Jusqu’à son dernier souffle, même dans la faiblesse extrême, chaque personne est digne. Jamais la société ne doit pouvoir acquiescer à la prétendue indignité de l’un d’entre nous. Aux Pays-Bas, le héros du film Intouchables aurait-il survécu longtemps à ses propres demandes d’en finir ? Une personne en fin de vie consomme moins, ne produit plus et coûte parfois très cher mais il lui reste l’essentiel : le lien avec sa famille, ses amis, les accompagnants. Cet apprivoisement mutuel nous dépasse tous, il n’appartient à personne, pas même à celui qui est sur son lit d’hôpital. Quand la vie devient si fragile surgissent de précieux instants de partage et de rencontre.
Les témoignages qui nous viennent de Belgique révèlent des dérapages très inquiétants, sources d’injustices. Mais avant de mettre en lumière les conséquences de l’euthanasie, il faut revenir aux raisons de cette demande portée par une partie de nos concitoyens, révélatrice d’une certaine vision de l’existence. Il est symptomatique que le philosophe André Comte-Sponville se soit déplacé au dernier meeting de l’ADMD au Cirque d’Hiver. La pensée stoïcienne, qu'il a remise au goût du jour, est une forme de retour d’une idée d’un destin auquel il faut conformer ses désirs. Il est au fond un acquiescement pessimiste à un "ordre du monde" qui nous dépasse et procure un sentiment superficiel de paix. Par certains côtés, notre époque ressemble à l'antiquité romaine des 1er et 2ème siècles quand il était jugé "digne" de se suicider, surtout à la fin de sa vie. Cet état d'esprit contagieux fut un poison violent pour ces générations. Il le sera aussi pour la nôtre, d’autant qu’il se pare d’une image de liberté qui n’est qu’un leurre : celle de faire le « choix » de résoudre un problème en supprimant le problème.
Cependant, les peurs des adhérents de l’ADMD sont légitimes. La tentation de l’euthanasie peut aussi s’appréhender comme une dérive de l'idéologie libérale qui a pénétré l’hôpital. Avec la politique du « paiement à l'acte », les médecins sont transformés en « prestataires de services » soignant des maladies plus que des personnes, et les hôpitaux en « usines » à soins, faisant tourner à plein régime l’industrie pharmaceutique. Dans les situations de fin de vie, les médecins, formés dans la toute-puissance du guérir, sont démunis et pratiquent parfois un acharnement thérapeutique inutile. Il faut procéder à une vraie réforme structurelle, probablement douloureuse, car les intrications entre les mondes politiques et médicaux semblent indépassables. L’euthanasie apportera peut-être une solution au creusement des déficits, au détriment des patients socialement les plus vulnérables. Elle ne sera jamais une réponse au « mal-mourir (…).
Et de conclure: “La gauche est légitime pour sortir par le haut de ce débat” en précisant: “Les dispositions rendues possibles par la loi Leonetti, en particulier sur le traitement de la souffrance, sont trop mal connues. Rendons vraiment applicable cette loi que la droite nous a laissée en héritage sans se donner les moyens suffisants pour la mettre en oeuvre à l’échelle de notre pays ! Et ne laissons pas derrière nous une génération de renards tristes…” C’est ici: Accueillir la fin de vie pour revenir aux fondements du lien
Qu’ils soient roses, blancs ou noirs, de mars ou d'avril, en général les poissons se font plutôt attraper par les pêcheurs, pas l’inverse. Et les petits princes se font piquer par les serpents auxquels ils ont donné leur amitié.
Commentaires
Le mot 'socialisme' est un synonyme de 'étatisme', c'est la prédominance de l'État sur l'individu. Dans le socialisme, l'individu doit se plier à ce que veut l'État et au bien de l'État, ce n'est plus l'État qui doit se plier à ce que veut l'individu et au bien de l'individu.
Le socialisme dérive donc très facilement vers toutes sortes de totalitarismes : le fascisme, le nazisme, le communisme, sont des formes de socialisme. Lorsque trop de pouvoirs et trop d'argent sont mis dans les mains de l'État, cela tourne toujours mal pour les individus et leurs libertés individuelles. Et cela tourne toujours mal en abus de biens sociaux et détournements d'argent public. Et cela tourne toujours mal pour la précarité des individus.
Les petits "poissons roses" jouent avec le feu (ou les serpents). Ils finiront par se faire brûler (ou piquer). François Hollande n'est pas "pro-life", ce serait même plutôt le contraire. Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu et évitons de nous faire manipuler...