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"Cette parole, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit" (4e dimanche du T.O.)

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Evangile du 4e dimanche du temps ordinaire : Luc, chapitre 4, 21-30

Dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d'Isaïe, Jésus déclara : « Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »
Tous lui rendaient témoignage ; et ils s'étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? »

Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : 'Médecin, guéris-toi toi-même. Nous avons appris tout ce qui s'est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton pays !' »

Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare : Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie n'a été envoyé vers aucune d'entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon.

Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d'eux n'a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. »

A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.
Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin.

 

Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Archive 2010 - Homelies.fr)

« Cette Parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit » : avec quelle joie Jésus ne devait-il pas prononcer ces paroles solennelles qui inaugurent son ministère ! Elles en constituent à la fois le programme et anticipent son accomplissement.

La paisible confiance qui émane de Notre-Seigneur jaillit de la conscience de son identité et de sa mission : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4, 18). Et dans cet Esprit, Jésus entend le Père lui murmurer : « Avant même de te former dans le sein de la Vierge Marie, je te connaissait ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les peuples » (1ère lect.).

Notre-Seigneur se sait envoyé par le Père pour « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52). Il sait que pour ce faire, il devra les arracher de haute lutte à celui qui les tient assujettis dans le cruel esclavage de l’ignorance et du péché. Il est conscient que même si au désert il a déjà vaincu l’Ennemi, le combat sera rude, en raison de nos complicités avec l’Antique Serpent qui nous a séduits par ses propositions mensongères.

Jésus sait aussi que tous n’accepteront pas d’être guéris de leur cécité et de venir à la lumière, d’être libérés de leurs chaînes et d’accéder à la liberté ; nombreux même seront ceux qui se boucheront les oreilles à l’annonce de la Bonne Nouvelle et refuseront d’entrer dans l’année jubilaire de réconciliation accordée par le Seigneur (Lc 4, 19). C’est « dans son propre pays » que Jésus fait en premier cette douloureuse expérience ; l’épisode de la synagogue de Nazareth placé en exergue de la vie publique, annonce que l’ombre du rejet pèsera sur tout le ministère de Notre-Seigneur. L’opposition, d’abord lancinante et diffuse, deviendra progressivement de plus en plus explicite et organisée, pour conduire finalement au drame de la Passion.

Le dernier paragraphe de la péricope de ce jour résonne d’ailleurs comme une véritable anticipation de la Pâque : rendus « furieux » par l’action occulte du Malin dans leurs coeurs, les Juifs « se levèrent tous ensemble » (Lc 23, 1), « poussèrent Jésus hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite ». « En ce lieu dit “le crâne ” ou “ calvaire ”, ils le crucifièrent avec deux malfaiteurs » (Lc 23, 33).

Cette issue dramatique de son ministère, Jésus l’a pressentie. Il connaît les Ecritures : il sait qu’ « aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ». Mais il ne faiblira pas, car il marche « dans la puissance de l’Esprit » (Lc 4, 14), c’est-à-dire dans la force invincible de l’amour de Dieu son Père dont la voix résonne sans cesse à ses oreilles : « C’est toi mon Fils : Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Lc 3, 22). « Je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses chefs, à ses prêtres et à tout le peuple. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer » (1ère lect.).

Pourtant, au moment d’entrer dans sa Passion, Jésus trahira son angoisse par ces paroles bouleversantes : « Maintenant mon âme est troublée. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père glorifie ton Nom ! » (Jn 12, 27).

La gloire de Dieu que Jésus va manifester dans la puissance de l’Esprit qui repose sur lui, ne triomphe pas du mal en s’y opposant par la force, mais tout au contraire en y consentant ; en laissant la violence s’épuiser en vain à vouloir triompher de sa douceur ; et en triomphant de la haine meurtrière par le pardon qui redonne la vie : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).
En rédigeant l’hymne à la charité, qui saint Paul contemplait-il avec tendresse et reconnaissance, émerveillement et adoration ? Où son regard se posait-il, sinon sur le visage de son Seigneur crucifié par amour pour lui ? Certes Jésus avait donné la preuve qu’il était un « prophète, possédant toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu » (2nd lect.) ; mais c’est sur l’autel de la croix, où l’Agneau est offert en holocauste, qu’il révèle l’absolu de la charité.

« Il m’a aimé, et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20) : voilà la clé de lecture qui donne sens à la destinée paradoxale de ce Rabbi que l’on disait « Fils de Joseph » de Nazareth. C’est l’amour et rien d’autre qui motive sa marche persévérante, héroïque, affrontant toutes les oppositions, déjouant tous les pièges, franchissant tous les obstacles. « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin », s’avançant résolument vers sa Pâques. « Passant » au creux de notre mort, il « allait son chemin », ne prenant aucun repos avant de nous avoir préparé une place dans la demeure de son Père et notre Père, de son Dieu et notre Dieu (cf. Jn 20, 17).

C’est en ressuscitant son Fils que le Père révèlera aux yeux de tous que « l’amour ne passera jamais ». « Ciel et terre passeront » (Mc 13, 31), mais la charité ne passera pas, car « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8). Certes, « notre connaissance est actuellement partielle ; nous ne voyons qu’une image obscure dans un miroir ». Mais dans la mesure où nous consentons à l’action de l’Esprit Saint que le Fils nous a envoyé d’auprès du Père, nous grandirons dans la vraie connaissance de Dieu, jusqu’au jour où « nous le verrons face à face », dans la pleine lumière de l’amour. Alors « nous connaîtrons vraiment, comme Dieu nous a connu ».

« Seigneur nous t’attendions dans la gloire imposante d’un Dieu majestueux qui manifeste sa toute-puissance ; et tu te révèle dans la fragilité d’un Enfant et l’impuissance d’un Crucifié. Donne-nous assez d’humilité pour te reconnaître dans ces visages paradoxaux de l’Amour, et le courage de nous mettre à ton école. Que ta Croix glorieuse soit notre bâton pour la route dont l’Apôtre Paul nous indique le parcours : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout » (2nde lect.).

Père Joseph-Marie

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