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France : beaucoup de bruit pour rien ?

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La question se pose sérieusement. Face à un président et à un gouvernement décidés à légaliser « le mariage pour tous », en y ajoutant le droit à l’adoption et même au recours à la procréation médicalement assistée pour les couples de même sexe, se sont mobilisés tous les partisans du mariage entendu comme l’union entre un homme et une femme et du droit de l’enfant à avoir un père et une mère.

C’est ainsi qu’on a déjà assisté à de grands rassemblements un peu partout en France malgré des divisions à l’intérieur de ce « front du refus ». En effet, le plus grand nombre s’est retrouvé autour de Frigide Barjot dans un esprit « le plus ouvert possible », voulant éviter toute connotation « homophobe » tandis que les « ultras » se mobilisaient de façon plus déterminée sous l’étendard du mouvement catholique « identitaire » Civitas. Au point de programmer deux manifestations distinctes les 17 et 18 novembre dernier.

Cette mobilisation est accompagnée de pétitions, de lettres ouvertes, de rapports, de publications diverses, relayées par les journaux et les réseaux sociaux acquis à la cause. D’immenses ressources de dévouement bénévole mais aussi de moyens coûteux sont ainsi investies dans ce combat auquel presque tous les évêques de France et de Navarre se sont associés. La prochaine démonstration sera pour le 13 janvier prochain où Christophe Geffroy (directeur de la Nef) espère voir défiler un million d’opposants. Tout cela est très impressionnant et contraste de façon assez spectaculaire avec le peu de réactions constaté en Belgique en de semblables circonstances.

Malheureusement, il suffit de savoir compter pour deviner ce qui va se produire. Les réformes envisagées seront soutenues, à quelques rares exceptions près, par la gauche actuellement majoritaire ; elles bénéficieront également du soutien de députés de l’opposition qui se targuent de défendre un « modèle libéral avancé ». En face, on trouvera une minorité d’élus appartenant à l’opposition dite républicaine et au FN ; trop peu pour faire le poids et empêcher quoi que ce soit. Autant dire qu’avec la victoire de François Hollande, le tour était déjà joué et que si l’on avait voulu empêcher ces réformes (et d’autres à venir, sur l’euthanasie par exemple) d’aboutir, il aurait fallu se mobiliser lors des récentes élections. Même si c’est encore plus beau quand c’est inutile,  ce combat désespéré mené depuis des semaines et qui accapare les meilleurs risque très vraisemblablement de conduire à un échec avec les frustrations et le découragement que cela peut générer.

En réalité, la gauche française considère qu’elle ne fait qu’acter un état de fait, affirmant que « la société ne peut accepter des évolutions majeures sans les reconnaître, ni les protéger, ni les encadrer », dixit Marisol Touraine, qui ajoute : « Ce texte de loi est une avancée majeure pour l’égalité. Il répond à une attente et à une évolution de la société. Le corps social évolue et se transforme. Il est illusoire de croire que la société puisse être définie par un ordre imposé de l’extérieur. »

Tout est dit : d’un côté, l’affirmation de la volonté générale exprimée par la majorité qui est la source du droit et qui adapte la loi à l’évolution de la société, de l’autre, l’invocation d’une loi naturelle selon laquelle le mariage unit un homme et une femme pour le plus grand bien des enfants qui surgissent de leur union. On peut formuler cela comme on veut en présentant des arguments anthropologiques, psychologiques, sociologiques, éthiques, etc., mais il s’agit toujours d’invoquer un bien objectif préexistant aux désirs des individus, et dont, malheureusement, nos systèmes politiques, qu’ils soient socialistes ou libéraux, ne reconnassent pas la pertinence.

Face à l’inéluctable, on peut se poser la question de savoir si toutes ces énergies investies (à perte ?) dans un vaste baroud ne le seraient pas à meilleur escient sur le terrain, au cœur des réalités familiales, associatives, éducatives… de façon à recréer une dynamique capable d’enrayer cette dégradation continue de notre société.

