Guy Gilbert est un prêtre atypique, on le sait. Pour nous, même si ce n'est pas notre style, son look et ses propos volontiers provocateurs ne constituent pas vraiment un problème. Ses positions sont généralement "catholiques" et il manifeste habituellement un attachement à la foi, à l'Eglise, au sacerdoce, etc., assez édifiant. Cependant, le 24 janvier, il s'est permis de prendre une position discordante sur la question des unions homosexuelles qu'il reconnaît avoir bénites à l'occasion : « Il m’arrive parfois, à sa demande, de bénir un couple d’homosexuels. Quand je vois un couple solidement amarré vivant un amour vrai et fort, je ne peux pas ne pas le bénir. » (source)
Nous comprenons que ce prêtre avant tout soucieux d'être proche des marginaux et des gens blessés soit animé par le désir sincère de leur dire sa proximité et de leur manifester l'amour du Christ. Pour autant, ce souci doit-il l'amener à engager l'Eglise, au travers de son sacerdoce, dans des formes de célébration ambiguës qui sont précisément en contradiction avec l'enseignement de l'Eglise ? Poser la question, c'est évidemment y répondre.
Il est décidément bien difficile de tenir cette ligne de crête évangélique qui consiste à accueillir avec amour les personnes, même les plus éloignées, tout en ne sacrifiant rien des exigences du Vrai et du Bien.
Nous n'aimons pas pour autant ces déclarations tonitruantes qui stigmatisent le curé des loubards avec cette dureté habituelle où excellent tant de bien-pensants raidis dans leurs habits pharisaïques.
Commentaires
Je trouve qu'il est très maladroit de mettre ainsi sur un quasi pied d'égalité le mariage entre un homme et une femme, destiné à offrir un foyer stable aux enfants à naître, et le fait que deux personnes aient simplement des pratiques homosexuelles. Ce n'est tout simplement pas la même chose. Ce relativisme banalise n'importe quel comportement et n'importe quelle finalité de ce comportement.
Toutes proportions gardées, c'est comme si on banalisait le vol, le mensonge, l'escroquerie, l'adultère, la pornographie, le divorce, l'avortement, le meurtre, etc... du simple fait que cela existe et que cela existera toujours, même si on l'interdit. Or, le Christ n'a certainement pas béni l'adultère, et il a aussi reproché aux Hébreux leur dureté de cœur pour avoir autorisé la répudiation de la femme. Je ne pense donc pas qu'on rende service aux gens, qui succombent à tout cela, simplement en banalisant ces comportements et en leur laissant croire que cela ne leur nuit pas ou ne nuit pas aux autres.
Nos sociétés régressent de plus en plus, en rendant équivalents tous les comportements. C'est comme si nos pays voulaient détruire définitivement le progrès sociétal que représentait le décalogue et retourner à des sociétés non civilisées, où tout serait permis, ou il serait interdit d'interdire quoi que ce soit.
"Un amour vrai et fort"
Un amour sincère sans doute, mais pas "vrai" qui signifie "tenant de la vérité". Or l'homosexualité ne correspond pas à la vérité de ce que nous sommes.
Des emplâtres d'ordre culturel (droit, conventions sociales…) peuvent être mis en place tant que l'on veut, cela reste un fait irréductible.
Bénir une personne ne signifie pas automatiquement bénir son comportement ou approuver celui-ci, encore moins lui donner l'absolution. Si une personne, quelque soit son comportement, est assez humble pour demander une bénédiction à un prêtre, à quel titre celui-ci devrait-il la lui refuser? Des déclarations (celles que j'ai vues, en l'occurrence) du père Gilbert, je trouve qu'il est délicat de tirer une conclusion aussi radicale que "dérapage". Probablement bénit-il régulièrement ses "loubards", dont le comportement (comme le mien) est loin d'être parfaitement catholique tous les jours ;-)!
Chaque personne n'en reste pas moins un enfant du Bon Dieu, digne de bénédiction. Enfin... c'est mon opinion!
Enntièremenr de votre avis !
@ anne-el ... Je ne vous comprends pas. Le Christ n'a jamais béni par exemple une situation d'adultère. Pourquoi aurait-il dû bénir cette relation, en bénissant la femme et son amant, même s'ils le lui avaient demandé le plus humblement du monde ? Si je ne m'abuse, 'bénir' signifie déclarer que c'est 'bien' ou 'bon'. Comment peut-on 'bénir' un comportement 'mauvais', sauf à pratiquer la novlangue de notre époque ? Et où le Christ aurait-il laissé entendre que les pratiques sexuelles à Sodome étaient bonnes et agréables à Dieu, et donc propres à être 'bénies' ?
