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Rencontre au jardin d’Eden ?

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54219_vatican-priere_440x260 (1).pngLe site de l’hebdomadaire « La Vie »revient sur la sourate  priée à Allah par un imam de la délégation musulmane devant le pape François dans les jardins du Vatican : «Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles.»

« L'invocation pour la paix organisée par François et réunissant Mahmoud Abbas et Shimon Peres dans les jardins du Vatican n'en finit pas de faire polémique. Un verset du coran récité par un imam, membre de la délégation musulmane, a créé un vif débat entre catholiques français.

Après une première polémique lancée par le grand rabbin de Rome sur le sens de la prière au Vatican, un autre débat agite aujourd'hui la «cathosphère» française. En cause ce verset du Coran prononcé au micro par un imam de la délégation musulmane : «Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles.»

Le site Aleteia raconte ainsi : «Un événement en marge de la prière pour la paix dans les jardins du Vatican, en présence des présidents d’Israël et de Palestine, crée après coup quelque agitation. En ce dimanche de Pentecôte, ces deux personnalités, venant de nations hostiles l’une envers l’autre, ont répondu à l’invitation du Pape François ; les prières se sont élevées l’une après l’autre, tout d’abord juive, puis chrétienne, et enfin musulmane. Un imam, membre de la délégation musulmane, récita – sans que cela soit programmé – en arabe les trois derniers versets de la deuxième sourate du Coran. En voici les dernières phrases retranscrites en français : “Pardonne-nous (Allah), pardonne-nous et prends pitié de nous! Tu es notre maitre et notre protecteur. Soutiens-nous contre le peuple des incroyants ! ”»

Le 10 juin dernier, c'est le très traditionaliste Bernard Antony, qui avait le premier signalé sur son blog le verset incriminé assortie du commentaire suivant : «Toujours est-il que l’imam, lui, aura pu en effet se glorifier d’avoir, à l’intérieur même du Vatican, récité une prière coranique sans ambiguïté à l’égard des chrétiens et autres mécréants.»

Un premier débat se fait jour sur la réalité du prononcé. Le blog des Cahiers Libres dénonce d'abord un hoax, persuadé que le verset mentionné n'a pas été dit.

Mais voilà, comme le souligne le blogueur Fiskmonskov, la phrase a bien été prononcée dans les jardins du Vatican. Pour lui, c'est clair, les catholiques se voilent la face, et il le dit violemment : «La vérité ne se trouve pas en faisant l’autruche. L’autruche n’est pas libre. (Et en plus elle se fait quand même bouffer par le prédateur qu’elle ne voulait pas voir.) Et si vous préférez vous cacher les yeux pour ne pas voir et vous boucher les oreilles pour ne pas entendre, alors ne vous arrêtez pas en si bon chemin. Allez au bout de la sagesse : fermez aussi vos gueules.»

Réponse des Cahiers Libres : Oui, nous nous sommes trompés, mais le fond du problème est entier : «C’est un mensonge de prétendre que cet imam s’en prend aux chrétiens. Pensez vous vraiment que Mgr Twal, présent, aurait laissé passer ça ? Il n’a pas été interrogé à ce sujet car il n’y a pas de sujet. Il est toujours possible de donner une interprétation négative.»

C'est maintenant sur le sens que s'écharpent les catholiques. Dans le verset mentionné, à qui est vraiment adressé le terme de « kafir », traduit par «infidèle» ou «incroyant»? Faut-il penser que l'imam a exporté "le djihad au Vatican" comme clament de conserve les sites d'extrême droite islamophobe et la ligue de défense juive, pas vraiment connue pour sa modération? Ou alors que sa prière rituelle ne s'adresse pas aux chrétiens et par conséquent n'avait rien de déplacé ?

Pour Pierre Madros, prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem, le terme de "kafir" est bien adressé aux chrétiens. Selon lui«dans le monde contemporain, notamment depuis le sixième siècle après Jésus-Christ,  les polythéistes (ou les païens) n’existaient presque plus, pas même en Arabie. Les seuls «kafirin» possibles ou imaginables pour beaucoup de musulmans sont les chrétiens pour lesquels, d’après le Coran, Allah "serait l’un de Trois",  gens qui auraient "fait de leurs évêques et de Issa fils de Maryam des seigneurs à la place de Dieu".» Il estime carrément que «la joie islamique d’entendre et de voir le Coran récité au Vatican se mêla chez beaucoup d’entre les musulmans, pour ne pas dire la plupart, de sentiments de triomphe, de victoire, de triomphalisme. D’aucuns y ont vu le début de la réalisation d’un hadith : «Comme nous avons conquis Constantinople (aujourd’hui Istanboul si peu chrétienne), nous allons conquérir Rome».»

