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Quand on s’étonne que l’Eglise prie…

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Source : http://www.frequenceesj.com/societe/978.html

Abbé Grosjean : « Qu’on ne dise pas que c’est une entorse à la laïcité »

Écrit par Tristan QUINAULT MAUPOIL le 15 août 2012.

INTERVIEW - Père Pierre-Hervé Grosjean est secrétaire général de la commission "éthique et politique" au diocèse de Versailles et défend la place de l'Eglise dans le débat sur l'ouverture du mariage à tous les couples et l'adoption par les couples homosexuels. Pour lui, "l'Eglise ne peut pas s'en désintéresser". "Qu'on ne dise pas que c'est une entorse à la laïcité", affirme-t-il et d'ajouter: "La laïcité ne cherche pas non plus à bâillonner les religions, mais leur permet au contraire de participer librement au débat public".

Fréquence ESJ: L'Eglise catholique propose une prière pour la France qui aborde l'ouverture du mariage pour les couples homosexuels. L'église est-elle dans son rôle en s'invitant dans un débat très politique ?

Abbé Grosjean: On s'étonne que l'Eglise... prie ! On s'étonne que cette prière ne soit pas complètement désincarnée ! On nous reproche même de prier pour que des enfants puissent bénéficier de l'amour d'un père et d'une mère ! Ceux qui ont vraiment lu la prière ne peuvent que reconnaître qu'il y a là l'expression d'un simple bon sens élémentaire. Les chrétiens ne sont pas hors du monde. Leur foi les engage au coeur du monde à servir le Bien commun. Respecter la nature du mariage, vouloir préserver ce qui est le plus structurant pour un enfant, va dans le sens de ce bien commun. L'Eglise ne peut donc pas s'en désintéresser. Et qu'on ne dise pas que c'est une entorse à la laïcité ! Celle-ci protège les cultes et permet justement qu'on puisse prier librement dans notre pays. La laïcité ne cherche pas non plus à bâillonner les religions, mais leur permet au contraire de participer librement au débat public.

Cette intervention de l'Eglise vise-t-elle à prendre le relais à une opposition qui était jusque-là l'apanage de groupes plus "extrémistes" ?

Je ne suis pas certain que les évêques soient d'abord dans ce genre de calcul. Par contre, ils sont pleinement dans leurs rôles en donnant le ton, et un ton juste: respect des personnes, force et clarté des convictions, défense des institutions et des repères dont notre société a besoin. Surtout, ils remettent la question du bien de l'enfant au centre: au delà des désirs des uns et des autres, il nous faut promouvoir les droits de l'enfant, et refuser d'instituer un "droit à l'enfant".

Lorsque le parlement examinera le projet de loi, comment l'Eglise peut-elle se faire entendre ? Au delà des prises de position, deviendra-t-elle "militante" ?

L'Eglise a une grande force: elle est libre. Elle n'est pas liée à un parti. Elle ne fonde pas sa pensée sur des sondages ou des majorités fluctuantes. Elle ne défend pas des intérêts particuliers. Elle offre donc à toute la société, ce service précieux d'une prise de parole libre, à temps et à contre temps, pour défendre la personne humaine, la famille et la vie et alerter les consciences. L'Eglise peut se faire entendre, car sa sagesse, sa liberté et son autorité morale sont malgré tout encore reconnues. On peut souhaiter que le gouvernement ne prive pas les français d'un vrai débat de fond. Sur les questions de bioéthique, les états généraux de la bioéthique avaient permis à tous ceux qui le souhaitaient d'entrer dans une réflexion de fond, au-delà des postures partisanes. Sur des sujets qui concernent la famille, il me semblerait essentiel d'avoir le même effort de réflexion entre français, au-delà des revendications de telle ou telle association.

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