Voici les propos que l'on peut lire en "opinion" dans la « Libre », anciennement « Libre Belgique », de ce 4 janvier 2012 :
(…) En trente ou quarante ans, des dizaines, peut-être des centaines de prêtres encore en vie aujourd’hui ont fait des centaines, peut-être des milliers de victimes en Belgique. Combien de zéros devrait-on ajouter à ces chiffres s’il fallait se placer au plan européen, voire au plan mondial ? (…)
Les années soixante ont été marquées notamment par deux révolutions. Il y a bien sûr eu mai 68 dont certains n’hésitent pas à penser que les accents libertins ont précipité une partie de notre clergé dans la perversité. Je ne peux m’associer à ce genre de raisonnement. Au contraire, je n’ose pas imaginer à quoi ressembleraient aujourd’hui les croyants s’ils n’avaient pas étés secoués par cette révolte. Le monde d’après 68 n’est pas meilleur que celui d’avant, mais les croyants ont tiré grand bénéfice de cet extraordinaire brainstorming notamment parce qu’ils ont dû se laisser interroger par la société tout entière. Quelques années plus tôt, une autre révolution se préparait. En 1962, Jean XXIII ouvrait le Concile œcuménique Vatican II (…) qui a probablement été un des plus extraordinaires remue-méninges de l’histoire vaticane. Evidemment, les espoirs des croyants progressistes allaient bien au-delà de ceux que ce Concile pouvait concrétiser dans l’immédiat. On se doutait qu’il faudrait du temps pour que des évêques osent envisager le sacerdoce pour les femmes et pour des personnes mariées, du temps aussi pour transformer une organisation hyper centralisée et pyramidale en une vraie communauté de communautés, avec tout ce que cela implique en termes de participation, de solidarité et de respect des différences. On savait qu’il faudrait du temps pour que l’Eglise s’ouvre au monde et laisse le monde venir à elle autrement qu’en s’obstinant à vouloir convertir chaque homme et chaque femme au catholicisme. (…).
Et puis, il y eu la douche froide. Porté par un succès purement politique dont il peut être fier, Karol Wojtila accédait au pontificat en 1978. Ce fut la douche froide parce que nous savions tous très bien que ce pape-là aurait le pouvoir de mettre entre parenthèses nos espoirs les plus fous et pour longtemps. Et il l’a fait ! (…). Pendant ce temps en effet, les églises se sont vidées et la très grande majorité des prêtres se sont retrouvés seuls et livrés à eux-mêmes. Ils devenaient une denrée rare et pouvaient penser qu’avec Jean-Paul II, ils se retrouveraient investis d’un pouvoir fort et du sentiment d’être intouchables. Qu’est ce qui pouvait arriver aux prêtres responsables de faits de mœurs ? Au pire, ils finissaient leurs jours dans un couvent ou comme curé dans une paroisse sud-américaine.
Que serait-il arrivé si, au contraire de ce qui s’est passé dans l’après-Vatican II, on avait réussi à faire éclater la bulle du clergé, si ce clergé s’était ouvert aux femmes et aux hommes mariés ? Que serait l’Eglise aujourd’hui Jean-Paul II avait profité de ses nombreux déplacements pour promouvoir l’émergence des communautés de base au lieu de se prendre des bains de foules et de focaliser les médias sur l’une ou l’autre figure canonisable ? Que serait-il arrivé si on avait davantage encouragé l’implication des laïcs dans la gestion des Eglises dans un esprit de participation démocratique et accepté de cette manière que celui-ci soit contrôlé par sa base ? Dans les années 80, les évêques et les Eglises locales étaient mûrs pour assumer ces transformations indispensables mais, tous les signaux envoyés par le Vatican s’y opposaient. L’aile conservatrice de l’Eglise s’est trouvée renforcée ainsi que le pouvoir d’une curie romaine toujours de plus en plus intransigeante. D’une main, Jean-Paul II donnait les coudées franches à l’Opus Dei et à quelques charismatiques ralliés à sa cause et de l’autre, il matait les évêques un peu trop remuants. Les prêtres qui aujourd’hui, confessent des faits graves de mœurs et d’attentat à la pudeur n’auraient pas trouvé leur place dans une Eglise réellement animée par l’esprit du concile. Et même si cela avait été le cas, il leur aurait été beaucoup plus difficile de laisser s’exprimer leurs pulsions déviantes avec des femmes ou des hommes mariés pour collègues et s’ils avaient dû partager le pouvoir avec des laïcs de façon plus systématique. Nombre de ces souffrances auraient pu être évitées si on avait pu faire en sorte que "le monde puisse voir ce qui se passe à l’intérieur de l’Eglise". L’Eglise catholique du XXIe siècle vit un des plus grands naufrages de son histoire. Dans ce contexte, la procédure de canonisation de Jean-Paul II, véritable fossoyeur de Vatican II, apparaît comme particulièrement choquante. On peut espérer en tout cas que parmi les miracles qu’il faudra recenser pour la valider, on aura la décence d’en trouver quelques-uns qui font état de la guérison des atroces blessures qu’ont subies sous son pontificat des milliers d’enfants abusés. » Tout l’article ici : La douche froide de l’après-Vatican II
Ainsi donc ce lamentable problème de mœurs qui plombe aujourd’hui l’Eglise n’aurait rien à voir avec la révolution de mai 1968, ni avec le trop fameux « esprit du Concile », c’est la faute à Jean-Paul II qui en confortant l’autorité des clercs aurait développé chez eux un sentiment de puissance et d’immunité totale d’où découle tout le mal.