Estimant les occidentaux bien naïfs dans leur rapport à l'islam, il conseille : "Quand il s’agit d’islam et de musulmans, il convient, comme le souhaite le P. Gallez dans son ouvrage (lui-même controversé, ndlr) Le malentendu islamo-chrétien, de «mieux écouter  ou d’écouter tout court les chrétiens du Moyen-Orient», surtout ceux qui non seulement connaissent les textes fondateurs de l’islam mais aussi les langues sémitiques, en particulier le syriaque et l’arabe.»

Lire la suite ici : Prière au Vatican : les chrétiens sont-ils des bisounours ?

JPSC

Commentaires

  • À quoi servent ces tristes polémiques, ou plutôt à qui servent-elles ? Elles servent uniquement à ceux qui sont les véritables « incroyants » (au sens de ne pas croire du tout à l'existence de Dieu). Or, ces « incroyants » sont ceux qui, depuis deux siècles, sèment la guerre et la mort partout sur la planète, au nom de leur paganisme matérialiste et de leur vénération du dieu Argent. Et ils sèment aussi la zizanie et les polémiques entre les « croyants ».
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    Que les différents « croyants » réagissent différemment contre les méfaits des « incroyants » c'est autre chose. Il est certain par exemple que les musulmans croient davantage à une réaction violente que les catholiques. Malgré cela, ceux qui ont intérêt à saper tout effort de paix entre « croyants » sont bien évidemment les « incroyants ». Ceux-ci n'ont aucun intérêt à ce que les « croyants » fassent la paix.
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    Dans ce sens, la prière : “Pardonne-nous, pardonne-nous et prends pitié de nous ! Tu es notre maître et notre protecteur. Soutiens-nous contre le peuple des incroyants ! ” a toute sa raison d'être parmi le « peuple des croyants ».
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    En outre, il est difficile d'amener des « incroyants » à prier Dieu pour la paix, avec des « croyants ». Qui prieraient-ils, leur dieu Argent ? Mais c'est le dieu de toutes les guerres entre les hommes. La paix ne peut être trouvée que par ceux qui se détournent des malices et des séductions de ce dieu Argent.

  • Le passage litigieux n'avait pas été prévu au niveau des textes lus par les représentants des différentes religions.

    Dans un premier temps, les interventions provenant des trois cultes ont été publiées telles quelles sur le site du Vatican... Lequel, indirectement, a pris acte de l'incident, en ne maintenant sur le site que la seule intervention du pape. Voilà la vérité et peu importe d'où elle vient.

    Le plus incroyable est que c'est une musulmane convertie au catholicisme qui est probablement à l'origine de cette affaire qui démontre surtout la conception toute particulière de l'engagement pour la paix d'un des protagonistes présents.

    L'identification du groupe "infidèle" dans la source coranique ne fait aucun doute, à moins d'être idiot ou aveugle ou encore borné.. ou les trois à la fois.

    Il y en aura encore pour prétendre que c'est une question d'interprétation.. qu'on fait dire aux textes ce qu'on veut. Ce à quoi je réponds, selon la sage maxime: ubi claris est, non interpretare debemus.

  • @ philippe ... Je pense que les gens sont un peu plus mélangés et complexes que les 'textes' veulent nous le faire croire. Il faut apprendre à 'lire' les gens avant les textes, car les gens ont été 'écrits' par Dieu et les textes par des hommes. Même si c'est plus compliqué que les textes, sans doute faut-il chercher à distinguer ceux qui aiment et vénèrent surtout Dieu et sa Création, par rapport à ceux qui aiment et vénèrent surtout le dieu Texte, le dieu Argent, le dieu Nation, le dieu César ou d'autres dieux créés par des hommes. Et on peut en trouver partout, chez ceux qui se revendiquent du monothéisme comme chez ceux qui se revendiquent de leur athéisme, panthéisme, polythéisme ou animisme. Combien de gens se disant catholiques en Belgique ne penchent-ils pas pour les lois du dieu César ou du dieu Argent plutôt que pour celles de Dieu ?

