Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

"La foi donne un élan à ma vie"

IMPRIMER

Lu sur le site de pelerin.com :

Nikos Aliagas : "La foi donne un élan à ma vie" 

Il est l’un des animateurs qui comptent dans le paysage audiovisuel français. Sur TF1, son été est studieux. Sur Europe 1, sa rentrée sera chargée. Nikos Aliagas s’est confié à Pèlerin et raconte la télévision, sa foi et son destin de fils d’immigré.

Vous présentez un magazine en direct sur TF1 en juillet. À la rentrée, vous orchestrerez une émission quotidienne sur Europe 1. Cela ne fait-il pas beaucoup ?

Nikos Aliagas : Ah ah, mais vous êtes en train de me traiter de « cumulard » ! (Rires.) Travailler, je ne sais faire que cela. C’est de famille. Je viens d’un foyer très modeste, où on a toujours eu la culture du travail. Dans le petit appartement où j’ai grandi, mon père, tailleur, avait installé sa machine à coudre et je m’endormais à son rythme. Pendant mon temps libre, j’aidais à l’atelier. Cela laisse des traces.

Le tourbillon médiatique, les millions de téléspectateurs qui vous regardent, ce doit être assez grisant quand même ?

Oui. Et je résiste autant que je peux aux sirènes, en n’oubliant pas d’où je viens. Mon père me dit souvent : « Quand tu rentres à la maison, laisse la lumière à la porte. » La notoriété, c’est une chance et un malentendu. Quand je retourne dans le village de ma famille, en Grèce, je ne suis pas Nikos Aliagas l’animateur, mais Nikos, le fils d’Andréas. Mais si je sens malgré tout que je suis près de basculer, je pars faire une retraite dans un des monastères du mont Athos. Cela m’arrive moins souvent depuis que je suis devenu père, mais j’ai besoin de profiter de ce « temps de l’intérieur », qui vous fait prendre du recul.

Vous êtes orthodoxe. Comment votre foi s’exprime-t-elle ?

Comme quelque chose de viscéral, qui donne un élan à ma vie. Même si je ne l’intellectualise pas. Je me signe avant de me coucher. J’ai des icônes dans ma loge. Le soir de la pâque orthodoxe, en mai dernier, à la fin de The Voice, j’ai quitté le plateau sans même me démaquiller, j’ai fait un détour par l’église pour récupérer un cierge et j’ai rejoint mes parents, à minuit passé, en leur lançant : « Christ est ressuscité ! »

Pourtant, dans le même temps, ma foi est une quête permanente. Je doute parce que je crois ; je crois parce que je doute. Avoir des certitudes me donnerait l’impression d’être une grenouille de bénitier.

Vous avez appelé votre fille Agathe, comme sainte Agathe de Catane, la sainte patronne de la région d’origine de vos parents. Était-ce une évidence ?

Oui. Avec ma femme, d’origine grecque elle aussi, nous avons confié notre fille à sainte Agathe. C’est une sainte sicilienne très honorée en Grèce. En espérant que notre fille aura sa force. Et qu’un jour, nous pourrons aller tous ensemble en pèlerinage à Catane.

 

Vous êtes né à Paris, mais la Grèce est très présente dans votre vie. Vous dites que vous « portez l’exil de vos parents ». De quelle manière ?

Mon père est arrivé en France un jour de 1964. Il a débarqué gare de Lyon avec un manteau, une paire de ciseaux et une valise. C’est encore en France, en Mai 68, qu’il a rencontré ma mère, infirmière et grecque elle aussi. Comme eux, j’ai cette impression d’être déraciné, partagé entre deux pays. En Grèce, Paris me manque. À Paris, je rêve en grec. Je suis un parfait enfant de la République, qui a grandi avec des parents dont le français était teinté d’un accent. Et moi, quand j’ai présenté le 20 heures, à la fin des années 1990 à la télévision grecque, j’ai dû reprendre des cours de diction…

Vos parents avaient-ils le statut de réfugié ?

Je ne crois pas. Ils avaient un simple titre de séjour. Dans leur tête, ils n’étaient que de passage. Sauf que le jour où ils ont songé à repartir au pays, ils se sont rendu compte que leur pays, c’était la France ! Qui les avait accueillis, leur avait donné du travail. Il n’y a pas de hiérarchie, de bons ou de mauvais exilés. Juste une commune douleur, le déracinement. Et la plupart du temps, parce que l’on n’a pas le choix, si ce n’est celui de tout quitter.

Les États discutent chiffres, quotas, répartitions… « Et toi alors, tu peux en prendre combien ? » Quel cynisme de la part de l’Occident ! Qui dit que, nous aussi, un jour, nous n’aurons pas à faire nos valises pour cause de guerre, de crise économique ou climatique ? Les dérèglements environnementaux déplacent aujourd’hui plus de populations que les guerres. On est tous le migrant de quelqu’un !

Quand vous voyez le pape François visiter l’île grecque de Lesbos, la porte d’entrée en Europe de nombreux migrants, en compagnie du patriarche de Constantinople Bartholomée…

Cela me donne les larmes aux yeux. Comme me donnent le frisson ces pêcheurs grecs qui plongent dans la mer Égée pour sauver des gamins. Ou qui ouvrent leur maison alors qu’eux-mêmes n’ont pas grand-chose à partager.

Le pape ne se contente pas de beaux discours, il agit !

Et voir ces deux hommes côte à côte, c’est de l’œcuménisme en actes. Je pense sincèrement qu’en ces temps troublés, nous, chrétiens, devons nous unir, sans, bien évidemment trahir l’ADN de nos confessions respectives. Nous appartenons à une grande famille. La famille des chrétiens et, plus largement, celle des croyants. Juifs, musulmans, chrétiens, prenons soin les uns des autres.

Il paraît que vous êtes psychopompe… Pouvez-vous nous en dire plus ?

Dans la mythologie grecque, le psychopompe est celui qui guide les âmes vers l’au-delà. Alors oui, il m’est arrivé au cours de ma vie de laver des corps de défunts, puis de les veiller. Mon grand-père le faisait avant moi. J’enterre les gens et un jour on m’enterrera aussi. La mort est notre seule certitude. Que faisons-nous en l’attendant ? C’est la question. Ce n’est pas mourir qui me fait peur, mais ne pas avoir suffisamment vécu.

afficheFullPage.jspz

Retrouvez l'intégralité de la rencontre dans Pèlerin n°6972du 14 juillet 2016

Commentaires

  • Quelle magnifique profession de foi! Puissent de nombreux fidèles de Belgicatho dIffuser ce témoignage d'un animateur et journaliste TV très connu.
    Mutien-Omer.Houziaux.

Les commentaires sont fermés.