où il fut blessé, Belhaj a les deux. Sa culture est connue : haine de la démocratie, pratique suprématiste de l’islam radical. On dit cet homme fin politique, méfiant à l’égard de la mouvance Al-Qaïda. Ce n’est pas le cas de ses troupes. En échange de quoi lâchera-t-il son nouveau pouvoir à Tripoli ?

En Égypte, les violents affrontements entre des manifestants coptes et les forces de l’ordre, le 9 octobre (24 tués, 200 blessés), sont en rapport direct avec le statut discriminatoire dont souffrent ces chrétiens orientaux et avec leur inquiétude pour l’avenir. Le nouveau régime sera placé sous la pression des Frères musulmans, qui n’ont jamais caché leur mépris pour leurs ­compatriotes chrétiens (6 à 10 % de la population), traités en citoyens de seconde zone.

De Tunis au Caire, les islamistes se disent “ouverts”. La main sur le cœur, ils rassurent l’Occident en affichant la même référence : l’AKP turc. Mais comment oublier que ce mouvement islamiste conservateur déconstruit habilement le modèle laïc hérité d’Atatürk et renforce la soumission des chrétiens de Turquie, martyrs dans leur propre pays (…) »

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