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Le carême a-t-il encore un sens ?

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Sur le site « FigaroVox », l’abbé Pierre Amar, prêtre du diocèse de Versailles et rédacteur du padreblog.fr, note une reprise de la pratique du carême parmi les catholiques et donne ce commentaire (archive 2016) :

« Il fut un temps peu éloigné où, pendant les quarante jours qui précédaient Pâques, les cinémas et les théâtres fermaient, faute de clients… Le mardi gras et le carnaval étaient des moments d'autant plus festifs! Alors que l'Église catholique entre en carême, et avec elle son milliard de croyants, faut-il reparler de ce moment où les catholiques semblent curieusement vouloir se faire mal? 

L'objectif est simple : il est toujours bon de se « désencombrer » de soi.

Les quarante jours du carême sont en effet un moment où il faut se priver de plein de bonnes choses: le chocolat est la pénitence classique, la privation d'Internet est apparue, 21ème siècle oblige, la fermeture du meuble télé permet quant à elle un jeûne… cathodique ...! et arrêter de fumer reste certainement la pénitence la plus difficile. Il faut l'avouer, tout cela n'est peut-être pas très motivant car personne n'aime se faire mal. Pourtant, chaque année, l'Église propose à tous les hommes de bonne volonté de faire un peu le tri dans leurs vies, de revoir la place de certaines choses, de certains désirs qui peuvent nous ligoter et nous empêcher d'être vraiment libres. L'objectif est simple: il est toujours bon de se «désencombrer» de soi. Faites donc l'essai: supprimez quelque chose que vous aimez pendant quarante jours. L'expérience est très instructive et on apprend beaucoup de choses sur soi- même! Car, très vite, une interrogation apparaît: ma vie ne vaut-elle pas plus que ce que je consomme? Une question qui a la saveur d'un slogan alter-mondialiste!

Le cœur de l'homme, boîte à désirs

Nul besoin d'être un grand psychologue pour se rendre compte que le cœur de l'homme est une grosse boîte à désirs. Des bons, certes, mais aussi des moins bons. Le carême est un temps de remise en cause de tous ces désirs. Un ménage intérieur en quelque sorte, alors que l'hiver touche à sa fin! Ce ménage de printemps ne fait pas que nettoyer les choses. Il crée aussi de l'espace. En acceptant de ranger mes désirs, de repérer si je suis ligoté avec telle ou telle chose, je fais de la place au plus profond de mon existence. Moins centré sur moi-même et sur mes petits plaisirs, je vais logiquement être plus attentif à l'extérieur. Les chrétiens pensent qu'ils seront d'abord disponibles à l'Autre, Dieu lui-même, mais aussi les autres, ceux qui vivent tout autour d'eux, à commencer par les plus pauvres et les plus délaissés qui avaient peut-être été un peu oubliés. En ce sens, si la privation permet de vivre en hommes libres, le partage permet de vivre en frères. Beaucoup de communautés chrétiennes lancent ainsi cette année des collectes de carême en faveur des chrétiens persécutés de Syrie ou d'Irak. 

Le ramadan des chrétiens?

Avec son jeûne intégral mais (uniquement) diurne, l'Islam a certainement gagné une bataille. Le temps n'est en effet pas encore venu où un journaliste nous expliquera que le ramadan est une sorte de carême pour les musulmans… Pourquoi ce renversement? Il faut avouer que les catholiques avaient jusque-là une pratique assez soft du carême, ou tout du moins fort discrète, par humilité (ou bien par peur?) en délaissant sa visibilité culturelle, sociale et même politique. Ils ont certainement à redécouvrir aujourd'hui la portée publique de ce temps de partage, de prière et de pénitence. Il est surtout le temps du changement - les chrétiens appellent cela la «conversion» - et suscite chez eux la joie de célébrer un Dieu qui prend patience et qui attend chacun. Déjà, au fil des années, on remarque que l'assistance à la messe des Cendres est quelque peu revue à la hausse, frôlant les assistances du dimanche. Et si vous croisez le jour du mercredi des Cendres un collègue de travail avec une tâche grise sur le front, ça n'est pas qu'il ait réparé sa chaudière, mais qu'il fait, sans s'en rendre compte, son coming-out catho.

Par contre, il faut reconnaître que le jeûne a pris un sérieux coup… de jeune! Appréciez au passage l'importance de l'accent circonflexe qui a survécu à la récente réforme. De fait, le jeûne est même devenu sacrément tendance: il suffit d'aller sur Internet ou de consulter des revues de santé en tout genre. On y sera surpris de la promotion en faveur du jeûne: «jeûne thérapeutique», «jeûne et randonnée», «remise en forme par le jeûne» … et j'en passe!

Et si on essayait pendant quarante jours: chiche? »

Ref. Le carême a-t-il encore un sens ?

Commentaires

  • et cette année, "notre" RTBF n'a même pas parlé du début du carême (sauf si j'ai raté l'info).
    Et ce alors qu'un sondage récent sur le sentiment religieux nous a donné des chiffres étonnants, 20 % des sondés francophones belges se disent catholiques pratiquants, et 75 % se disent catholiques (pratiquants ou pas) ! des chiffres qui ont choqué les journalistes, d'ailleurs.

  • « Le carême est un temps de remise en cause de tous ces désirs. »
    Une fois de plus un prédicateur catholique esquive le problème de la maîtrise de la sexualité quand il cite quelques pulsions malsaines qui nous détruisent. Cela alors qu’une bonne partie de la jeunesse occidentale n’imagine même pas que cette maîtrise représente un défi qui, s’il reste totalement ignoré, s’empare de notre âme et dirige tout notre vie vers le chaos. Cela est certainement le cas de nombreux Liégeois qui n’ont pas assisté aux offices mentionnés par JPSC, qui n’ont que du mépris pour les valeurs chrétiennes et se conforment aux tristes frivolités de cette ancienne ville industrielle. Si dans certains quartiers une population d’origine étrangère, souvent Italienne ou Africaine, maintient un certain respect des valeurs traditionnelles, dans d’autres ce ne sont plus que les égarements de notre société qui séduisent même ceux et celles qui ont la responsabilité, ou plutôt la charge, d’un foyer. Le découragement et la misère morale attendent tôt ou tard ces abandonnés de la prédication classique, quand cela n’aboutit pas radicalement au suicide. Maintenant que même les prêtres évitent d’aborder les conséquences des esclavages sexuels qui osera encore faire remarquer à ces âmes vides de sens qu’un jeûne, avant la venue du printemps dans nos contrées, avait aussi pour but de les aider à contrôler leur production d’hormones?

  • Les chiffres de Colas sont réconfortants . A nous de prendre rendez vous pour nous confesser . A moins de préférer . sonner le prêtre de garde au confessionnal . La confession , le Mal, le Diable même sont des sujets que le Pape François aborde courageusement, au risque d'être impopulaire , mais que, curieusement les media relaient très peu .

  • voici le lien vers le sondage de janvier 2016.
    Lisez-le, et partagez-le !
    http://www.lesoir.be/1106186/article/actualite/belgique/2016-01-28/75-des-francophones-revendiquent-une-identite-religieuse
    les commentaires du journaliste du Soir sont délicieux, le bonhomme est d'évidence tombé de sa chaise face aux chiffres... eh eh

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