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France : un édifice religieux perdu toutes les deux semaines

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De Solène Tadié sur le National Catholic Register :

Pourquoi la France perd un édifice religieux toutes les deux semaines

Selon M. Lamaze, outre le fait qu'un édifice religieux disparaît toutes les deux semaines - par démolition, transformation, destruction par le feu ou effondrement -, deux tiers des incendies d'édifices religieux sont d'origine criminelle.

The Church of St. Ouen in Rouen

L'église Saint-Ouen de Rouen (photo : Jorge Láscar via Wikimedia (CC BY 2.0). / Daniel Vorndran/CC BY-SA 3.0)

4 mai 2021

Un édifice religieux disparaît en France toutes les deux semaines. 

C'est le constat d'Édouard de Lamaze, président de l'Observatoire du patrimoine religieux à Paris. 

Il tire la sonnette d'alarme dans les médias français sur la disparition progressive des édifices religieux dans un pays surnommé la "fille aînée de l'Église" parce que le roi franc Clovis Ier a embrassé le catholicisme en 496.

L'appel de Lamaze à une plus grande prise de conscience a été lancé après qu'un incendie ait détruit l'église Saint-Pierre du XVIe siècle à Romilly-la-Puthenaye, en Normandie, dans le nord de la France. L'incendie, jugé accidentel, a eu lieu le 15 avril, deux ans exactement après l'incendie qui a dévasté la cathédrale Notre-Dame de Paris.  

L'image inoubliable de la cathédrale en feu, qui a fait le tour de la planète en 2019, a mis en évidence un problème plus profond au sein de la société française : de graves lacunes dans le système de préservation des monuments religieux, associées à une hostilité croissante envers la religion.  

Lamaze a déclaré à CNA dans une interview qu'en plus d'un bâtiment religieux qui disparaît toutes les deux semaines - par démolition, transformation, destruction par le feu ou effondrement - deux tiers des incendies dans les bâtiments religieux sont dus à des incendies criminels. 

Si ces statistiques incluent des bâtiments appartenant à tous les groupes religieux, la plupart d'entre elles concernent des monuments catholiques, qui représentent encore une large majorité en France, où l'on compte environ 45 000 lieux de culte catholiques.

"Bien que les monuments catholiques soient encore en avance, une mosquée est érigée tous les 15 jours en France, alors qu'un bâtiment chrétien est détruit au même rythme", a déclaré Lamaze. "Cela crée un point de bascule sur le territoire qu'il faut prendre en compte". 

Lamaze estime qu'en moyenne, plus de deux monuments chrétiens sont visés chaque jour. Les deux tiers de ces incidents concernent des vols, tandis que le tiers restant concerne des profanations. 

Selon les chiffres les plus récents de la cellule centrale de renseignement criminel de France, 877 attaques contre des lieux de culte catholiques ont été enregistrées à travers le pays pour la seule année 2018. 

"Ces chiffres ont été multipliés par cinq en seulement 10 ans", a déclaré M. Lamaze, notant que 129 églises avaient été vandalisées en 2008. 

"Au début des années 1970, l'écrivain et journaliste Michel de Saint Pierre publiait un livre intitulé églises en ruine, Église en péril ["Churches in ruin, endangered Church"], dans lequel il tirait déjà la sonnette d'alarme. Mais la situation s'est décuplée, voire centuplée, depuis lors." 

Actuellement, 5 000 édifices catholiques sont potentiellement en danger de disparition. 

Outre l'hostilité croissante dont ils font l'objet, ces sites religieux souffrent également d'une profonde négligence de la part des pouvoirs publics.

Cet état de fait s'explique en partie par le fait qu'en vertu de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, les communes sont devenues propriétaires des édifices religieux de France. Dans de nombreux cas, elles n'ont pas été en mesure de faire face aux coûts d'entretien des sites.

"Ces édifices n'ont pas été entretenus depuis plus d'un siècle, et ils n'ont jamais fait l'objet de travaux de restauration ou de mesures de protection contre le vol ou l'incendie", a déclaré M. Lamaze.

Il a expliqué que seuls 15 000 sites catholiques sont officiellement protégés en tant que monuments historiques, tandis que les 30 000 autres bâtiments sont pratiquement laissés à l'abandon.

Selon M. Lamaze, un autre exemple significatif et emblématique de la mauvaise gestion de ce patrimoine est l'abbaye de Saint-Ouen, un joyau de l'architecture gothique appartenant à la ville de Rouen en Normandie. 

Cette église abbatiale est dotée d'une "forêt" (style de toiture caractéristique de l'église) encore plus grande que celle de Notre-Dame. C'est une pure merveille et pourtant il n'y a aucun système d'alarme d'aucune sorte". 

"C'est un autre candidat à la destruction. Il y a de quoi pleurer !"

Il poursuit : "Les incendies sont aussi en forte augmentation car les bâtiments sont de plus en plus vétustes, et cette négligence attire aussi beaucoup de vols de tableaux, de statues, ou de calices en or..." 

Bien que les cathédrales françaises bénéficient d'un statut particulier et soient la propriété de l'État, elles n'ont pas été épargnées par la vague d'incendies qui a touché les sites catholiques ces dernières années. L'incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 a été précédé par celui de la cathédrale Saint-Alain de Lavaur dans le Tarn, dans le sud de la France, et suivi par les incendies des cathédrales de Rennes et de Nantes en 2020. 

"L'actuel ministre de la Culture cherche à établir une charte de protection, mais la situation est extrêmement grave et, hélas, je ne vois pas de réelle prise de conscience, ni de sens des responsabilités face à cet enjeu crucial pour notre patrimoine national", a déclaré M. Lamaze. 

"En effet, au-delà de l'aspect religieux, c'est la culture de notre pays qui est ici en jeu, car ces joyaux d'art et d'architecture font partie intégrante de l'esprit et de la grandeur de la France. Et si on continue comme ça, un jour notre patrimoine sera complètement détruit. Nous perdrons tout".

Commentaires

  • Chaque mois, deux édifices chrétiens en moins et deux mosquées en plus. Cela donne une idée sur ce que sera dans l'avenir ce pays.

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