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L'homélie de Mgr Aupetit lors de la messe à la mémoire de Robert Hossein

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Du site de l'Eglise catholique à Paris :

Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe du souvenir pour M. Robert Hossein en l’église Saint-Sulpice

Saint-Sulpice (6e) - Mardi 9 février 2021

Pour préparer cette célébration, j’ai relu le livre autobiographique de Robert Hossein : La Nostalgie.

En refermant le livre, je me suis dit : vraiment cet homme est un vivant. Je sais, c’est un peu paradoxal et étrange de dire cela en parlant de quelqu’un qui vient de mourir. Et pourtant, la manière dont il a vécu, dont il a habité sa vie, m’a conduit à ce constat. Il y a tant de gens qui vivent leur vie par procuration comme le chantait Jean-Jacques Goldman, qui se laissent conduire par les événements, les contingences, les conditionnements de toutes sortes, que lorsqu’une personne s’empare de sa vie, devient libre, il n’y a pas d’autre expression que : « cet homme est vivant ».

Car la vie ce n’est pas seulement de la biologie, car la biologie « ce ne sont que des algorithmes » comme l’affirmait le philosophe Michel Henry. La vie, c’est ce qui nous construit dans les relations, les découvertes, la curiosité, la soif de vivre, la tendresse, enfin tout ce qui nous manque aujourd’hui en ce temps de confinement.

Il n’est pas étonnant que cet homme ait rencontré celui qui est le Vivant : Jésus-Christ. Il a dit dans son livre : « J’étais simplement fasciné par cet homme. J’éprouvais le besoin viscéral de monter un spectacle pour parler de ce Dieu de miséricorde venu délivrer un message d’amour à l’humanité ». Cette rencontre a été fulgurante. Il a demandé le baptême à 50 ans et il a vraiment assumé ce baptême.

Être conséquent avec son baptême implique un changement de vie, ou plutôt conduit à une plénitude du regard. Désintéressé, capable d’accueillir des pauvres qui se présente à lui, il a compris cet évangile que nous venons de lire : « Ce que tu fais aux plus petits d’entre les miens c’est à moi que tu le fais » (Mt 25,40). « Car j’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mt 25, 35-40)

C’est bien ce qu’il avait compris quand il écrit dans son livre : « Il y a trop de détresse de nos jours pour qu’on admette de ne s’occuper que de soi ». Et combien c’est vrai de nos jours où nos prétentions à tout maîtriser sont mises à mal par un simple virus.

Il avait vraiment compris le sens de l’Évangile en écrivant : « C’est le sens même de la grandeur de l’homme que de se comporter avec amour et compassion vis-à-vis des plus démunis » et chez lui ce n’était pas que des mots.

Il a saisi ce grand message de la coïncidence de l’amour de Dieu et de l’amour des hommes que le Christ a rappelé : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton âme et de toute la force et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37). C’est ainsi qu’il écrivait aussi : « C’est parce que je crois dans les hommes que je crois en Dieu ; et c’est parce que j’aime les hommes que j’aime Dieu ».

Il avait une conscience de la foi chrétienne dans ce qu’on appelle la communion des saints, c’est-à-dire le lien qui demeure entre les vivants et les morts dans l’amour de Dieu. Quand il parle de ses parents décédés qu’il a pu accompagner en leur tenant la main, il dit : « Ils sont tous devenus des figurants de ma vie. Je discute avec eux, ils occupent mon existence. Comme si la mort n’était pas ce que l’on croit ». Aujourd’hui c’est nous qui affirmons que si la mort nous sépare physiquement, elle ne sépare pas nos âmes et ce qui fit jadis nos relations fondées sur la tendresse et sur l’affection. C’est bien ce que nous célébrons aujourd’hui autour de celui qui affirmait : « N’ayez pas peur, je pars vous préparer une place », ce Jésus qui n’a pas cessé de le fasciner et de l’attirer et qu’aujourd’hui il contemple face-à-face enveloppé de l’amour divin. Alors il comprend vraiment cette phrase de saint Paul : « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8, 35).

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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