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Aujourd’hui dans la « Repubblica » : le pape François persiste et signe

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Selon Radio-Vatican relayé sur internet par News.va, toute l’attention des médias se porte sur les trois jours de rencontres prévus à partir de ce mardi entre le Pape François et le Conseil des huit cardinaux qu’il a institué pour l’épauler dans la gouvernance de l’Eglise et entamer une réforme de la Curie. Et cela n’a pas échappé au Saint-Père qui, dans un long entretien publié ce mardi matin par le quotidien italien La Repubblica (le grand journal italien de centre-gauche) aborde sans tabou ces questions avec le fondateur du quotidien Eugenio Scalfari.

« Le Pape estime d’emblée que s’ouvrir à la modernité est un devoir, et qu’en repartant du Concile Vatican II, il faut ouvrir l’Eglise à la culture moderne. Le Concile Vatican II, remarque-t-il, « a décidé de regarder l'avenir avec un esprit moderne. Les pères conciliaires savaient qu'ouvrir à la culture moderne signifiait oecuménisme religieux et dialogue avec les non croyants. Depuis, bien peu a été accompli dans cette direction. J'ai l'humilité et l'ambition de vouloir le faire ». Pour François, le prosélytisme est « une bêtise magistrale », car l’essentiel est de « se connaître et de s’écouter, et de faire connaître le monde qui nous entoure ».

A deux reprises, François cite le cardinal jésuite italien Carlo Maria Martini, chef de file des réformistes dans l'Eglise, mort en 2012. Interrogé sur sa pensée et ses saints préférés, il admet qu'il n'est pas très mystique et dit sa prédilection pour Saint-Augustin: "ce saint a traversé beaucoup de réalités et a changé plusieurs fois de position doctrinaire [sic, ndb]". Quant à François d'Assise, "il est très grand parce qu'il est tout à fois: un homme qui veut faire, construire, fonde un ordre et ses règles, est un missionnaire itinérant, poète, prophète, qui a constaté le mal en lui et en est sorti. »

L'Eglise catholique est trop "vaticano-centrique"

Quand j’ai face à moi quelqu’un de clérical, je deviens automatiquement anticlérical. Le cléricalisme ne devrait avoir rien à faire avec le christianisme », tient à souligner François qui n’est pas très tendre non plus avec le « narcissisme » : « cela comporte un amour démesuré envers soi-même et cela n’est pas une bonne chose. Cela peut produire de graves dommages non seulement à l’âme de celui qui en souffre, mais également dans le rapport avec les autres, avec la société dans laquelle il vit. » « Le vrai problème, ajoute le Pape, c’est que ceux qui sont les plus atteints par ce qui est en réalité un problème mental sont des personnes qui ont beaucoup de pouvoir. Souvent les chefs sont narcissiques. Et même les chefs dans l’Eglise l’ont été ».

L'Eglise catholique est trop "vaticano-centrique" affirme le pape François. "Les chefs de l'Eglise ont souvent été narcissiques, aimant les flatteries et excités de façon négative par leurs courtisans. La Cour est la lèpre de la papauté", ajoute-t-il en précisant cependant que la Curie n'est pas en elle-même une cour, mais qu'il s'y trouve "des courtisans". Pour le Pape, cette vision vaticano-centrique néglige le monde qui nous entoure. « Je ne partage pas cette vision, et je ferai tout pour la changer ». C’est aussi pour cela qu’il « a décidé en premier de nommer un groupe de huit cardinaux pour qu’ils soient son conseil ». «Non pas des courtisans, mais des personnes sages et animés par les mêmes sentiments que moi ». « C'est le début d'une Eglise conçue comme une organisation non seulement verticale mais aussi horizontale». Exposant ses idées pour l’Eglise de demain, le Pape demande que « l’Eglise se sente responsable des âmes mais aussi des corps ». Il souligne que « dans la société et dans le monde où nous vivons, l’égoïsme a pris le dessus sur l’amour pour les autres », et que c’est pour cela que « les hommes de bonne volonté doivent travailler, chacun avec ses propres forces et compétences pour faire que l’amour du prochain augmente jusqu’à faire jeu égal et si possible dépasser l’amour pour soi-même ».

