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Benoît et François, un chœur à deux voix

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Grande musique pour le pape François au Paraguay: celle des jésuites des "Reducciones". Et, depuis Castel Gandolfo, Benoît XVI tient, exceptionnellement, le rôle de guide d’écoute .  De  Sandro Magister sur son site « Chiesa :

ROME, le 9 juillet 2015 – Demain, lorsqu’il arrivera au Paraguay, troisième et dernière étape de son voyage en Amérique du Sud, après l’Équateur et la Bolivie, le pape François écoutera de la musique qui a été composée il y a quatre siècles dans les "Reducciones", ces communautés indigènes qui avaient été créées par les jésuites pour civiliser et évangéliser les populations de ces territoires.

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L'aventure musicale des Réductions est à la limite de l'incroyable, parce qu’elle a su combiner le meilleur de la musique baroque européenne des XVIIe et XVIIIe siècles et le talent musical inné des indigènes guaranis, le tout dans le contexte de la célébration liturgique. C’est un chef d’œuvre d’"inculturation" du christianisme, non pas au rabais, mais aux plus hauts niveaux d’intelligence missionnaire, de compréhension de l’esprit de la liturgie, et de création de la véritable musique liturgique, que l’on rencontre rarement de nos jours.

 Domenico Zipoli, un jésuite qui n’était pas prêtre, est le plus connu et le plus génial des créateurs de ce genre musical, dans les Réductions qui se trouvaient dans l’actuel Paraguay ainsi que dans les pays voisins.

Or, par une coïncidence remarquable, les questions relatives à ce qui a été le génie musical des Réductions – questions qui sont toutes d’une brûlante actualité – ont fait l’objet d’un discours inattendu que le pape émérite Benoît XVI a prononcé précisément la veille du départ de son successeur pour les Amériques.

Le 4 juillet dernier, alors qu’il était à Castel Gandolfo, où il réside actuellement pour deux semaines de vacances, Joseph Ratzinger s’est vu conférer, par l’Université Pontificale Jean-Paul II de Cracovie et par l'Académie de Musique de cette même ville polonaise, deux doctorats "honoris causa" portant précisément sur les rapports qui existent entre la musique et la liturgie chrétienne. 

Et c’est justement à l’explication de ces rapports qu’il a consacré le discours qu’il a prononcé pour ces deux diplômes.

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Benoît a pris comme point de départ de ce discours le problème de savoir comment associer "la grande musique sacrée" – depuis le chant grégorien jusqu’à Palestrina et Mozart – et la "participatio actuosa" de tous les fidèles à l'action liturgique. Parce que cette association, bien qu’elle soit affirmée par le concile Vatican II, se situe "dans un rapport de tension dramatique".

Afin de répondre à ce problème non résolu, Benoît a mentionné trois "lieux d'origine" de la musique, dont le troisième – a-t-il expliqué – est "la rencontre avec le divin".

Mais il a tout de suite mis en évidence "une pensée qui, ces derniers temps, m’est venue à l’esprit de plus en plus souvent". C’est l’idée qu’"il n’y a dans aucun autre cadre culturel une musique d’une grandeur égale à celle qui est née dans le contexte de la foi chrétienne. De Palestrina à Bach et Händel, jusqu’à Mozart, Beethoven et Bruckner, la musique occidentale est une chose unique, sans égale dans les autres cultures".

L'élément distinctif de cette unicité de la grande musique occidentale est qu’elle " trouve en tout cas son origine la plus profonde dans la liturgie, dans la rencontre avec Dieu".

Ce qui conduit à cette affirmation, point culminant de la "lectio" de Ratzinger :

"Cette musique est, d’après moi, une démonstration de la vérité du christianisme. Là où une telle réponse se développe, une rencontre avec la vérité a eu lieu, une rencontre avec le véritable Créateur du monde. C’est pourquoi la grande musique sacrée constitue une réalité de rang théologique qui revêt une signification permanente pour la foi du monde chrétien, même s’il n’est pas du tout nécessaire qu’elle soit exécutée en toutes circonstances et en tous lieux. D’autre part il est également clair qu’elle ne peut pas disparaître de la liturgie et que sa présence peut être une forme tout à fait spéciale de participation à la célébration sacrée, au mystère de la foi".

Et aussi à ceci :

 "Nous ne connaissons pas l’avenir de notre culture ni celui de la musique sacrée. Mais il y a une chose qui me semble claire : là où se produit réellement la rencontre avec le Dieu vivant qui vient vers nous dans le Christ, là aussi naît et se développe à nouveau la réponse, dont la beauté vient de la vérité même".

C’est précisément de cela que les jésuites des "Reducciones" du Paraguay ou de Bolivie, dont le grand Domenico Zipoli mais pas seulement lui, ont donné un témoignage génial, sans pour autant en tirer un discours construit comme Ratzinger a su le faire.

Mais aujourd’hui la liturgie catholique est, à de rares exceptions près, dramatiquement éloignée de ce miraculeux équilibre entre la grande musique sacrée et la "participatio actuosa" des fidèles que Vatican II a appelé de ses vœux et dont Jean-Paul II a cherché à donner l’exemple sur les cinq continents qu’il a visités, comme son successeur a tenu à le rappeler.

Réécouter de manière intelligente la musique liturgique de l’"expérience sacrée" qui fut réalisée en Amérique du Sud par les jésuites des XVIIe et XVIIIe siècles serait un moyen de tout apprendre pour l’Église d’aujourd’hui, dans toutes les régions du monde.

Pour en savoir davantage à propos de la musique et de l'art dans les Réductions:

> Musique nouvelle et ancienne, dans la forêt vierge du Paraguay
 

Ref. Benoît et François, un chœur à deux voix

JPSC 

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