On aura rarement vu une thèse poussée à ce point de caricature. Elle n’honore pas le niveau intellectuel auquel prétend « La Libre Belgique ». Et puis les faits sont têtus : Jean-Paul II a été élu pape en octobre 1978, alors que les abus sexuels cléricaux actuellement dénoncés remontent, pour la plupart, aux années 1960-1970. Deuxièmement (sans vouloir faire injure à sa mémoire) ce pape, dont les vues planétaires et le charisme personnel sont indiscutables, ne passe pas pour s’être beaucoup impliqué dans la gestion des structures de l’Eglise…
Cette prose qui s’étale sur une page et demi (caricature comprise) dans la Libre ex Belgique est signée par un certain Monsieur Jourdain (Jean de son prénom), avec la mention « catholique très engagé pendant 30 ans et un peu fatigué aujourd’hui ». Fatigué, on le croit sans peine. Quoi de mieux à faire alors que d’aller se coucher ?
Commentaires
Monsieur Jourdain ne serait-il pas un pseudonyme utilisé par Christian Laporte?
Bonne nuit, en tout cas!
Un diagnostic totalement erroné!
L'article paru dans la "Libre" est en effet une véritable caricature de tous les arguments serinés par les progressistes(l'auteur se présente comme tel)depuis 40 ans!On peut dire qu'ils ne se renouvellent pas en dépit du démenti des faits!Tout ce qu'ils présentent comme des remèdes n'aurait fait que précipiter l'Eglise dans un goufre.Si ce programme avait été promu par un Pape, nous serions tous protestants ou athées.D'ailleurs, l'auteur avoue ne pas adhèrer au Credo; en conséquence de quoi il n'est nullement habilité à vouloir réformer l'Eglise de l'intérieur.Les véritables réformateurs de l'Eglise ne sont ni Luther ni les progressistes de notre temps mais les saints qui ont commencé par se réformer eux-même, comme Saint François d'Assise(qui a toujours obéi à son évêque et au Pape)et tous les grands saints de la Contre-Réforme et d'autres époques troublées.
Pour ce qui est de la crise des abus, tout ce que dit l'auteur est faux!Sur le site "Benoit et moi 2011- II", on peut peut-être retrouver un article intitulé"Effets pervers de la révolution sexuelle" où le sociologue Massimo Introvigne nous présente un graphique qui montre que le nombre d'abus, aux Etats-Unis, a chuté
vertigineusement à partir de 1980, sous le pontificat de Jean-Paul II, jusqu'à atteindre un niveau très bas aujourd'hui(un seul cas étant évidemment de trop!).Les affaires qui" sortent" aujourd'hui sont généralement très anciennes;elles datent précisément des années post-conciliaires où des gens sans scrupules ont fait un hold-up sur le concile en le dévoyant du but recherché par Jean XXIII.
Je commence à en avoir ras le bol de tous ces articles à sensation sans grand souci de rigueur ou de précisions : de quelques dizaines on passe vite à "peut-être" des milliers, on remonte à 1945 !
Les propos de ce monsieurconcernant le Bx. Jean-Paul II sont proprement odieux. Quant aux considérations sur le Concile "trahi" par le Vatican c'est vraiment du super rabâché, on croirait un article de Golias (Lyon) ou alors de nos bons contestataires style p.a.v.é.s. Les clivages dans notre Eglise prennent des proportions inquiétantes, parfois cela frise même l'hystérie.
Une question me taraude depuis longtemps. Dans un état de droit on n'accuse ni ne condamne sans preuves (aveux, témoignages concordants, écrits) or dans certains cas, parfois vieux de 5O ans, je serais curieuse de savoir si ces preuves existent. Je suis d'avis que l'Eglise doit indemniser les cas avérés avec aveux ou preuves indubitables mais pas dans le cas contraire. On ne peut exclure des faits exagérés ou déformés par le temps ni bien entendu des cas de mythomanie, souvenons-nous de l'horrible affaire d'Outreau. Mais jamais les médias n'abordent la question de la preuve.
Ce pensum (comme d'autres) témoigne d'un gros effort de communication , orientée.
Tout se passe comme si les "conciliaires de rupture" préparaient l'avenir en déconsidérant les autres (comme d'habitude).