La politique doit s'engager pour plus de justice

« Le libéralisme sauvage, affirme-t-il, ne fait que rendre les forts plus forts, les faibles plus faibles et les exclus encore plus exclus ». « Nous avons besoin d’une grande liberté, d’une absence de discrimination et de démagogie, et surtout beaucoup d’amour. Il nous faut des règles de comportement, et si nécessaire, également des interventions directes de l’Etat pour corriger les inégalités les plus intolérables ».

Le Pape, qui ne se contente pas de parler du Vatican, revient ainsi sur cette question qui lui tient à cœur : les personnes âgées et les jeunes. Ainsi affirme-t-il que "les plus grands maux qui affligent le monde" sont "le chômage des jeunes et la solitude dans laquelle sont laissées les personnes âgées". Le "libéralisme sauvage" a pour résultat de "rendre les forts plus forts, les faibles plus faibles et les exclus plus exclus".

François parle de lui et de sa vie passée

Le Pape François parle également de son passé, de ses années d’université et de l’une de ses professeurs, « une communiste convaincue » qui « fut ensuite arrêtée, torturée et tuée par le régime » argentin. « Le matérialisme du communisme n’a eu aucune emprise sur moi, souligne le Pape François, mais le connaître à travers cette personne courageuse et honnête m’aura été utile, j’ai appris certaines choses, certains aspects du social que j’ai retrouvé ensuite dans la doctrine sociale de l’Eglise ». Revenant sur le conclave qui l’a élu, François confie « qu’avant d’accepter, il demanda de pouvoir se retirer quelques instants dans la pièce à côté de celle de la loggia sur la place Saint-Pierre ». « Une grande angoisse m’avait envahi. J’ai fermé les yeux et tout un tas de pensées m’ont traversé, même l’idée de refuser d’accepter cette charge. Mais c’est alors qu’une grande lumière m’a envahi. Cela dura un instant mais me sembla très long. Puis elle s’est dissipée et je me suis dirigé vers la salle où m’attendaient les cardinaux et la table où se trouvait l’acte d’acceptation. Je l’ai signé, le camerlingue l’a contresigné, et puis il a y eu l’'Habemus papam' sur le balcon ».

Le pape, dans les même colonnes de Reppublica, avait déjà répondu le mois dernier à Eugenio Scalfari, qui lui exposait ses raisons de ne pas croire. Avec la même liberté de parole et le même entrain il s’était adressé à la presse internationale dans l’avion qui le ramenait des JMJ de Rio. Sans oublier le très riche entretien accordé à la revue jésuite Civilta Cattolica.

Référence ici: Le Pape François, sa vision de l'Eglise et du monde

Bref, à lire news.va, qui est un organe du Saint-Siège, François persiste et signe, sans faire dans la dentelle : il souhaite ouvrir l’Eglise à la culture moderne, estime que bien peu a été fait jusqu’ici en matière d’œcuménisme et de dialogue interreligieux, le catholicisme trop romano-centré, sa hiérarchie narcissique et insuffisamment engagée dans la lutte pour les besoins du corps et contre le libéralisme sauvage. ll rend hommage au défunt cardinal jésuite Carlo Martini, un format intellectuel emblématique du courant progressiste dans l’Eglise. Tout cela se discute, comme on disait dans une célèbre émission de télé. L’infaillibilité pontificale n’est évidemment pas engagée dans ce genre de déclarations, peut-être un peu trop  péremptoires (telle qu'elles sont rapportées par news.va) pour être tout à fait convaincantes.

François et Eugenio Scalfari  devraient continuer leur « bout de route » ensemble puisqu’à la fin de l'interview, le pape indique, selon le journal "La Croix", qu’ils parleront la prochaine fois « du rôle des femmes dans l’Église », répétant que l’Église est un mot « féminin ».