  • Ceci est la deuxième action symbolique de musulmans à l'encontre du pape en l'espace d'un mois.
    En mai dernier, un muezzin avait couvert la voix du pape Francois célébrant la messe en terre sainte (http://m.youtube.com/watch?v=iq0A0kkpcno).

    Rien n'est anodin.

    Quand on connaît la confusion des pouvoirs en terre d'islam et surtout l'importance de ne pas perdre la face chez eux, on mesure le sens de ces gestes.

    Ce qui est le plus préoccupant c'est le déni du réel par des chrétiens. Ils commencent par refuser ce qui est. Quand ce n'est plus possible, ils relativisent selon ce qu'ils souhaitent.

  • @ bernie ... Il faut prier Dieu pour le persécuteur davantage que pour le persécuté. Il a davantage besoin que Dieu le convertisse. Le persécuté ne peut prier Dieu que pour l'aider à supporter la persécution, par amour pour Dieu et même pour son persécuteur. Et aussi prier Dieu pour qu'il n'ait pas la tentation de devenir persécuteur à son tour. La violence n'engendre que davantage de violence.
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    Car vous avez raison sur la confusion des pouvoirs. L'Islam et le judaïsme sont de nature trop théocratique que pour ne pas succomber à la tentation de la violence, pour préserver les intérêts de leurs César. Lorsqu'on vénère trop César, l'argent et les biens matériels, on n'écoute même plus Dieu et son souhait de paix entre les hommes.
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    Notez que les différentes hérésies protestantes sont tombées aussi dans le piège de la théocratie, en transformant leurs Princes en Papes de nouvelles religions sur mesure, imposées de force à tous leurs sujets catholiques. Et ce sont ces théocraties qui ont déclenché toutes les guerres dites de religion, en Europe même. Toutes les théocraties mettent Dieu au service des ambitions du César. Les athéocraties sont encore pires, elles transforment carrément leur César en Dieu.
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    Les catholiques ne nient donc pas le « réel » de la persécution et de la violence. Comment le pourraient-ils ? Ils tentent simplement de ne pas succomber eux-mêmes à ce « réel » qui n'est pas de Dieu mais de César.

  • Il y a un homme dont l'enseignement sur cette matière est précieux, parce qu'il a vécu en terre d'islam plusieurs dizaines d'années de sa vie: c'est le Père Henri Boulad, Sj. Il faut le lire. Il faut l'entendre.

    Le déni du réel, mentionné par Bernie, ne concerne malheureusement pas que les chrétiens. C'est un peu la déviation bienpensante à la mode, qui vise toute la société occidentale, par peur (peut-être ?) de tomber dans les outrances, dans les extrémismes.

    Un des problèmes majeurs est le statut de l'Islam, à savoir, le fait de considérer le Coran comme sacré, comme intouchable. Dès lors qu'effectivement (et c'est un fait indéniable) les pouvoirs spirituels et temporels sont confondus dans cette même source, il ne faut pas s'étonner de diverses manifestations qui, somme toute, ne constituent rien d'autre, pour les tenants de cette religion, qu'une obligation, pour avoir les chances de gagner le paradis.

    Le problème n'est pas ici de vénérer César ou l'argent... mais, selon cette orientation, de servir un Dieu. C'est d'ailleurs au nom de ce Dieu que certains groupes appellent aux renversement des régimes qui ne leur conviennent pas théologiquement. L'argent ne peut non plus être une arme de ralliement, l'endoctrinement tant redouté par nos services de renseignement prévalant à coup sûr sur une valeur considérée comme purement occidentale.