Quel avenir ? En particulier, le prochain Conclave.
Heureusement que le Saint-Esprit, Lui, Il est bien informé : la chasse aux pigeons est ouverte.
C'est le baroud d'honneur !
Quoi de plus amusant de voir les afficionados du Concile-Rupture se débattre pour défendre leur vision de l'Eglise sentant la fin de leur courant prochaine.
Comme par hasard ils trouvent des relais imbéciles dans les media.
Il reste que comme dit dans l'article c'est totalement idiot de sortir des âneries de ce genre. Il suffit de prendre un calendrier !
Tout ceci nous montre qu'il faut être patient. Cette génération de progressistes hystériques n'a pas de relève.
C'est bien de montrer les erreurs de ces discours.
C'est encore mieux de renseigner en plus ce qui fait grandir.
Ce blog y contribue grandement et j'en félicite les auteurs.
Continuez, vous êtes excellents !
L'avenir est à la jeunesse, celle qui précisément est prête à se donner généreusement.
Allez les 68tard, il va être l'heure de vous coucher !
Bernie
Il est évident que les propos de ce Monsieur sont étonnants!
Douterait-il de la toute puissance de Dieu qui est bien celui qui a choisi Jean-Paul II en son temps et heure?
Ou alors oserait-il modifier son commentaire: "... c'est la faute à Dieu si ... !."
Que ce manque de sagesse spirituelle le fatigue, après 30 ans de vaillant combat de catholique engagé, n'est pas étonnant donc. Cela doit être tuant et tellement "cause perdue d'avance" que de se battre ainsi contre Dieu et de s'imaginer capable de le contrer par un pauvre néant d'être humain. Qui sommes-nous donc ?
Dieu dit bien : "Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres et mes pensées au-dessus de vos pensées.".
Dur, dur pour les contestataires orgueilleux d'accepter cela! Pas évident quand on est "croyants progressistes" d'arrêter de retrancher, modifier, transformer dans les évangiles ce qui paraît; contraire à la mentalité de ce monde, ou trop mystérieux dans la foi. Difficile de se dire que ce n'est jamais l'homme qui règle les lois de l'Eglise, mais c'est Dieu;
Vouloir partager le "pouvoir de l'Eglise" entre prêtres et laïcs, c'est de l'hérésie! Vouloir donner aux femmes un rôle dans l'Eglise qui ne lui revient absolument pas, c'est de l'hérésie! L'Eglise n'est pas une oeuvre humaine mais œuvre de salut, en provenance directe du Cœur de Dieu afin de nous sortir de cette misère du monde!
Les Etats ne supportent pas ou plus l'ingérence de la religion catholique dans leurs affaires "du monde", mais par contre ils trouvent tout à fait normal de se mêler des affaires de l'Eglise qui est affaire de DIEU!!! Mais quelle hérésie!
Le texte est une offence à Dieu, car c'est bien lui qui a voulu placer Jean-Paul II à la tête de l'Eglise. Lui seul, Tout Puissant, sait pourquoi. Il a eu bien raison. Vouloir le nier, puis venir salir ce Saint-Pape est un péché très grave envers l’Esprit-Saint par qui toutes choses sont révélées. C'est en effet par la volonté de Dieu également que Jean-Paul II a été béatifié par Benoît XVI.
Gloire et Louange à Dieu d'avoir eu Jean-Paul II comme Pape pendant toutes ces années! Quelle BENEDICTION d'avoir actuellement Benoit XVI pour lui avoir succédé. Prions beaucoup pour lui, car toutes les bénédictions présentes et à venir, dans l'EGlise par la volonté de Dieu, ont un prix. C'est lourd pour nos faibles épaules. Mais courage! on vaincra. :-)
C'est une bénédiction que d'avoir percé l'abcès de la pédophilie dans l'Eglise. Grâce à Dieu. Il y aura d'autres abcès à percer; si douloureux et mystérieux que cela puisse sembler, n'en ayons pas peur, et ne râlons pas car (comme le dirait P. Descouvemont) Dieu n'a pas créé un monde parfait, mais un monde en état de cheminement, afin d'aller vers la perfection ultime.
Maintenant il faut soigner, guérir, et ne pas s'apesantir. Nous lirons encore beaucoup d'horreurs et verrons beaucoup de choses scandaleuses à la TV, ... . Ce n'est que par l'Amour de Dieu que nous pourrons y arriver. Que chaque laïc et chaque religieux accepte la place d'Amour, même la plus humble que cela puisse sembler être, et que Dieu lui a réservé dans le monde, pour le salut des âmes, et l'harmonie règnera.
"Vraiment il est juste et bon de Te rendre gloire, de T'offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à Toi, Père très saint, Dieu éternel et tout puissant, à Toi, Créateur de tous les éléments du monde, Maître des temps et de l'histoire".