JPSC

Commentaires

  • « Libéralisme sauvage », cela veut dire quoi exactement ? On peut difficilement mobiliser et lutter contre quelque chose d'aussi vaguement désigné. N'oserait-on pas nommer la franc maçonnerie, ce paganisme vénérant le veau d'Or, le dieu Finance, une idole à qui sont sacrifiées tant de victimes innocentes ? N'oserait-on pas citer le nouvel ordre mondial que ce paganisme veut imposer à toute la planète ?
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    Dans les années 1930, alors que le communisme, le fascisme et le nazisme étaient menaçants et tout puissants, le pape Pie XI osa publier trois encycliques, condamnant fermement et publiquement ces paganismes par leur nom.
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    Pourquoi un pape n'a-t-il pas encore condamné aussi fermement et publiquement la franc maçonnerie, qui est pourtant à la racine du capitalisme, du fascisme, du (national) socialisme et du communisme ? Chacun de ces paganismes matérialistes est un rejeton plus ou moins bâtard de la franc maçonnerie. Chacun d'eux asservit l'être humain à sa façon, toujours avec sa petite élite de despotes amassant les richesses à son seul profit.
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    Car l'élite franc maçonne ne vise pas le bien commun de l'humanité, c'est au contraire l'humanité qui est mise à son service, pour l'enrichir de plus en plus et pour la rendre de plus en plus puissante.
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    Les francs maçons se dissimulent et se masquent. Il faut donc d'autant plus les démasquer en osant les nommer de manière plus claire que « libéralisme sauvage ». Surtout que leur organisation n'est pas « sauvage » du tout, elle est au contraire supérieurement organisée, hiérarchisée et structurée.
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    Un maçon n'est pas libre du tout, il est soumis sous serment et menace à une discipline de fer. Un maçon n'est pas sincère du tout, son organisation l'oblige à mentir sur ce qu'il est et ce qu'il pense. On se demande donc bien pourquoi ils se prénomment « francs », ce qui est un terme voulant dire soit « libres », soit « sincères ».

  • "Pourquoi un pape n'a-t-il pas encore condamné aussi fermement et publiquement la franc maçonnerie, qui est pourtant à la racine du capitalisme, du fascisme, du (national) socialisme et du communisme ? "
    Vous posez la question, puis vous en donnez très justement la réponse plus loin; "Les francs maçons se dissimulent et se masquent ..."

    Les francs maçons se dissimulent au sein du Vatican, comme ils se dissimulent (ou se dissimulaient) dans nos gouvernements, dans nos universités, partout... même dès fois dans les familles ; de la même manière que le Diable est dissimulé dans les esprits. Ils sont de plus en plus démasqués. La Franc-maçonnerie est la Légion du Diable qui, en effet, crée ce "libéralisme sauvage" qu'on pourrait appeler "hérésies du Diable".

    L'orgueil, la soif du pouvoir, la soif d'avilir les autres, les dominer de toutes les façons, et surtout se placer au niveau de Dieu et pire plus haut que lui et régenter le monde; empêchent de diminuer et de faire grandir Jésus en nous. Actuellement le monde est gonflé d'orgueil! Il va éclater tôt ou tard.
    La Franc-maçonnerie va éclater tôt ou tard. Les esprits mauvais qui logent en eux ne peuvent ainsi perdurer! Pour le moment ils semblent être les plus forts, par leur malignité, par la légèreté de leur nature, leur agilité en tout. Ils n'ont pas de corps et ont emprunté celui de certains/nombreux particulièrement vulnérables à l'orgueil!
    Actuellement, nous les voyons divulguer devant nous tous les desseins et les œuvres de leur méchanceté diaboliques. L'actualité en est remplie. Mais un jour ils seront démasqués. Trompés par leurs propres tromperies! Juqu'ici ils étaient cachés au "Monde". Maintenant ils apparaissant manifestement aux yeux des humains; C'est flagrand! Ils ne se cachent plus! Dieu le veut bien. C'est par ce biais que Notre Père des cieux cherche à nous réveiller de notre torpeur! Ces "monstres" concourent et accomplissent, sans s'en douter, des œuvres qui servent au salut de ceux qui sont, par nature, leurs éternels ennemis, (nous). Ils s'imaginent être maîtres des situations mondiales, mais « La véritable sagesse enferme les faux-sages dans leur habileté » tôt ou tard. Qu'ils le veuillent ou non, c’est bien Dieu qui gouverne l'univers, permet toutes les actions visibles ou invisibles dans le monde. Mais c’est Lui aussi qui les refrène et les refrènera dans leur vœu de nuire, Tôt ou tard ils riront jaunes, car ils seront soumis à Ses lois.

