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"La dimension écologique est une composante essentielle de la responsabilité de chaque personne et de chaque nation"

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D'Anita Bourdin sur zenit.org :

Théologie morale : la dimension écologique est essentielle (traduction complète)

Audience à l’Académie Alphonsienne de Rome

La dimension écologique est essentielle à la théologie morale fait observer le pape François.Le pape François a reçu en audience au Vatican, ce samedi 9 février 2019, à 11 h 30, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique, les professeurs et les étudiants de l’Académie Alphonsienne – l’Alfonsianum de Rome – l’Institut supérieur de théologie des Rédemptoristes, à l’occasion du 70e anniversaire de sa fondation.

« La dimension écologique est une composante essentielle de la responsabilité de chaque personne et de chaque nation. Cela me donne à réfléchir : le fait que lorsque j’administre [le sacrement de] la réconciliation – même avant, quand je le faisais -, on s’accuse rarement d’avoir fait violence à la nature, à la terre et à la création. Nous ne sommes pas encore conscients de ce péché. C’est votre travail de le faire. La théologie morale doit prendre conscience du besoin urgent de participer fermement à un effort commun visant à prendre soin de la maison commune par des moyens réalisables de développement intégral », a expliqué le pape.

Le pape n’en n’a pas moins insisté sur la défense de la vie humaine : « Témoigner franchement de la valeur inconditionnelle de chaque vie ne doit jamais manquer, en réaffirmant que la vie la plus faible et la plus sans défense est celle que nous devons prendre en charge de façon solidaire et confiante. »

Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’allocution du pape François prononcée et publiée par le Vatican en italien.

Académie de l'Alfonsianum © Vatican Media
Académie de l’Alfonsianum © Vatican Media

Discours du pape François

Père Modérateur Général,Chers frères et soeurs,Je vous rencontre à l’occasion du 70e anniversaire de la fondation de l’Académie Alphonsienne. Je remercie le modérateur général de ses paroles et je vous adresse à tous une salutation cordiale. Cet anniversaire de votre établissement universitaire est un moment de gratitude envers le Seigneur pour le service de recherche et de formation théologique qu’il a pu accomplir. Le domaine théologique spécifique de l’Académie alphonsienne est celui de la connaissance morale, responsable de la tâche difficile mais indispensable d’apporter et d’accueillir le Christ dans le concret de la vie quotidienne, comme Celui qui, nous libérant du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement, fait naître et renaître en nous la joie (cf. Exhortation Apostolique Evangelii gaudium, 1).

 

Comme le rappellent vos Statuts, l’Académie alphonsienne s’est engagée, au cours de ces soixante-dix années, à approfondir la théologie morale à la lumière des mystères du Christ en essayant de répondre à l’évolution de la société et des cultures, dans le respect constant du Magistère (cf. n ° 1). Et il l’a fait en s’inspirant de son patron céleste, saint Alphonse-Marie de Liguori.

La célébration de l’anniversaire d’une institution comme la vôtre ne peut se limiter à la mémoire de ce qui a été accompli, mais elle doit avant tout pousser à regarder en avant, à retrouver l’enthousiasme de la mission, projeter des pas courageux pour mieux répondre aux attentes du peuple de Dieu. Et il est providentiel que votre soixante-dixième anniversaire arrive à l’époque où toutes les structures académiques de l’Église sont appelées à un engagement plus résolu en faveur de projets et de renouveau. C’est ce que j’ai appelé à faire par la Constitution apostolique Veritatis gaudium sur les universités et les facultés ecclésiastiques. En mettant en valeur «le riche patrimoine d’études approfondies et d’adresses», jailli de Vatican II et mis en œuvre avec «l’engagement persévérant de la médiation culturelle et sociale de l’Évangile mis en œuvre par le Peuple de Dieu dans les différentes domaines continentales et en dialogue avec différentes cultures», il faut s’ouvrir à «ce renouveau sage et courageux requis par la transformation missionnaire d’une Église « en sortie »» (cf. n ° 3).

Il ne s’agit pas seulement d’une révision des statuts et des projets d’études, mais d’un renouveau de la vie universitaire, également favorisé par les possibilités que le développement informatique offre aujourd’hui à la recherche et à l’enseignement. À cette fin, il est essentiel d’assumer comme critère « prioritaire et permanent […] celui de la contemplation et de l’introduction spirituelle, intellectuelle et existentielle dans le cœur du kérygme c’est-à-dire de la nouvelle à la fois nouvelle, fascinante et joyeuse de l’Évangile de Jésus « . Il sera alors possible de mettre en place un « dialogue dans tous les domaines: non pas comme une simple attitude tactique, mais comme une exigence intrinsèque pour faire l’expérience communautaire de la joie de la Vérité et d’en approfondir le sens et les implications pratiques ». Et le souci de « l’interdisciplinarité et de la transdisciplinarité exercées avec sagesse et créativité à la lumière de l’Apocalypse » s’accompagnera de la reconnaissance du « besoin urgent de » créer un réseau « », non seulement parmi les institutions ecclésiales du monde entier, mais aussi « avec les institutions académiques des différents pays et avec celles inspirées par les différentes traditions culturelles et religieuses », en s’occupant des « problèmes historiques qui touchent l’humanité d’aujourd’hui, en venant à proposer des pistes de résolution appropriées et réalistes » (cf. n ° 4).

Je suis convaincu que ce sont des instances auxquelles l’Académie Alphonsienne est déjà sensible et qu’elle sera en mesure de répondre rapidement et avec un courage confiant, comme dans la seconde moitié du siècle dernier, elle a réussi à mettre en œuvre le renouveau de la théologie morale voulue par le concile Vatican II.