Commentaires

  • Je trouve qu'il est important que les gens sachent qu'ils ne sont pas seuls à s'y opposer et que tout le monde n'a pas adhéré à la pensée unique... c'est très important, vous savez, ça donne du courage de savoir qu'on soit si nombreux.

  • Depuis plusieurs années le "mariage" des homos et l'adoption par des couples homos se passent sans problèmes en Belgique. Pourquoi faire tant d'histoire en France alors que des pratiques bien pire sont qutotidiennes et dans l'indifférence de tous, églises comprises :le don anonyme de gamètes qui empêchent toute filiation !!! C'est là le vrai scandale et tous, hétéros et homos seont concernés.

  • Il y a pire ? Si on veut. On peut toujours comparer les malheurs entre eux.

    En Belgique, deux gros dossiers ont failli passer "comme une lettre à la poste" : l'IVG et le "mariage" homo.
    - Pour l'IVG, sans Baudouin Ier... Collectivement, les cathos de Belgique ont été transparents.
    - Pour le "mariage" homo, les cathos de Belgique, ils ont été fantomatiques.

    Entretemps.
    Quand Baudouin nous a quitté. On parvenait pas à canaliser les manifestations de condoléances.
    Et lors de la "Marche blanche", il y a eu... 100.000 personnes ?
    Ce qui démontre qu'en Belgique, ce n'est pas la population qui aurait renoncé à l'estime d'elle-même.

    Chez nous, l'Eglise catholique a été un pilier du pays. Elle n'est plus qu'une ombre. (Merci aux péri-conciliaires : ils avaient "bouffé le Saint-Esprit avec les plumes". Et on voit le résultat.)

    Quant à envisager de ne "croiser le fer" que si on a gagné d'avance...

    Franchement, où va-t-on sur cette voie-là ? C'est comme ça qu'on établit les dictatures : par la démission de toute opposition potentielle.
    Il faut, tout au contraire, accepter les confrontations même pour perdre. Sans quoi, nous n'aurions même plus de listes minoritaires pour nos conseils communaux.

  • Triste article que je lis là ! Si les responsables de la communication du gouvernement français actuel avaient voulu émettre un message démobilisateur de leur opposition, ils n'auraient pas fait mieux. Je crois au contraire (comme le premier commentaire) qu'il est plus qu'indispensable, primordial, de faire savoir, de faire comprendre aux français la folie vers laquelle les conduit leur gouvernement. Contrairement à ce que dit cet article malheureux, sachez qu'en politique rien n'est impossible et surtout pas quand l'opinion publique se réveille. Pour cela il est primordial de lui dessiller les yeux d'extrême urgence et donc que ceux qui ont encore la chance de voir juste mobilisent sans trêve, de toutes leurs forces, tout ce qui peut l'être. Dans ce contexte, la réussite d'une giga-manifestation de masse est plus que souhaitable, indispensable. Je ne suis pas même français, pourtant je pense qu'en bon citoyen européen, ma place est à Paris le 13 janvier prochain.

    Pascal de Roubaix.

  • Je comprends vos arguments. Il est évident que la loi passera en dépit de toutes les manifestations. Effectivement cela pompe pas mal d'énergie et de temps qui peut-être seraient plus productives ailleurs.

    Mais je crois aussi que c'est un baroud d'honneur de la part des catholiques, d'autres chrétiens, des juifs et des musulmans de se signaler auprès d'une opinion publique formatée par le politique et les médias à leur solde pour faire savoir qu'il existe une autre conception de la dignité de l'homme et de la vie.

    Je suis épatée par le courage des évêques français, particilièrement par les cardinaux Vingt-Trois et Barbarin. Quel contraste en effet avec l'attitude des nôtres quand les projets de loi semblables étaient en discussion. Il est vrai que c'était la consigne d'un certain consensus mou du bon cardinal Daneels. Toutefois soyons honnêtes, il n'était que le reflet d'un certain état d'esprit passablement passif et consensuel à tout prix de beaucoup de paroissiens belges. Quand je vais à la messe en France et que je discute à la sortie je perçois vite qu'ils sont beaucoup plus remuants, et moins frileux que chez nous.