    S'ils dévoilent ouvertement leurs desseins pervers vis-à-vis de la société, c'est parce que Dieu le permet. C'est ainsi qu'agira par la suite, la divine providence. (Elle agira d'autant plus vite que nous prierons et retournerons vers Dieu pour l'appeler!). C'est la Divine Providence qui pour la plus grande gloire de Dieu, utilise même les mauvais pour produire à partir de la méchanceté même, un grand bienfait pour notre si pauvre humanité.

    J'ai confiance au Pape François, envers et contre tout. Il est un "outil" de taille dans les mains de Dieu, et de la Divine Providence. Sachons aussi que plus le Pape est détesté de l'ESPRIT du monde et plus cela signifie qu'il est bien le fidèle envoyé de Dieu!
    Dieu permet tout ce que nous vivons actuellement pour anéantir cette soif d'orgueil à croire que nous pouvons SEULS combattre le "Mal" et pire: remplacer sur terre le Créateur lui-même! Nous pensons, parce que nous sommes adultes sur cette terre que nous sommes forts! Nous oublions que nous sommes tous, pour Dieu, SES enfants! Dieu est le seul adulte dans la Foi. L'Eglise n'arrête pas de nous dire: "grandissez dans la Foi, devenez adulte dans la foi"; Elle devrait plutôt nous dire "grandissez dans la foi en redevenant des enfants ... spirituels!".
    Pour combattre la Franc-maçonnerie, que vous pointez avec raison dans le monde, pauvre Job, nous devons tous devenir très vigilants, et appeler Dieu au secours, lui rendre d'abondantes grâces. Car IL EST le puissant et miséricordieux sauveur qui chasse de nous le mortel ennemi. Il ne demande qu'à venir habiter, lui-même, dans nos cœurs devenus enfin tel l'enfant dans la Bible; "humbles et obéissants" à Ses uniques lois. Toutes les lois humaines, au grand dam de l'Esprit qui gouverne notre monde, ne sont que des injures à Dieu. Elles seront balayée comme rien par le Vent Céleste plus vite que nous pourrions le croire; si nous nous unissons dans la prière!

    Que l'on sache aussi qu'il n'est jamais trop tard pour changer de camps et revenir vers le Père tout aimant! :-)

  • A Rio, le Pape François a invité les jeunes à "mettre la pagaille". A t-il décidé d'en faire de même dans l'Eglise? Où allons-nous?...
    Jean-Pierre Snyers (jpsnyers.blogspot.com)

  • Oui, où allons-nous avec ces "traditionnalistes" qui ne peuvent accepter que de vivre dans le passé ! Les choses sont claires, "ils" sortent du bois et expriment clairement leur perception de la foi !

  • Ce n'est plus l'Eglise, les évangiles, le christ qui m'indiquent la voie du bien, c'est ma conscience. Ce que ma conscience me dit être le bien est le bien. Si ça ce n'est pas extraordinaire et contraire à tout l'enseignement de l'Eglise! Je crois que c'est la fin de la papauté. Seigneur protège nous.

  • Vous aimez la papauté quand cela vous arrange !

  • Je crains que François ne fasse dans le populisme. Je suis très inquiet. De plus, d'un côté, il dit "qui suis-je pour juger?" et d'un autre, il juge ses prédécesseur.Prions pour le Pape et pour l'Eglise.

  • En tout cas, le Pape a maintenant les mains libres pour

    - Décentraliser l'Eglise
    - Rendre moins sauvage le capitalisme
    - Pratiquer davantage d'oecuménisme
    - Aider les pauvres
    - Béatifier et/ou canoniser ses amis, parmi lesquels Mgr Martini
    - Fustiger les uns et les autres (ses prédécesseurs, les prêtres, les évêques,...)
    ...

    Je suppose qu'au terme de son mandat, il aura, lui, une moisson abondante et exempte de tout reproche!...

  • D'accord avec toi cher Michel. Soyons conscients que notre cher Pape François n' pas accepté sa charge de Pape à la légère et qu'il a été éclairé par l'Esprit Saint. L'angoisse de ne pas arriver à assumer une telle charge a vite été remplacée par une grande paix et une assurance totale, au cours de cette expérience lumineuse qu'il a vécue. N'est ce pas un signe de réalisme, d'humilité et d'obéissance à l'Esprit saint? C'est vrai qu'il occasonne un remue ménage dans l'Eglise , mais c'est pour un mieux et sous la conduite de l'Esprit saint. Donc ne craignons pas et faisons lui confiance!

