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2020 au Pakistan : une année noire marquée par les abus de la loi anti-blasphème

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De Vatican News :

10 mai 2021

Pakistan: la loi anti-blasphème toujours source d'abus

Selon un récent rapport du Centre Social pour la Justice les abus de la loi anti-blasphème n'ont jamais été aussi nombreux qu'en 2020, fragilisant encore plus les minorités religieuses. L'ONG Aide à l'Église en Détresse demande l'abrogation urgente de cette loi discriminatoire.

2020 a été une nouvelle année noire pour la loi sur le blasphème au Pakistan. Telles sont les conclusions d'un récent rapport du Centre pour la justice sociale (CSJ) du Pakistan, qui confirment les conclusions de la fondation pontificale Aide à l'Église en détresse (AED) dans son rapport 2021 sur la liberté religieuse dans le monde.

Les abus des articles controversés du code pénal pakistanais, qui prévoient une peine de prison à vie ou la peine de mort pour le crime de diffamation du prophète Mahomet, de l'islam ou du Coran, ont augmenté de façon exponentielle l'année dernière. Selon le CSJ, de 1987 à décembre 2020, au moins 1 855 personnes ont été inculpées sur la base de ces règles, dont 200 pour la seule année 2020, soit le nombre le plus élevé enregistré depuis l'entrée en vigueur de la loi en 1986. 75% d'entre eux étaient des musulmans (dont 70% de chiites et 5% de sunnites), 20% d'ahmadis (secte musulmane dissidente), 3,5% de chrétiens, 1% d'hindous.

La province pakistanaise où le pourcentage d'abus est le plus élevé (76%) est le Pendjab, suivi du Sindh (19%). En décembre 2020, les prisons du Pendjab abritaient 337 détenus (en attente de condamnation définitive et condamnés), dont 60 pour la seule ville de Lahore. Au moins 78 personnes ont été tuées à la suite d'accusations de blasphème, dont 42 musulmans, 23 chrétiens, 9 ahmadis, 2 hindous et 2 dont l'identité religieuse n'a pas été établie. Ces chiffres excluent les assassinats ciblés de personnes appartenant à des groupes jugés hérétiques ou apostats, qui sont souvent indirectement liés à la loi sur le blasphème.

Musulmans chiites et minorités dans le viseur de la loi

«Des accusations de blasphème sont portées à la fois contre des musulmans et des membres de minorités religieuses, mais lorsque l'auteur présumé est un non-musulman, ces accusations se traduisent souvent par des lynchages, des attaques de quartiers entiers et des meurtres» souligne Alessandro Monteduro, directeur de la branche italienne de l'AED. «Le nombre de membres de minorités accusés de blasphème est également très disproportionné par rapport à leur pourcentage de la population» précise t-il, commentant des données qui, selon lui, confirment la nécessité d'abroger la loi. Depuis des années, cette loi est contestée par les minorités et les organisations de défense des droits de l'homme au Pakistan en raison de sa nature discriminatoire et de ses abus.

Intitulé "Justice Yet Afar" ("La justice encore loin"), le rapport du CSJ examine les mesures prises jusqu'à présent par les autorités pakistanaises à différents niveaux depuis un arrêt de la Cour suprême de 2014 sur la protection des minorités. Il révèle la lenteur de la mise en œuvre de l'arrêt, notamment en ce qui concerne la lutte contre le phénomène des mariages forcés et des conversions à l'islam, la non-application du système de quotas pour l'accès à l'emploi, la promotion de la tolérance entre les communautés religieuses et ethniques et la réforme de la loi sur le mariage chrétien, toujours régie par des règles datant de la domination britannique.

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