La fidélité aux racines alphonsiennes de votre institut vous demande maintenant un engagement encore plus convaincu et généreux envers une théologie morale animée par la tension missionnaire de l’Église « en sortie ». Comme saint Alphonse, nous devons toujours éviter de nous laisser emprisonner dans des positions d’école ou dans des jugements formulés « loin de la situation concrète et des possibilités réelles » des personnes et des familles. De même, il est nécessaire d’éviter une « idéalisation excessive » de la vie chrétienne qui n’est pas capable de susciter une « confiance en la grâce » (cf. Exhortation apostolique, Amoris Laetitia, 36). En se mettant au contraire à l’écoute respectueuse de la réalité et en essayant de discerner ensemble les signes de la présence de l’Esprit, qui engendre une libération et de nouvelles possibilités, nous pourrons aider tout le monde à marcher avec joie sur le chemin du bien.

La réalité à écouter est avant tout les souffrances et les espérances de ceux que les mille formes du pouvoir du péché continuent à condamner à l’insécurité, à la pauvreté et à la marginalisation. Saint Alphonse se rendit vite compte que ce n’était pas un monde dont il devait se défendre et encore moins à condamner, mais à guérir et libérer, à l’imitation de l’action du Christ: s’incarner et partager les besoins, réveiller les attentes les plus profondes du cœur, faire faire l’expérience que chacun, même fragile et pécheur, est dans le cœur du Père céleste et est aimé par Christ jusqu’à la croix. Qui est touché par cet amour ressent l’urgence de répondre en aimant.

Toutes les paroles de la théologie morale doivent se laisser façonner par cette logique miséricordieuse, qui leur permet de se rencontrer efficacement en tant que paroles de vie en plénitude. Ils sont en réalité un écho de celles du Maître qui dit à ses disciples qu’il n’est pas venu « pour condamner le monde, mais pour le sauver » (Jn 12, 47), et que la volonté de son Père est qu’ils « aient la vie et qu’ils l’aient en abondance « (Jn10,10) et qu’ils participent à la plénitude de sa joie (cf. Jn 17,13). « S’il est vrai qu’il faut préserver l’intégralité de l’enseignement moral de l’Église, on doit toujours mettre un soin particulier à souligner et encourager les valeurs plus hautes et centrales de l’Évangile, surtout la primauté de la charité comme réponse à l’initiative gratuite de l’amour de Dieu. » (cf. Exhortation apostolique, Amoris Laetitia, 311).

Avec l’apôtre Paul, la théologie morale est appelée à faire faire à tous cette expérience que « la loi de l’Esprit, qui donne la vie en Christ Jésus », libère « de la loi du péché et de la mort », de sorte que nous ne pouvons pas « retomber dans la peur », puisque nous avons reçu « l’Esprit qui fait des fils adoptifs, grâce auquel nous crions: «Abba! Père! « » (Cf. Rm 8,15). Et le même Esprit fait en sorte que cette liberté ne puisse jamais être de l’indifférence envers ceux qui en ont besoin, mais « le cœur du prochain » qui se laisse interpeler et qui est prêt à prendre soin de lui avec amour.

Au cours des dernières années, la théologie morale s’est engagée à accueillir le fort avertissement du concile Vatican II de « vaincre l’éthique individualiste » et de promouvoir la conscience que « plus le monde est uni, plus ouvertement les obligations des hommes dépassent les groupes particuliers et s’étendent peu à peu au monde entier » (Const. past. Gaudium et spes, 30). Les étapes accomplies doivent nous inciter à faire face plus rapidement aux défis nouveaux et sérieux découlant de la rapidité avec laquelle notre société évolue. Je me limite à rappeler ceux dus à la domination croissante de la logique de « compétitivité et de la loi du plus fort » qui « considère l’être humain en soi comme un bien de consommation, qui peut être utilisé puis jeté » donnant naissant à « la culture du rebut » »(cf. Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, 53).

On doit dire la même chose à propos du cri de la terre violée et blessée de mille manières par une exploitation égoïste. La dimension écologique est une composante essentielle de la responsabilité de chaque personne et de chaque nation. Cela me donne à réfléchir : le fait que lorsque j’administre [le sacrement de] la réconciliation – même avant, quand je le faisais -, on s’accuse rarement d’avoir fait violence à la nature, à la terre et à la création. Nous ne sommes pas encore conscients de ce péché. C’est votre travail de le faire. La théologie morale doit prendre conscience du besoin urgent de participer fermement à un effort commun visant à prendre soin de la maison commune par des moyens réalisables de développement intégral.

Un dialogue et un engagement partagé que la recherche morale est appelée à réaliser également en ce qui concerne les nouvelles possibilités que le développement des sciences biomédicales met à la disposition de l’humanité. Cependant, témoigner franchement de la valeur inconditionnelle de chaque vie ne doit jamais manquer, en réaffirmant que la vie la plus faible et la plus sans défense est celle que nous devons prendre en charge de façon solidaire et confiante.

Je suis sûr que l’Académie Alphonsienne continuera à s’engager dans une théologie morale qui n’hésite pas à « se salir les mains » avec le concret des problèmes, en particulier avec la fragilité et la souffrance de ceux qui voient le plus leur avenir menacé, en témoignant franchement Christ « voie, vérité et vie » (Jn 14, 6).

Chers frères et soeurs, tout en vous remerciant de cette visite, je vous encourage à poursuivre votre service ecclésial, dans une adhésion constante au magistère de l’Église, et je vous accorde de tout coeur la bénédiction apostolique. S’il vous plaît souvenez-vous de prier pour moi! Merci.

© Traduction de ZENIT, Anita Bourdin

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