  • Epoustouflant! Où est la mission de "conforter ses frères dans la foi" donnée par le Christ à Pierre? Voilà le protestantisme libéral assis au plus haut sommet de la hiérarchie. Un ami, qui l'admirait pourtant, m'a dit hier "les bras m'en tombent, c'est fini, je n'en veux plus, tu avais raison."

    Confusion, désarroi, tristesse... quand le berger s'égare, où vont les brebis? Heureusement, contrairement aux idée papolâtres en vogue, le pape est un serviteur, un fonctionnaire, pas le Christ Lui-même. Et nous ne sommes pas tenus de le suivre lorsqu'il divague.

  • Vers la fin de cette interview promise à d'autres épisodes dans la « Repubblica », le nouveau pape interroge Eugenio Scalfari sur ce en quoi il croit et celui-ci répond , selon le site de l'hebdomadaire "La Vie": « Je crois en l'Être, c'est le tissu duquel surgissent les formes, les corps. » François enchaîne alors : « Moi je crois en Dieu. Non pas en un Dieu catholique car il n'existe pas un Dieu catholique : il existe Dieu, tout court. Et je crois en Jésus Christ, son incarnation. Jésus est mon professeur et mon pasteur mais Dieu le père, Abba, c'est la lumière et le Créateur. C'est ce que moi j'appelle Être. Vous trouvez que nous sommes éloignés ? »

    Nous n’avons pas connaissance qu’il y eut une réplique de Scalfari. Mais il y a tout de même une distance abyssale entre quelqu’un qui croit en Dieu transcendant et personnel, et pour mieux dire selon l’expression de Pascal « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, non des philosophes et des savants, le Dieu de Jésus-Christ » et la déclaration d’un athée immanentiste qui « croit » ( est-ce le mot qui convient ? nous constatons tous qu’il y a de l’être, sans quoi nous ne serions pas là pour le faire) que l’être, (pas même suprême) est le « tissu des formes » dont les « corps » sont des avatars, parmi d’autres. C’est du matérialisme pur et simple.

    Le président François Mitterrand, un agnostique hanté par la mort et la quête de la vérité, déclarait, lui au moins: « je crois aux forces de l’Esprit » et, dans un souffle au seuil du trépas : « une messe est possible » (elle eut lieu, en effet). Mais ce François agnostique était d’une autre culture.

    Je crains que le pape François s’illusionne sur les pierres d’attente qu’il espère découvrir dans la « culture moderne » fondée sur l’idéologie séculariste. Il n’y a rien à en attendre, sinon qu’elle se dissipe, comme le fit un jour le marxisme-léninisme, en des temps pas si lointains.

  • @ jpsc .... Le plus grand défi pour l'Église catholique, selon moi, ce sont ceux qui se présentent eux-mêmes comme ses plus implacables adversaires, les francs maçons. Un de leurs prélats, le Ministre français de l'Éducation, le rappelait récemment : pour eux, comme pour leur prophète Voltaire, le catholicisme reste bien l'ennemi à abattre. Aucune autre religion ne les dérange (ou ne les inquiète) autant que celle-là.
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    Mais on ne peut évidemment parler de combat à armes égales. En effet, un Voltaire recommandait à ses disciples de mentir et de calomnier à outrance contre l'Église. Car il savait bien que c'étaient des armes redoutables, de véritables armes d'empoisonnement massif des esprits. Et d'autant plus redoutables que l'Église elle-même se refuse à les utiliser pour répliquer.
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    Les seules 'armes' de l'Église, ce sont celles du pardon, de l'amour des ennemis, de la prière à Dieu pour leur conversion. Les seules 'armes' de l'Église, ce sont les chapelets des plus humbles et des plus pauvres. C'est ce que l'on aurait pu répondre à ce dirigeant soviétique qui demandait : « Le Vatican, combien de divisions ? ».

  • est-ce que vous ne tombez pas tous dans le panneau des "médias-émotions" qui sont aussi la culture contemporaine. Quand le Seigneur dit que l'on juge l'arbre à ses fruits, il ne parle pas du frémissement de ses feuilles sous l'effet du vent... les fruits mettent du temps à se former et à mûrir ! "L'amour prend patience" !

