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Castellucci et consorts : une note du Président de l'Observatoire Foi et Culture de la Conférence des Evêques de France

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Peut-être nos visiteurs seront-ils intéressés de découvrir cette note approfondie de Mgr Pascal Wintzer, Administrateur Apostolique du diocèse de Poitiers, Président de l'Observatoire Foi et Culture de la Conférence des Evêques de France, a propos du spectacle de Romeo Castellucci « Sur le concept du visage du fils de Dieu », rendue publique le 16 novembre 2011. Ils pourront la lire ici : http://www.eglise.catholique.fr

Cette note ne manquera pas d'éveiller réflexions et commentaires, notamment par son côté excessivement irénique qui tend à dédouaner le monde de la "culture" tout en condamnant purement et simplement l'indignation des catholiques qui s'insurgent contre des programmations qui portent atteinte à leur foi et aux symboles liés à celle-ci.

Commentaires

  • La défense de la culture et de l'art, par Mgr Wintzer, soulève beaucoup de questions. Il semble qu'il assimile un peu vite ces œuvres humaines à quelque chose de naturellement 'bon', quoi qu'elles produisent. N'est-ce pas oublier que toute création humaine peut être utilisée pour le bien comme pour le mal ? La culture et l'art ne sont pas naturellement porteurs de foi en Dieu et de bien orienté selon l'amour charité, comme le demande le Christ.

    À moins de considérer la production culturelle et artistique de nazis et de communistes comme porteurs de ces valeurs chrétiennes. Elle peut au contraire porter les messages de l'Adversaire du Christ. Elle n'est pas naturellement bonne parce qu'elle se prétendrait 'culturelle' ou 'artistique'. Un groupe rock peut être chrétien, mais il peut aussi être sataniste. Tous les deux peuvent parler du Christ et de son regard, mais avec des intentions diamétralement opposées.

    Une œuvre artistique peut représenter le Christ pour le glorifier, mais une autre pour le ridiculiser, selon l'intention de son auteur. On peut faire une pièce de théâtre ou un film qui représente honnêtement l'action de Pie XII en faveur des Juifs, mais on peut en faire d'autres qui le caricaturent en collabo des nazis.

    Quelle est donc l'intention de Castelluci ? Référons-nous à ce qu'il en dit lui-même au journal Le Monde : « Oui, il est indéchiffrable, c'est ce qui fait la force de ce tableau. Selon les moments, on peut y voir de l'indifférence, de l'ironie, voire de la cruauté. » Indifférence, ironie, cruauté, tous sentiments mauvais mais associés par l'auteur même au visage du Christ ? Ne devait-il pas afficher alors une représentation du visage de son Adversaire ?

    On aurait pu aussi demander à des spectateurs ce qu'ils avaient retenu de cette représentation autour du visage (ou du regard) du Christ. Ont-ils été convertis au Christ ou à son Adversaire ? Y a-t-il un journaliste qui a posé cette question ?

    Il faudrait donc peut-être rappeler à Mgr Wintzer que la culture et l'art n'ont pas en soi de caractère sacré, intouchable. Ils ne sont que des œuvres humaines, pouvant glorifier le sacré du mystère de Dieu, mais pouvant aussi le traîner dans la boue. Ne faisons donc pas de la culture et de l'art, de nouvelles idoles, qui remplaceraient Dieu ou qui lui seraient équivalentes. Par conséquent, ne défendons pas la culture et l'art davantage que nous défendrions le Christ Lui-même.

    La culture et l'art ne peuvent être au-dessus des lois des hommes, puisque ce sont des œuvres humaines, ne les élevons donc pas non plus au-dessus de la loi de Dieu. Et ne cherchons pas à présenter comme bon ce qui est de l'Adversaire, pour le faire accepter par des chrétiens. Essayons, comme Jésus au désert, de savoir résister à ces tentations et ces séductions du Malin. Celui-ci se sert aussi de la culture et de l'art, pour nous faire trébucher.

  • Heureusement certains de nos pasteurs ne sont pas dupes ou ne pratiquent pas un irénisme médiatique et commencent à le dire haut et fort. Cette pièce lamentable et calamiteuse aura au moins servi à cela.
    Merci à l'évêque du Puy (France) voir sa déclaration ci-dessous

    http://catholique-lepuy.cef.fr/Quelques-propos-au-sujet-d-une.html

  • Effectivement, la déclaration de Mgr Brincard, évêque du Puy rend un son très différent de celui de Mgr Wintzer et confirme les réflexions de Belgicatho (http://www.belgicatho.be/archive/2011/10/30/manifestations-anti-christianophobes-la-reprobation-ne-suffi.html) :

    "Il n’est point nécessaire d’avoir vu la pièce de Roméo Castellucci pour dire que sa seule lecture amène à s’interroger sur la notion de culture et, partant, sur ce qu’il faut entendre par « liberté artistique ».
    Pour ma part j’estime que la pièce de Castellucci est – et je pèse mes mots - violente, pénible et inutilement provocante.

    Pour un croyant – et c’est une évidence – Jésus n’est certes pas un « concept » mais le « Témoin fidèle, le Premier né d’entres les morts, le Chef des rois de la terre » (Apocalypse 1). C’est dire que la relation personnelle avec Jésus est notamment celle de la foi, de l’adoration aimante, du service des plus petits et des plus pauvres en lesquels « le Témoin fidèle » veut être servi avec prédilection. Comment ne pas être profondément atteint par une pièce de théâtre dont certaines scènes dépassent l’entendement et, par voie de conséquence, le supportable ? Pour atténuer le scandale il ne suffit pas de dire que les intentions de l’auteur sont bonnes ni même que certaines clés de compréhension permettent de faire des découvertes apaisantes. L’art véritable est un langage dont la clarté rend le beau accessible à tous. L’art qui aide l’homme à être plus conscient de sa dignité est un art au service de la splendeur du vrai et de la beauté du bien. Lorsqu’il est chrétien, un tel art sait montrer comment en Jésus, Dieu tire d’un drame « un effet sublime d’amour ».

