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Le Vatican embrasse-t-il la théologie de la libération ?

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C’est ce que donne à penser une information parue ce matin dans le grand quotidien québécois « Le Devoir » (Le Vatican embrasse la théologie de la libérationau sujet d’un livre à paraître lundi en version italienne sous la signature de l’archevêque allemand Gerhard Ludwig Müller, actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF, ex-Saint-Office), et du dominicain péruvien Gustavo Gutierrez, un des fondateurs du courant de la théologie de la libération. Leur livre à quatre mains s’intitule : « De la part des pauvres, théologie de la libération, théologie de l’Église ». Avec cette déclaration d’un célèbre « vaticaniste » : « Entre le Vatican et la théologie de la libération éclate la paix », a commenté mercredi le vaticaniste Andrea Tornielli, relevant sur le site Vatican Insider : « cette pacification survient dans un nouveau climat favorisé par l’élection du premier pape latino-américain et la reprise du procès de béatification de l’évêque martyr » de San Salvador.

Sur son blog Chiesa, Sandro Magister met les choses au point. Extrait de son commentaire,  cité par le « Salon beige » :

"Le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi et le fondateur de la théologie de la libération essaient de mettre un terme à vingt ans de polémiques. Mais l'un de ceux qui ont critiqué le plus sévèrement ce courant théologique a justement été le pape actuel".

Jorge Mario Bergoglio lui-même n’a jamais caché son désaccord avec des aspects essentiels de cette théologie. Ses théologiens de référence n’ont jamais été ni Gutiérrez, ni Leonardo Boff, ni Jon Sobrino, mais l'Argentin Juan Carlos Scannone, qui avait élaboré une théologie non pas de la libération mais "du peuple", centrée sur la culture et la religiosité des gens ordinaires, en premier lieu les pauvres, avec leur spiritualité traditionnelle et leur sensibilité à la justice. En 2005 – c’est-à-dire à un moment où l’ouvrage écrit par Müller et Gutiérrez avait déjà été publié en Allemagne – celui qui était alors l’archevêque de Buenos Aires écrivait :

"Après l’effondrement de l'empire totalitaire du 'socialisme réel' ces courants de pensée se sont enfoncés dans la confusion. Incapables aussi bien d’une reformulation radicale que d’une nouvelle créativité, ils ont survécu par inertie, même si, aujourd’hui encore, il ne manque pas de gens pour vouloir les proposer à nouveau, de manière anachronique".

D’après le frère de Leonardo Boff, Clodovis, l'événement qui a marqué la rupture de l’Église catholique latino-américaine avec ce qu’il restait de la théologie de la libération a été la conférence continentale d’Aparecida, en 2007, inaugurée par Benoît XVI en personne et dans laquelle le cardinal Bergoglio a joué un rôle de premier plan. C’est précisément à cette époque-là que Clodovis Boff a effectué sa "conversion". Lui qui était un représentant de pointe de la théologie de la libération, il est devenu l’un de ceux qui la critiquent le plus sévèrement. En 2008 la polémique entre les deux frères avait fait du bruit. D’après Clodovis, l'erreur "fatale" dans laquelle tombe la théologie de la libération est de considérer le pauvre comme le "premier principe opérationnel de la théologie", en le mettant à la place de Dieu et de Jésus-Christ. Avec la conséquence suivante :

"La 'pastorale de la libération' devient une branche de la lutte politique parmi tant d’autres. L’Église se rend semblable à une ONG et, ce faisant, elle se vide aussi physiquement : elle perd des opérateurs, des militants et des fidèles. Les gens 'de l’extérieur' n’éprouvent guère d’intérêt pour une 'Église de la libération' parce que, pour ce qui est du militantisme, ils disposent déjà des ONG, tandis que, pour ce qui est de l’expérience religieuse, ils ont besoin de beaucoup plus que d’une simple libération sociale"."

Le Salon beige observe que le pape François a critiqué à plusieurs reprises depuis son élection les tentatives voulant faire de l'Eglise une simple ONG et note que sur certains aspects de cette théologie, le cardinal Ratzinger avait publié une instruction en 1984, toujours disponible ici.

Réf.Désinformation sur la théologie de la libération

Tous les vieux démons exorcisés par Jean-Paul II et Benoît XVI vont-ils refaire surface pour tester le nouveau pape ? JPSC

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