  • @ LPJ
    Lorqu’on met un débat sur la place publique, il faut évidemment s’attendre à toutes les réactions possibles. Je ne pense pas que la mienne ait été spécialement « émotive » et je ne crois pas que le pape lui-même s’attendait, dans cette controverse, à un silence déférent de ses ouailles.

    Comme disait Benoît XVI à propos de sa trilogie consacrée à Jésus : le magistère n’est pas engagé par mon propos dans ces livres. A fortiori pour des libres propos exprimés dans une gazette à grand tirage. Les fidèles de l’Eglise ne doivent donc pas se faire un scrupule d’user aussi de la même liberté des enfants de Dieu. Pourquoi s’interdire de participer au débat ouvert ?

    En ce sens, dans un article que la Bussola Quotidiana a publié hier, Massimo Introvigne, un « vaticaniste » bien connu, publie une réflexion intéressante sur la stratégie de François dans le dialogue public qu’il a entrepris avec Eugenio Scalfari. J’épingle ces extraits qui complètent avantageusement un commentaire que j’avais fait, un peu plus haut :

    « La démarche [de François] est typiquement missionnaire dans le sens qu'elle cherche à partir de points communs avec l’'interlocuteur et à susciter sa sympathie. Et Scalfari se prend au jeu, rappelant à son tour qu'enfant, il a gagné «un concours de catéchisme parmi toutes les paroisses de Rome», et que pendant la guerre, caché par les jésuites pour échapper aux Allemands, il a accepté leurs conditions pour être accueilli et a fait «pendant un mois et demi d'exercices spirituels» (…)

    « La méthode missionnaire prévoit cependant que, des points communs avec l'interlocuteur, une fois créée la chaleur et la convivialité, on passe justement à l'annonce, qui - ainsi conçue - n'est pas du prosélytisme. Voici donc que le Pape demande à Scalfari «en quoi il croit», l'invitant à ne pas répondre avec la rhétorique banale de l'honnêteté et du bien commun: «Ce n'est pas ce que je vous demande. Je vous demande ce que vous pensez de l'essence du monde, et même de l'univers. Vous demandez sûrement comme tout le monde, qui nous sommes, d'où nous venons, où nous allons. Un enfant se pose ces questions. Et vous?» (…)

    «Le journaliste est en difficulté, et répond: «Je crois en l'Être, c'est-à-dire dans le tissu d'où surgissent les formes, les organismes». Cela ne suffit pas, exhorte le pape: «Mais ce que vous appelez l'Etre, voulez-vous définir comment vous le pensez?». Scalfari répond avec une mixture de vitalisme du XIXe siècle, et de scientisme New Age de bazar: «L'Être est un tissu d'énergie. Énergie chaotique, mais indestructible et en éternel chaos. De cette énergie émergent les formes lorsque l'énergie est sur le point d'exploser» (…).

    Face à une réponse aussi confuse , François - comme Benoît XVI dans sa lettre à Odifreddi - aurait pu faire valoir qu'il s'agit de "science fiction", et qu'il y a plus de vraie science dans la théologie catholique. Mais il s'agit d'un dialogue mené avec la méthode missionnaire, et donc la réponse patiente et que la seule lumière qui puisse faire émerger la vie des ténèbres est Dieu, et que Dieu peut être trouvé dans notre cœur, où peut toujours entrer la grâce. » (…)

    « En Angleterre, on parie sur tout, et il se pourrait que l'on ouvre des paris sur la conversion de Scalfari. Personnellement, je ne miserais même pas une livre. Mais ma prudence serait prudence humaine, tandis que celle que le pape annonce - que quiconque, y compris Scalfari, peut être touché par la grâce - c'est une vérité à laquelle nous devons croire par foi, parce que rien n'est impossible à Dieu.

    «Sortir» pour chercher tout le monde, y compris les plus éloigné de l'Eglise - qui en Occident sont aujourd'hui la majorité - faire la mission avec délicatesse à partir des questions qui sont au cœur de chaque homme pour venir doucement au sujet de Dieu et de sa grâce. C'est la leçon que - tout en étant certainement bien conscient du risque d'une pastorale «accidentée» et du malaise que crée ce genre d'opérations médiatiques pour de nombreux fidèles - le pape François veut transmettre à toute l'Église. »

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