    Faut-il le rappeler, il y a des libertés « liberticides »… l’art n’y trouve certes pas son compte. Par ailleurs, affirmer que « foi et culture » ont des liens profonds et nécessaires relève de l’évidence. Ces liens font l’objet d’heureux approfondissements, en particulier par des enseignements magistériels d’une grande richesse. Il arrive aussi – et je ne suis pas le seul à le déplorer – que la relation intrinsèque entre foi et culture donne parfois lieu à des développements hasardeux justifiant par des arguments spécieux l’injustifiable.

    Je pose à présent deux questions :

    La pièce de Castellucci fait-elle partie d’une culture qui élève l’homme et donc nous humanise ?
    Cette pièce de Castellucci aide-t-elle le croyant chrétien à avoir un regard plus profond sur « Celui qui nous aime et nous a lavés de son sang » ?
    Même après avoir lu les déclarations de Catellucci, je ne parviens pas à répondre positivement à ces deux questions.

    A présent, un mot au sujet des jeunes qui ont manifesté à l’occasion des représentations à Paris de la pièce intitulée « Sur le concept du visage du Fils de Dieu ».
    La plus élémentaire objectivité exige de distinguer entre ce qui s’est passé à l’intérieur du théâtre et ce qui s’est passé à l’extérieur. Le temps m’étant mesuré je ne parlerais que des manifestations dans la rue.
    En m’appuyant sur de nombreux témoignages et sur les observations d’une journaliste appartenant à l’équipe d’un grand journal parisien, je ferai les remarques suivantes :

    C’est aller trop vite en besogne de penser que les manifestants dans leur ensemble appartenait à des groupes de fanatiques ou à des groupes ayant des relations tumultueuses avec l’Église de Dieu qui est en France. En réalité, un nombre non négligeable de manifestants appartenaient aux réseaux nés des « Journées Mondiales de la Jeunesse ». Dans la rue, à quelques exceptions près, les jeunes ont manifesté paisiblement. Beaucoup d’entre eux ont même adopté des attitudes de prière exprimant leur peine, leur « désarroi intérieur », leur angoisse et enfin leur espérance. Alors je pose la question : « Depuis quand dans un État de droit, de telles manifestations sont-elles interdites ? » Quant à l’Église, ainsi que nous l’a dit le président de notre conférence : « Il faut entendre les questions des jeunes ».

    D’importantes forces de l’ordre ont été mobilisées pour réprimer une manifestation pacifique. Pourquoi tant de forces de l’ordre ? Pourquoi tant de gardes-à- vue dont certaines ont duré près de 48h ? Un avocat a dressé une liste impressionnante d’illégalités commises au cours de ces gardes-à-vue. Cette liste est-elle exacte ? Quoiqu’il en soit, plusieurs policiers et CRS se sont étonnés d’avoir été mobilisés en si grand nombre.

    Ma conclusion sera celle-ci : rassemblés devant un théâtre parisien au cœur d’un douloureux problème, ces jeunes m’ont fait penser à un « troupeau sans pasteur », un troupeau ayant le sentiment d’être laissé à lui-même, voire abandonné. Ce constat m’interroge personnellement : « Comment guider ces jeunes par de sages conseils ? » « Comment les apaiser ? » « Comment éclairer leur courage par de judicieux accompagnements ? »

    Une chose est certaine : les « sweeping statements », comme on dit en anglais, ne sont d’aucune utilité. Autrement dit, des amalgames regrettables ont parmi leurs effets nuisibles celui d’engager les jeunes sur des chemins semés de périls.

    + Henri BRINCARD
    Evêque du Puy-en-Velay

  • L'art et ses diverses modalités d'expression est neutre (Il n'est ni bon ni mauvais en soi) il faut, pour juger une oeuvre d'art en rapport avec la foi, remonter à l'intention de l'artiste... Prenons "les fleurs du mal"..;il serait absurde de considérer que la poésie (qui est un art) serait à priori contre la foi catholique...mais tout de même il serait absurde de considérer que Baudelaire charles a été un défenseur de la foi catholique et de l'Eglise Catholique...et plus encore absurde d'affirmer que "les fleurs du mal" qui est une oeuvre d'art exprimerait une dévotion extraordinaire à l'égard même de Dieu et une accusation en règle contre Caïn...Par conséquent le dialogue entre Eglise et le monde de l'art a des limites infranchissables ce me semble... La différence entre Baudelaire et castl...machin est la suivante. La france, au temps de Baudelaire était quelque peu marquée par la foi catholique et la morale catholique...tandis qu'aujourd'hui ce n'est plus le cas...(en outre "les fleurs du mal" est un véritable recueil de poèmes artistiquement bien faits et inovants ce qui ajoute à l'efficacité du propos du poète...hélas)
    Par ailleurs je déplore que la hiérarchie épiscopale ne fasse pas montre de plus de compréhension à l'égard des catholiques qui veulent que l'on respecte la foi et la religion catholiques sans pour autant mettre en cause la libeté de pensée...qui en fait..;présuppose une limite à l'extension de la liberté d'expression, savoir, celle qui refuse l'insulte et l'outrage.

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