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(Vers) L’Avenir: comment un organe de combat pour le trône et l’autel a cessé de l'être

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De Paul Vaute sur le blog "Le passé belge" :

(Vers) L’Avenir: histoire d’un désengagement

Né au lendemain de la Grande Guerre, le quotidien namurois a cessé, à partir de la fin des années ’70, d’être un journal de combat pour le trône et l’autel. Est restée une dimension de proximité, dans les petits comme dans les grands événements, qui en fait à la fois le miroir et le lien d’une province (1918-2018)

   Centenaire depuis 2018, L’Avenir (ex-Vers l’avenir) appartient à cette presse de proximité, provinciale et locale, qui assume d’être la messagère de la petite histoire autant ou davantage que de la grande, des faits divers et du sport, des fêtes populaires et des caprices du temps, des noces d’or et des jubilés sacerdotaux… Une presse où l’avis du garde champêtre d’Hastière importe autant ou davantage que celui de la ménagère de 50 ans dans la sphère des annonceurs télévisuels.

   Dans les rédactions des quality papers – ou qui se croient tels –, il est de bon ton de dauber sur les « chiens écrasés » . Mais témoins et victimes d’un grave accident de la route, par exemple, savent à quel point cet événement « sépare du reste de la population ceux qui sont impliqués » et les place en « un endroit coupé de la réalité habituelle » . Ainsi témoigne François-Xavier Heynen, docteur en philosophie devenu fait-diversier, dans l’ouvrage collectif, associant journalistes et historiens, publié à l’occasion des cent bougies du quotidien namurois [1]. A côté de ce « monde parallèle » où on peut trouver « de l’amitié, une forme de rédemption et du sacré » (p. 123), rien moins, c’est aussi d’être, dans la vie ordinaire, tout à la fois le miroir et le lien d’une collectivité à taille humaine qui confère toute leur importance aux actualités d’une ville et de sa province.

   Parmi d’autres reflets des temps, l’examen du passé de (Vers) L’Avenir fait ressortir la montée du phénomène sport, surtout après la Seconde Guerre mondiale, dans les faits comme dans les colonnes. La place grandissante prise par la rédaction sportive fera même dire, dans les années ’60, qu’elle est devenue « un Etat dans l’Etat » (p. 142). Comme le veut la loi de l’information, le léger n’en cohabite pas moins avec le grave: ample aussi est la couverture des crises économiques et des drames sociaux par un journal qui refuse, dès ses débuts, d’être considéré comme le porte-parole des possédants: « Non, Vers l’avenir n’est pas le journal des gros, il est le journal de tous, il est le serviteur de la vérité » (27 mars 1925, cité p. 34).

   Il n’en a pas moins été aussi voulu, à l’origine, comme un organe de combat pour le trône et l’autel, ce qu’il restera pendant six décennies au moins. Le 19 novembre 1948, Marc Delforge, fils du premier directeur et directeur lui-même, réaffirme sans ambages cet engagement: « Tous les perfectionnements techniques, toutes les extensions et améliorations que les exigences modernes nous ont dictés n’ont jamais été à nos yeux que des moyens, dont la légitimité tendait à un objectif invariable: la conquête des âmes à l’unique doctrine de Salut » (cité p. 250). Ce projet apostolique on ne peut plus clair n’est pas porté par des laïcs autonomes: il est organiquement lié à l’Eglise. Vers l’avenir a démarré – petitement – au sortir de la Grande Guerre sous la houlette de l’évêque de Namur Mgr Thomas-Louis Heylen pour prendre la relève de L’Ami de l’ordre, la très vieille feuille catholique (née en 1839) que sa parution sous le contrôle de l’occupant avait discréditée. Quand s’impose, très vite, la nécessité d’un refinancement, c’est parmi les notables catholiques ainsi que les institutions et les communautés religieuses qu’on mobilise pour qu’ils y aillent de leurs deniers. En 1935, une convention signée entre l’évêque et Marc Delforge stipule que « le journal Vers l’avenir a été fondé par l’évêque de Namur, qui en est le maître pour ce qui concerne la direction religieuse, sociale et politique du journal, ainsi que la rédaction. Le second nommé, directeur du journal, relève directement de la direction de l’évêque du diocèse, dont il s’engage à être en tout le collaborateur soumis et dévoué » (cité p. 248).

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