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Syrie: manipulations politiques sur fond de communautarisme religieux

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28802_agnes-myriam_440x260.jpgDans une matinale publiée ce jour sur le site de “La Vie”, Nathalie Trouiller écrit: “La seule chose que l'on puisse dire avec certitude, c'est que la minorité chrétienne de Syrie est aujourd'hui au coeur de la tourmente au même titre que les autres civils syriens. Le sont-ils davantage? La réponse à cette question complexe est tout l'enjeu d'une véritable guerre de communication que se livrent les deux camps en présence, celui de Bachar el-Assad d'une part, celui des révolutionnaires syriens d'autre part.

La Syrie est, depuis Hafez el-Assad, dirigée par les alaouites, dont est issu le clan Al-Assad, et qui représente environ 12% de la population syrienne. Cette curieuse secte chiite, sorte de gnose musulmane très hétérodoxe et fortement imprégnée de traditions syro-phéniciennes, s'est toujours sentie culturellement et religieusement plus proche des chrétiens dont elle célèbre nombre de fêtes (Noël, les Rameaux, Pâques, la Pentecôte, etc) et honore les saints (en particulier Saint Jean-Baptiste, Sainte Catherine, Saint Georges et même... Sainte Barbe). D'autant que pour les musulmans sunnites, qui représentent la majorité des Syriens, le chiisme alaouite est une hérésie épouvantable, dont les adeptes sont "plus infidèles que les Juifs et les Chrétiens, plus infidèles même que bien des idolâtres... ils ont fait plus de mal à la religion de Mahomet que les infidèles belligérants, Francs, Turcs et autres... Contre eux la guerre sainte est agréable à Dieu", écrivait ainsi un sunnite au XIVe siècle.

C'est ainsi que le clan Al-Assad est parvenu à se placer en protecteur des minorités, en particulier chrétienne, tout au long de son règne - tout en expropriant massivement les Eglises lors des nationalisations d'écoles en 1963. C'est également ainsi que, dès les prémisses de la révolution, les chrétiens ont été fortement incités à appeler à l'aide et à agiter le spectre de l'islamisation - d'autant plus facile à agiter que les craintes des chrétiens de la région sont souvent extrêmemement fondées. On a ainsi vu en première ligne mère Agnès-Myriam (photo), supérieure du couvent de Saint-Jacques-l'Intercis à Qâra, devenir véritablement l'égérie du pouvoir syrien.

Mais elle n'est pas la seule. Son ami Mgr Abraham Nehmé, métropolite grec-melkite catholique de Homs, Hama et Yabroud, est également très actif dans les réseaux pro-Assad. De même que beaucoup de dignitaires orthodoxes: il faut dire que bien des Eglises orthodoxes syriennes ont des liens d'amitié, voire de dépendance financière, avec le Patriarcat de Moscou... lequel soutient vent debout la position du Kremlin de fidélité au clan Al-Assad. Le patriarche Kirill a d'ailleurs été reçu en grande pompe en novembre dernier par le président syrien, à qui il a décerné un satisfecit remarqué: "La Syrie constitue un modèle de cohésion islamo-chrétienne. Je suis profondément convaincu que les problèmes peuvent être résolus pacifiquement et par le dialogue. Le plus important est que le sang humain ne soit pas versé. L'histoire montre qu'une fois que le sang humain est versé, il devient difficile de résoudre le problème", avait déclaré le patriarche, alors que les chiffres de la répression s'élevaient déjà à 3.500 victimes.

L’article note cependant que “ d'autres voix chrétiennes déplorent l'utilisation des chrétiens comme bouclier du clan Al-Assad. C'est le cas du jésuite Paolo Dall'Oglio  expulsé par le régime (…), de Mgr Antoine Audo, archevêque chaldéen d'Alep et président de la Caritas syrienne et de Ayman Abdel Nour, chrétien assyrien autrefois proche du pouvoir (…): selon lui, cette récupération ne se limite pas aux seuls chrétiens, mais concerne également les sunnites, comme le prouve l'envoi par le pouvoir syrien de religieux chrétiens et musulmans au Congrès américain”.

Référence ici: Syrie: le sort des chrétiens, un enjeu politique. Ici: Syrie, le sort des chrétiens, un enjeu politique

Tous les ingrédients d’un imbroglio politique sur fond de communautarisme religieux

Commentaires

  • C'est affreux de se servir ainsi de la religion! le seul moyen est la laïcité que chacun comprennent qui fait ce qu'il veut mais chez lui!
    Après tout la liberté finie ou commence celle des autres. :)

    Marie.

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