  • Pour que votre billet soit le plus exact possible sans polémique inutile, sachez que la journée du 18 novembre était programmée bien avant celle du 17. De l'aveu même de Mme Barjot qui se revendique Frigide, la journée du 17 a été organisée à cette date pour contrer celle du 18. Vérifiez le . Merci. Et prions de tout coeur notre Seigneur pour que celle du 13 janvier soit une belle réussite et que les prêtres et religieux puissent y aller en habits ecclésiastiques.

  • Je vous remercie pour ce commentaire réaliste de la question du mariage gay en France où la victoire des autres semble inéluctable.
    Toutefois, l'énergie et le nombre de ces manifestations n'ont pas été vaines: les autres tremblent et cela incite nos amis à continuer leur effort. Ces manifestations auront le mérite de faire enfin tomber les masques et de montrer la réalité de l'opinion des gens.
    Non cette énergie déployée n'est pas inutile car elle montre aux yeux de tous que l'opinion de la majorité n'est pas là où on veut le montrer.
    Elle montre aussi à quel point la chanson de tous les médias et de ceux qu'on écoute souvent sonne faux.
    Elle montre enfin qu'il reste encore des gens qui n'ont pas peur.

  • L'Histoire est pleine de lois qui ont été faites, puis défaites (Lois de Nuremberg, Loi sur la prohibition, etc...). Ce n'est pas parce qu'on a perdu une bataille qu'on a perdu la guerre, que diable! Songeons à nos courageux résistants! Au lieu de nous lamenter sur la victoire de nos opposants qui semblent inéluctable, il faut songer à mettre en place des stratégies pour continuer à faire passer notre message, en attendant des jours meilleurs.

  • J'aurais plutot intitulé ce billet Vanitas vanitatis... c'est plus biblique

    et je vois que ce billet suscite bcp de commentaires..

    C'est bon que la société civile (y compris les non cathos) se mobilise et crie,
    cela ne sert à rien ... mais se taire aurait été coupable...
    Même si la loi passe, la mobilisation n'aura en rien été inutile.

    Il faut prier sans se décourager. Rien n'est impossible à Dieu.
    L'Eglise aura joué un rôle prophétique et lumineux face à une classe politique qui s'appuie sur des voix de dépit mais est incapable de redonner du souffle à une société en perte de repères...

    La vacuité des arguments du gouvernement et de la commission qui ressert à l'envi des préjugés anticléricaux hyper éculés mais ne répond en rien aux interrogations anthropologiques et existentielles soulevées par les chrétiens et spécialistes du terrain.. est vraiment patente (pour qui prend le temps d'écouter) et révélatrice du crépuscule démocratique...
    C'est certes lamentable mais l'Esprit souffle où il veut...

    Jésus est venu justement dans ce monde rempli de contradictions et de compromissions non comme un justicier "purificateur" qui éliminerait le mal et le mensonge mais comme un bébé impuissant qui attire les plus fragiles et leur rend l'ESPERANCE...

    Continuons de prier et de Jeûner pour que cette loi ne passe pas (ou qu'elle soit ineffective) et pour notre conversion du coeur dans la violence du moment présent.

    il me semlbe que nous devons appuyer sur l'erreur du gouvernement hollande qui a vu trop large en mettant dans la même réforme, le mariage et l'adoption par des personnes de même sexe ...
    En Belgique il y a eu 3 ans entre les 2 lois et il n'y a pas eu de médiatisation et ce sont les lobbys qui ont gagné (faisant avancer l'idéologie du gender)

    Soyons veilleurs pour devenir éveilleurs mais ne focalisons pas sur cette loi au risque de laisser passer bien pire...

    si le rôle d'une loi est de consacrer un état de fait alors à quand une loi autorisant les enfants à venir armés à l'école ?

    Bien cordialement

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