Bonsoir Anne-Elisabeth,
J'ai vu il y a quelques temps un film orthodoxe intitulé l'Ile, dans lequel on voit une emme ayant avorté (ou souhaitant avorter je ne sais plus) et qui demande la bénédiction d'un moine. Le moine orthodoxe lui a refusé sa béndiction, non pas parce qu'il manque d'amour mais parce que bénir le mal c'es l'approuver et dès lors y participer. Il a plutot répondu à cette femme, certes rudement, qu'il ne souhaitait pas aller en Enfer avec elle. Je pense qu'il faut méditer là dessus au lieu de prétendre que n'importe quelle personne peut recevoir une bénédiction de Dieu y compris si elle fait fausse route.
Guy Gibert dit : « Il m’arrive parfois, à sa demande, de bénir un couple d’homosexuels. Quand je vois un couple solidement amarré vivant un amour vrai et fort, je ne peux pas ne pas le bénir. » Ilest dit "bénir" : c'est autre chose que d'accepter, pour le moment, que les homosexuels se donnent mutuellement le mariage ! Cela m'aurait étonné que ce prêtre atypique, il est vrai ne soit pas la cible des personnes qui aiment "se prélasser" dans le traditionnalisme ! Qu'aurait fait Jésus ?
Voyez comme il a agi avec la Samaritaine, avec Marie-Madeleine, avec Zachée, avec tant et tant d'hommes et de femmes que certains condamnent impitoyablement aujourd'hui !!!
Quand ma fille s'est mariée, elle ne pouvait "passer par l'Eglise" car son époux était divorcé. Nous habitions un petit village. Le curé de l'endroit n'a pas voulu, au moins, bénir les alliances. Une bonne partie s'est révolté ... Une cérémonie "privée" composée de tous les chrétiens du "coin" a été réalisée autour de la chapelle ND de Lourdes. Les deux "mariés" se sont promis, là, fidélité et amour ! L'ambiance était à l'apaisement, à la prière ... Il y avait des chants, des prières, j'ai pris la parole ... Non pour blâmer, mais pour apaiser ! C'est condamnable ? Comment l'Eglise, après cela, peut-elle dire qu'on est en route vers la "nouvelle Evangélisation" ?
@ jacques d ... Vous dirigez vos batteries vers l'Église, parce qu'elle refuse de banaliser ce fléau moderne qu'est le divorce. Or, ce fléau est voulu par la société civile, qui le facilite et le promeut par ses lois. Pourquoi ne dirigez-vous pas vos batteries vers cette société civile et ses lois qui provoquent tous les drames liés au divorce ? Ce n'est pas l'(Église qui a voulu banaliser l'adultère ou le divorce, c'est la société civile. Le Christ n'a jamais banalisé l'adultère. Et il a condamné la dureté de cœur de la société juive qui autorisait la répudiation. Diriez-vous de Jésus qu'il était « traditionnaliste », parce qu'il n'a jamais voulu banaliser l'adultère et le divorce comme notre société l'a fait ?
Pourquoi donc voulez-vous que l'Église se range derrière les lois civiles plutôt que se ranger derrière Jésus ? Nous vivons depuis deux siècles, en Belgique, dans une société où les lois sont faites par les anticléricaux, qui ont tout le pouvoir. L'Église n'a aucun pouvoir, elle leur sert de punching-ball. Pourquoi donc collez-vous sur le dos de l'Église les drames innombrables liés au fléau du divorce ? Pourquoi voulez-vous que l'Église se range derrière ces dérives de la société civile ?
En outre, les drames humains liés au divorce sont bien plus graves que cette non reconnaissance par l'Église du divorce. Ils touchent de plein fouet, et pour la vie, les anciens conjoints, mais aussi leurs deux familles, et surtout leurs enfants. Et cela va jusqu'aux dépressions, aux drogues, aux suicides, aux meurtres. Lisez les journaux, avant de critiquer la seule Institution qui essaie encore de s'opposer à ce fléau que la société civile inflige aux gens.
Faut-il vraiment rappeler ces choses élémentaires? la personne est toujours aimée de Dieu et cela, l'Eglise, par ses ministres comme par ses fidèles, a toujours le droit et même le devoir de l'exprimer. L'important est d'éviter les équivoques (et celles-ci ne sont pas un danger illusoire): Jésus aime le pécheur, pas son péché; le pauvre, mais pas sa pauvreté; l'aveugle, mais pas son aveuglement. Et pour le dire, il faut soi-même savoir aimer...
Je ne dirige pas mes batteries contre l'Eglise ! Je crois en l'Eglise et je l'aime, tout autant que vous (pas plus,pas moins, ce n'est pas à moi de juger!
Mais le divorce est-il toujours un fléau ? Quel est ce jugement contre des personnes qui ont dû le subir,pour des raisons qui, parfois, ne dépendent pas lui ?
