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Non, l'IVG ne constitue pas un acquis positif pour les femmes !

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Dans un entretien avec Christian Laporte paru dans la Libre (p. 53), Carine Brochier (administratrice de l'Institut Européen de Bioéthique) estime que la libéralisation de l'IVG ne constitue aucunement un acquis positif pour les femmes :

Quel est votre bilan de la dépénalisation de l’IVG?

Plus de 320000 femmes se sont fait avorter en Belgique. Ce sont là les cas déclarés… Cela fait 320000 drames, car comme l’a dit Simone Veil elle-même en novembre 1974, “l’avortement est toujours un drame et cela restera toujours un drame”… On en porte les traces toute sa vie… Certains ont vu dans la libéralisation de l’avortement un trophée pour la libération de la femme. C’est l’inverse! Qui a vraiment pensé à soutenir ces femmes en détresse et l’enfant qu’elles avaient en elles? Car éliminer le fœtus qu’on porte en soi est toujours un acte éprouvant qui marque le corps et l’esprit. Je puis en attester car j’ai été à la rencontre de ces femmes et jeunes filles.

Dans un centre de planning familial pratiquant l’IVG?

J’ai aussi voulu rencontrer les psychologues. La détresse est bien là tout comme – même avec beaucoup de dévouement – l’incapacité à gérer ces situations de crise. Pour respecter la liberté de la femme, ils évitent d’employer des mots comme bébé, enfant, papa, naissance, termes qui risqueraient de projeter la femme dans le futur et la réalité de la venue au monde d’un enfant. Mais est-­ce la rendre libre en occultant la réalité?

Leur vie après l’IVG vous a aussi fort interpellée?

Les associations qui accueillent les femmes en post­IVG disent que beaucoup portent une nouvelle détresse psychologique, un poids dont elles n’osent pas parler puisque c’est irréparable et que souvent leur entourage n’était pas au courant ou les poussait à l’IVG. Au moment de l’avortement, elles sont soulagées face à la panique et à une situation d’urgence. Mais tôt ou tard, la réalité ressurgit comme un tsunami et de façon inattendue. Or, que nous dit­on aujourd’hui? Que l’avortement est une libération pour les femmes et qu’au nom de la libération de la femme – “Mon corps, mon choix” –, l’IVG devrait être plus accessible. Remettre en question l’avortement est perçu comme réactionnaire et stigmatisant pour les femmes qui y auraient eu recours. Parler des conséquences psychologiques et de la violence de cet acte est perçu comme inadapté, à la limite de l’intolérance. Car on priverait les femmes du droit de disposer de leur corps. Ecartons ici toute revendication idéologique: que voyons et qu’entendons-­nous lorsque ces femmes blessées sont rattrapées par la réalité? Est-­ce une victoire de voir combien l’avortement, quelles que soient l’éducation et la culture de la femme, laisse des traces en elle? La réalité est là, dans ces larmes…

Vous dites que c’est aussi un problème de santé publique?

L’IVG concerne la femme mais aussi son compagnon, son conjoint qui la laissent seule, allant jusqu’à menacer de la quitter si elle ne se laisse pas avorter. Elle est seule et désemparée. Les rapports de la Commission d’évaluation indiquent les motifs de l’avortement: dans 16% des cas, la femme n’a pas de souhait d’enfant, dans 11% des cas, elle estime que la famille est complète et dans 13% des cas, elle s’estime trop jeune.

Que faut-il faire dès lors?

Ouvrir une troisième voie et renforcer la prévention. La femme doit vraiment pouvoir choisir de garder son enfant. Pour l’y sensibiliser, on peut lui proposer une échographie gratuite. Mais il n’y a pas de débat possible sur cette question: on veut élargir le délai de 12 à 16 semaines et faciliter l’accès, ce qui va encore banaliser l’avortement. Pourtant en Allemagne et au Québec, il y a une baisse progressive des avortements. Loin de toute revendication aveugle et idéologique, il est possible de viser une diminution pour le bien­être des femmes et de nous tous. Car l’idéologie qui promeut l’IVG ne sert pas la cause des femmes. Le combat féministe se trompe de cible en agissant de la sorte. Ce qui libère les femmes n’est pas un acte qui les blesse à court, moyen ou long terme, mais une redécouverte de la façon dont elles doivent se respecter (et se faire respecter par les hommes) dans leur corps et leur psychologie. Mais on assiste heureusement de plus en plus à une libération de la parole par le témoignage de celles qui osent dire combien elles regrettent leur IVG et combien elles en ont été psychologiquement affectées. C’est Colombe Schneck qui regrette l’avortement subi à 17 ans alors qu’elle disait vouloir être libre. Il y a aussi la pénurie annoncée de médecins. Le début d’une prise de conscience?

Entretien : Christian Laporte

Commentaires

  • Que l'avortement constitue un traumatisme physique est certain. Qu'il puisse y avoir des complications somatiques parfois grave n'est nié par personne, même si on les cache aux femmes ou les minimise.
    Mais incontestablement aucune femme n'échappe aux séquelles psychologiques, aucune n'oublie jamais ce moment douloureusement vécu, pas plus qu'on oublie une naissance, ou le décès d'un être cher.
    Mais en outre il faut souligner aussi combien cet acte fragilise toute la société, détruisant la confiance et faisant émerger des valeurs égocentrées qui prévaudront dans d'autres situations.
    Quoi que l'on voudra prétendre le chemin psychologique qui va de l'arrêt de cette vie là estimée perturbante, à l'arrêt d'autres vies est continu. Aucune société ne peut se construire sur la mort donnée délibérément.

  • On ne guéri pas une blessure par une autre blessure, une anxiété par une dépression. C'est vraiment de la mauvaise médecine.

  • On ne guéri pas un manque d'amour par la négation de l'amour ou sa destruction, mais par un amour plus grand qui permet de dépasser le manque en le comblant. Du mépris et de la haine peuvent sortir le respect et l'amour.

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