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La provocation élevée au rang des beaux-arts

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34(1).pngA propos des « Piss-Christ », » Golgota Picnic », » et autres «  Concept du visage du fils de Dieu » agitant aujourd’hui la France, hier à Paris, aujourd’hui à Rennes (avant de  franchir sans doute demain nos frontières), le site de « Valeurs Actuelles » observe que « les provocations antichrétiennes nourrissent l’exaspération de plus en plus de catholiques. Au risque de favoriser leur repli sur soi ? L’Église peine à trouver la réponse »  et fait notamment ce commentaire :

« Sur le concept du visage du fils de Dieu met en scène un vieillard incontinent soigné par son fils, qui le nettoie et change ses couches souillées, par trois fois.Une déchéance physique vécue sous le regard du Christ : un immense portrait d’Antonello de Messine (Salvator Mundi),qui finit par suinter non du sang mais une matière évoquant les excréments dont s’est vidé le vieil homme. Derrière la toile, des formes s’agitent jusqu’à la déchirer et la détruire. Apparaît alors en lettres lumineuses une phrase inspirée du psaume 22, « You are my shepherd »(“Tu es mon berger”), qui devient ensuite « You are not my shepherd ».

Castellucci affirme que sa pièce « n’a rien de blasphématoire ni de christianophobe » (selon le catéchisme de l’Église catholique, le blasphème « consiste à proférer contre Dieu des paroles de haine, de reproche, de défi, à dire du mal de Dieu, à manquer de respect envers Lui dans ses propos, à abuser du nom de Dieu »). « L’incontinence du père, dit-il, est une perte de soi. Elle est à mettre en regard du projet terrestre du Christ, qui passe par la kenosis – du grec kénoô : se vider – , c’est-à-dire par l’abandon de sa divinité pour intégrer pleinement sa dimension humaine, au sens le plus concret du terme. »

« Je fais un théâtre du questionnement, de l’inquiétude, qui joue sur l’ambiguïté, reconnaît-il cependant dans le Monde. Et tout est ambigu dans Sur le concept du visage du fils de Dieu : Jésus, la merde qui est aussi de la lumière… Ce que je cherche, c’est à fendre en deux la conscience, à ouvrir une blessure pour que les questions puissent entrer profondément en nous. » Le Monde évoque une « polysémie qui laisse cours aux interprétations ».Romeo Castellucci a su en jouer habilement : cette ambiguïté lui permet de susciter un scandale propice au succès de sa pièce, tout en plaidant non coupable des provocations qu’on lui reproche. Et les artistes qui le soutiennent en profitent pour accuser les manifestants de fanatisme, « cet ennemi des Lumières et de la liberté contre lequel, à de glorieuses époques, la France a su si bien lutter (…). »

Pour le journaliste Marc Baudriller, auteur d’un livre sur les Réseaux cathos (Robert Laffont), l’affaire Castellucci « révèle une fois de plus qu’un fossé s’est creusé entre la majorité des Français, issue d’une société largement déchristianisée, et la petite minorité des chrétiens. En France, les minorités sont respectées. Toutes, sauf la minorité catholique. Pourquoi ? Parce qu’elle est encore perçue comme une majorité, une puissance à déboulonner. Alors qu’elle est redevenue le fragile troupeau des débuts du christianisme » (…)…

Distinguant l’Église de ses fidèles laïques, Pierre-Marie de Berny estime que « l’institution a été dépassée, dans cette affaire, par un phénomène communautaire dopé par les réseaux sociaux. L’absence de prise de position précoce et claire a favorisé l’expression désordonnée d’une exaspération partagée par de nombreux jeunes catholiques. Les évêques ont pour la plupart grandi dans une société qui n’était pas déchristianisée, à la différence des jeunes cathos, partout minoritaires. Il est urgent qu’ils le comprennent et se réconcilient avec les nouvelles pratiques de leurs ouailles.(…) » Voir l’article complet ici : Cathos : la tentation communautaire

A cette analyse, nous ajouterions en guise d’ apostille :

Une des lectures de la pièce de Castellucci (car elle est, paraît-il, « polysémique ») prétendrait, nous dit-on,  associer l’incontinence du père dont les excréments suintent sur visage du Christ à la « kénose » de Dieu qui se  « vide de sa divinité » pour assumer notre humanité déchue.

Ce « message » est largement illisible pour un public chrétien qui réagit, au premier degré, à la provocation de l’image souillée comme Pierre tranchant l’oreille de Malchus.

Il est aussi profondément équivoque, car par son incarnation le Seigneur ne se vide pas de sa nature divine comme le vieillard de sa matière fécale !  Il assume la nature humaine en tout hormis le péché. Mais il est vrai qu’il essuie effectivement nos souillures sur la Croix en acceptant d’être mis là au rang des pécheurs.

En somme, la pièce manque son but : tous ses questionnements à tiroirs sont étouffés par le scandale qu’elle met en scène. A l’image du scandale de la Croix ? Bonne question…

Et pour en finir avec l’attitude à adopter par les chrétiens (« minoritaires» ou pas dans nos pays : la question là aussi est à entrées multiples) devant ces masques de comédie, le plus simple est d’inviter ceux-ci à relire les récits évangéliques de la Passion du Christ, qui eux n’ont rien d’ambigu.

Commentaires

  • Ce qui est aussi inacceptable pour des citoyens français, c'est le déni de leur propre laïcité.

    L'État ne peut intervenir pour subsidier une religion (même si l'argent de l'État est aussi l'argent de tous ceux qui ont une religion !). Mais alors l'État ne peut non plus intervenir pour subsidier un spectacle public qui agresse une religion en particulier, et toujours la même.

    La laïcité est le respect de toutes les religions, sans en privilégier aucune. On ne peut donc pas non plus en privilégier une dans le dénigrement.

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