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"L'esprit d'Assise" ou comment certains médias ou hommes d’Eglise prennent des libertés avec ce que le pape n’a pas dit

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L'expression connaît un vif succès dans les médias et elle est le mantra des franciscains et de la Communauté de Sant'Egidio. Mais les autorités du Vatican ne la répètent plus. Et Benoît XVI encore moins.

Source : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350057?fr=y

Aldo Maria Valli, journaliste vaticaniste à la télévision d’état italienne, a écrit dans le quotidien "Europa" que c’est avec la première rencontre d’Assise, en 1986, qu’est "né 'l’esprit d’Assise', qui est ensuite devenu une expression, jugée très belle par certains et dévastatrice par d’autres".

À l’occasion du "pèlerinage" par lequel Benoît XVI a voulu célébrer le vingt-cinquième anniversaire de cet événement, l’expression "l’esprit d’Assise" a été évoquée de manière répétée et emphatique dans les médias.

Beaucoup de personnalités l’ont fait. On peut citer, à titre d’exemple : le prieur du monastère de Bose, Enzo Bianchi, dans "La Stampa" ; le président de la Communauté de Sant’Egidio, Marco Impagliazzo, dans un éditorial publié en première page du quotidien des évêques d’Italie, "Avvenire" ; le fondateur de cette même communauté, Andrea Riccardi, dans le "Corriere della Sera" et dans "Famiglia Cristiana", qui est le plus diffusé des hebdomadaires catholiques italiens ; le sous-secrétaire du conseil pontifical pour les communications sociales, Angelo Scelzo, dans le "Mattino" ; le cardinal Roger Etchegaray, principal organisateur de la rencontre de 1986, en présentant un ouvrage écrit par Sant’Egidio et intitulé précisément "Lo spirito di Assisi” [L’esprit d’Assise] ; les moines franciscains et l’évêque d’Assise ; le quotidien catholique français "La Croix" ; le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, au cours de l’événement lui-même...

L’allégresse médiatique à propos de “l’esprit d’Assise” s’est fait sentir même dans les chroniques publiées par "L'Osservatore Romano" ou diffusées par Radio Vatican. Mais pas dans les éditoriaux écrits par les directeurs de ces deux médias du Saint-Siège, Giovanni Maria Vian et le père Federico Lombardi.

Ce silence de leur part est-il dû au hasard ou bien est-ce le fruit d’une volonté précise ?

Lors de la préparation du vingt-cinquième anniversaire de la rencontre d’Assise, au mois de juillet dernier, "L’Osservatore Romano" a publié une série d’articles qui avaient pour objectif de bien expliquer l’événement et qui ont été ensuite réunis en un livre.

Les articles étaient signés par tous les dirigeants des services du Vatican impliqués dans l’organisation de l’événement, c’est-à-dire par les cardinaux Tarcisio Bertone, Jean-Louis Tauran, William J. Levada, Kurt Koch, Peter K. A. Turkson et Gianfranco Ravasi.

Et bien l’expression “l’esprit d’Assise” n’apparaît pas une seule fois dans ces textes. En revanche on la trouve dans trois des quatre autres articles de la série qu’a publiée "L'Osservatore Romano", articles qui avaient été confiés à des personnes ne faisant pas partie de la curie.

En effet l’expression figure dans l'article de l’évêque d’Assise, Domenico Sorrentino, dans celui de Riccardi et dans celui de la présidente du mouvement des Focolari, Maria Voce. Mais pas dans celui du leader de Communion et Libération, le père Julián Carrón.

Et Benoît XVI ? Lui qui, quand il était cardinal, a été l’une des rares éminences de curie à n’avoir jamais pris part aux meetings interreligieux annuels de Sant’Egidio, qui attiraient beaucoup de monde et dont le titre citait “l’esprit d’Assise”, n’a pas utilisé l’expression plus de deux fois.

L’une de ces deux citations du pape Joseph Ratzinger – la seconde – a été insérée dans le film commémoratif qui a été montré à ceux qui participaient au pèlerinage d’Assise et au pape lui-même le 27 octobre dernier, au cours de l’événement.

Le film, produit par la télévision d’état italienne, a été supervisé par le père Filippo Di Giacomo, vaticaniste, et par Giuseppe Corigliano, ancien porte-parole de l'Opus Dei. Il ne semble pas que le Saint-Siège ait eu voix au chapitre en ce qui concerne sa réalisation.

Mais il faut remarquer que la première et la plus importante utilisation par Benoît XVI de l’expression "l’esprit d’Assise", en septembre 2006, avait précisément pour objectif d’expliquer quelle en était l’interprétation correcte, de manière à ce qu’"elle ne se prête à aucune interprétation syncrétiste, fondée sur une conception relativiste".

En tout cas, depuis que Benoît XVI a annoncé qu’il voulait célébrer le vingt-cinquième anniversaire de la rencontre d’Assise, il n’en a jamais évoqué une seule fois “l’esprit”.

Il ne l’a pas fait lors de l’Angélus du 1er janvier 2011, au cours duquel il a annoncé son intention, ce à quoi personne ne s’attendait.

Il ne l’a fait dans aucun de ses discours et saluts ultérieurs quand il a parlé d’Assise ou à Assise.

Il ne l’a même pas fait lors de l'Angélus du dimanche qui a suivi le pèlerinage du 27 octobre.

Commentaires

  • Une fois retirées toutes les citations et références, que voulez-vous dire? Que reprochez-vous concrètement à l'utilisation de l'expression 'l'esprit d'Assise'? Son sens est pourtant clair: pas d'esprit d'Assise en effet sans la présence du Poverello qui la reçu du Christ avant de le diffuser dans le monde entier, en particulier en rencontrant le sultant Malik al-Kamil. L'esprit d'Assise est une forme concrète d'adhésion aux paroles de Jésus, 'l'Esprit souffle où il veut' et du désir conséquent d'accueillir l'Esprit de Jésus en tous les êtres en qui il se manifeste. Une chose encore: entre l'esprit et l'Esprit, il n'y a parfois qu'un demi pas... au point que je ne prendrais pas le risque de pécher contre l'Esprit (cf. Mt 12,31-32)

  • De même qu'il y a un "esprit du concile" qui n'est pas le concile, il y a un "esprit d'Assise", qui n'est pas n'est pas non plus conforme à l'esprit catholique. Je ne ferai pas l'injure à M. Raviglione de croire qu'il n'avait pas compris. Sinon je lui conseillerais de lire, par exemple, "Dominus Iesus" déclaration de la congrégation romaine pour la doctrine de la foi sur l'unicité et l'universalité salvifique de Jésus-Christ, un document écrit par un certain Joseph Ratzinger et approuvée par le Pape Jean-Paul II le 16 juin 2000.

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