Dorian de Meeûs interviewait hier, dans La Libre, le comte georges Jacobs de Hagen.
Extraits :
Depuis plusieurs semaines, la famille royale est au cœur d’une succession de polémiques. N’est-il pas temps pour elle d’évoluer dans sa communication ?
On est dans un monde où on remet tout en cause. Pour moi, il est essentiel de ne pas remettre en cause la famille royale, qui assume remarquablement sa fonction dans un pays remarquablement compliqué. Rien que ça, ça mérite une certaine modération dans les critiques, même si rien n’est parfait et que tout est perfectible. La communication doit s’adapter aussi, même si ce n’est pas toujours facile de trouver le ton juste en étant au-dessus d’une marmite contenant tellement de bouillons différents. Je suis pour une évolution, mais qu’on arrête tous ces procès, tel que ce livre scandaleux de Deborsu. Pour moi, ce bouquin est un torchon! Le pire, c’est qu’il avance des choses tout en disant ne pas avoir de preuve. C’est pour moi, le pire journalisme possible. Ce discours du style « Je dis ça, mais je n’en suis pas sûr ! », c’est honteux quand il touche ainsi à la vie privée des gens. Après tout, respectons leur vie privée et foutons-leur la paix !
Comment jugez-vous la réaction des politiques face à la Fondation Fabiola ? Certains observateurs – pas forcément les plus bruyants - la trouvent hypocrite ou populiste. C’est sans doute votre cas, non ?
Il y a en tout cas de l’opportunisme politique, car il n’est pas correct de mettre la faute des dotations sur la famille royale, alors qu’elles ont été décidées et instaurées par les ministres à la mort du Roi Baudouin. Il est dans la logique des choses d’évoluer sereinement là-dessus. Mais ce qu’il faut retenir, c’est le travail fabuleux de cette famille, à commencer par celui du Roi pendant la crise politique, mais aussi les engagements du prince héritier ou de la princesse Astrid. Je l’ai constaté très souvent, ils se donnent une peine folle pour accomplir leur métier lourd, difficile et toujours sujet à critiques ! Ça doit être épuisant.
Quand vous regardez notre société, qu’est-ce qui suscite en vous le plus de réflexions ?
En Belgique, c’est l’évolution du contenu démographique qui m’inquiète. Je suis tout à fait pour l’ouverture de nos frontières et vois un aspect positif à l’immigration, mais je suis interpellé par les différences de cultures qui composent actuellement notre société. Je crains que l’on ne réussisse pas cette intégration dans un monde où l’on est obligé de s’intégrer.
Vous pensez principalement à l’islamisation de Bruxelles ?
Beaucoup d’islamistes sont honnêtes dans leur extrémisme, cela m’inquiète. Nous sommes devenus une civilisation molle en général, donc aussi face à l’islamisation ! Si nous sommes mous face à des gens qui arrivent avec une force de conviction et prêts à faire n’importe quoi au nom de l’irrationalité… c’est dangereux, car rien ne peut arrêter l’irrationalité. Un bourgmestre musulman ne me dérange pas, pour autant que les cultures se comprennent et qu’on ne se retire pas de la politique parce qu’ils y sont. Trop souvent, on recule face à eux…
Concrètement, quel risque voyez-vous ?
J’ai peur de l’avenir de l’Europe occidentale si elle ne parvient pas à intégrer les nouvelles cultures, comme les États-Unis y sont parvenus. Le risque est celui d’un déséquilibre, autant par un repli des premiers que par l’agressivité des seconds dans leur volonté d’avoir leur mot à dire.
En clair, vous dites que les politiques ne prennent pas suffisamment au sérieux le problème de l’islamisation chez nous.
Je crois effectivement que c’est un des problèmes… et je ne dis pas qu’il y a une solution facile. A leur place, je ne sais pas ce que je ferais. J’admire beaucoup ceux qui font la politique. J’ai entendu comme tout le monde ‘Tous pourris !’, ‘Ils se servent !’, etc… mais comme président de la FEB, j’ai vu des gens se donner à fond dans cette vocation qu’est la politique. Le problème, c’est qu’il n’y en a pas assez qui font cela avec la volonté de changer les choses. Or, la globalisation n’est pas uniquement un enjeu économique.