  • @ philippe ... À mon sens, les émirats musulmans constituent bel et bien des exemples de théocraties très terrestres. Ils ne cachent pas qu'il cherchent à établir partout un Royaume terrestre, qu'ils appellent leur Califat mondial. Ils ne cachent pas qu'ils veulent y appliquer leurs propres lois terrestres, qu'ils appellent leur Charia. Ils vénèrent leur Prophète Mahomet et leur Coran, davantage même que Allah, semble-t-il. Leurs Fatwas et condamnations à mort se rapportent surtout à des blasphèmes, offenses ou délits contre le Prophète, le Coran ou la Charia. C'est de la quasi idolâtrie d'un être humain et d'œuvres humaines. Leurs Émirs ou Souverains sont aussi leurs dignitaires spirituels.
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    Et les musulmans accumulent biens terrestres et argent. À ma connaissance, le monachisme n'existe pas en Islam. Depuis que l'Islam s'est propagé, leurs Émirs n'ont eu de cesse d'amasser les biens matériels et les fortunes, en envahissant et colonisant par le Djihad armé de multiples pays, et en soumettant les non musulmans, comme dhimmis ou esclaves. Aujourd'hui, leurs pétrodollars leur servent directement pour financer leur Djihad, qui est une obligation pour tout musulman et qui est ininterrompu depuis quatorze siècles. Le pouvoir des César et le pouvoir de l'argent est donc bien omniprésent dans l'Islam, même s'il a subi des coups d'arrêt temporaires, notamment au 19ème siècle. Et les références indirectes à Allah sont elles-mêmes assorties d'une théologie très terrestre. À un terroriste kamikaze, seraient promises au Paradis je ne sais combien de vierges pour le motiver.
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    En fin de compte, si les musulmans voulaient dans le passé renverser les anciens pays catholiques, et veulent aujourd'hui renverser ces mêmes pays paganisés, c'est bien pour implanter un Royaume terrestre qui sera comme leur Paradis sur Terre, où travailleront pour eux les non musulmans qu'ils auront conservés comme main d’œuvre soumise. Et ils se donneront ainsi bonne conscience, car les non musulmans soumis aux musulmans seront en quelque sorte et de manière indirecte soumis à Allah.
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    Pour le moment, les catholiques sont un peu comme les spectateurs atterrés et impuissants d'une lutte mondiale entre le paganisme matérialiste occidental et un islamisme qui à mon sens est tout autant matérialiste. Ce sont deux tentatives de conquête du royaume terrestre mondial, en se servant d'armes ou de moyens financiers pour chercher à s'imposer. Et comme d'habitude, ce sont les pauvres, le peuple, qui font les frais de cet appétit de pouvoir des riches. Que ces pauvres soient musulmans, catholiques ou autres, ce sont eux qui sont toujours les perdants dans ce combat entre riches, où ils sont souvent entraînés malgré eux, sans rien y comprendre.

  • Pauvre Job

    Je reviens sur un fait complètement passé inaperçu dans le traitement des médias généralistes, lors de la visite du pape lors de la célébration de la messe en Terre sainte: un muezzin a couvert sa voix. Signe de haut respect s'il en est.

    Qui s'en est offusqué ? D'abord, comment s'en offusquer, quand l'information est cachée ? Et puis même si la presse en avait parlé... ?

    Par contre, qui peut imaginer le tollé général qui aurait suivi si l'inverse s'était produit, si un chrétien avait profité de la présence d'un dignitaire d'une autre religion pour réciter des passages de la Bible ? Intolérance, extrémisme, provocation, racisme, islamophobie !

    Petit retour en arrière. Le jour où Benoît XVI a renoncé au siège de Pierre, il a également annoncé la prochaine canonisation des martyrs d'Otrante. La presse ne l'a pas relevé, vu l'énormité de la première annonce. Et pourtant, le contexte d'Otrante mérite bien qu'on s'y attarde.

    Cinq siècles nous séparent des deux événements. Le chef des troupes ottomanes, bien décidé à envahir l'Italie (avant de s'emparer de l'Europe), avant de procéder au massacre de plusieurs centaines de "récalcitrants", a déclaré ceci:

    "Je vais faire manger l’avoine à mes chevaux sur la tombe de saint Pierre".

    Alors, pour conclure en ce qui me concerne, permettez-moi une petite remarque personnelle. Vous avez parlé de Dieu (personnellement je nuancerais en visant, dans le contexte, "un Dieu", plutôt que "Dieu"). Vous avez parlé de César. Vous avez parlé de tentatives de conquêtes du royaume terrestre mondial. Autant de choses qui ont du sens, comme le révèle l'Histoire.

    A mon avis, il manque un élément. Il est dans le titre de l'article de Belgicatho: "rencontre au jardin d'Eden ?". Le point d'interrogation n'était assurément pas de trop... je pense me faire bien comprendre...

  • @ philippe ... Ne peut-on aussi comprendre que c'est cela qui distingue les catholiques, cette réaction pacifique aux persécutions et ce pardon des offenses ? Qui pourrait reprocher au Pape de réagir en catholique à toute persécution ou offense subie ? Si les catholiques ne réagissent plus ainsi, en rejetant la vengeance et la violence des paroles et des actes, qui le fera encore sur Terre ? Si les catholiques ne le faisaient plus, ils n'évangéliseraient plus personne.

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