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François, signe de contradiction

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Trois jours après son élection, le nouveau pape apparaît comme un signe de contradiction.

Le recours à la typologie des groupes auxquels le Christ s’est trouvé confronté peut aider à comprendre la situation :

- les zélotes, partisans de la lutte ouverte contre l’occupation romaine, accablaient le Christ parce qu’il ne prêchait pas la lutte révolutionnaire et avait une attitude compromettante à l’égard des occupants (n’a-t-il pas recommandé de payer l’impôt à César et n’a-t-il pas accédé aux demandes du centurion romain ?). Les zélotes d’aujourd’hui, Golias en tête, reprochent de la même façon à Bergoglio de ne pas avoir brandi l’étendard de la révolte contre les généraux argentins et même d'avoir collaboré avec eux.

- les pharisiens, tenants de la stricte observance des rites et des  prescriptions rabbiniques, reprochaient au Christ la liberté qu’il prenait à leur égard, notamment en transgressant les règles du sabbat et en osant affirmer le primat de l’esprit sur la lettre. Les pharisiens d’aujourd’hui dénoncent la liberté que le pape ose manifester à l’égard d’usages obsolètes et d’une symbolique désuète dont le sens échappe désormais à la plupart des croyants.

- les sadducéens, esprits forts qui ne croient ni à la résurrection des morts, ni à la vie éternelle et pas davantage à l’existence d’esprits célestes, refusaient l’enseignement de Jésus qui annonce clairement notre destinée d’éternité. A présent, face au pape qui affirme la nécessité de confesser notre foi dans le Christ mort et ressuscité, et qui ne craint pas de signaler le rôle du diable qui nous égare dans la mondanité, on voit se lever ceux qui, imprégnés par le rationalisme et le matérialisme ambiant, récusent un tel langage.

- On pourrait évoquer également ceux qui se claquemurent dans leurs abris sûrs où ils sont censés mener une existence axée vers la recherche de la perfection, et qui s’abstiendront bien de prendre parti. Des esséniens, en quelque sorte.

A la lumière de ces rapprochements, peut-être pourra-t-on mieux appréhender ce qui est en train de se jouer, au moment même où la liturgie évoque les complots ourdis pour faire taire le Christ auquel la foule versatile réserve un accueil royal le jour des Rameaux pour mieux crier « à mort » quelques jours plus tard.

Le sanhédrin des pharisiens d’aujourd’hui se réunit d’ores et déjà pour définir sa ligne d’attaque contre le nouveau successeur de Pierre. Quelles sont les accusations mises en avant pour décréter que cet homme mérite d’être livré à l’opprobre ?

Les voici, tels que formulées sur un forum extrêmement fréquenté par les intégristes de tout poil :

- le cardinal Bergoglio a participé activement au rituel de la fête juive de Hanouka dans une synagogue ;

- le cardinal Bergoglio a participé à un rassemblement évangélique, est monté sur la tribune pour s'agenouiller devant les 6.000 personnes présentes et demander la bénédiction des pasteurs qui lui ont imposé les mains ;

- le cardinal Bergoglio aurait dit à l'archevêque anglican de Buenos Aires que l'ordinariat pour les anglicans n'était "pas du tout nécessaire" et que l'Eglise "a besoin des anglicans en tant qu'anglicans ;

- le cardinal Bergoglio se serait félicité du "métissage culturel et spirituel" croissant de l'Argentine ;

- le pape François n’aurait pas fait la génuflexion devant les espèces consacrées.

Qu’auraient dit ces gens en voyant le Christ fréquenter les synagogues et faire pèlerinage au Temple de Jérusalem ? Le fait d’invoquer la prière et la bénédiction d’autres baptisés, même non catholiques, est-il criminel ? Qu’auraient dit ces gens en voyant le Christ fréquenter les Samaritains, hérétiques qu’abominait la secte des pharisiens ? Et ainsi de suite.

On peut craindre que certains, qui ont pourtant manifesté beaucoup d’enthousiasme dans les premiers moments qui ont suivi l’élection, soient aujourd’hui tentés de nuancer leurs positions au point de n’accorder au pape qu’un soutien très mitigé voire.... Comme ici, par exemple, lorsque le brillant abbé de Tanoüarn, opère déjà une courbe rentrante, en écrivant :

"Le pape François, wojtylien "de gauche" quand Ratzinger était "wojtylien de droite", fera sans doute mille gestes à haute charge symbolique pour tenter d'enrayer le processus de marginalisation du catholicisme, que son prédécesseur réputait inéluctable. Faut-il en blâmer le Nouveau Pontife ? Sans doute l'Eglise, providentiellement, se doit-elle de montrer qu'elle a tout tenté. Mais, d'un autre côté,  la "théologie" bloyenne à laquelle le pape s'est référé semble tellement dure que le risque serait d'en arriver à la juxtaposition de plusieurs discours, comme certain cardinal le lui reprocha en 2005 - un discours dur en interne, pour galvaniser les troupes, un discours soft en externe, pour se concilier des troupes ; un discours dur en interne pour reconstituer des communautés ferventes et un discours soft en externe (célébration de Hanouka comme il l'a fait à Buenos Aires) pour donner à l'Institution ecclésiale une marge de manœuvre dans le Monde difficile, souvent hostile, qu'elle affronte tous les jours. Le tout constituant une stratégie frôlant le non-sens. Une sorte d'hyper-wojtylisme de virtuose."

Quel charabia ! Il est décidément très difficile, même pour des esprits brillants, de se départir d’un intégrisme foncier.

Commentaires

  • Au lieu de le critiquer, mettons-nous à l'écoute de notre nouveau Pape et suivons sa voie de simplicité et d'humilité. Assurément, cette attitude plait à Dieu!

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