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La seule voie pour être vraiment libre, ou quand Carine Brochier répond à Bruno Dayez

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Sur La Libre.be :

Une opinion de Carine Brochier, Project manager à l’Institut Européen de Bioéthique (Bruxelles) et animatrice de groupes de réflexion en Bioéthique. 

En réponse, à l’opinion de Bruno Dayez du 8 juillet dernier dans La Libre, peut-on vraiment défendre "une liberté individuelle placée au pinacle des valeurs", au point, notamment, de parler d'un "véritable droit à la mort [personnelle]"? Cette vision ne risque-t-elle pas de nous transformer en monstres d'égoïsme?

Regardons la réalité de la vie. Depuis notre naissance, nous sommes dans le monde, donnés au monde. Notre fragilité de nourrisson est un fait. C’est naturel et tellement attachant. Ceux qui nous entourent, les humains avec qui nous partageons la même dignité, sont « obligés » de s’occuper de nous de 0 à 18 ans, pour nous nourrir, nous soigner quand nous sommes malades, pour nous éduquer. Vient alors la question suivante : leur liberté serait-elle amputée par le fait qu’ils ont le devoir de prendre soin de chacun d’entre nous ? Et quand nous serons vieux, nous serons encore et toujours donnés au monde qui devra être solidaire de notre  fragilité grandissante. Faudra-t-il invoquer le fait qu’y trouvant moins de satisfaction et de plaisir personnels, nous serions plus ou moins libres de prendre soin les uns des autres ?

Par notre appartenance à l’espèce humaine, nous avons une obligation, qui, si elle est bien comprise, nous ouvre à la vraie liberté. Les parents le savent bien. La responsabilité « obligatoire » de l’ouverture à l’autre qui prend du temps, de l’énergie, de la vie, nous ouvre à une dimension insoupçonnée de la personne.  C’est la seule voie pour être solidement solidaires. La seule voie pour être vraiment libres.

Regardons  autour de nous. La solidarité n’est pas facultative. Librement choisie, elle est garante de notre futur et de l’avenir de l’humanité. La solidarité chère aux plus grands héros (Gandhi, Mandela,…) est synonyme de paix et donc d’une plus grande liberté du corps social et de chacun.

Il est alors facile de comprendre que la liberté individuelle a comme ennemi premier l’égoïsme (je fais ce que je veux pour moi, et cela ne concerne que moi). Par contre, bien comprise dans une dynamique de don de soi pour les autres, elle donne le vrai bonheur à chacun. Une personne qui, au nom de sa liberté et de son choix personnel, se ferait euthanasier ne casse-t-elle pas ce lien solidaire en décidant avec l’aide de médecins de nous exclure tous de sa vie ? Son choix aujourd’hui n’est pas sans effet sur la société toute entière.

Le dit-on suffisamment pour que nous en ayons tous conscience ?

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