Et pour répondre à JPS " Et pour le dire, il faut soi-même savoir aimer..." : considérez-vous que tous les "divorcés", pour des raisons que vous jugez indignes de la foi chrétienne, ex cathedra, ne savent pas aimer ? Le chrétien que je suis s'en indigne !
@ jacques d... Je crains que vous ne soyez, comme malheureusement trop de catholiques belges, davantage persuadé par la justesse des lois belges anticléricales, voulues par les César qui nous dirigent, que par la justesse de la doctrine de l'Église, qui cherche à suivre le Christ et la loi de Dieu. Pourquoi donc ne vous battez-vous pas avec l'Église, contre les banalisations de l'adultère, du divorce, de la contraception, de l'avortement, de l'euthanasie, de la pornographie, etc.. plutôt que de vous battre contre l'Église ? L'Église a déjà assez d'ennemis, ne rejoignez pas leur camp, en défendant ou en ne dénonçant pas ces lois injustes et inhumaines, car génératrices de terribles drames humains.
@ Jacques Delen
En effet, ce n'est pas simple. Sans amour vrai, il n'y a jamais de correction fraternelle qui tienne.Nous sommes d'ailleurs tous pécheurs ou aveugles à des degrés divers. D'autre part, une personne ne se résume jamais à sa faute ou à son aveuglement moral. Mêmes lorsque celles-ci ne lui sont pas imputables en considération d'une cause d'excuse ou d'une ignorance invincible, elles n'en demeurent pas moins objectivement contraires à la loi naturelle et à la Révélation qui l'exprime. Si tout était de l'ordre du sentiment et de la subjectivité, la raison morale et la raison tout court qui fondent l'humanité, s'effondreraient avec elle.
Pauvre Job, décidément vous ne comprendez jamais rien à mes propos.
Remarqe : j'écris ICI à visage découvert. J'indique mes nom et prénom. Facile de se cacher derrière un pseudonyme.
@ jacques d... Désolé, mais nous échangeons ici le plus honnêtement possible des avis, des réflexions, des questions et des arguments, et non pas des cartes de visite qui n'apporteraient rien au débat. Je pense qu'il ne faut pas entrer dans des confrontations de personnes, mais bien rester dans le débat d'idées. Tant pis si nous ne tombons pas d'accord, du moment que nous avons pu être libres d'échanger courtoisement nos idées.
Il est tout à fait louable pour un prêtre de bénir un homme ayant des tendances homosexuelles, car cet homme est aimé de Dieu et mérite ses bénédictions. Par contre si cet homme pratique l'homosexualité, le prêtre plutot que de le bénir se doit de l'instruire sur le chemin de perdition sur lequel il se trouve en persévérant sur cette voie que Dieu condamne explicitement dans la Bible.
La Bible ne condamne pas la personne ayant des tendances, mais bien celle qui cède à ces tendances tout en sachant que cela est contraire à la loi divine. La première peut-être sujette à bénédiction, l'autre à correction fraternelle et bienveillante mais en aucune façon à bénédiction.
Intransigeance - punition - incompréhension - condamnation ... Et j'en passe.
Normal, je le sais quand je "rejoins" ce site.
Normal le type de réponses que j'y lis (sauf rares exceptions).
L'échange réel est-il possible ici ? Oui, si on suit le troupeau, le vôtre ! D'autres sites "cathos" sont bien plus ouverts et s'ouvrent au VRAI dialogue !
Vous vous refermez sur vos convictions, vos certitudes ..
Vous croyez répondre aux exigences d'une "Nouvelle Evangélisation" ... Vous fermez, au contraire, les portes ... Vous culpabilisez !
Cher Monsieur Delen,
J'apprécie votre participation sur ce blog et vos commentaires sont les bienvenus. J'ai rédigé la note ci-dessus en exprimant toute la considération que je puis avoir pour Guy Gilbert mais aussi mes réticences par rapport à la posture qui est la sienne dans le cas d'unions homosexuelles auxquelles il accorde sa bénédiction en tant que prêtre de l'Eglise catholique. Il me semble que cette attitude est discutable. Ma position est qu'il faut rester cohérent avec l'institution qu'on représente lorsqu'on officie en tant que prêtre catholique. Il en a été de même pour certaines prises de position de l'abbé Pierre ou de Soeur Emmanuelle. Cela n'enlève rien à leurs mérites et à leur générosité mais cela fait désordre. Il est un peu trop facile de revendiquer le monopole du coeur, de l'empathie, de la compassion, et de laisser penser qu'on en est complètement dépourvu lorsqu'on n'emboîte pas le pas à certaines prises de position critiques à l'égard de l'Eglise et du magistère. Si, depuis les origines, l'Eglise avait été abandonnée à l'interprétation de chacun, il n'en resterait rien aujourd'hui.